[1025] (1025a) φαντασίαν δὲ συμπλοκὴν δόξης πρὸς αἴσθησιν οὖσαν ἵστησιν ἐν
μνήμῃ τὸ ταὐτόν· τὸ δὲ θάτερον κινεῖ πάλιν ἐν διαφορᾷ τοῦ πρόσθεν καὶ νῦν,
ἑτερότητος ἅμα καὶ ταὐτότητος ἐφαπτόμενον.
Δεῖ δὲ τὴν περὶ τὸ σῶμα τοῦ κόσμου γενομένην σύντηξιν εἰκόνα λαβεῖν τῆς
ἀναλογίας ἐν ᾗ διηρμόσατο τὴν ψυχήν. Ἐκεῖ μὲν γὰρ ἦν ἄκρα τὸ πῦρ καὶ ἡ
γῆ, χαλεπὴν πρὸς ἄλληλα κραθῆναι φύσιν ἔχοντα, μᾶλλον δ´ ὅλως ἄκρατον καὶ
ἀσύστατον· ὅθεν ἐν μέσῳ θέμενος αὐτῶν τὸν μὲν ἀέρα πρὸ τοῦ πυρὸς τὸ δ´
ὕδωρ πρὸ τῆς γῆς, ταῦτα πρῶτον ἀλλήλοις ἐκέρασεν, εἶτα διὰ τούτων ἐκεῖνα
(1025b) πρός τε ταῦτα καὶ πρὸς ἄλληλα συνέμιξε καὶ συνήρμοσεν. Ἐνταῦθα δὲ
πάλιν τὸ ταὐτὸν καὶ τὸ θάτερον, ἐναντίας δυνάμεις καὶ ἀκρότητας
ἀντιπάλους, συνήγαγεν οὐ δι´ αὑτῶν, ἀλλ´ οὐσίας ἑτέρας μεταξύ, τὴν μὲν
ἀμέριστον πρὸ τοῦ ταὐτοῦ πρὸ δὲ τοῦ θατέρου τὴν μεριστήν, ἔστιν ᾗ
προσήκουσαν ἑκατέραν ἑκατέρᾳ τάξας, εἶτα μιχθείσας ἐκείναις
ἐπεγκεραννύμενος, οὕτω τὸ πᾶν συνύφηνε τῆς ψυχῆς εἶδος, ὡς ἦν ἀνυστόν, ἐκ
διαφόρων ὅμοιον ἔκ τε πολλῶν ἓν ἀπειργασμένος. Οὐκ εὖ δέ τινες εἰρῆσθαι
λέγουσι δύσμικτον ὑπὸ τοῦ Πλάτωνος τὴν θατέρου φύσιν, οὐκ ἄδεκτον οὖσαν
ἀλλὰ καὶ φίλην μεταβολῆς· μᾶλλον (1025c) δὲ τὴν τοῦ ταὐτοῦ, μόνιμον καὶ
δυσμετάβλητον οὖσαν, οὐ ῥᾳδίως προσίεσθαι μῖξιν ἀλλ´ ἀπωθεῖσθαι καὶ
φεύγειν, ὅπως ἁπλῆ διαμείνῃ καὶ εἰλικρινὴς καὶ ἀναλλοίωτος. Οἱ δὲ ταῦτ´
ἐγκαλοῦντες ἀγνοοῦσιν ὅτι τὸ μὲν ταὐτὸν ἰδέα τῶν ὡσαύτως ἐχόντων ἐστὶ τὸ
δὲ θάτερον τῶν διαφόρως· καὶ τούτου μὲν ἔργον, ὧν ἂν ἅψηται, διιστάναι καὶ
ἀλλοιοῦν καὶ πολλὰ ποιεῖν· ἐκείνου δὲ συνάγειν καὶ συνιστάναι δι´
ὁμοιότητος ἐκ πολλῶν μίαν ἀναλαμβάνοντα μορφὴν καὶ δύναμιν.
Αὗται μὲν οὖν δυνάμεις τῆς τοῦ παντός εἰσι ψυχῆς· εἰς δὲ θνητὰ καὶ
παθητὰ παρεισιοῦσαι ὄργανα (1025d) ἄφθαρτα καὶ αὐτὰ σωμάτων, ἐν ταύταις
τὸ τῆς δυαδικῆς καὶ ἀορίστου μερίδος ἐπιφαίνεται μᾶλλον εἶδος, τὸ δὲ τῆς
ἁπλῆς καὶ μοναδικῆς ἀμυδρότερον ὑποδέδυκεν. Οὐ μὴν ῥᾳδίως ἄν τις οὔτε
πάθος ἀνθρώπου παντάπασιν ἀπηλλαγμένον λογισμοῦ κατανοήσειεν οὔτε διανοίας
κίνησιν, ᾗ μηδὲν ἐπιθυμίας ἢ φιλοτιμίας ἢ τοῦ χαίροντος ἢ λυπουμένου
πρόσεστι. Διὸ τῶν φιλοσόφων οἱ μὲν τὰ πάθη λόγους ποιοῦσιν, ὡς πᾶσαν
ἐπιθυμίαν καὶ λύπην καὶ ὀργὴν κρίσεις οὔσας· οἱ δὲ τὰς ἀρετὰς ἀποφαίνουσι
παθητικάς, καὶ γὰρ ἀνδρείᾳ τὸ φοβούμενον καὶ σωφροσύνῃ τὸ ἡδόμενον καὶ
δικαιοσύνῃ τὸ κερδαλέον εἶναι. Καὶ μὴν (1025e) θεωρητικῆς γε τῆς ψυχῆς
οὔσης ἅμα καὶ πρακτικῆς, καὶ θεωρούσης μὲν τὰ καθόλου πραττούσης δὲ τὰ
καθ´ ἕκαστα, καὶ νοεῖν μὲν ἐκεῖνα ταῦτα δ´ αἰσθάνεσθαι δοκούσης, ὁ κοινὸς
λόγος ἀεὶ περί τε ταὐτὸν ἐντυγχάνων τῷ θατέρῳ καὶ ταὐτῷ περὶ θάτερον
ἐπιχειρεῖ μὲν ὅροις καὶ διαιρέσεσι χωρίζειν τὸ ἓν καὶ τὰ πολλὰ καὶ τὸ
ἀμερὲς καὶ τὸ μεριστόν, οὐ δύναται δὲ καθαρῶς ἐν οὐδετέρῳ γενέσθαι διὰ τὸ
καὶ τὰς ἀρχὰς ἐναλλὰξ ἐμπεπλέχθαι καὶ καταμεμῖχθαι δι´ ἀλλήλων.
Καὶ διὰ τοῦτο τῆς οὐσίας τὴν ἐκ τῆς ἀμερίστου καὶ τῆς μεριστῆς ὁ θεὸς
ὑποδοχὴν τῷ ταὐτῷ καὶ τῷ θατέρῳ συνέστησεν, ἵν´ ἐν διαφορᾷ (1025f) τάξις
γένηται· τοῦτο γὰρ ἦν γενέσθαι. Ἐπεὶ χωρὶς τούτων τὸ μὲν ταὐτὸν οὐκ εἶχε
διαφορὰν ὥστ´ οὐδὲ κίνησιν οὐδὲ γένεσιν, τὸ θάτερον δὲ τάξιν οὐκ εἶχεν
ὥστ´ οὐδὲ σύστασιν οὐδὲ γένεσιν. Καὶ γὰρ εἰ τῷ ταὐτῷ συμβέβηκεν ἑτέρῳ
εἶναι τοῦ ἑτέρου καὶ τῷ ἑτέρῳ πάλιν αὑτῷ ταὐτόν, οὐθὲν ἡ τοιαύτη μέθεξις
ἀλλήλων ποιεῖ γόνιμον, ἀλλὰ δεῖται τρίτης τινὸς οἷον ὕλης ὑποδεχομένης καὶ
διατιθεμένης ὑπ´ ἀμφοτέρων.
| [1025] (1025a) Quant à l'imagination, qui est la liaison de l'opinion avec
le sentiment, l'être toujours le même la place fixement dans la mémoire.
L'être changeant, au contraire, la met en mouvement, en lui faisant saisir
la différence du passé et du présent, et l'appliquant en même temps à la
diversité et à l'identité.
Mais pour comprendre d'après quelle proportion Dieu a composé l'âme, il
faut prendre pour exemple la constitution du corps du monde. Il y avait le
feu pur et la terre, qu'il était bien difficile, à raison de leur nature,
ou plutôt impossible de mêler et de composer ensemble. Il plaça donc entre
eux l'air à côté du feu, et l'eau près de la terre ; il mêla d'abord ces
deux milieux, et ensuite, par leur moyen, (1025b) les deux extrêmes, qu'il
lia, soit entre eux, soit avec les milieux. Il réunit de nouveau l'être
toujours le même et l'être changeant, ces puissances ennemies, ces
extrêmes contraires, et les lia, non immédiatement par eux-mêmes, mais par
l'interposition de deux autres substances, l'indivisible, qu'il plaça près
de l'être toujours le même, et la divisible, qu'il mit devant l'être
changeant : il les disposa chacune dans l'ordre qui leur convenait, et
ayant ainsi mêlé les deux extrêmes avec les deux milieux, il forma toute
la substance de l'âme, et fit, autant qu'il était possible, une substance
unique et semblable de plusieurs natures différentes. Il y en a qui
blâment Platon d'avoir dit que la nature de l'être changeant se prêtait
difficilement au mélange, puisqu'au contraire, (1025c) loin de n'être pas
susceptible de changement, elle le désire. C'est plutôt, disent-ils, la
substance de l'être toujours le même, qui, de sa nature, étant stable et
permanente, n'admet pas facilement le mélange qui suit le changement, elle
le rejette même, parce qu'elle veut rester simple, pur et sans altération.
Mais ceux qui font ce reproche à Platon ignorent que l'être toujours le
même est l'idée des choses qui sont toujours de la même manière, et que
l'être changeant est l'idée des choses susceptibles
de variation. L'effet de celui-ci est de diviser, de séparer tout ce qu'il
touche ; celui-là, au contraire, joint et réunit tout, afin que, par cette similitude,
plusieurs substances n'aient qu'une même forme et une même faculté.
Voilà quelles sont les facultés de l'âme du monde, lesquelles étant
placées dans des organes (1025d) passibles et mortels, qui sont les corps,
y rendent plus sensible le principe de la dyade indéterminée, tandis que
la forme de l'unité simple n'y paraît que d'une manière plus obscure. Car
il ne peut y avoir en l'homme ni une passion totalement dépourvue de
raison, ni une opération de sa raison où il ne se mêle quelque mouvement
de cupidité, d'ambition, de joie ou de douleur. Aussi, parmi les
philosophes, les uns veulent-ils que les passions soient des espèces de
raisons, parce que toutes les cupidités, les douleurs et les colères sont
des jugements. D'autres prétendent que les vertus sont des passions ; car,
disent-ils, la force agit sur la crainte, la tempérance sur la volupté, et
la justice sur l'amour du gain. Mais l'âme (1025e) étant à la fois
contemplative et active, considérant les choses générales et
particulières, les unes par le moyen de l'entendement et les autres par le
secours des sens, la raison, qui est commune aux deux facultés, et qui
trouve l'être toujours le même dans l'être changeant et celui-ci dans le
premier, s'efforce de séparer, par des divisions et des bornes précises,
l'unité de la pluralité, la substance indivisible de la substance
divisible ; mais elle ne peut jamais exister parfaitement pure, ni dans
l'un ni dans l'autre, tant ces deux principes sont mêlés et confondus ensemble.
C'est pourquoi Dieu a fait de la substance qui est composée de l'essence
indivisible et de l'essence divisible, un récipient à l'être toujours le
même et à l'être changeant, afin que l'ordre se trouvât dans la diversité;
(1025f) et c'est là ce qu'on appelle être engendré, puisque sans cela,
l'être toujours le même n'aurait pas eu de différence, ni
par conséquent de mouvement et de génération, et l'être changeant n'eût
pas eu d'ordre, ni conséquemment de génération et de consistance; car s'il
était arrivé à l'être toujours le même de devenir variable avec l'être
changeant, et à celui-ci de rester en soi, comme l'être toujours le même,
cette participation mutuelle n'aurait rien produit qui pût amener la
génération. Il faut une troisième substance, qui serve comme de matière
pour les recevoir, et qui soit disposée par ces deux principes.
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