[1013] ἵνα πάντα γιγνώσκῃ, συγκεκρᾶσθαι τὴν ψυχήν·
(1013a) ταῦτα δ´εἶναι τέτταρα, τὴν νοητὴν φύσιν
ἀεὶ κατὰ ταὐτὰ καὶὡσαύτως ἔχουσαν καὶ τὴν περὶ τὰ σώματα
παθητικὴν καὶ μεταβλητήν, ἔτι δὲ τὴν ταὐτοῦ καὶ τοῦ ἑτέρου διὰ τὸ κἀκείνων
ἑκατέραν μετέχειν ἑτερότητος καὶ ταὐτότητος. Ὁμαλῶς δὲ πάντες οὗτοι χρόνῳ
μὲν οἴονται τὴν ψυχὴν μὴ γεγονέναι μηδ´ εἶναι γενητήν, πλείονας δὲ
δυνάμεις ἔχειν, εἰς ἃς ἀναλύοντα θεωρίας ἕνεκα τὴν οὐσίαν αὐτῆς λόγῳ τὸν
Πλάτωνα γιγνομένην ὑποτίθεσθαι καὶ συγκεραννυμένην· τὰ δ´ αὐτὰ καὶ περὶ
τοῦ κόσμου διανοούμενον ἐπίστασθαι μὲν ἀίδιον ὄντα καὶ ἀγένητον, (1013b)
τὸ δ´ ᾧ τρόπῳ συντέτακται καὶ διοικεῖται καταμαθεῖν οὐ ῥᾴδιον ὁρῶντα τοῖς
μήτε γένεσιν αὐτοῦ μήτε τῶν γενητικῶν σύνοδον ἐξ ἀρχῆς προϋποθεμένοις
ταύτην τὴν ὁδὸν τραπέσθαι.
Τοιούτων δὲ τῶν καθόλου λεγομένων, ὁ μὲν Εὔδωρος οὐδετέρους ἀμοιρεῖν
οἴεται τοῦ εἰκότος· ἐμοὶ δὲ δοκοῦσι τῆς Πλάτωνος ἀμφότεροι διαμαρτάνειν
δόξης, εἰ κανόνι τῷ πιθανῷ χρηστέον, οὐκ ἴδια δόγματα περαίνοντας ἀλλ´
ἐκείνῳ τι βουλομένους λέγειν ὁμολογούμενον. Ἡ μὲν γὰρ ἐκ τῆς νοητῆς καὶ
τῆς αἰσθητῆς οὐσίας λεγομένη μῖξις οὐ διασαφεῖται πῆ ποτε ψυχῆς μᾶλλον ἢ
τῶν ἄλλων, ὅ τι ἄν τις εἴπῃ, γένεσίς ἐστιν. Αὐτός (1013c) τε γὰρ ὁ κόσμος
οὗτος καὶ τῶν μερῶν ἕκαστον αὐτοῦ συνέστηκεν ἔκ τε σωματικῆς οὐσίας καὶ
νοητῆς, ὧν ἡ μὲν ὕλην καὶ ὑποκείμενον ἡ δὲ μορφὴν καὶ εἶδος τῷ γενομένῳ
παρέσχε· καὶ τῆς μὲν ὕλης τὸ μετοχῇ καὶ εἰκασίᾳ τοῦ νοητοῦ μορφωθὲν εὐθὺς
ἁπτὸν καὶ ὁρατόν ἐστιν, ἡ ψυχὴ δὲ πᾶσαν αἴσθησιν ἐκπέφευγεν. Ἀριθμόν γε
μὴν ὁ Πλάτων οὐδέποτε τὴν ψυχὴν προσεῖπεν, ἀλλὰ κίνησιν αὐτοκίνητον ἀεὶ
καὶ κινήσεως πηγὴν καὶ ἀρχήν· ἀριθμῷ δὲ καὶ λόγῳ καὶ ἁρμονίᾳ διακεκόσμηκε
τὴν οὐσίαν αὐτῆς ὑποκειμένην καὶ δεχομένην τὸ κάλλιστον εἶδος ὑπὸ τούτων
ἐγγιγνόμενον. Οἶμαι (1013d) δὲ μὴ ταὐτὸν εἶναι τῷ κατ´ ἀριθμὸν συνεστάναι
τὴν ψυχὴν τὸ τὴν οὐσίαν αὐτῆς ἀριθμὸν ὑπάρχειν· ἐπεὶ καὶ καθ´ ἁρμονίαν
συνέστηκεν ἁρμονία δ´ οὔκ ἐστιν,
ὡς αὐτὸς ἐν τῷ περὶ Ψυχῆς ἀπέδειξεν. Ἐκφανῶς δὲ τούτοις ἠγνόηται τὸ περὶ
τοῦ ταὐτοῦ καὶ τοῦ ἑτέρου· λέγουσι γὰρ ὡς τὸ μὲν στάσεως τὸ δὲ κινήσεως
συμβάλλεται δύναμιν εἰς τὴν τῆς ψυχῆς γένεσιν, αὐτοῦ Πλάτωνος ἐν τῷ
Σοφιστῇ τὸ ὂν καὶ τὸ ταὐτὸν καὶ τὸ ἕτερον, πρὸς δὲ τούτοις στάσιν καὶ
κίνησιν, ὡς ἕκαστον ἑκάστου διαφέρον καὶ πέντε ὄντα χωρὶς ἀλλήλων
τιθεμένου καὶ διορίζοντος.
Ὅ γε μὴν οὗτοί τε κοινῇ καὶ οἱ πλεῖστοι τῶν χρωμένων (1013e) Πλάτωνι
φοβούμενοι καὶ παραμυθούμενοι πάντα μηχανῶνται καὶ παραβιάζονται καὶ
στρέφουσιν, ὥς τι δεινὸν καὶ ἄρρητον οἰόμενοι δεῖν περικαλύπτειν καὶ
ἀρνεῖσθαι, τήν τε τοῦ κόσμου τήν τε τῆς ψυχῆς αὐτοῦ γένεσιν καὶ σύστασιν,
οὐκ ἐξ ἀιδίου συνεστώτων οὐδὲ τὸν ἄπειρον χρόνον οὕτως ἐχόντων, ἰδίᾳ τε
λόγου τέτευχε καὶ νῦν ἀρκέσει ῥηθέν, ὅτι τὸν περὶ θεῶν ἀγῶνα καὶ λόγον, ᾧ
Πλάτων ὁμολογεῖ φιλοτιμότατα καὶ παρ´ ἡλικίαν πρὸς τοὺς ἀθέους κεχρῆσθαι,
συγχέουσι, μᾶλλον δ´ ὅλως ἀναιροῦσιν. Εἰ γὰρ ἀγένητος ὁ κόσμος ἐστίν,
οἴχεται τῷ Πλάτωνι τὸ πρεσβυτέραν τοῦ (1013f) σώματος τὴν ψυχὴν οὖσαν
ἐξάρχειν μεταβολῆς καὶ κινήσεως πάσης, ἡγεμόνα καὶ πρωτουργόν, ὡς αὐτὸς
εἴρηκεν, ἐγκαθεστῶσαν. Τίς δ´ οὖσα καὶ τίνος ὄντος ἡ ψυχὴ τοῦ σώματος
προτέρα καὶ πρεσβυτέρα λέγεται γεγονέναι, προϊὼν ὁ λόγος ἐνδείξεται· τοῦτο
γὰρ ἠγνοημένον ἔοικε τὴν πλείστην ἀπορίαν καὶ ἀπιστίαν παρέχειν τῆς
ἀληθοῦς δόξης.
| [1013] afin (1013a) qu'elle puisse juger de toutes; et toutes les choses, selon lui,
sont de quatre espèces : la nature intelligible, qui est toujours la même
et toujours semblable ; la nature passible et muable, qui existe dans les
corps ; la nature de l'être toujours le même, et enfin celle de l'être
changeant, parce que les deux premières participent des qualités des deux
autres. Tous ces philosophes croient également que l'âme n'a pas été faite
dans le temps, qu'elle ne peut pas même avoir été engendrée, mais qu'elle
a plusieurs facultés, dans lesquelles Platon, par une simple spéculation,
résolvant sa substance, suppose, seulement de paroles, qu'elle est née et
qu'elle est le résultat d'un mélange. Ils disent qu'il pensait de même sur
le monde, qu'il savait très bien qu'il était éternel et n'avait pas été
engendré ; (1013b) mais que, sentant toute la difficulté de comprendre
comment il est composé et gouverné si on n'admet, dans l'origine des
choses, sa génération et un concours de causes qui l'aient produit, il
avait adopté cette méthode de raisonner.
Voilà en général ce que disent les platoniciens, et Eudorus croit que
l'une et l'autre explication ont de la vraisemblance. Mais si nous voulons
en juger d'après les règles de la probabilité, et, au lieu d'exposer nos
propres opinions, chercher à connaître celle de Platon, je pense que ni
les uns ni les autres n'ont pris le vrai sens de la doctrine de ce
philosophe. Car il n'est pas démontré que ce mélange de la substance
intelligible et de la nature sensible duquel ils parlent exprime la
génération de l'âme plutôt que celle de toute autre chose. Car ce monde
(1013c) lui-même et chacune de ses parties sont composés de la substance
intelligible et de la nature corporelle ; celle-ci a fourni la matière et
le sujet, et l'autre la forme et l'espèce. La portion de matière formée
par la participation et la ressemblance avec la substance intelligible
devient aussitôt tactile et visible, au lieu que l'âme ne peut tomber sous
aucun de nos sens. D'ailleurs, Platon n'a jamais dit que l'âme fût un
nombre, mais une substance qui se meut toujours d'elle-même, et qui est le
principe et la source du mouvement. Il est vrai qu'il a doué sa nature de
nombre, de proportion et d'harmonie, parce qu'elle est susceptible de ces
différentes propriétés, qui lui donnent la forme la plus belle. Or, ce
n'est pas, ce me semble, (1013d) une même chose que l'âme soit formée
d'après un nombre, ou que sa substance soit un nombre. Elle est faite avec
harmonie, mais elle n'est pas pour cela une harmonie, comme
Platon lui-même l'a prouvé dans son traité sur l'Âme. Ces philosophes
paraissent aussi avoir ignoré ce que signifient l'être toujours le même et
l'être changeant ; car ils disent que dans la génération de l'âme, le
premier lui donne la stabilité et l'autre le mouvement, tandis que Platon,
dans son Sophiste, suppose et détermine cinq idées distinctes, séparées
l'une de l'autre, et qui sont l'être, la substance toujours la même, la
substance sujette au changement, le mouvement et le repos.
Mais ces philosophes et le plus grand nombre des sectateurs (1013e) de
Platon, par l'effet d'une crainte excessive, s'efforcent de détourner le
sens de quelques uns de ses passages, sous prétexte que c'est une opinion
horrible, et qu'on ne saurait attribuer à Platon, que de lui faire dire
que le monde et son âme n'ont pas été composés de principes existants de
toute éternité et qui n'eussent pas leur essence depuis un temps infini.
J'en ai traité ailleurs spécialement. Il me suffira donc de dire ici que
toutes ces personnes ébranlent ou plutôt détruisent absolument l'opinion
que Platon a soutenue en faveur des dieux contre les athées, avec plus de
vigueur que son âge ne le comportait. Car si le monde n'a pas été
engendré, c'en est fait de cette assertion de Platon, que l'âme est plus
ancienne que le (1013f) corps, qu'elle est le principe de tout mouvement
et de tout changement, et, pour me servir de ses propres paroles, qu'elle
en est en lui la première et la principale cause. Mais qu'est-ce que
l'âme, et quel est le corps qu'elle précède en ancienneté? c'est ce qu'on
verra par la suite. C'est faute de l'avoir connu qu'on a eu des doutes sur
cette matière et qu'on a obscurci la vérité.
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