[4,3,18] Πότερα δὲ λογισμῷ ψυχὴ χρῆται πρὶν ἐλθεῖν καὶ πάλιν αὖ ἐξελθοῦσα; Ἢ
ἐνταῦθα ὁ λογισμὸς ἐγγίγνεται ἐν ἀπόρῳ ἤδη οὔσης καὶ φροντίδος πληρουμένης
καὶ μᾶλλον ἀσθενούσης· ἐλάττωσις γὰρ νοῦ εἰς αὐτάρκειαν τὸ λογισμοῦ
δεῖσθαι· ὥσπερ καὶ ἐν ταῖς τέχναις ὁ λογισμὸς ἀποροῦσι τοῖς τεχνίταις,
ὅταν δὲ μὴ χαλεπὸν ᾖ, κρατεῖ καὶ ἐργάζεται ἡ τέχνη. Ἀλλ´ εἰ ἐκεῖ ἄνευ
λογισμῶν, πῶς ἂν ἔτι λογικαὶ εἶεν; Ἢ ὅτι δύνανται, εἴποι τις ἄν, ὅταν
περίστασις, εὐπορῆσαι διασκοποῦσαι. Δεῖ δὲ τὸν λογισμὸν λαβεῖν τὸν
τοιοῦτον· ἐπεὶ εἴ τις λογισμὸν λαμβάνει τὴν ἐκ νοῦ ἀεὶ γινομένην καὶ οὖσαν
ἐν αὐταῖς διάθεσιν, καὶ ἐνέργειαν ἑστῶσαν καὶ οἷον ἔμφασιν οὖσαν, εἶεν ἂν
κἀκεῖ λογισμῷ χρώμεναι. Οὐδὲ δὴ φωναῖς, οἶμαι, χρῆσθαι νομιστέον ἐν μὲν τῷ
νοητῷ οὔσας, καὶ πάμπαν σώματα δ´ ἐχούσας ἐν οὐρανῷ. Ὅσα μὲν διὰ χρείας ἢ
δι´ ἀμφισβητήσεις διαλέγονται ἐνταῦθα, ἐκεῖ οὐκ ἂν εἴη· ποιοῦσαι δὲ ἐν
τάξει καὶ κατὰ φύσιν ἕκαστα οὐδ´ ἂν ἐπιτάττοιεν οὐδ´ ἂν συμβουλεύοιεν,
γινώσκοιεν δ´ ἂν καὶ τὰ παρ´ ἀλλήλων ἐν συνέσει. Ἐπεὶ καὶ ἐνταῦθα πολλὰ
σιωπώντων γινώσκοιμεν δι´ ὀμμάτων· ἐκεῖ δὲ καθαρὸν πᾶν τὸ σῶμα καὶ οἷον
ὀφθαλμὸς ἕκαστος καὶ οὐδὲν δὲ κρυπτὸν οὐδὲ πεπλασμένον, ἀλλὰ πρὶν εἰπεῖν
ἄλλῳ ἰδὼν ἐκεῖνος ἔγνω. Περὶ δὲ δαιμόνων καὶ ψυχῶν ἐν ἀέρι φωνῇ χρῆσθαι
οὐκ ἄτοπον· ζῷα γὰρ τοιάδε.
| [4,3,18] L'âme emploie-t-elle le raisonnement avant d'entrer dans le corps et après en être sortie ? Non : c'est quand elle est dans un corps qu'elle raisonne, parce qu'elle est incertaine, embarrassée, affaiblie : car, avoir besoin de raisonner pour arriver à une connaissance complète trahit toujours l'affaiblissement de l'intelligence. Le raisonnement intervient dans les arts quand l'artiste hésite devant quelque obstacle; mais, là où il n'y a pas défaut dans la matière, l'art la maîtrise et produit son œuvre instantanément.
Mais {dira-t-on}, si les âmes ne raisonnent pas là-haut, elles ne seront plus raisonnables. — Elles sont raisonnables, parce qu'elles peuvent bien pénétrer l'essence d'une chose, quand l'occasion l'exige. Voici d'ailleurs l'idée qu'il faut se faire du raisonnement : si l'on admet qu'il consiste dans une disposition qui dérive toujours de l'Intelligence, dans un acte immanent, un reflet de cette puissance dans les âmes, celles- ci raisonnent aussi dans le monde intelligible; mais alors elles n'ont aucun besoin du langage. De même, quand elles habitent dans le ciel, elles n'ont pas non plus recours à la parole, comme le font celles qui sont ici-bas, par suite de leurs besoins et de leurs incertitudes. Elles agissent avec ordre et conformément à la nature, sans rien prescrire, sans délibérer. Elles se connaissent les unes les autres par une simple intuition, comme il nous arrive ici-bas de connaître nos semblables sans qu'ils nous parlent et par la seule vertu du regard. Là-haut, tout corps est pur et transparent : chacun est tout œil ; rien n'est caché ni simulé ; avant que vous ayez parlé, votre pensée est déjà connue. Quant aux démons et aux êtres animés qui habitent l'air, on peut croire qu'ils se servent de la voix : car ils sont des êtres vivants. »
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