[1012] ΠΕΡΙ ΤΗΣ ΕΝ ΤΙΜΑΙΩΙ ΨΥΧΟΓΟΝΙΑΣ Ο ΠΑΤΗΡ ΑΥΤΟΒΟΥΛΩΙ
ΚΑΙ ΠΛΟΥΤΑΡΧΩΙ ΕΥ ΠΡΑΤΤΕΙΝ.
(1012b) Ἐπεὶ τὰ πολλάκις εἰρημένα καὶ γεγραμμένα σποράδην ἐν ἑτέροις
ἕτερα, τὴν Πλάτωνος ἐξηγουμένοις δόξαν ἣν εἶχεν ὑπὲρ ψυχῆς, ὡς ὑπενοοῦμεν
ἡμεῖς, οἴεσθε δεῖν εἰς ἓν συναχθῆναι καὶ τυχεῖν ἰδίας ἀναγραφῆς τὸν λόγον
τοῦτον, οὔτ´ ἄλλως εὐμεταχείριστον ὄντα καὶ διὰ τὸ τοῖς πλείστοις τῶν ἀπὸ
Πλάτωνος ὑπεναντιοῦσθαι δεόμενον παραμυθίας, προεκθήσομαι τὴν λέξιν, ὡς ἐν
Τιμαίῳ γέγραπται.
« τῆς ἀμεροῦς καὶ ἀεὶ κατὰ ταὐτὰ ἐχούσης οὐσίας καὶ τῆς αὖ περὶ τὰ σώματα
γιγνομένης μεριστῆς (1012c) τρίτον ἐξ ἀμφοῖν ἐν μέσῳ συνεκεράσατο οὐσίας
εἶδος, τῆς τε ταὐτοῦ φύσεως αὖ πέρι καὶ τῆς τοῦ ἑτέρου· καὶ κατὰ ταῦτα
συνέστησεν ἐν μέσῳ τοῦ τ´ ἀμεροῦς αὐτὴν καὶ τοῦ κατὰ τὰ σώματα μεριστοῦ.
Kαὶ τρία λαβὼν αὐτὰ ὄντα συνεκεράσατο εἰς μίαν πάντα ἰδέαν, τὴν θατέρου
φύσιν δύσμικτον οὖσαν εἰς ταὐτὸ συναρμόττων βίᾳ· μιγνὺς δὲ μετὰ τῆς οὐσίας
καὶ ἐκ τριῶν ποιησάμενος ἕν, πάλιν ὅλον τοῦτο μοίρας εἰς ἃς προσῆκε
διένειμεν, ἑκάστην δὲ τούτων ἔκ τε ταὐτοῦ καὶ θατέρου καὶ τῆς οὐσίας
μεμιγμένην· ἤρχετο δὲ διαιρεῖν ὧδε. »
Tαῦτα πρῶτον ὅσας παρέσχηκε τοῖς ἐξηγουμένοις διαφοράς, ἄπλετον ἔργον ἐστὶ
διελθεῖν (1012d) ἐν τῷ παρόντι, πρὸς δ´ ὑμᾶς ἐντετυχηκότας ὁμοῦ ταῖς
πλείσταις καὶ περιττόν. Ἐπεὶ δὲ τῶν δοκιμωτάτων ἀνδρῶν τοὺς μὲν Ξενοκράτης
προσηγάγετο, τῆς ψυχῆς τὴν οὐσίαν ἀριθμὸν αὐτὸν ὑφ´ ἑαυτοῦ κινούμενον
ἀποφηνάμενος, οἱ δὲ Κράντορι τῷ Σολεῖ προσέθεντο, μιγνύντι τὴν ψυχὴν ἔκ τε
τῆς νοητῆς καὶ τῆς περὶ τὰ αἰσθητὰ δοξαστῆς φύσεως, οἶμαί τι τὴν τούτων
ἀνακαλυφθέντων σαφήνειαν ὥσπερ ἐνδόσιμον ἡμῖν παρέξειν.
Ἔστι δὲ βραχὺς ὑπὲρ ἀμφοῖν ὁ λόγος. Οἱ μὲν γὰρ οὐδὲν ἢ γένεσιν ἀριθμοῦ
δηλοῦσθαι νομίζουσι τῇ μίξει (1012e) τῆς ἀμερίστου καὶ μεριστῆς οὐσίας·
ἀμέριστον μὲν γὰρ εἶναι τὸ ἓν μεριστὸν δὲ τὸ πλῆθος, ἐκ δὲ τούτων
γίγνεσθαι τὸν ἀριθμὸν τοῦ ἑνὸς ὁρίζοντος τὸ πλῆθος καὶ τῇ ἀπειρίᾳ πέρας
ἐντιθέντος, ἣν καὶ δυάδα καλοῦσιν ἀόριστον (καὶ Ζαράτας ὁ Πυθαγόρου
διδάσκαλος ταύτην μὲν ἐκάλει τοῦ ἀριθμοῦ μητέρα τὸ δ´ ἓν πατέρα· διὸ καὶ
βελτίονας εἶναι τῶν ἀριθμῶν ὅσοι τῇ μονάδι προσεοίκασι)· τοῦτον δὲ μήπω
ψυχὴν τὸν ἀριθμὸν εἶναι· τὸ γὰρ κινητικὸν καὶ τὸ κινητὸν ἐνδεῖν αὐτῷ.
Τοῦ δὲ ταὐτοῦ καὶ τοῦ ἑτέρου συμμιγέντων, ὧν τὸ μέν ἐστι κινήσεως ἀρχὴ καὶ
μεταβολῆς τὸ δὲ μονῆς, ψυχὴν γεγονέναι, μηδὲν ἧττον τοῦ ἱστάναι (1012f)
καὶ ἵστασθαι δύναμιν ἢ τοῦ κινεῖσθαι καὶ κινεῖν οὖσαν.
Οἱ δὲ περὶ τὸν Κράντορα μάλιστα τῆς ψυχῆς ἴδιον ὑπολαμβάνοντες ἔργον εἶναι
τὸ κρίνειν τά τε νοητὰ καὶ τὰ αἰσθητὰ τάς τε τούτων ἐν αὑτοῖς καὶ πρὸς
ἄλληλα γιγνομένας διαφορὰς καὶ ὁμοιότητας, ἐκ πάντων φασίν,
| [1012] DE LA CRÉATION DE L'ÂME D'APRÈS LE TIMÉE DE PLATON.
Plutarque à ses deux fils, Autobule et Plutarque, salut.
(1012b) Puisque vous avez souhaité que je réunisse en un seul écrit ce qui
se trouve répandu dans plusieurs de mes ouvrages sur le sentiment de
Platon par rapport à l'âme, tel du moins que je l'ai conçu, je me suis
conformé à vos désirs. Mais comme cette discussion, difficile en soi,
demande d'ailleurs une grande réserve, parce que je suis sur ce point
d'une opinion contraire à la plupart des sectateurs de Platon, je
rapporterai d'abord le texte de ce philosophe tel qu'on le lit dans le Timée.
«De la substance indivisible, qui, toujours la même, n'est sujette à
aucun changement, et de celle qui est divisible dans les corps, Dieu fit
un mélange, (1012c) d'où résulta une troisième substance intermédiaire
entre les deux précédentes, et qui tient de la nature de la substance
indivisible et de celle qui est divisible dans les corps. Il prit ensuite ces
trois substances ; il les mêla ensemble pour n'en faire qu'une seule
essence, et força la nature de l'être changeant à se prêter, malgré sa
répugnance, à son mélange avec la nature de l'être toujours le même. Après
les avoir mêlées toutes les trois et n'en avoir fait qu'une seule, il divisa de nouveau
le tout en autant de portions qu'il le jugea nécessaire, et dont chacune était
un mélange des trois substances. Il commença ainsi sa division.»
Et d'abord, vouloir exposer toutes les interprétations différentes
auxquelles ce passage a donné lieu, ce serait un travail (1012d) infini et
superflu pour vous, qui en connaissez le plus grand nombre. Mais comme les
philosophes les plus distingués ont adopté, les uns l'explication de
Xénocrate, qui définissait l'âme un nombre qui se meut de lui-même,
les autres celle de Crantor de Soli, qui prétendait que l'âme était
un composé de la nature intellectuelle et de la nature sensible, objet de
l'opinion, je crois que le développement de ces deux explications, qui ne
demandent pas une discussion bien longue, nous facilitera l'intelligence
de ce que nous cherchons. Ceux qui suivent Xénocrate pensent que ce
philosophe n'entend par l'âme que la génération qui se fait du nombre par
le mélange (1012e) de la substance indivisible et de celle qui est
divisible, que l'unité est en soi indivisible et la pluralité divisible.
De là, disent-ils, est né le nombre, parce que l'unité borne la pluralité
et met un terme à l'infinité, qu'ils appellent la dyade indéfinie. C'est
pourquoi Zaratas, le maître de Pythagore, disait que la dyade était
la mère des nombres, et que l'unité en était le père ; que les meilleurs
nombres étaient ceux qui ressemblaient le plus à l'unité, laquelle
cependant n'est pas encore l'âme, parce qu'il lui manque la faculté de
mouvoir et d'être mue.
Mais quand la substance de l'être qui est toujours le même et celle de
l'être changeant furent mêlées ensemble, comme l'une est le principe du
mouvement et du changement et l'autre celui du repos, alors exista l'âme,
qui n'est pas moins (1012f) la faculté d'avoir la stabilité et de la
donner que celle de mouvoir et d'être mue.
Crantor, qui croit que le propre de l'âme est de juger des choses
intelligibles et des choses sensibles, ainsi que des ressemblances et des
différences qu'elles ont, soit en elles-mêmes, soit les unes envers les
autres, dit que l'âme est composée de toutes les choses qui existent,
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