[1026] (1026a) Αὕτη δ´ ἐστίν, ἣν πρώτην συνέστησε τῷ περὶ τὰ νοητὰ μονίμῳ
τοῦ περὶ τὰ σώματα κινητικοῦ τὸ ἄπειρον ὁρίσας.
Ὡς δὲ φωνή τίς ἐστιν ἄλογος καὶ ἀσήμαντος, λόγος δὲ λέξις ἐν φωνῇ
σημαντικῇ διανοίας, ἁρμονία δὲ τὸ ἐκ φθόγγων καὶ διαστημάτων, καὶ φθόγγος
μὲν ἓν καὶ ταὐτὸν διάστημα δὲ φθόγγων ἑτερότης καὶ διαφορά, μιχθέντων δὲ
τούτων ᾠδὴ γίγνεται καὶ μέλος· οὕτω τὸ παθητικὸν τῆς ψυχῆς ἀόριστον ἦν καὶ
ἀστάθμητον, εἶθ´ ὡρίσθη πέρατος ἐγγενομένου καὶ εἴδους τῷ μεριστῷ καὶ
παντοδαπῷ τῆς κινήσεως· συλλαβοῦσα δὲ τὸ ταὐτὸν καὶ τὸ θάτερον, ὁμοιότησι
καὶ ἀνομοιότησιν ἀριθμῶν ἐκ διαφορᾶς ὁμολογίαν ἀπεργασαμένων ζωή τε τοῦ
παντός (1026b) ἐστιν ἔμφρων καὶ ἁρμονία καὶ λόγος ἄγων πειθοῖ μεμιγμένην
ἀνάγκην, ἣν εἱμαρμένην οἱ πολλοὶ καλοῦσιν, Ἐμπεδοκλῆς δὲ Φιλίαν ὁμοῦ καὶ
Νεῖκος, Ἡράκλειτος δὲ « παλίντροπον ἁρμονίην κόσμου ὅκωσπερ λύρης καὶ
τόξου, » Παρμενίδης δὲ φῶς καὶ σκότος, Ἀναξαγόρας δὲ νοῦν καὶ ἀπειρίαν,
Ζωροάστρης δὲ θεὸν καὶ δαίμονα, τὸν μὲν Ὠρομάσδην καλῶν τὸν δ´ Ἀρειμάνιον.
Εὐριπίδης δ´ οὐκ ὀρθῶς ἀντὶ τοῦ συμπλεκτικοῦ τῷ διαζευκτικῷ κέχρηται
« Ζεὺς εἴτ´ ἀνάγκη φύσεος εἴτε νοῦς βροτῶν· »
(1026d) καὶ γὰρ ἀνάγκη καὶ νοῦς ἐστιν ἡ διήκουσα διὰ πάντων δύναμις.
Αἰγύπτιοι μὲν οὖν μυθολογοῦντες αἰνίττονται, τοῦ Ὥρου δίκην ὀφλόντος τῷ
μὲν πατρὶ τὸ πνεῦμα καὶ τὸ αἷμα τῇ δὲ μητρὶ τὴν σάρκα καὶ τὴν πιμελὴν
προσνεμηθῆναι. Τῆς δὲ ψυχῆς οὐδὲν μὲν εἰλικρινὲς οὐδ´ ἄκρατον οὐδὲ χωρὶς
ἀπολείπεται τῶν ἄλλων· « ἁρμονίη γὰρ ἀφανὴς φανερῆς κρείττων » καθ´
Ἡράκλειτον, ἐν ᾗ τὰς διαφορὰς καὶ τὰς ἑτερότητας ὁ μιγνύων θεὸς ἔκρυψε καὶ
κατέδυσεν· ἐμφαίνεται δ´ ὅμως αὐτῆς τῷ μὲν ἀλόγῳ τὸ ταραχῶδες τῷ δὲ λογικῷ
τὸ εὔτακτον, ταῖς δ´ αἰσθήσεσι τὸ κατηναγκασμένον τῷ δὲ νῷ τὸ αὐτοκρατές.
Ἡ δ´ (1026e) ὁριστικὴ δύναμις τὸ καθόλου καὶ τὸ ἀμερὲς διὰ συγγένειαν
ἀγαπᾷ, καὶ τοὐναντίον ἡ διαιρετικὴ πρὸς τὰ καθ´ ἕκαστα φέρεται τῷ μεριστῷ.
Χαίρει δ´ ὅλον τῇ διὰ τὸ ταὐτὸν ἐφ´ ἃ δεῖται μεταβολῇ μᾶλλον ἢ τῇ διὰ τὸ
θάτερον. Οὐχ ἥκιστα δ´ ἥ τε πρὸς τὸ καλὸν διαφορὰ καὶ τὸ αἰσχρὸν ἥ τε πρὸς
τὸ ἡδὺ καὶ τὸ ἀλγεινὸν αὖθις οἵ τε τῶν ἐρώντων ἐνθουσιασμοὶ καὶ πτοήσεις
καὶ διαμάχαι τοῦ φιλοκάλου πρὸς τὸ ἀκόλαστον ἐνδείκνυνται τὸ μικτὸν ἔκ τε
τῆς θείας καὶ ἀπαθοῦς ἔκ τε τῆς θνητῆς καὶ περὶ τὰ σώματα παθητῆς μερίδος·
ὧν καὶ αὐτὸς ὀνομάζει τὸ μὲν ἐπιθυμίαν ἔμφυτον ἡδονῶν, τὸ δ´ ἐπείσακτον
δόξαν ἐφιεμένην τοῦ ἀρίστου· τὸ γὰρ (1026e) παθητικὸν ἀναδίδωσιν ἐξ ἑαυτῆς
ἡ ψυχή, τοῦ δὲ νοῦ μετέσχεν ἀπὸ τῆς κρείττονος ἀρχῆς ἐγγενομένου.
Τῆς δὲ διπλῆς κοινωνίας ταύτης οὐδ´ ἡ περὶ τὸν οὐρανὸν ἀπήλλακται φύσις,
ἀλλ´ ἑτερορρεποῦσα νῦν μὲν ὀρθοῦται τῇ ταὐτοῦ περιόδῳ κράτος ἐχούσῃ καὶ
διακυβερνᾷ τὸν κόσμον· ἔσται δέ τις χρόνου μοῖρα καὶ γέγονεν ἤδη πολλάκις,
ἐν ᾗ τὸ μὲν φρόνιμον ἀμβλύνεται καὶ καταδαρθάνει λήθης ἐμπιπλάμενον τοῦ
οἰκείου, τὸ δὲ σώματι σύνηθες ἐξ ἀρχῆς καὶ συμπαθὲς ἐφέλκεται καὶ βαρύνει
καὶ ἀνελίσσει τὴν ἐν δεξιᾷ τοῦ παντὸς πορείαν, (1026f) ἀναρρῆξαι δ´ οὐ
δύναται παντάπασιν, ἀλλ´ ἀνήνεγκεν αὖθις τὰ βελτίω καὶ ἀνέβλεψε πρὸς τὸ
παράδειγμα θεοῦ συνεπιστρέφοντος καὶ συναπευθύνοντος.
| [1026] (1026a)
C'est cette matière que Dieu constitua la première, en terminant
l'infinité de la nature mobile des corps par la stabilité de la substance intelligible.
Il y a une sorte de voix inarticulée et non distincte, qui n'exprime rien,
au lieu que la parole est une voix qui transmet à l'âme la pensée.
L'harmonie est composée de sons et d'intervalles, le son est simple et
toujours le même, l'intervalle est la différence et la diversité des sons,
et c'est du mélange des sons et des intervalles que résultent le chant et
la mélodie. De même, la partie passible de l'âme était indéterminée et
flottait dans l'instabilité ; elle fut ensuite terminée, quand la variété
et l'inconstance de son mouvement furent assujetties à une forme et à une
espèce déterminée. L'être toujours le même et l'être changeant, ayant donc
été réunis par des ressemblances et des différences de nombres qui, de la
diversité font naître l'accord, il en est résulté cette âme, principe
(1026b) de la vie de l'univers, de sa sagesse, de son harmonie et de sa
raison, qui conduit la persuasion et la nécessité mêlées ensemble. La
plupart des hommes donnent à la dernière le nom de destinée. Empédocle
appelle ces deux principes amitié et discorde; Heraclite dit
qu'ils forment l'harmonie contrastante du monde, et il la compare à la
tension des cordes d'un arc ou d'une lyre. Parménide les appelle lumière
et ténèbres; Anaxagore, entendement et infinité; Zoroastre, Dieu et le
démon, le premier sous le nom d'Orosmade, et le second sous celui
d'Arimanius. Euripide a donc eu tort d'employer la particule
disjonctive au lieu de la conjonction, lorsqu'il a dit :
"Je vois dans Jupiter, ou la nécessité
Dont les puissantes lois enchaînent la nature,
Ou des êtres pensants l'intelligence pure".
(1026d) En effet cette puissance, qui pénètre partout, est en même temps
et l'intelligence et la nécessité. C'est ce que les Égyptiens nous font
entendre énigmatiquement, lorsqu'ils disent qu'après qu'Horus eut été
condamné, son esprit et son sang furent donnés à son père, sa chair et sa
graisse à sa mère. Ainsi il n'y a rien de l'âme qui demeure pur, sans
mélange et séparé du reste ; car, selon Héraclite, l'harmonie cachée est
meilleure que celle qui est apparente, parce que Dieu a mêlé, caché et
enfoncé dans la première les différences et les diversités. On voit
néanmoins, dans sa partie brute, des mouvements désordonnés, et dans sa
partie raisonnable, l'ordre et la régularité; dans sa partie sensitive, la
nécessité ; dans sa partie intelligente, le pouvoir sur elle-même. Mais la
faculté terminante s'attache aux substances universelles et indivisibles,
à cause de son rapport avec elles. (1026e) Au contraire, la faculté qui
divise, se porte vers les choses particulières parce qu'elle a de
divisible ; et tout l'ensemble se réjouit du changement de l'être toujours
le même en l'être changeant quand il est nécessaire. Les penchants
contraires de l'âme vers le vice et l'honnêteté, vers le plaisir et la douleur, les
transports des amants et les frémissements qu'ils éprouvent, les combats
de l'honneur contre la volupté, montrent sensiblement que notre âme est un
mélange d'une substance divine et impassible et d'une substance mortelle,
sujette aux affections du corps. Platon appelle l'une la concupiscence des
plaisirs, qui nous est naturelle, et l'autre une opinion étrangère, qui
nous fait rechercher le souverain bien. (1026e) Car la faculté passible
est produite naturellement dans l'âme, mais ce qu'elle a d'entendement lui
vient du dehors, et lui est infusé par le meilleur principe, qui est Dieu.
La nature même du ciel n'est pas exempte de ce mélange de substances
contraires. Elle est maintenant emportée par la révolution de l'être
toujours le même, qui est la plus forte, et qui gouverne le monde. Mais il
viendra un temps, qui même est déjà arrivé plusieurs fois, où le principe
intelligent tombera dans une sorte de sommeil et d'engourdissement, et
perdra de sa sagesse. Alors le principe qui, dès l'origine, est lié
d'habitude et de sympathie avec le corps, entraînera le monde dans un sens
contraire, et en (1026f) retardera la marche. Cependant il ne pourra
l'interrompre totalement ; et le meilleur principe, reprenant l'empire, se
réglera sur son divin modèle, qui le rétablira dans sa première
régularité.
|