[31] (1) Οἱ δὲ πολιορκοῦντες τὴν Χαλκηδόνα στρατηγοὶ
σπονδὰς ἐποιήσαντο πρὸς Φαρνάβαζον ἐπὶ τῷ χρήματα
λαβεῖν καὶ Χαλκηδονίους ὑπηκόους πάλιν Ἀθηναίοις εἶναι,
τὴν δὲ Φαρναβάζου χώραν μηδὲν ἀδικεῖν, Φαρνάβαζον δὲ
πρέσβεσιν Ἀθηναίων πρὸς βασιλέα πομπὴν μετ´ ἀσφαλείας
παρασχεῖν. (2) ὡς οὖν ἐπανελθόντα τὸν Ἀλκιβιάδην
ὁ Φαρνάβαζος ἠξίου καὶ αὐτὸν ὀμόσαι περὶ τῶν ὡμολογημένων,
οὐκ ἔφη πρότερον ἢ κἀκεῖνον αὐτοῖς ὀμόσαι.
(3) γενομένων δὲ τῶν ὅρκων, ἐπὶ Βυζαντίους ἀφεστῶτας
ἦλθε καὶ περιετείχιζε τὴν πόλιν. Ἀναξιλάου δὲ καὶ Λυκούργου
καί τινων ἄλλων συνθεμένων ἐπὶ σωτηρίᾳ παραδώσειν
τὴν πόλιν, διαδοὺς λόγον ὡς ἀνίστησιν αὐτοὺς πράγματα
νεώτερα συνιστάμενα περὶ τὴν Ἰωνίαν, ἡμέρας ἀπέπλει
ταῖς ναυσὶ πάσαις, νυκτὸς δ´ ὑποστρέψας, αὐτὸς μὲν
ἀπέβη μετὰ τῶν ὁπλιτῶν καὶ προσελθὼν τοῖς τείχεσιν
ἡσυχίαν ἦγεν, αἱ δὲ νῆες ἐπὶ τὸν λιμένα πλεύσασαι καὶ
βιαζόμεναι κραυγῇ τε πολλῇ καὶ θορύβοις καὶ ψόφοις,
ἅμα μὲν ἐξέπληττον τῷ ἀπροσδοκήτῳ τοὺς Βυζαντίους,
ἅμα δὲ τοῖς ἀττικίζουσι παρεῖχον ἐπ´ ἀδείας τὸν Ἀλκιβιάδην
δέχεσθαι, πάντων ἐπὶ τὸν λιμένα καὶ πρὸς τὰς ναῦς
βοηθούντων. (4) οὐ μὴν ἀμαχεὶ προσεχώρησαν· οἱ γὰρ παρόντες
ἐν τῷ Βυζαντίῳ Πελοποννήσιοι καὶ Βοιωτοὶ καὶ Μεγαρεῖς
τοὺς μὲν ἀπὸ τῶν νεῶν ἐτρέψαντο καὶ καθεῖρξαν εἰς
τὰς ναῦς πάλιν, τοὺς δ´ Ἀθηναίους ἔνδον ὄντας αἰσθόμενοι,
καὶ συντάξαντες ἑαυτοὺς ἐχώρουν ὁμόσε. (5) καρτερᾶς
δὲ μάχης γενομένης ἐνίκησεν ὁ Ἀλκιβιάδης τὸ δεξιὸν
κέρας ἔχων, Θηραμένης δὲ τὸ εὐώνυμον, καὶ τῶν πολεμίων
τοὺς περιγενομένους ὅσον τριακοσίους ζῶντας ἔλαβε.
(6) Βυζαντίων δὲ μετὰ τὴν μάχην οὐδεὶς ἀπέθανεν οὐδ´ ἔφυγεν·
ἐπὶ τούτοις γὰρ οἱ ἄνδρες παρέδοσαν τὴν πόλιν καὶ ταῦτα
συνέθεντο, μηδὲν αὑτοῖς ἴδιον ὑπεξελόμενοι. (7) διὸ καὶ δίκην
προδοσίας ἐν Λακεδαίμονι φεύγων ὁ Ἀναξίλαος ἐφάνη
τῷ λόγῳ τὸ ἔργον οὐ καταισχύνων. (8) ἔφη γὰρ οὐκ ὢν Λακεδαιμόνιος,
ἀλλὰ Βυζάντιος, οὐδὲ τὴν Σπάρτην κινδυνεύουσαν,
ἀλλὰ τὸ Βυζάντιον ὁρῶν, τῆς μὲν πόλεως ἀποτετειχισμένης,
μηδενὸς δ´ εἰσαγομένου, τὸν δ´ ὄντα σῖτον ἐν τῇ
πόλει Πελοποννησίων καὶ Βοιωτῶν ἐσθιόντων, Βυζαντίων
δὲ πεινώντων σὺν τέκνοις καὶ γυναιξίν, οὐ προδοῦναι τοῖς
πολεμίοις, ἀλλὰ πολέμου καὶ κακῶν ἀπαλλάξαι τὴν πόλιν,
μιμούμενος τοὺς ἀρίστους Λακεδαιμονίων, οἷς ἓν καλὸν
ἁπλῶς καὶ δίκαιόν ἐστι τὸ τῆς πατρίδος συμφέρον. οἱ μὲν
οὖν Λακεδαιμόνιοι ταῦτ´ ἀκούσαντες ᾐδέσθησαν καὶ ἀπέλυσαν
τοὺς ἄνδρας.
| [31] (1) Les stratèges qui assiégeaient Chalcédoine
conclurent alors une trêve avec Pharnabaze, aux conditions
suivantes: ils recevraient de l'argent, les Chalcédoniens
feraient à nouveau leur soumission à Athènes, le territoire
de Pharnabaze échapperait à toute exaction et celui-ci
fournirait une escorte avec sauf-conduit aux ambassadeurs
athéniens délégués chez le Roi. (2) Au retour d'Alcibiade,
Pharnabaze lui demanda de s'engager lui-même par serment à
respecter ces accords, ce qu'Alcibiade refusa de faire avant
que Pharnabaze ait de son côté prêté le même serment. (3)
Les serments échangés, Alcibiade se porta contre les
Byzantins qui avaient fait défection et il investit leur
cité. Or Anaxilaos, Lycurgue et quelques autres avaient
convenu de lui livrer la ville à condition qu'il l'épargnât.
Alcibiade répandit le bruit que de nouvelles affaires qui
s'engagent en Ionie l'appellent là-bas; au grand jour, il
appareille avec tous ses vaisseaux, mais il fait demi-tour
pendant la nuit et débarque lui-même avec les hoplites. À
l'approche des remparts, il se tient coi, cependant que ses
vaisseaux cinglent vers le port et en forcent l'accès à
grands cris, dans le tumulte et le tapage: c'était tout à la
fois terrifier les Byzantins par l'inattendu de l'événement
et permettre aux partisans d'Athènes d'accueillir sans
crainte Alcibiade, tous les secours convergeant vers le port
et la flotte. (4) Assurément, on n'avança pas sans combat,
car les Péloponésiens, les Béotiens et les Mégariens qui se
trouvaient à Byzance mirent en déroute les soldats qui
sortaient des vaisseaux et les y firent remonter; ensuite,
voyant les Athéniens dans leurs murs, ils se rangèrent en
ordre de bataille et se portèrent à leur rencontre. (5) Il
s'ensuivit un violent combat où la victoire revint à
Alcibiade, qui tenait l'aile droite, et à Théramène, qui
commandait la gauche. On garda vivants quelque trois cents
ennemis rescapés. (6) Après le combat, aucun Byzantin ne fut
exécuté ni banni, car c'est à ces conditions que les
conjurés avaient livré la ville et c'est ce dont étaient
convenus les partisans d'Athènes, sans rien exiger de
spécial pour eux-mêmes. (7) C'est bien pourquoi Anaxilaos,
poursuivi à Sparte pour trahison, démontra par son discours
qu'il n'avait pas honte de son acte. (8) Il affirma en effet
que, n'étant pas Lacédémonien, mais Byzantin, voyant en
danger non pas Sparte mais Byzance, voyant investie sa cité
où plus rien n'entrait, où Péloponnésiens et Béotiens
mangeaient les réserves de vivres alors que les Byzantins,
avec femmes et enfants, étaient affamés, il n'avait
nullement livré sa ville à l'ennemi: il l'avait délivrée de
la guerre et de ses misères, imitant en cela l'élite des
Lacédémoniens, pour qui il n'est tout simplement qu'une
seule chose belle et juste, l'intérêt de la patrie. Ce
qu'entendant, les Lacédémoniens, remplis de
respect,relâchèrent les accusés.
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