[3,9,3] Ἡ πᾶσα ψυχὴ οὐδαμοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἦλθεν· οὐδὲ γὰρ ἦν ὅπου· ἀλλὰ τὸ σῶμα γειτονῆσαν μετέλαβεν αὐτῆς· διὸ οὐκ ἐν τῷ σώματι οὐδ´ ὁ Πλάτων φησί που, ἀλλὰ τὸ σῶμα εἰς αὐτήν.
Αἱ δ´ ἄλλαι ἔχουσιν ὅθεν — ἀπὸ γὰρ ψυχῆς — καὶ εἰς ὅ, καὶ κατελθεῖν καὶ μετελθεῖν· ὅθεν καὶ ἀνελθεῖν. Ἡ δ´ ἀεὶ ἄνω ἐν ᾧ πέφυκεν εἶναι ψυχή· τὸ δὲ ἐφεξῆς τὸ πᾶν, οἷον τὸ πλησίον ἢ τὸ ὑφ´ ἡλίῳ. Φωτίζεται μὲν οὖν ἡ μερικὴ πρὸς τὸ πρὸ αὐτῆς φερομένη — ὄντι γὰρ ἐντυγχάνει — εἰς δὲ τὸ μετ´ αὐτὴν εἰς τὸ μὴ ὄν. Τοῦτο δὲ ποιεῖ, ὅταν πρὸς αὑτήν· πρὸς αὑτὴν γὰρ βουλομένη τὸ μετ´ αὐτὴν ποιεῖ εἴδωλον αὐτῆς, τὸ μὴ ὄν, οἷον κενεμβατοῦσα καὶ ἀοριστοτέρα γινομένη· καὶ τούτου τὸ εἴδωλον τὸ ἀόριστον πάντη σκοτεινόν· ἄλογον γὰρ καὶ ἀνόητον πάντη καὶ πολὺ τοῦ ὄντος ἀποστατοῦν. Εἰς δὲ τὸ μεταξύ ἐστιν ἐν τῷ οἰκείῳ, πάλιν δὲ ἰδοῦσα οἷον δευτέρᾳ προσβολῇ τὸ εἴδωλον ἐμόρφωσε καὶ ἡσθεῖσα ἔρχεται εἰς αὐτό.
| [3,9,3] De la descente de l'âme dans le corps.
III. L'Ame universelle n'est venue en aucun lieu, ne s'est portée nulle part : car il n'y avait pas de lieu où elle pût se porter ; seulement, le corps qui était voisin de l'Ame a participé d'elle ; aussi, celle-ci n'est-elle pas dans un corps. Platon ne dit pas en effet que l'âme soit dans un corps ; il place au contraire le corps dans l'âme.
Quant aux âmes particulières, elles viennent de quelque part : car elles procèdent de l'Ame universelle ; elles ont aussi un lieu où elles peuvent soit descendre, soit passer d'un corps dans un autre ; elles peuvent également remonter de là au monde intelligible. L'Ame universelle, au contraire, habite toujours la région élevée où la retient sa nature; et l'univers placé au-dessous d'elle participe d'elle comme participe du soleil l'objet qui en reçoit les rayons. L'âme particulière est donc éclairée quand elle se tourne vers ce qui est supérieur: car alors elle rencontre l'Être; au contraire, quand elle se tourne vers ce qui est inférieur, elle rencontre le non-être. C'est ce qu'elle fait quand elle se tourne vers elle-même : en voulant s'appartenir à elle-même, elle tombe en quelque sorte dans le vide, devient indéterminée et produit ce qui est au-dessous d'elle, c'est-à-dire une image d'elle-même qui est le non-être {le corps}. Or, l'image de cette image {la matière} est indéterminée et tout à fait obscure : car elle est entièrement irraisonnable, inintelligible et aussi éloignée que possible de l'Être même. L'âme occupe {entre l'intelligence et le corps} une région intermédiaire, qui est son domaine propre ; quand elle regarde la région inférieure, en y jetant un second coup d'œil, elle donne une forme à son image {au corps}, et, charmée par cette image, elle y entre.
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