HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la création de l'âme d'après le Timée de Platon

Page 1015

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[1015] εἰκάζεσθαι δ´ ἀώδεσιν ἐλαίοις, (1015a) πρὸς τὰς βαφὰς οἱ μυρεψοὶ λαμβάνουσιν; Οὐ γὰρ οἷόν τε τὸ ἄποιον καὶ ἀργὸν ἐξ αὑτοῦ καὶ ἀρρεπὲς αἰτίαν κακοῦ καὶ ἀρχὴν ὑποτίθεσθαι τὸν Πλάτωνα καὶ καλεῖν ἀπειρίαν αἰσχρὰν καὶ κακοποιόν, αὖθις δ´ ἀνάγκην πολλὰ τῷ θεῷ δυσμαχοῦσαν καὶ ἀφηνιάζουσαν. γάρ « ἀναστρέφουσα » τὸν οὐρανόν, ὥσπερ ἐν Πολιτικῷ λέγεται, καὶ ἀνελίττουσα πρὸς τοὐναντίον ἀνάγκη καὶ « σύμφυτος ἐπιθυμία » καὶ « τὸ τῆς πάλαι ποτὲ φύσεως σύντροφον πολλῆς μετέχον ἀταξίας, πρὶν εἰς τὸν νῦν κόσμον ἀφικέσθαι », πόθεν ἐγγέγονε τοῖς πράγμασιν, εἰ τὸ μὲν ὑποκείμενον ἄποιος ἦν ὕλη καὶ ἄμοιρος αἰτίας (1015b) ἁπάσης, δὲ δημιουργὸς ἀγαθὸς καὶ πάντα βουλόμενος αὑτῷ κατὰ δύναμιν ἐξομοιῶσαι, τρίτον δὲ παρὰ ταῦτα μηδέν; Αἱ γὰρ Στωικαὶ καταλαμβάνουσιν ἡμᾶς ἀπορίαι, τὸ κακὸν ἐκ τοῦ μὴ ὄντος ἀναιτίως καὶ ἀγενήτως ἐπεισάγοντας· ἐπεὶ τῶν γ´ ὄντων οὔτε τὸ ἀγαθὸν οὔτε τὸ ἄποιον εἰκός ἐστιν οὐσίαν κακοῦ καὶ γένεσιν παρασχεῖν. Ἀλλὰ ταὐτὸ Πλάτων οὐκ ἔπαθε τοῖς ὕστερον, οὐδὲ παριδὼν ὡς ἐκεῖνοι τὴν μεταξὺ τῆς ὕλης καὶ τοῦ θεοῦ τρίτην ἀρχὴν καὶ δύναμιν ὑπέμεινε τῶν λόγων τὸν ἀτοπώτατον, ἐπεισόδιον οὐκ οἶδ´ ὅπως ποιοῦντα τὴν τῶν κακῶν φύσιν ἀπ´ αὐτομάτου κατὰ συμβεβηκός. Ἐπικούρῳ μὲν γὰρ (1015c) οὐδ´ ἀκαρὲς ἐγκλῖναι τὴν ἄτομον συγχωροῦσιν, ὡς ἀναίτιον ἐπεισάγοντι κίνησιν ἐκ τοῦ μὴ ὄντος· αὐτοὶ δὲ κακίαν καὶ κακοδαιμονίαν τοσαύτην ἑτέρας τε περὶ σῶμα μυρίας ἀτοπίας καὶ δυσχερείας, αἰτίαν ἐν ταῖς ἀρχαῖς οὐκ ἐχούσας, κατ´ ἐπακολούθησιν γεγονέναι λέγουσιν. δὲ Πλάτων οὐχ οὕτως, ἀλλὰ τήν γ´ ὕλην διαφορᾶς ἁπάσης ἀπαλλάττων καὶ τοῦ θεοῦ τὴν τῶν κακῶν αἰτίαν ἀπωτάτω τιθέμενος ταῦτα περὶ τοῦ κόσμου γέγραφεν ἐν τῷ Πολιτικῷ « Παρὰ μὲν γὰρ τοῦ ξυνθέντος πάντα τὰ καλὰ κέκτηται· παρὰ δὲ τῆς ἔμπροσθεν ἕξεως ὅσα χαλεπὰ καὶ ἄδικα ἐν οὐρανῷ γίγνεται, ταῦτ´ ἐξ (1015d) ἐκείνης αὐτός τε ἔχει καὶ τοῖς ζῴοις ἐναπεργάζεται. » Καὶ μικρὸν ἔτι προελθὼν « Προϊόντος δέ » φησι « τοῦ χρόνου καὶ λήθης ἐγγιγνομένης ἐν αὐτῷ, μᾶλλον δυναστεύει τὸ τῆς παλαιᾶς ἀναρμοστίας πάθος » καὶ κινδυνεύει « διαλυθεὶς εἰς τὸν τῆς ἀνομοιότητος ἄπειρον ὄντα τόπον » δῦναι πάλιν. Ἀνομοιότης δὲ περὶ τὴν ὕλην, ἄποιον καὶ ἀδιάφορον οὖσαν, οὐκ ἔστιν. Ἀλλὰ μετὰ πολλῶν ἄλλων καὶ Εὔδημος ἀγνοήσας κατειρωνεύεται τοῦ Πλάτωνος, ὡς οὐκ εὖ τὴν πολλάκις ὑπ´ αὐτοῦ μητέρα καὶ τιθήνην προσαγορευομένην αἰτίαν κακῶν καὶ ἀρχὴν ἀποφαίνοντος. γὰρ Πλάτων μητέρα μὲν καὶ τιθήνην καλεῖ τὴν ὕλην, (1015e) αἰτίαν δὲ κακοῦ τὴν κινητικὴν τῆς ὕλης καὶ περὶ τὰ σώματα γιγνομένην μεριστὴν ἄτακτον καὶ ἄλογον οὐκ ἄψυχον δὲ κίνησιν, ἣν ἐν Νόμοις ὥσπερ εἴρηται ψυχὴν ἐναντίαν καὶ ἀντίπαλον τῇ ἀγαθουργῷ προσεῖπε. Ψυχὴ γὰρ αἰτία κινήσεως καὶ ἀρχή, νοῦς δὲ τάξεως καὶ συμφωνίας περὶ κίνησιν. γὰρ θεὸς οὐκ ἀνέστησε τὴν ὕλην ἀργοῦσαν ἀλλ´ ἔστησεν ὑπὸ τῆς ἀνοήτου ταραττομένην αἰτίας· οὐδ´ ἀρχὰς τῇ φύσει μεταβολῆς καὶ παθῶν παρέσχεν, ἀλλ´ οὔσης ἐν πάθεσι παντοδαποῖς καὶ μεταβολαῖς ἀτάκτοις ἐξεῖλε τὴν πολλὴν ἀοριστίαν καὶ πλημμέλειαν, ἁρμονίᾳ καὶ ἀναλογίᾳ καὶ ἀριθμῷ χρώμενος ὀργάνοις· ὧν ἔργον ἐστὶν οὐ μεταβολῇ καὶ κινήσει ἑτερότητος (1015f) πάθη καὶ διαφορὰς παρέχειν τοῖς πράγμασιν, ἀλλὰ μᾶλλον ἀπλανῆ καὶ στάσιμα καὶ τοῖς κατὰ ταὐτὰ ὡσαύτως ἔχουσιν ὅμοια ποιεῖν. μὲν οὖν διάνοια τοιαύτη, κατά γε τὴν ἐμὴν δόξαν, τοῦ Πλάτωνος· [1015] semblable aux huiles (1015a) qui, n'ayant par elles-mêmes aucune odeur, servent de base à tous les parfums ? Car il n'est pas possible que Platon suppose que ce qui de soi est sans qualité, sans action, sans détermination quelconque, soit la cause et le principe du mal, ni qu'il l'appelle une infinité désordonnée et malfaisante, ou qu'il la nomme une nécessité qui souvent est rebelle à Dieu et rejette le frein qu'il veut lui imposer. Car cette nécessité qui, comme il le dit dans son Politique, agite le ciel et le fait tourner en sens contraire, cette concupiscence innée et cette confusion de l'ancienne nature, qui n'était que discorde avant qu'elle eût la forme que nous lui voyons maintenant, d'où sont-elles venues, si le sujet qui en est la matière était sans aucune qualité et privé de toute cause (1015b) efficiente, surtout, l'ouvrier étant bon de sa nature et voulant, autant qu'il était possible, rendre tout semblable à lui-même ? Car, outre ces deux principes, ils n'en connaissent pas un troisième. Nous tomberons donc dans les mêmes difficultés que les stoïciens, si nous voulons introduire le mal dans le monde sans une cause précédente qui l'ait engendré. En effet, des deux principes qui existent, il n'est pas possible que celui qui est bon, ni celui qui est privé de toutes qualités, aient pu produire le mal. Mais Platon n'a pas fait comme les philosophes qui sont venus après lui, et qui, faute d'avoir connu un troisième principe, une troisième cause intermédiaire entre Dieu et la matière, ont admis cette opinion absurde qui fait venir accidentellement et comme par hasard le mal de je ne sais quel principe. Ils ne veillent pas accorder à Épicure (1015c) la plus légère déclinaison d'un seul atome, sous prétexte qu'il fait produire un mouvement par une cause qui n'existe pas. Et eux-mêmes, ils prétendent que tant de vices et de crimes, tant d'infirmités et d'imperfections corporelles naissent naturellement l'un de l'autre, sans qu'il y en ait aucune cause efficiente. Ce n'est point là le sentiment de Platon. Il refuse à la matière toute qualité, et il rejette bien loin de Dieu tout principe de mal. Voici donc ce qu'il dit du monde dans son Politique : «Le monde a reçu toutes sortes de biens de celui qui l'a composé ; mais de ses dispositions précédentes et extérieures dérive tout ce qui se fait de mauvais et de déréglé (1015d) au ciel, et il le communique aux animaux.» Il ajoute un peu plus bas : «Par la suite du temps, l'oubli s'y étant glissé, la passion de son ancien désordre a pris un nouvel empire, et il est à craindre que, venant à se dissoudre, il ne retombe dans l'abîme immense de sa première inégalité.» Or, il ne peut y avoir d'inégalité dans une matière qui n'a ni qualité ni différence. Eudème, et plusieurs autres philosophes, faute d'avoir connu ce principe, se moquent de Platon et lui reprochent de n'avoir pas assigné pour première cause, pour racine et principe des maux, la même matière qu'il appelle souvent la mère et la nourrice des substances. Platon donne bien à la matière ces dénominations, mais il place (1015e) le principe du mal dans celle puissance motrice de la matière, qui devient divisible dans les corps dont le mouvement est sans ordre et sans raison, mais non pas sans âme, et que dans ses lois, comme je l'ai déjà dit, il appelle une âme réfractaire et rebelle à l'âme qui est le principe du bien. Ainsi l'âme est la cause et le principe du mouvement, et l'entendement est la cause de l'ordre et de l'harmonie du mouvement. Car Dieu n'a pas organisé une matière qui fût sans activité, mais il lui a donné de la stabilité, afin qu'elle ne fût plus troublée par une cause aveugle et stupide. Il n'a pas mis dans la nature les principes de ses passions et de ses changements, mais l'ayant trouvée sujette à toutes sortes du passions et de vicissitudes désordonnées, il lui a ôté son désordre et son irrégularité ; et pour cela, il a employé l'harmonie, la proportion et le nombre, comme des instruments destinés, non à produire dans les substances, par le changement et le mouvement, les (1015f) passions et les vicissitudes de l'être changeant, mais plutôt à les rendre fixes et stables, et à leur communiquer les affections de la substance, qui est toujours la même et toujours semblable. Tel est, selon moi, le sentiment de Platon ;


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Dernière mise à jour : 18/10/2007