HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Apophthegmes des Lacédémoniens

Page 209

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[209] <209a> οἱ δ´ ἐκέλευσαν αὐτὸν καὶ εἰς Δελφοὺς ἀφικόμενον περὶ τῶν αὐτῶν πυνθάνεσθαι. Πορευθεὶς οὖν εἰς τὸ μαντεῖον ἐπηρώτησεν οὕτως « Ἄπολλον, δοκεῖ σοι καὶ τῷ πατρί; » συναινέσαντος δὲ αἱρεθεὶς οὕτως ἐστρατεύσατο. Ἐπεὶ δὲ Τισσαφέρνης ἐν ἀρχῇ μὲν φοβηθεὶς τὸν Ἀγησίλαον ἐποιήσατο σπονδὰς τὰς πόλεις αὐτῷ τὰς Ἑλληνικὰς ἀφήσειν αὐτονόμους, μεταπεμψάμενος δὲ παρὰ τοῦ βασιλέως πολὺ στράτευμα πόλεμον κατήγγειλεν αὐτῷ, εἰ μὴ ἀπίοι τῆς Ἀσίας, ἄσμενος τὴν παράβασιν δεξάμενος ὥρμησε μὲν ὡς ἐπὶ Καρίαν προάξων· <209b> ἐκεῖ δὲ τὴν δύναμιν τοῦ Τισσαφέρνους ἀθροίσαντος ἄρας εἰς Φρυγίαν ἐνέβαλε· καὶ λαβὼν πόλεις πλείστας καὶ χρημάτων πλῆθος εἶπε τοῖς φίλοις ὅτι σπεισάμενον μὲν ἀδικεῖν ἀσεβές, τοὺς δὲ πολεμίους παραλογίζεσθαι οὐ μόνον δίκαιον καὶ ἐπίδοξον, ἀλλὰ καὶ ἡδὺ καὶ κερδαλέον. Τοῖς δ´ ἱππεῦσιν ἐλαττωθεὶς ἀνεχώρησεν εἰς Ἔφεσον, καὶ τοῖς εὐπόροις προεῖπε παρέχειν ἵππον ἕκαστον ἀνθ´ ἑαυτοῦ καὶ ἄνδρα ἀπολυομένους τῆς στρατείας, ὥστε ταχὺ συνήχθησαν καὶ ἵπποι καὶ ἄνδρες ἐπιτήδειοι ἀντὶ δειλῶν καὶ πλουσίων. Καὶ τὸν Ἀγαμέμνονα ἔφη ζηλοῦν· καὶ γὰρ ἐκεῖνον θήλειαν ἵππον ἀγαθὴν λαβόντα <209c> κακὸν ἄνδρα καὶ πλούσιον τῆς στρατείας ἀπολῦσαι. Ἐπεὶ δὲ κελεύσαντος αὐτοῦ τοὺς αἰχμαλώτους γυμνοὺς <πωλεῖν> ἐπίπρασκον οἱ λαφυροπῶλαι καὶ τῆς μὲν ἐσθῆτος ἦσαν ὠνηταὶ πολλοί, τῶν δὲ σωμάτων λευκῶν καὶ ἁπαλῶν παντάπασι διὰ τὰς σκιατροφίας κατεγέλων ὡς ἀχρήστων καὶ μηδενὸς ἀξίων, ἐπιστὰς Ἀγησίλαος « Ταῦτα μέν » εἶπεν « ὑπὲρ ὧν μαχεῖσθε, οὗτοι δὲ οἷς μαχεῖσθε. » Τρεψάμενος δὲ περὶ Λυδίαν Τισσαφέρνην καὶ πλείστους ἀνελών, κατέτρεχε τῆς βασιλέως χώρας. Τούτου δὲ χρήματα αὐτῷ προσπέμψαντος καὶ ἀξιοῦντος διαλύσασθαι τὸν πόλεμον, Ἀγησίλαος τῆς μὲν εἰρήνης ἔφη <209d> τὴν πόλιν εἶναι κυρίαν, τοὺς δὲ στρατιώτας πλουτίζων ἥδεσθαι μᾶλλον αὐτὸς πλουτῶν· καλὸν δὲ νομίζειν Ἕλληνας οὐ δῶρα λαμβάνειν ἀπὸ τῶν πολεμίων, ἀλλὰ λάφυρα κτᾶσθαι. Μεγαβάτου δὲ τοῦ Σπιθριδάτου παιδός, ὃς ἦν κάλλιστος τὴν μορφήν, προσελθόντος αὐτῷ ὡς ἀσπασομένου καὶ φιλήσοντος διὰ τὸ σφόδρα δοκεῖν ἀγαπᾶσθαι, ἐξέκλινεν· ὡς δ´ ἐπαύσατο ἐκεῖνος προσιών, ἐπεζήτησεν αὐτὸν Ἀγησίλαος. Τῶν δὲ φίλων φαμένων ὡς αὐτὸς εἴη αἴτιος, τρέσας τὸ τοῦ καλοῦ φίλημα, εἰ δ´ ἐθέλει καὶ μὴ ἀποδειλιάσει, ἥξειν ἐκεῖνον, χρόνον <οὐκ> ὀλίγον πρὸς αὑτῷ <209e> γενόμενος Ἀγησίλαος καὶ διασιωπήσας « Οὐδέν » ἔφη « δεῖ πείθειν ἐκεῖνον ὑμᾶς· ἐγὼ γάρ μοι δοκῶ τῶν τοιούτων βούλεσθαι ἐπάνω εἶναι τὴν εὐανδροτάτην τῶν ἀντιτεταγμένων πόλιν κατὰ κράτος ἑλεῖν· ἄμεινον γὰρ ἑαυτῷ φυλάττειν τὴν ἐλευθερίαν τοῦ ἑτέρων ἀφαιρεῖσθαι. » Τὰ δ´ ἄλλ´ ἀκριβὴς ὢν καὶ νόμιμος, ἐν τοῖς φιλικοῖς πράγμασιν ἐνόμιζε πρόφασιν εἶναι τὸ λίαν δίκαιον <πρὸς αὐτούς>. Φέρεται γοῦν ἐπιστόλιον αὐτοῦ παραιτουμένου τινὰ τῶν φίλων πρὸς Ἱδριέα τὸν Κᾶρα, οὕτω· « Νικίας εἰ μὲν οὐκ ἀδικεῖ, ἄφες· εἰ δ´ ἀδικεῖ, ἐμοὶ ἄφες· πάντως δ´ ἄφες. » Ἐν μὲν οὖν τοῖς πλείστοις τοιοῦτος ὑπὲρ τῶν φίλων <209f> Ἀγησίλαος· ἔστι δὲ ὅπου πρὸς τὸ συμφέρον ἐχρῆτο τῷ καιρῷ μᾶλλον. Ἀναζυγῆς γοῦν ποτε γενομένης θορυβωδεστέρας ἀσθενοῦντα καταλιπὼν τὸν ἐρώμενον, ἐκείνου δεομένου καὶ ἀνακαλοῦντος μετὰ δακρύων αὐτόν, ἀποστραφεὶς εἶπεν « Ὡς χαλεπόν ἐστιν ἐλεεῖν ἅμα καὶ φρονεῖν. » Δίαιταν δὲ τὴν περὶ τὸ σῶμα οὐδὲν ἀμείνονα τῶν συνόντων εἶχε, κόρου μὲν καὶ μέθης τὸ παράπαν ἀπεχόμενος, ὕπνῳ δ´ οὐ δεσπότῃ ἀλλ´ ἀρχομένῳ ὑπὸ τῶν πράξεων χρώμενος· [209] <209a> qui lui mandèrent d'aller consulter aussi l'oracle de Delphes. Il s'y rendit, et lorsqu'il fut dans le temple, il fit ainsi sa demande : « Apollon, n'êtes-vous pas du même avis que votre père ? » Le dieu ayant confirmé par sa réponse celle de Jupiter, il fut nommé général, et partit aussitôt pour cette expédition. » Tissapherne, qui craignait Agésilas, lui avait promis, pour obtenir la paix, de laisser aux villes grecques d'Asie la liberté de se gouverner par leurs lois ; ensuite, ayant fait venir de Perse une puissante armée, il le menaça de la guerre s'il ne sortait d'Asie. Agésilas, ravi de ce manque de foi, fait semblant de marcher en Carie, <209b> et voyant que Tissapherne y rassemblait ses troupes, il change tout à coup sa marche, vient fondre sur la Phrygie, où il s'empare de plusieurs villes, et lève des contributions immenses. Ce fut à cette occasion qu'il dit à ses amis : « C'est une impiété que de violer injustement la foi qu'on a donnée; mais tromper ses ennemis, c'est une action aussi juste et aussi glorieuse qu'elle est douce et utile. » Comme il manquait de cavalerie, il revint à Éphèse, et enjoignit à tous les habitants un peu aisés de lui fournir chacun un homme et un cheval, à condition d'être personnellement exempts du service. Par ce moyen, il eut bientôt rassemblé un grand nombre de chevaux et de bons soldats, au lieu que ces riches citoyens n'auraient formé que de mauvaises troupes. Il disait à cette occasion qu'il avait fait comme Agamemnon, qui, pour avoir une excellente jument, <209c> dispensa un homme opulent et lâche de le suivre à l'armée. Les commissaires chargés de la vente des dépouilles ayant, par son ordre, exposé les prisonniers tout nus, il se présenta beaucoup de monde pour acheter leurs habits ; mais personne ne voulait de ces corps blancs et délicats, qui, toujours nourris à l'ombre, n'étaient propres à rien. Agésilas, qui était présent, dit à ses soldats : «Voilà pour quelles dépouilles vous faites la guerre, et contre quels hommes vous combattez. » Après avoir défait Tissapherne en Lydie, et passé au fil de l'épée une grande partie de ses troupes, il fit librement des courses sur le pays ennemi. Le roi de Perse lui ayant fait offrir une grande somme d'argent, s'il voulait mettre fin à la guerre, il répondit qu'il n'était qu'au pouvoir de Sparte de faire la paix; <209d> que, pour lui, il aimait mieux rendre ses soldats riches, que de s'enrichir lui-même, et qu'il croyait plus glorieux pour les Grecs d'emporter les dépouilles de leurs ennemis que de recevoir d'eux des présents. Mégabates, fils de Spithridate, jeune homme d'une grande beauté, qui se croyait fort aimé d'Agésilas, étant venu à lui pour l'embrasser, ce prince se détourna. Voyant ensuite que Mégabates n'avançait point, il demanda aux officiers qui étaient présents ce qui pouvait l'arrêter ; ils lui dirent qu'il en était lui-même la cause ; qu'après s'être refusé aux avances de ce jeune homme, la crainte l'empêcherait désormais de se rapprocher. <209e> Agésilas, après quelques moments de réflexion, leur dit : « Je ne dois pas chercher à l'attirer. J'aime mieux dompter mes propres désirs que de soumettre la ville la plus puissante, et je trouve bien plus beau de se conserver libre soi-même que d'ôter aux autres la liberté. » Observateur rigide des lois sur tout le reste, il disait qu'une justice trop exacte envers ses amis était un prétexte pour ne pas les obliger. On rapporte de lui une lettre par laquelle il sollicitait auprès d'Hydrius, roi de Carie, la liberté d'un de ses amis, et qui était conçue en ces termes : « Si Nicias est innocent, renvoyez-le ; s'il est coupable, faites-lui grâce à ma considération ; mais quoi qu'il en soit, rendez-lui la liberté. » Tel était ordinairement Agésilas pour ses amis. <209f> Dans une occasion cependant, il consulta plutôt l'utilité publique que l'intérêt particulier d'un ami. Un jour qu'obligé de décamper avec précipitation, il laissait derrière un jeune homme qu'il aimait, et à qui sa maladie ne permettait pas de suivre l'armée, ce jeune homme le conjurait avec larmes de ne pas l'abandonner. Agésilas dit, en se tournant vers lui : « Qu'il est difficile d'être à la fois compatissant et sage ! » Il menait le même genre de vie que les simples soldats. Il ne se permettait jamais le moindre excès dans le boire ni dans le manger ; loin de se laisser maîtriser par le sommeil, il le subordonnait toujours aux affaires.


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Dernière mise à jour : 8/05/2008