[4,3,7] Ταῦτα μὲν οὖν ταύτῃ. Ἀλλὰ τὸ ἐν Φιλήβῳ λεχθὲν παρέχον ὑπόνοιαν μοίρας
τῆς τοῦ παντὸς τὰς ἄλλας εἶναι; Βούλεται δὲ ὁ λόγος οὐ τοῦτο, ὅ τις
οἴεται, ἀλλ´ ὅπερ ἦν χρήσιμον αὐτῷ τότε, καὶ τὸν οὐρανὸν ἔμψυχον εἶναι.
Τοῦτο οὖν πιστοῦται λέγων, ὡς ἄτοπον τὸν οὐρανὸν ἄψυχον λέγειν ἡμῶν, οἳ
μέρος σώματος ἔχομεν τοῦ παντός, ψυχὴν ἐχόντων. Πῶς γὰρ ἂν τὸ μέρος ἔσχεν
ἀψύχου τοῦ παντὸς ὄντος; Δῆλον δὲ μάλιστα τὸ τῆς γνώμης αὐτοῦ ἐν Τιμαίῳ
ποιεῖ, οὗ γενομένης τῆς ψυχῆς τοῦ παντὸς ὕστερον τὰς ἄλλας ποιεῖ ἐκ τοῦ
αὐτοῦ μιγνύων κρατῆρος, ἀφ´ οὗ καὶ ἡ τῶν ὅλων, ὁμοειδῆ ποιῶν καὶ τὴν
ἄλλην, τὴν δὲ διαφορὰν δευτέροις καὶ τρίτοις διδούς. Τὸ δὲ ἐν τῷ Φαίδρῳ
«<ψυχὴ πᾶσα παντὸς ἐπιμελεῖται τοῦ ἀψύχου>»; Τί γὰρ ἂν εἴη, ὃ σώματος τὴν
φύσιν διοικεῖ καὶ ἢ πλάττει ἢ τάττει ἢ ποιεῖ ἢ ψυχή; Καὶ οὐχ ἡ μὲν πέφυκε
τοῦτο δύνασθαι, ἡ δὲ οὔ. Ἡ μὲν οὖν <τελεία>, φησίν, ἡ τοῦ παντὸς
<μετεωροποροῦσα> οὐ δῦσα, ἀλλ´ οἷον ἐποχουμένη, εἰς τὸν κόσμον ποιεῖ καὶ
ἥτις ἂν <τελεία> ᾖ, οὕτω <διοικεῖ>. «<Ἡ δὲ πτερορρυήσασα>» εἰπὼν ἄλλην
ταύτην παρ´ ἐκείνην ποιεῖ. Τὸ δὲ συνέπεσθαι τῇ τοῦ παντὸς περιφορᾷ καὶ ἤθη
ἐκεῖθεν κομίζεσθαι καὶ πάσχειν παρ´ αὐτοῦ οὐδὲν ἂν εἴη σημεῖον τοῦτο τοῦ
μέρη τὰς ἡμετέρας εἶναι. Ἱκανὴ γὰρ ψυχὴ καὶ παρὰ φύσεως τόπων πολλὰ
ἀπομάττεσθαι καὶ ὑδάτων καὶ ἀέρος· καὶ πόλεων διάφοροι οἰκήσεις καὶ τῶν
σωμάτων αἱ κράσεις. Καί τι ἔφαμεν ἔχειν ἐν τῷ παντὶ ὄντες τῆς τοῦ ὅλου
ψυχῆς, καὶ παρὰ τῆς περιφορᾶς συνεχωροῦμεν τὸ πάσχειν, ἀλλ´ ἀντετίθεμεν
ἄλλην ψυχὴν πρὸς ταῦτα καὶ μάλιστα τῇ ἀντιστάσει δεικνυμένην ἄλλην. Τὸ δ´
ὅτι εἴσω γεννώμεθα ἐν αὐτῷ, καὶ ἐπὶ τῶν μητρῶν φαμὲν ἑτέραν εἶναι οὐ τὴν
τῆς μητρὸς τὴν ἐπεισιοῦσαν.
| [4,3,7] Voilà ce que nous croyons vrai sur ce sujet. Quant au passage du Philèbe, il pourrait faire croire que toutes les âmes sont des parties de l'Âme universelle. Ce n'en est point là cependant le sens véritable, comme quelques-uns le croient; il signifie seulement ce que Platon voulait établir en cet endroit, savoir que le ciel est animé. Platon le prouve en disant qu'il serait absurde de soutenir que le ciel n'a pas d'âme, quand notre corps, qui n'est qu'une partie du corps de l'univers, a cependant une âme ; or, comment la partie serait-elle animée sans que le tout le fût aussi ? C'est dans le Timée surtout que Platon explique clairement sa pensée. Après avoir exposé la naissance de l'Âme universelle, il fait naître postérieurement les autres âmes du mélange opéré dans le même vase d'où a été tirée l'Âme universelle ; il admet qu'elles sont conformes à l'Âme universelle, et il fait consister leur différence en ce qu'elles occupent le second ou le troisième rang. C'est ce que confirme encore ce passage de Phèdre : « L'Âme universelle prend soin de ce qui est inanimé. » Quelle puissance en effet administre, façonne, ordonne, produit le corps, si ce n'est l'âme? Qu'on ne dise pas qu'une âme a ce pouvoir et qu'une autre ne l'a pas. « L'âme parfaite, ajoute Platon, l'Âme de l'univers, planant dans la région éthérée, agit sur le monde sans y entrer, étant portée au-dessus de lui comme dans un char; les autres âmes qui sont parfaites partagent avec elle l'administralion du monde. » Quand Platon parle de l'âme qui a perdu ses ailes, il distingue évidemment les âmes particulières de l'Âme universelle. S'il dit encore que les âmes suivent le mouvement circulaire de l'univers, qu'elles en tiennent leur caractère, qu'elles en subissent l'influence, on ne peut en conclure que nos âmes soient des parties de l'Âme universelle. En effet, elles peuvent fort bien subir l'influence exercée par la nature des lieux, des eaux et de l'air sur les villes qu'elles habitent et sur le tempérament des corps auxquels elles sont unies. Nous avons reconnu qu'étant contenus dans l'univers, nous possédons quelque chose de la vie propre à l'Âme universelle, et que nous subissons l'influence du mouvement circulaire du ciel; mais nous avons aussi établi qu'il y a en nous une autre âme, qui est capable de résister à ces influences et qui manifeste son caractère différent précisément par la résistance qu'elle leur oppose. Quant à cette objection que nous sommes engendrés dans l'univers , nous répondrons que l'enfant est de même engendré dans le sein de sa mère, et que cependant l'âme qui entre dans son corps est distincte de celle de sa mère.
|