[37] (1) Ταῦτα δὲ λέγοντος τοῦ Ἀλκιβιάδου καὶ παραινοῦντος
εἰς Σηστὸν μεθορμίσαι τὸν στόλον, οὐ προσεῖχον οἱ
στρατηγοί, Τυδεὺς δὲ καὶ πρὸς ὕβριν ἐκέλευσεν ἀποχωρεῖν·
οὐ γὰρ ἐκεῖνον, ἀλλ´ ἑτέρους στρατηγεῖν. (2) ὁ δ´ Ἀλκιβιάδης
ὑπονοήσας τι καὶ προδοσίας ἐν αὐτοῖς ἀπῄει, καὶ
τοῖς προπέμπουσι τῶν ἀπὸ τοῦ στρατοπέδου γνωρίμων
ἔλεγεν, ὅτι μὴ προπηλακισθεὶς οὕτως ὑπὸ τῶν στρατηγῶν
ὀλίγαις ἂν ἡμέραις ἠνάγκασε Λακεδαιμονίους διαναυμαχεῖν
αὐτοῖς ἄκοντας ἢ τὰς ναῦς ἀπολιπεῖν. (3) ἐδόκει δὲ
τοῖς μὲν ἀλαζονεύεσθαι, τοῖς δ´ εἰκότα λέγειν, εἰ Θρᾷκας
ἐκ γῆς ἐπαγαγὼν πολλοὺς ἀκοντιστὰς καὶ ἱππεῖς προσμάχοιτο
καὶ διαταράττοι τὸ στρατόπεδον αὐτῶν. (4) ὅτι μέντοι
τὰς ἁμαρτίας ὀρθῶς συνεῖδε τῶν Ἀθηναίων, ταχὺ τὸ
ἔργον ἐμαρτύρησεν. ἄφνω γὰρ αὐτοῖς καὶ ἀπροσδοκήτως
τοῦ Λυσάνδρου προσπεσόντος, ὀκτὼ μόναι τριήρεις ὑπεξέφυγον
μετὰ Κόνωνος, αἱ δ´ ἄλλαι μικρὸν ἀπολείπουσαι
διακοσίων ἀπήχθησαν αἰχμάλωτοι. τῶν δ´ ἀνθρώπων τρισχιλίους
ἑλὼν ζῶντας ἀπέσφαξεν ὁ Λύσανδρος. (5) ἔλαβε δὲ
καὶ τὰς Ἀθήνας ὀλίγῳ χρόνῳ καὶ τὰς ναῦς ἐνέπρησε καὶ
τὰ μακρὰ τείχη καθεῖλεν.
(6) Ἐκ δὲ τούτου φοβηθεὶς ὁ Ἀλκιβιάδης ἄρχοντας ἤδη καὶ
γῆς καὶ θαλάττης τοὺς Λακεδαιμονίους εἰς Βιθυνίαν
μετέστη, πολλὰ μὲν ἄγων χρήματα, πολλὰ δὲ κομίζων,
ἔτι δὲ πλείω καταλιπὼν ἐν οἷς ᾤκει τείχεσιν. (7) ἐν δὲ Βιθυνίᾳ
πάλιν οὐκ ὀλίγα τῶν ἰδίων ἀπολέσας καὶ περικοπεὶς ὑπὸ
τῶν ἐκεῖ Θρᾳκῶν, ἔγνω μὲν ἀναβαίνειν πρὸς Ἀρταξέρξην,
ἑαυτόν τε μὴ χείρονα Θεμιστοκλέους πειρωμένῳ βασιλεῖ
φανεῖσθαι νομίζων, καὶ κρείττονα τὴν πρόφασιν· (8) οὐ γὰρ
ἐπὶ τοὺς πολίτας ὡς ἐκεῖνον, ἀλλ´ ὑπὲρ τῆς πατρίδος ἐπὶ
τοὺς πολεμίους ὑπουργήσειν καὶ δεήσεσθαι τῆς βασιλέως
δυνάμεως· εὐπορίαν δὲ τῆς ἀνόδου μετ´ ἀσφαλείας μάλιστα
Φαρνάβαζον οἰόμενος παρέξειν, ᾤχετο πρὸς αὐτὸν εἰς
Φρυγίαν καὶ συνδιῆγε θεραπεύων ἅμα καὶ τιμώμενος.
| [37] (1) Comme Alcibiade leur disait cela et conseillait
d'ancrer la flotte à Sestos, les stratèges ne lui prêtèrent
point d'attention et Tydée alla jusqu'à lui enjoindre avec
insolence de se retirer: car, disait-il, ce n'était pas lui,
Alcibiade, mais d'autres qui commandaient... (2) Alcibiade
s'en alla, soupçonnant qu'il y avait en outre chez eux
quelque intention de trahison et, à ses amis du camp qui
l'escortaient, il disait que, s'il n'eût pas été ainsi
insulté par les stratèges, en peu de jours, il eût contraint
les Lacédémoniens à engager, même contre leur gré, un combat
naval ou à abandonner leurs vaisseaux. (3) Aux yeux des uns,
il faisait figure de vantard, mais pour d'autres il y avait
de la vraisemblance à dire qu'il pourrait, en amenant de
l'intérieur nombre de Thraces, lanceurs de javelots et
cavaliers, attaquer par terre le camp ennemi et le mettre
sens dessus dessous. (4) Que pourtant il avait nettement
aperçu les fautes des Athéniens, c'est ce dont les faits
témoignèrent assez vite. Lysandre étant soudain tombé sur
eux, à l'improviste, huit trières seulement s'échappèrent,
avec Conon, tandis que les autres - près de deux cents -
furent emmenées prisonnières. Quant aux hommes, après en
avoir capturé trois mille vivants, Lysandre les fit égorger.
(5) En peu de temps, Lysandre s'empara aussi d'Athènes,
brûla les vaisseaux et fit abattre les Longs Murs. (6) À la
suite de cela, redoutant les Lacédémoniens désormais maîtres
de la terre et de la mer, Alcibiade passa en Bithynie; il y
achemina pas mal d'argent, en transportant beaucoup avec
lui, en laissant davantage encore dans la forteresse qu'il
habitait. (7) Mais en Bithynie, ayant à nouveau perdu pas
mal de ses biens et s'étant vu piller par les Thraces de
cette contrée, il décida de monter jusqu'à Artaxerxès; il
pensait ne pas apparaître inférieur à Thémistocle, si le Roi
le mettait à l'épreuve, et même supérieur pour ce qui est du
mobile. (8) Alcibiade pensait en effet que ce n'était pas,
comme Thémistocle, contre ses concitoyens, mais pour sa
patrie et contre ses ennemis que lui-même prêterait ses
services et ferait appel à la puissance royale; et quant à
monter en toute sécurité jusqu'au Roi, estimant que
Pharnabaze était parfaitement à même de lui en fournir le
moyen, il partit chez lui, en Phrygie, où il passa quelque
temps, à la fois en courtisan et en hôte comblé d'honneurs.
|