[225] <225a>
« Πλὴν τοῦ βασιλεύειν οὐδὲν ἡμῶν διαφέρεις » « Ἀλλ´ οὐκ ἄν » ἔφη, « εἰ μὴ
βελτίων ὑμῶν ἤμην, ἐβασίλευον. »
Τῆς δὲ γυναικὸς αὐτοῦ Γοργοῦς πυνθανομένης, ὅτε εἰς Θερμοπύλας ἐξῄει τῷ
Πέρσῃ μαχούμενος, εἴ τι αὐτῇ ἐντέλλεται, ἔφη « Ἀγαθοῖς γαμεῖσθαι καὶ ἀγαθὰ
τίκτειν. »
Λεγόντων δὲ τῶν ἐφόρων ὀλίγους ἄγειν αὐτὸν εἰς Θερμοπύλας, « Οὐκ ἄλλας »
ἔφη « πρὸς ἣν βαδίζομεν πρᾶξιν. »
Πάλιν δ´ αὐτῶν εἰπόντων « Μή τι ἕτερον διέγνωκας ποιεῖν ἢ τὰς παρόδους τῶν
βαρβάρων κωλύειν; » « Τῷ λόγῳ » ἔφη « τῷ δ´ ἔργῳ ἀποθανούμενος ὑπὲρ τῶν
Ἑλλήνων. »
<225b> Γενόμενος δ´ ἐν Θερμοπύλαις πρὸς τοὺς συστρατιώτας εἶπε « Λέγοντι
τὸν βάρβαρον ἐγγύθι γενόμενον **, ἄμμε δὲ χρονοτριβέειν· ἤδη γὰρ ἢ κτάμεν
τὼς βαρβάρως ἢ αὐτοὶ τεθνάμεν θέλομες. »
Λέγοντος δέ τινος « Ἀπὸ τῶν ὀιστευμάτων τῶν βαρβάρων οὐδὲ τὸν ἥλιον ἰδεῖν
ἔστιν, » « Οὐκοῦν » ἔφη « χάριεν, εἰ ὑπὸ σκιὰν αὐτοῖς μαχεσόμεθα. »
Ἄλλου δ´ εἰπόντος « Πάρεισιν ἐγγὺς ἡμῶν, » « Οὐκοῦν » ἔφη « καὶ ἡμεῖς
αὐτῶν <ἐγγύς>. »
Εἰπόντος δέ τινος « Ὦ Λεωνίδα, πρὸς πολλοὺς μετ´ ὀλίγων διακινδυνεύσων
οὕτως πάρει; » « Εἰ μὲν οἴεσθέ με » ἔφη « τῷ πλήθει δεῖν πιστεύειν, οὐδ´
ἡ πᾶσα Ἑλλὰς ἀρκεῖ· βραχεῖα γὰρ μοῖρα τοῦ ἐκείνων πλήθους ἐστίν· <225c> εἰ
δὲ ταῖς ἀφεταῖς, καὶ οὗτος ὁ ἀριθμὸς ἱκανός. »
Ἄλλου δὲ τὰ αὐτὰ λέγοντος, « Καὶ μήν » εἶπεν « πολλοὺς ἐπάγομαι ὡς
ἀποθανουμένους. »
Ξέρξου δὲ γράψαντος αὐτῷ « Ἔξεστί σοι μὴ θεομαχοῦντι, μετ´ ἐμοῦ δὲ
τασσομένῳ τῆς Ἑλλάδος μοναρχεῖν » ἀντέγραψεν « Εἰ τὰ καλὰ τοῦ βίου
γινώσκοις, ἀπέστης ἂν τῆς τῶν ἀλλοτρίων ἐπιθυμίας· ἐμοὶ δὲ κρείσσων ὁ ὑπὲρ
τῆς Ἑλλάδος θάνατος τοῦ μοναρχεῖν τῶν ὁμοφύλων. »
Πάλιν δὲ τοῦ Ξέρξου γράψαντος « Πέμψον τὰ ὅπλα », ἀντέγραψε « μολὼν λαβέ. »
<225d> Βουλομένου δ´ αὐτοῦ ἤδη τοῖς πολεμίοις ἐπιτίθεσθαι, ἐπεὶ οἱ
πολέμαρχοι πρὸς αὐτὸν ἔφασαν ὅτι δεῖ προσμένειν αὐτὸν τοὺς ἄλλους
συμμάχους, « Οὐ γάρ » ἔφη « πάρεισιν οἱ μέλλοντες μάχεσθαι; ἢ οὐκ ἴστε,
ὅτι μόνοι πρὸς τοὺς πολεμίους μάχονται οἱ τοὺς βασιλέας αἰδούμενοι καὶ
φοβούμενοι; »
Τοῖς δὲ στρατιώταις παρήγγειλεν ἀριστοποιεῖσθαι ὡς ἐν Ἅιδου
δειπνοποιησομένους.
Ἐρωτηθεὶς δὲ διὰ τί οἱ ἄριστοι τὸν ἔνδοξον θάνατον τῆς ἀδόξου προκρίνουσι
ζωῆς, « Ὅτι » ἔφη « τὸ μὲν τῆς φύσεως ἴδιον, τὸ δὲ αὑτῶν εἶναι νομίζουσιν. »
Τοὺς δ´ ἠιθέους βουλόμενος σῷσαι καὶ ἐπιστάμενος ἄντικρυς οὐκ ἀνεξομένους,
σκυτάλας δοὺς καθ´ ἕνα αὐτῶν πρὸς τοὺς ἐφόρους ἔπεμψε. <225e> Καὶ τῶν
τελείων δὲ τρεῖς ἐβουλήθη διασῷσαι· οἱ δὲ συννοήσαντες οὐκ ἠνέσχοντο
λαβεῖν τὰς σκυτάλας· ὧν ὁ μὲν εἶπεν « Οὐ κῆρυξ ἀλλὰ μαχητὰς ἀκολούθησα »·
ὁ δὲ δεύτερος « Αὐτοῦ μένων κρέσσων ἂν εἴην »· ὁ δὲ τρίτος « Οὐχ ὕστερος
τούτων, πρῶτος δὲ μαχήσομαι. »
ΛΟΧΑΓΟΣ.
Λόχαγος ὁ Πολυαινίδου καὶ Σείρωνος πατήρ, ἀπαγγείλαντός τινος αὐτῷ ὅτι τῶν
υἱῶν τεθνήκοι ὁ ἕτερος, « Πάλαι ᾔδειν » ἔφη « ὅτι ἀποθανεῖν αὐτὸν ἔδει. »
ΛΥΚΟΥΡΓΟΣ.
Λυκοῦργος ὁ νομοθέτης βουλόμενος ἐκ τῆς προϋπαρχούσης <225f> διαίτης τοὺς
πολίτας εἰς σωφρονεστέραν βίου τάξιν μετάγειν καὶ καλοκαγαθικοὺς
ἀπεργάζεσθαι (ἁβροδίαιτοι γὰρ ἦσαν) δύο σκύλακας ἀνέθρεψε ταὐτοῦ πατρὸς
καὶ μητρὸς γενομένους· καὶ τὸν μὲν εἴθισε περὶ λιχνείας οἴκοι ἐάσας· τὸν
δ´ ἀπαγόμενος ἤσκησε περὶ κυνηγέσια. Ἔπειτα ἀγαγὼν εἰς τὴν ἐκκλησίαν ἔθηκε
ἀκάνθας καὶ λιχνείας τινάς, ἀφῆκε δὲ καὶ λαγώ· ἑκατέρου δ´ ἐπὶ τὰ συνήθη
ὁρμήσαντος καὶ θατέρου τὸν λαγὼ χειρωσαμένου, εἶπεν « Ὁρᾶτε, ὦ πολῖται,
ὅτι ταὐτοῦ γένους ὑπάρχοντες ἐν τῇ τοῦ βίου ἀγωγῇ παρὰ πολὺ ἀλλήλων
διάφοροι ἀπέβησαν,
| [225] qui lui disait qu'il n'y avait d'autre différence entre lui et les autres
citoyens que le titre de roi : <225a> « Cela est vrai ; mais si je n'avais
pas valu mieux que vous, je ne serais pas votre roi. »
Lorsqu'il partit pour aller combattre les Perses aux Thermopyles, sa femme
Gorgo lui demanda quels ordres il lui donnait : « D'épouser, lui dit-il,
un homme de bien, et d'avoir des enfants dignes de lui. »
Les éphores lui représentaient qu'il menait bien peu de monde à cette
expédition : « C'est bien assez, leur dit-il, pour ce que nous allons
faire. » Ils lui demandèrent s'il avait quelque dessein secret. «Je vais,
leur répondit-il, en apparence pour défendre le passage contre les
Barbares, mais, en effet, mourir pour la Grèce. »
<225b> Arrivé aux Thermopyles, il parla ainsi à ses soldats : « On dit que
les Barbares sont près de nous, et nous perdons ici le temps. Voici le
moment de les vaincre ou de mourir! »
Quelqu'un disait que les flèches des Barbares déroberaient la vue du
soleil : «Tant mieux, dit Léonidas ; nous combattrons à l'ombre. »
Un soldat vint lui dire : « Les ennemis sont près de nous. — Et nous près
d'eux, » lui répondit-il.
« Léonidas, lui dit un autre, vous venez avec bien peu de monde, combattre
une multitude si prodigieuse. — Si la chose dépendait du nombre, repartit
Léonidas, la Grèce entière ne suffirait pas, puisqu'elle ne ferait qu'une
très petite portion des troupes ennemies. <225c> Si c'est de la valeur, ce
nombre est suffisant. »
Il répondit à un autre qui répétait le même propos : « J'ai assez de
soldats, puisque je les mène à la mort. »
Xerxès lui écrivit que s'il voulait ne pas combattre contre un dieu et
embrasser son parti, il lui donnerait l'empire de toute la Grèce. « Si
vous connaissiez les vrais biens de la vie, lui répondit Léonidas, vous
n'ambitionneriez pas les possessions des autres. J'aime mieux mourir pour
la Grèce que de dominer sur ses habitants. »
Ce prince lui ayant mandé de lui envoyer ses armes : «Venez les prendre, »
lui récrivit Léonidas.
<225d> Comme il se disposait à livrer la bataille, les officiers de
l'armée lui représentèrent qu'il serait bon d'attendre les troupes des
alliés. « Eh quoi! dit-il, tous ceux qui doivent combattre ne sont-ils pas
ici ? Ignorez-vous que ceux-là seuls en viennent aux mains avec les
ennemis, qui respectent et craignent leurs rois ? »
Il avertit ses soldats de dîner, comme devant souper aux Enfers.
Il répondit à cette question : Pourquoi les gens de cœur préféraient une
mort glorieuse à une vie obscure : «C'est qu'ils regardent celle-ci comme
propre à la nature ; et l'autre, comme particulière à eux seuls. »
Comme il voulait sauver quelques jeunes gens de son armée, et qu'il savait
bien qu'ils n'y consentiraient pas s'il le leur disait clairement, il les
chargea l'un après l'autre d'aller à Lacédémone porter des avis aux
éphores. <225e> Il voulut sauver de même trois citoyens de la classe des
hommes faits. Mais ceux-ci pénétrèrent son dessein, et refusèrent de
porter ses ordres à Sparte. Le premier lui dit : « Je suis venu ici en
qualité de soldat, et non pour servir de courrier. » Le second : « Je
vaudrai bien davantage si je me trouve à la bataille. » Le troisième :
« Je combattrai le premier de nous trois. »
LOCHAGUS.
On vint annoncer à Lochagus qu'un de ses deux fils Polyénide el Siron
était mort. « Je savais, dit-il, depuis longtemps, qu'il devait mourir. »
LYCURGUE.
Lycurgue le législateur, pour tirer les Spartiates de la vie molle <225f>
qu'ils avaient menée jusqu'alors, et leur inspirer une conduite plus sage
et des mœurs plus honnêtes, fit élever deux chiens nés d'un même père et
d'une même mère. Il laissa l'un à la maison, vivre au gré de sa
gourmandise, et exerça l'autre à la chasse. Ensuite il les mena tous les
deux à une assemblée du peuple, et fit placer d'un côté un plat de viande
et de l'autre un lièvre vivant. Chacun suivit son penchant accoutumé: l'un
se jeta sur la viande et l'autre courut au lièvre. « Citoyens, dit alors
Lycurgue, voyez comment ces chiens, qui ont une même origine, ont pris
dans leur éducation des inclinations différentes ,
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