[1016] ἀπόδειξις δὲ πρώτη μὲν ἡ τῆς λεγομένης
καὶ δοκούσης αὐτοῦ πρὸς ἑαυτὸν ἀσυμφωνίας καὶ (1016a) διαφορᾶς λύσις.
Οὐδὲ γὰρ σοφιστῇ κραιπαλῶντι, πόθεν γε δὴ Πλάτωνι,
τοιαύτην ἄν τις ἀναθείη περὶ οὓς ἐσπουδάκει μάλιστα τῶν λόγων ταραχὴν καὶ
ἀνωμαλίαν, ὥστε τὴν αὐτὴν φύσιν ὁμοῦ καὶ ἀγένητον ἀποφαίνειν καὶ
γενομένην, ἀγένητον μὲν ἐν Φαίδρῳ τὴν ψυχὴν ἐν δὲ Τιμαίῳ γενομένην. Ἡ μὲν
οὖν ἐν Φαίδρῳ διάλεκτος ὀλίγου δεῖν ἅπασι διὰ στόματός ἐστι, τῷ ἀγενήτῳ τὸ
ἀνώλεθρον τῷ δ´ αὐτοκινήτῳ πιστουμένη τὸ ἀγένητον αὐτῆς· ἐν δὲ Τιμαίῳ
« Τὴν δὲ ψυχήν » » φησιν « οὐχ ὡς νῦν ὑστέραν ἐπιχειροῦμεν λέγειν οὕτως
ἐμηχανήσατο καὶ ὁ θεὸς νεωτέραν· οὐ γὰρ ἂν ἄρχεσθαι πρεσβύτερον ὑπὸ
(1016b) νεωτέρου συνέρξας εἴασεν· ἀλλά πως ἡμεῖς πολὺ μετέχοντες τοῦ
προστυχόντος τε καὶ εἰκῇ ταύτῃ πη καὶ λέγομεν· ὁ δὲ καὶ γενέσει καὶ ἀρετῇ
προτέραν καὶ πρεσβυτέραν τὴν ψυχὴν σώματος, ὡς δεσπότιν καὶ ἄρξουσαν
ἀρξομένου, συνεστήσατο. » Καὶ πάλιν, εἰπὼν ὡς
« Αὐτὴ ἐν ἑαυτῇ στρεφομένη θείαν ἀρχὴν ἤρξατο ἀπαύστου καὶ ἔμφρονος βίου,»
« Τὸ μὲν δὴ σῶμά » φησιν « ὁρατὸν οὐρανοῦ γέγονεν, αὐτὴ δ´ ἀόρατος μὲν
λογισμοῦ δὲ μετέχουσα καὶ ἁρμονίας ψυχή, τῶν νοητῶν ἀεί τ´ ὄντων ὑπὸ τοῦ
ἀρίστου ἀρίστη γενομένη τῶν γεννηθέντων. »
Ἐνταῦθα γὰρ τὸν μὲν θεὸν ἄριστον εἰπὼν τῶν ἀεὶ ὄντων, τὴν δὲ ψυχὴν ἀρίστην
(1016c) τῶν γεννηθέντων, σαφεστάτῃ ταύτῃ τῇ διαφορᾷ καὶ ἀντιθέσει τὸ
ἀίδιον αὐτῆς καὶ τὸ ἀγένητον ἀφῄρηται. Τίς οὖν τούτων ἐπανόρθωσις ἑτέρα
πλὴν ἧς αὐτὸς δίδωσι τοῖς δέχεσθαι βουλομένοις; Ἀγένητον μὲν γὰρ ἀποφαίνει
ψυχὴν τὴν πρὸ τῆς κόσμου γενέσεως πλημμελῶς πάντα καὶ ἀτάκτως κινοῦσαν·
γενομένην δὲ καὶ γενητὴν πάλιν, ἣν ὁ θεὸς ἔκ τε ταύτης καὶ τῆς μονίμου τε
καὶ ἀρίστης οὐσίας ἐκείνης ἔμφρονα καὶ τεταγμένην ἀπεργασάμενος καθάπερ
εἶδος καὶ τῷ αἰσθητικῷ τὸ νοερὸν καὶ τῷ κινητικῷ τὸ τεταγμένον ἀφ´ αὑτοῦ
παρασχὼν ἡγεμόνα τοῦ παντὸς ἐγκατέστησεν.
Οὕτω γὰρ καὶ (1016d) τὸ σῶμα τοῦ κόσμου πῇ μὲν ἀγένητον ἀποφαίνει πῇ δὲ
γενητόν· ὅταν μὲν γὰρ εἴπῃ, πᾶν ὅσον ἦν ὁρατὸν οὐχ ἡσυχίαν ἄγον ἀλλὰ
κινούμενον ἀτάκτως τὸν θεὸν παραλαβόντα διακοσμεῖν, καὶ πάλιν, τὰ τέτταρα
γένη, πῦρ καὶ ὕδωρ καὶ γῆν καὶ ἀέρα, πρὶν ἢ τὸ πᾶν ὑπ´ αὐτῶν διακοσμηθὲν
γενέσθαι, σεισμὸν ἐμποιεῖν τῇ ὕλῃ καὶ ὑπ´ ἐκείνης τινάσσεσθαι διὰ τὴν
ἀνωμαλίαν, ὄντα που ποιεῖ καὶ ὑποκείμενα τὰ σώματα πρὸ τῆς τοῦ κόσμου
γενέσεως· ὅταν δὲ πάλιν λέγῃ τῆς ψυχῆς νεώτερον γεγονέναι τὸ σῶμα καὶ
τὸν κόσμον εἶναι γενητόν, ὅτι ὁρατὸς καὶ ἁπτὸς καὶ σῶμα (1016e) ἔχων ἐστὶ
τὰ δὲ τοιαῦτα γιγνόμενα καὶ γενητὰ ἐφάνη, παντὶ δῆλον ὡς γένεσιν τῇ φύσει
τοῦ σώματος ἀποδίδωσιν. Ἀλλὰ πολλοῦ δεῖ τἀναντία λέγειν καὶ διαφέρεσθαι
πρὸς αὑτὸν οὕτως ἐκφανῶς ἐν τοῖς μεγίστοις. Οὐ γὰρ ὡσαύτως οὐδὲ ταὐτὸ σῶμα
γίγνεσθαί τέ φησιν ὑπὸ τοῦ θεοῦ καὶ εἶναι πρὶν ἢ γενέσθαι· ταῦτα γὰρ
ἄντικρυς φαρμακῶντός ἐστιν. Ἀλλὰ τί δεῖ νοεῖν καὶ τὴν γένεσιν, αὐτὸς διδάσκει.
« Τὸ μὲν γὰρ πρὸ τούτου » φησί « ταῦτα πάντα εἶχεν ἀλόγως καὶ ἀμέτρως·
ὅτε δ´ ἐπεχειρεῖτο κοσμεῖσθαι τὸ πᾶν, πῦρ πρῶτον καὶ ὕδωρ καὶ γῆν καὶ
ἀέρα, ἴχνη μὲν ἔχοντα ἄττα αὑτῶν, παντάπασι μὴν (1016f) διακείμενα ὥσπερ
εἰκὸς ἔχειν ἅπαν ὅταν ἀπῇ τινος θεός, οὕτω δὴ τότε πεφυκότα ταῦτα πρῶτον
διεσχηματίσατο εἴδεσι καὶ ἀριθμοῖς. »
Ἔτι δὲ πρότερον εἰπὼν ὡς οὐ μιᾶς ἔργον ἦν ἀναλογίας ἀλλὰ δυεῖν τὸ
συνδῆσαι στερεὸν ὄντα καὶ βάθος ἔχοντα τὸν τοῦ παντὸς ὄγκον, καὶ διελθὼν
ὅτι πυρὸς καὶ γῆς ὕδωρ ἀέρα τε ὁ θεὸς ἐν μέσῳ θεὶς συνέδησε καὶ
συνεστήσατο τὸν οὐρανόν,
| [1016] et la première preuve que j'en donnerai,
c'est que mon explication sauve la contradiction dans
laquelle on veut que ce philosophe (1016a) soit tombé. Car on n'oserait
attribuer, je ne dis pas à un homme tel que Platon, mais à un sophiste en
délire, une telle inconséquence, que dans une matière qu'il a traitée avec
le plus grand soin, il ait avancé qu'une même nature était engendrée et
non engendrée; qu'il ait dit dans son Phèdre qu'elle n'avait pas été
engendrée, et dans son Timée, qu'elle l'avait été. Le passage du Phèdre
est dans la bouche de tout le monde. Il y prouve que l'âme est
incorruptible, parce qu'elle n'a pas été engendrée, et qu'elle n'a pas clé
engendrée parce qu'elle se meut de soi-même. Voici le passage du Timée :
«Dieu n'a pas fait l'âme plus jeune que le corps, quoique nous disions
maintenant qu'elle lui est postérieure. Il n'eût jamais souffert qu'une
substance plus ancienne, liée à une autre (1016b) plus nouvelle, fût
commandée par celle-ci. C'est nous qui, agissant avec beaucoup de témérité
et presque au hasard, parlons de même ; mais Dieu a formé l'âme la
première en génération et en vertu. Il l'a unie au corps pour en être la
maîtresse et lui commander comme il son sujet.»
Ensuite, après avoir dit que
«l'âme, en revenant sur elle-même, a eu le principe divin d'une vie sage
et éternelle,» il ajoute :
«Le corps du ciel a été fait visible, mais l'âme est invisible. Douée de
raison et d'harmonie, elle est la meilleure des choses engendrées par le
plus parfait des êtres intelligibles et toujours subsistants.»
Puisque dans ce passage il appelle Dieu le plus parfait des êtres
éternels, et l'âme la meilleure (1016c) des choses engendrées, on voit que
par ce contraste frappant, il refuse à l'âme la propriété d'être éternelle
et incréée. Et quel autre moyen de concilier les contrariétés qu on lui
reproche que celui qu'il offre lui-même à tous ceux qui veulent
l'entendre? Il déclare que l'âme, qui, avant la génération du monde,
faisait tout mouvoir confusément et en désordre, n'a pas été engendrée, et
qu'au contraire celle-là a été engendrée que Dieu composa d'un mélange de
cette première et de la substance stable et très bonne, qu'il doua de
sagesse et d'ordre, et dans laquelle il ajouta de sa propre substance,
comme pour lui servir de forme, l'entendement à la faculté sensible,
l'ordre au mouvement ; et il en fit ainsi la maîtresse et la directrice de l'univers.
Platon a prononcé de même que (1016d) le corps du monde n'a pas été
engendré sous un rapport, et qu'il l'a été sous un autre, quand il dit que
tout ce qui est visible, loin d'être dans un état de repos, était mu en
désordre, et que Dieu le prit et le disposa, qu'il ajoute que les quatre éléments,
le feu, l'eau, la terre et l'air, avant que l'univers fût formé de leur
composition, agitaient la matière et en étaient agités à leur tour à cause
des inégalités de leur mélange, il suppose que les corps existaient dans
un certain état avant la génération du monde. Au contraire, lorsqu'il
assure que le corps est plus jeune que l'âme et que le monde a été
engendré, puisqu'il est visible, tactile, et qu'il a un corps, (1016e) et
que les substances de cette nature ont été nécessairement engendrées, il
est évident qu'il admet la génération de la nature corporelle. Mais il
s'en faut bien qu'il se contredise et qu'il soit en opposition avec
lui-même sur des points aussi importants; car il ne dit pas que ce soit de
la même manière, ni un même corps que Dieu ait engendré et qui existât
avant d'être né. Ce serait parler en vrai charlatan ; mais il nous
apprend lui-même ce qu'il faut entendre par génération.
«Au commencement, dit-il, tout était sans proportion et sans mesure; mais
lorsque Dieu entreprit de donner de l'ordre à l'univers et de disposer
d'abord le feu, l'eau, la terre et l'air, qui avaient bien alors quelques
traces de leurs formes actuelles, mais (1016f) qui étaient dans l'état où
doivent être naturellement les choses que Dieu n'anime pas, alors il donna
à tous ces éléments les formes et les nombres qui leur convenaient.»
Il avait d'abord dit qu'il ne suffisait pas d'une seule proportion, et
qu'il en fallait nécessairement deux pour lier la masse entière du monde,
qui a de la solidité et de la profondeur; et après avoir exposé comment
Dieu, qui avait mis l'eau et l'air entre le feu et l'eau, unit et lia le
ciel avec ces éléments, il ajoute :
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