[1024] ἑτέραν τῆς νοητικῆς ἐκείνης (1024a) καὶ τελευτώσης εἰς ἐπιστήμην,
ἔργον εἰπεῖν μὴ θεμένους βεβαίως, ὅτι νῦν οὐχ ἁπλῶς ψυχὴν ἀλλὰ κόσμου
ψυχὴν συνίστησιν ἐξ ὑποκειμένων τῆς τε κρείττονος οὐσίας καὶ ἀμερίστου καὶ
τῆς χείρονος, ἣν περὶ τὰ σώματα μεριστὴν κέκληκεν, οὐχ ἑτέραν οὖσαν ἢ τὴν
δοξαστικὴν καὶ φανταστικὴν καὶ συμπαθῆ τῷ αἰσθητῷ κίνησιν, οὐ γενομένην
ἀλλ´ ὑφεστῶσαν ἀίδιον ὥσπερ ἡ ἑτέρα. Τὸ γὰρ νοερὸν ἡ φύσις ἔχουσα καὶ τὸ
δοξαστικὸν εἶχεν, ἀλλ´ ἐκεῖνο μὲν ἀκίνητον καὶ ἀπαθὲς καὶ περὶ τὴν ἀεὶ
μένουσαν ἱδρυμένον οὐσίαν, τοῦτο δὲ μεριστὸν καὶ πλανητόν, ἅτε δὴ
φερομένης καὶ σκεδαννυμένης ἐφαπτόμενον ὕλης. (1024b) Οὔτε γὰρ τὸ αἰσθητὸν
εἰλήχει τάξεως ἀλλ´ ἦν ἄμορφον καὶ ἀόριστον, ἥ τε περὶ τοῦτο τεταγμένη
δύναμις οὔτε δόξας ἐνάρθρους οὔτε κινήσεις ἁπάσας εἶχε τεταγμένας, ἀλλὰ
τὰς πολλὰς ἐνυπνιώδεις καὶ παραφόρους καὶ ταραττούσας τὸ σωματοειδές, ὅσα
μὴ κατὰ τύχην τῷ βελτίονι περιέπιπτεν· ἐν μέσῳ γὰρ ἦν ἀμφοῖν καὶ πρὸς
ἀμφότερα συμπαθῆ καὶ συγγενῆ φύσιν εἶχε, τῷ μὲν αἰσθητικῷ τῆς ὕλης
ἀντεχομένη τῷ δὲ κριτικῷ τῶν νοητῶν. Οὕτω δέ πως καὶ αὐτὸς διασαφεῖ τοῖς
ὀνόμασιν·
« Οὗτος » γάρ φησι « παρὰ τῆς ἐμῆς ψήφου λογισθεὶς ἐν κεφαλαίῳ δεδόσθω
λόγος, ὄν τε καὶ χώραν καὶ γένεσιν εἶναι τρία τριχῆ καὶ πρὶν οὐρανὸν
γενέσθαι.»
(1024c) Χώραν τε γὰρ καλεῖ τὴν ὕλην ὥσπερ ἕδραν ἔστιν ὅτε καὶ ὑποδοχήν, ὂν
δὲ τὸ νοητόν, γένεσιν δὲ τοῦ κόσμου μήπω γεγονότος οὐδεμίαν ἄλλην ἢ τὴν ἐν
μεταβολαῖς καὶ κινήσεσιν οὐσίαν, τοῦ τυποῦντος καὶ τοῦ τυπουμένου μεταξὺ
τεταγμένην, διαδιδοῦσαν ἐνταῦθα τὰς ἐκεῖθεν εἰκόνας. Διά τε δὴ ταῦτα
μεριστὴ προσηγορεύθη καὶ ὅτι τῷ αἰσθητῷ τὸ αἰσθανόμενον καὶ τῷ φανταστῷ τὸ
φανταζόμενον ἀνάγκη συνδιανέμεσθαι καὶ συμπαρήκειν· ἡ γὰρ αἰσθητικὴ
κίνησις, ἰδία ψυχῆς οὖσα, κινεῖται πρὸς τὸ αἰσθητὸν ἐκτός· (1024d) ὁ δὲ
νοῦς αὐτὸς μὲν ἐφ´ ἑαυτοῦ μόνιμος ἦν καὶ ἀκίνητος, ἐγγενόμενος δὲ τῇ ψυχῇ
καὶ κρατήσας εἰς ἑαυτὸν ἐπιστρέφει καὶ συμπεραίνει τὴν ἐγκύκλιον φορὰν
περὶ τὸ μένον ἀεὶ μάλιστα ψαύουσαν τοῦ ὄντος.
Διὸ καὶ δυσανάκρατος ἡ κοινωνία γέγονεν αὐτῶν, τῷ ἀμερίστῳ τὸ μεριστὸν καὶ
τῷ μηδαμῇ κινητῷ τὸ πάντῃ φορητὸν μιγνύουσα καὶ καταβιαζομένη θάτερον εἰς
ταὐτὸν συνελθεῖν. Ἦν δὲ τὸ θάτερον οὐ κίνησις ὥσπερ οὐδὲ ταὐτὸν στάσις,
ἀλλ´ ἀρχὴ διαφορᾶς καὶ ἀνομοιότητος. Ἑκάτερον γὰρ ἀπὸ τῆς ἑτέρας ἀρχῆς
κάτεισι, τὸ μὲν ταὐτὸν ἀπὸ τοῦ ἑνὸς τὸ δὲ θάτερον ἀπὸ τῆς δυάδος· καὶ
μέμικται πρῶτον ἐνταῦθα (1024e) περὶ τὴν ψυχήν, ἀριθμοῖς καὶ λόγοις
συνδεθέντα καὶ μεσότησιν ἐναρμονίοις, καὶ ποιεῖ θάτερον μὲν ἐγγενόμενον τῷ
ταὐτῷ διαφοράν, τὸ δὲ ταὐτὸν ἐν τῷ ἑτέρῳ τάξιν, ὡς δῆλόν ἐστιν ἐν ταῖς
πρώταις τῆς ψυχῆς δυνάμεσιν· εἰσὶ δ´ αὗται τὸ κριτικὸν καὶ τὸ κινητικόν. Ἡ
μὲν οὖν κίνησις εὐθὺς ἐπιδείκνυται περὶ τὸν οὐρανὸν ἐν μὲν τῇ ταὐτότητι
τὴν ἑτερότητα τῇ περιφορᾷ τῶν ἀπλανῶν, ἐν δὲ τῇ ἑτερότητι τὴν ταὐτότητα τῇ
τάξει τῶν πλανήτων· ἐπικρατεῖ γὰρ ἐν ἐκείνοις τὸ ταὐτὸν ἐν δὲ τοῖς περὶ
γῆν τοὐναντίον. Ἡ δὲ κρίσις ἀρχὰς μὲν ἔχει δύο, τόν τε νοῦν ἀπὸ τοῦ ταὐτοῦ
πρὸς τὰ καθόλου καὶ τὴν αἴσθησιν ἀπὸ (1024f) τοῦ ἑτέρου πρὸς τὰ καθ´
ἕκαστα. Μέμικται δὲ λόγος ἐξ ἀμφοῖν, νόησις ἐν τοῖς νοητοῖς καὶ δόξα
γιγνόμενος ἐν τοῖς αἰσθητοῖς· ὀργάνοις τε ταῖς μεταξὺ φαντασίαις τε καὶ
μνήμαις χρώμενος, ὧν τὰ μὲν ἐν τῷ ταὐτῷ τὸ ἕτερον τὰ δ´ ἐν τῷ ἑτέρῳ ποιεῖ
τὸ ταὐτόν. Ἔστι γὰρ ἡ μὲν νόησις κίνησις τοῦ νοοῦντος περὶ τὸ μένον, ἡ δὲ
δόξα μονὴ τοῦ αἰσθανομένου περὶ τὸ κινούμενον·
| [1024] et diffère du mouvement intelligible (1024b) qui la conduit à la science ?
C'est ce qu'on ne peut dire, à moins d'admettre comme une chose certaine qu'en cet
endroit ce n'est pas simplement l'âme, mais l'âme du monde, que Platon compose des
deux natures énoncées plus haut, de la substance la plus parfaite, qui est l'essence
indivisible, et de la substance moins bonne, divisible dans les corps, et
qui n'est autre chose que la faculté motrice, principe des opinions, des
imaginations et des affections excitées par les objets sensibles, faculté
qui n'a point été engendrée, mais qui est immortelle comme l'autre. Car la nature,
douée de la faculté de comprendre, a aussi celle de former des opinions ; mais la
première de ces facultés est immobile, impassible et fondée sur la substance qui
subsiste toujours; l'autre est divisible et errante, parce qu'elle est
attachée à une nature mobile et toujours flottante. (1024b) Car d'abord la
matière sensible n'était assujettie à aucun ordre, elle n'avait ni forme
ni limites, et la faculté qui lui était attachée n'avait point d'opinions
distinctes, ni des mouvements réglés ; la plupart ressemblaient à des
songes téméraires et importuns qui agitaient la faculté corporelle, à
moins que le hasard ne les fit se rencontrer avec la faculté plus parfaite ;
car elle était placée entre l'une et l'autre, et avait avec elles du
rapport et de la sympathie, tenant à la matière par sa faculté sensible,
et aux choses intelligibles par la faculté de juger. C'est ainsi que
Platon s'en explique; voici ses propres termes :
«Le résultat de mon opinion est qu'avant l'origine du ciel, trois choses
existaient séparément, l'être, l'espace et la génération.»
(1024c) Il appelle espace la matière, comme il dit ailleurs qu'elle est le
siège et le récipient de toutes choses. Par être, il entend la substance
intelligible. La génération, quand le monde n'existait pas encore, ne peut
être que la substance sujette aux changements et aux mouvements divers,
placés entre la cause qui donne la forme et le sujet qui la reçoit, et
transmettant aux objets d'ici-bas les images des substances supérieures.
C'est pour cela qu'elle a été appelée divisible, et aussi parce qu'il faut
nécessairement que la faculté sensitive soit attachée aux choses
sensibles, et la faculté imaginative aux objets qui peuvent l'affecter;
car la faculté sensible qui est propre à l'âme se meut vers les objets
sensibles; (1024b) mais l'entendement est de lui-même stable et immobile ;
et ayant été imprimé dans l'âme pour la diriger et la gouverner, il tourne
sur lui-même, suit un mouvement circulaire, et s'applique principalement
à la substance qui est toujours la même.
Aussi fut-il difficile de faire le mélange de la substance divisible, qui
est toujours en mouvement, avec celle qui est indivisible et immobile, et
de forcer l'être changeant à s'unir à l'être qui est toujours le même; car
le premier n'était pas le mouvement, comme le second n'était pas la
stabilité. Ils étaient la source de la diversité et de l'identité; car ils
procèdent l'un et l'autre de principes différents : l'être toujours le
même vient de l'utilité, et l'être changeant vient de la dyade, et leur
premier mélange s'est fait ici-bas (1024e) dans l'âme, où ils sont liés
par des nombres, des proportions et des médiétetés harmoniques. L'être
changeant, uni avec l'être toujours le même, produit la diversité, et
celui-ci joint à l'autre y établit l'ordre. On le voit sensiblement dans
les premières facultés de l'âme, qui sont celles de juger et de mouvoir.
Le mouvement parait d'abord dans le ciel, et nous y fait voir la diversité
dans l'identité par la révolution des étoiles fixes, et l'identité dans la
diversité, par l'ordre des planètes. L'être toujours le même domine dans
les premières, et c'est tout le contraire dans les globes qui roulent
autour de la terre. Le jugement a aussi deux principes ; l'entendement,
qui procède dé l'être toujours le même, pour juger les choses
universelles, et les sens, (1024f) qui tirent leur origine de l'être
changeant, pour juger des choses particulières. La raison est un mélange
des deux, elle est l'intelligence, par rapport aux choses intelligibles,
et l'opinion pour les choses sensibles. Les instruments qu'elle emploie
sont les souvenirs et les imaginations. Les premiers font agir l'être
toujours le même sur l'être changeant, et les secondes font agir l'être
changeant sur l'être toujours le même. Car l'intelligence est le mouvement
de l'entendement vers les objets stables et permanents, et l'opinion est
la constance de la faculté sensible envers les objets qui sont en mouvement.
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