HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Alcibiade

Chapitre 32

  Chapitre 32

[32] (1) δ´ Ἀλκιβιάδης ἰδεῖν τε ποθῶν ἤδη τὰ οἴκοι καὶ ἔτι μᾶλλον ὀφθῆναι βουλόμενος τοῖς πολίταις, νενικηκὼς τοὺς πολεμίους τοσαυτάκις, ἀνήχθη, πολλαῖς μὲν ἀσπίσι καὶ λαφύροις κύκλῳ κεκοσμημένων τῶν Ἀττικῶν τριήρων, πολλὰς δ´ ἐφελκόμενος αἰχμαλώτους, ἔτι δὲ πλείω κομίζων ἀκροστόλια τῶν διεφθαρμένων ὑπ´ αὐτοῦ καὶ κεκρατημένων. ἦσαν γὰρ οὐκ ἐλάττους συναμφότεραι διακοσίων. (2) δὲ Δοῦρις Σάμιος, Ἀλκιβιάδου φάσκων ἀπόγονος εἶναι, προστίθησι τούτοις, αὐλεῖν μὲν εἰρεσίαν τοῖς ἐλαύνουσι Χρυσόγονον τὸν πυθιονίκην, κελεύειν δὲ Καλλιππίδην τὸν τῶν τραγῳδιῶν ὑποκριτήν, στατοὺς καὶ ξυστίδας καὶ τὸν ἄλλον ἐναγώνιον ἀμπεχομένους κόσμον, ἱστίῳ δ´ ἁλουργῷ τὴν ναυαρχίδα προσφέρεσθαι τοῖς λιμέσιν, ὥσπερ ἐκ μέθης ἐπικωμάζοντος, οὔτε Θεόπομπος οὔτ´ Ἔφορος οὔτε Ξενοφῶν γέγραφεν, οὔτ´ εἰκὸς ἦν οὕτως ἐντρυφῆσαι τοῖς Ἀθηναίοις μετὰ φυγὴν καὶ συμφορὰς τοσαύτας κατερχόμενον, ἀλλ´ ἐκεῖνος καὶ δεδιὼς κατήγετο, καὶ καταχθεὶς οὐ πρότερον ἀπέβη τῆς τριήρους, στὰς ἐπὶ τοῦ καταστρώματος ἰδεῖν Εὐρυπτόλεμόν τε τὸν ἀνεψιὸν παρόντα καὶ τῶν ἄλλων φίλων καὶ οἰκείων συχνοὺς ἐκδεχομένους καὶ παρακαλοῦντας. (3) ἐπεὶ δ´ ἀπέβη, τοὺς μὲν ἄλλους στρατηγοὺς οὐδ´ ὁρᾶν ἐδόκουν ἀπαντῶντες οἱ ἄνθρωποι, πρὸς δ´ ἐκεῖνον συντρέχοντες ἐβόων, ἠσπάζοντο, παρέπεμπον, ἐστεφάνουν προσιόντες, οἱ δὲ μὴ δυνάμενοι προσελθεῖν ἄπωθεν ἐθεῶντο, καὶ τοῖς νέοις ἐδείκνυσαν οἱ πρεσβύτεροι. (4) πολὺ δὲ καὶ τὸ δακρῦον τῷ χαίροντι τῆς πόλεως ἀνεκέκρατο καὶ μνήμη πρὸς τὴν παροῦσαν εὐτυχίαν τῶν πρόσθεν ἀτυχημάτων λογιζομένοις, ὡς οὔτ´ ἂν Σικελίας διήμαρτον, οὔτ´ ἄλλο τι τῶν προσδοκηθέντων ἐξέφυγεν αὐτοὺς ἐάσαντας Ἀλκιβιάδην ἐπὶ τῶν τότε πραγμάτων καὶ τῆς δυνάμεως ἐκείνης, εἰ νῦν τὴν πόλιν παραλαβὼν ὀλίγου δέουσαν ἐκπεπτωκέναι τῆς θαλάσσης, κατὰ γῆν δὲ μόλις τῶν προαστείων κρατοῦσαν, αὐτὴν δὲ πρὸς ἑαυτὴν στασιάζουσαν, ἐκ λυπρῶν ἔτι λειψάνων καὶ ταπεινῶν ἀναστήσας οὐ μόνον τῆς θαλάσσης τὸ κράτος ἀποδέδωκεν, ἀλλὰ καὶ πεζῇ νικῶσαν ἀποδείκνυσι πανταχοῦ τοὺς πολεμίους. [32] (1) Désormais passionnément désireux de revoir sa patrie et, plus encore, lui qui avait tant de fois vaincu l'ennemi, de se faire voir à ses concitoyens, Alcibiade prit la mer. Les trières attiques étaient sur leur pourtour ornées de quantité de boucliers et de dépouilles; Alcibiade tirait après lui beaucoup de vaisseaux captifs et transportait, en plus grand nombre encore, les figures de proue des trières qu'il avait saisies et détruites. Les deux catégories mises ensemble ne faisaient pas moins de deux cents. (2) Douris de Samos, qui se prétend descendant d'Alcibiade, ajoute encore que c'était Chrysogone, le fameux vainqueur des Jeux Pythiques, qui, sur la flûte, donnait le rythme aux rameurs, tandis que Callipide, l'acteur tragique, commandait la manoeuvre de la voix; ils étaient vêtus de tuniques droites, de manteaux flottants et des autres parures des concours. Douris affirme que le vaisseau amiral se présenta au port avec une voile de pourpre comme si, sous le coup de l'ivresse, on faisait cortège à Dionysos. Ni Théopompe, ni Éphore, ni Xénophon ne l'ont consigné, et il serait invraisemblable qu'Alcibiade se soit ainsi moqué des Athéniens, lui qui rentrait d'exil après tant de vicissitudes. Au contraire, c'est même avec crainte qu'il aborda et, arrivé à terre, il ne quitta pas ses vaisseaux avant d'avoir, debout sur le pont, vu Euryptolème, son cousin, qui était là, et nombre de ses autres amis et familiers qui l'accueillaient et l'engageaient à venir à eux. (3) Quand il eut débarqué, les gens qui allaient à sa rencontre n'avaient pas même l'air de voir les autres stratèges; courant tous ensemble vers lui, ils criaient, l'embrassaient, l'escortaient, se précipitaient pour le couronner. S'il s'en trouvait qui ne pouvaient parvenir jusqu'à lui, ils le saluaient de loin, et les vieux le montraient aux jeunes. (4) Mais beaucoup de larmes aussi se mêlaient à la joie de la cité, et le souvenir des malheurs passés, face au bonheur présent, revenait aux gens qui réfléchissaient qu'ils n'auraient pas échoué en Sicile, et que rien de ce qu'ils avaient escompté ne leur eût échappé s'ils avaient à l'époque laissé Alcibiade à la tête des affaires et de leur célèbre puissance militaire: aussi bien, ayant maintenant récupéré la cité presque chassée de la mer et, sur terre, à peine maîtresse de ses faubourgs, en proie aux luttes intestines, il la relevait de ses ruines, de ses tristes et humbles ruines. Non seulement il lui a rendu l'empire de la mer, mais sur terre également il la fait apparaître partout victorieuse de ses ennemis.


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Dernière mise à jour : 12/05/2005