[3,4,5] Ἀλλ´ εἰ ἐκεῖ αἱρεῖται τὸν δαίμονα καὶ εἰ τὸν βίον, πῶς ἔτι τινὸς κύριοι; Ἢ καὶ ἡ αἵρεσις ἐκεῖ ἡ λεγομένη τὴν τῆς ψυχῆς προαίρεσιν καὶ διάθεσιν καθόλου καὶ πανταχοῦ αἰνίττεται. Ἀλλ´ εἰ ἡ προαίρεσις τῆς ψυχῆς κυρία καὶ τοῦτο κρατεῖ, ὃ ἂν πρόχειρον ἔχῃ μέρος ἐκ τῶν προβεβιωμένων, οὐκέτι τὸ σῶμα αἴτιον οὐδενὸς κακοῦ αὐτῷ· εἰ γὰρ προτερεῖ τὸ τῆς ψυχῆς ἦθος τοῦ σώματος καὶ τοῦτ´ ἔχει, ὃ εἵλετο, καὶ τὸν δαίμονα, φησίν, οὐκ ἀλλάττεται, οὐδὲ ὁ σπουδαῖος ἐνταῦθα γίγνεται οὐδ´ ὁ φαῦλος. Ἆρ´ οὖν δυνάμει ἐστὶν ἑκάτερος, ἐνεργείᾳ δὲ γίγνεται;
Τί οὖν, εἰ φαύλου σώματος ὁ τὸ ἦθος σπουδαῖος τύχοι, ὁ δὲ τἀναντία; Ἢ δύναται μᾶλλον καὶ ἧττον τὰ τῆς ψυχῆς ἑκατέρας ἑκάτερα τὰ σώματα παρέχεσθαι, ἐπεὶ καὶ αἱ ἄλλαι ἔξωθεν τύχαι τὴν ὅλην προαίρεσιν οὐκ ἐκβιβάζουσιν. Ὅταν δὲ λέγηται, ὡς πρῶτον οἱ κλῆροι, εἶτα τὰ τῶν βίων παραδείγματα, ἔπειτα ταῖς τύχαις † καὶ ὡς ἐκ τῶν παρόντων τοὺς βίους κατὰ τὰ ἤθη, τὸ κύριον μᾶλλον δίδωσι ταῖς ψυχαῖς διατιθείσαις τὰ δοθέντα πρὸς τὰ αὐτῶν ἤθη.
Ὅτι γὰρ ὁ δαίμων οὗτος οὐ παντάπασιν ἔξω — ἀλλ´ οὕτως ὡς μὴ συνδεδεμένος — οὐδ´ ἐνεργῶν, ἡμέτερος δέ, ὡς ψυχῆς πέρι εἰπεῖν, οὐχ ὁ ἡμέτερος δέ, εἰ ὡς ἄνθρωποι τοιοίδε τὴν ὑπ´ αὐτὸν ζωὴν ἔχοντες, μαρτυρεῖ τὰ ἐν τῷ Τιμαίῳ· ἃ εἰ μὲν οὕτω ληφθείη, οὐδεμίαν ἕξει μάχην σχόντα ἄν τινα ἀσυμφωνίαν, εἰ ἄλλως ὁ δαίμων ληφθείη.
Τὸ δὲ ἀποπληρωτὴν ὧν τις εἵλετοκαὶ αὐτὸ σύμφωνον. Οὔτε γὰρ πολὺ κατωτέρω ἐᾷ ἐλθεῖν εἰς τὸ χεῖρον ὑπερκαθήμενος, ἀλλ´ ἐκεῖνο ἐνεργεῖ μόνον τὸ ὑπ´ αὐτόν, οὔτε ὑπεράνω αὐτοῦ οὔτε εἰς ἴσον· οὐ γὰρ δύναται ἄλλο γενέσθαι ἢ ᾗ ἐστι.
| [3,4,5] Mais si {avant de venir sur la terre} l'âme choisit sa vie et son démon, comment conservons-nous encore notre liberté? C'est que ce qu'on appelle choix désigne d'une manière allégorique, le caractère de l'âme et la disposition générale qu'elle a partout. — Mais {dira-t-on}, si le caractère de l'âme est prépondérant, si l'âme est dominée par la partie que la vie précédente a rendue la plus active en elle, ce n'est plus le corps qui est pour elle la cause du mal : car, si le caractère de l'âme est antérieur à son union avec le corps, si elle a le caractère qu'elle a choisi, si, comme le dit Platon, elle ne change pas son démon, ce n'est pas ici-bas qu'un homme peut devenir bon ou mauvais. — L'homme est en puissance bon et mauvais également. Il devient en acte l'un ou l'autre {par son choix}.
Qu'arrivera-t-il donc si un homme vertueux a un corps d'une mauvaise nature, un homme vicieux un corps d'une bonne nature? — La bonté de l'âme a plus ou moins d'influence sur la bonté du corps. Les choses extérieures ne changent pas le caractère choisi par l'âme. Quand Platon dit que les sorts sont répandus devant les âmes, ensuite que les diverses espèces de conditions sont étalées devant elles, enfin que la fortune de chacun résulte du choix qu'il fait parmi les diverses espèces de vie présentes, choix qu'il fait selon son caractère, il attribue évidemment à l'âme le pouvoir de rendre conforme à son caractère la condition qui lui est échue.
Au reste, notre démon ne nous est pas tout à fait extérieur, et, d'un autre côté, il n'est pas lié à nous, n'agit pas en nous : il est nôtre, en ce sens qu'il a un certain rapport avec notre âme ; il n'est pas nôtre, en ce sens que nous sommes tels hommes, menant telle vie sous sa surveillance. C'est ce que signifient les termes dont Platon se sert dans le Timée. Si on les prend dans notre sens, tout s'explique ; sinon, Platon se contredit.
On comprend encore ainsi pourquoi il dit que notre démon nous aide à remplir la destinée que nous avons choisie. En effet, présidant à notre vie, il ne nous permet pas de descendre beaucoup au-dessous de la condition dont nous avons fait choix. Mais ce qui agit alors, c'est le principe qui est au-dessous du démon, et qui ne peut ni le dépasser, ni l'égaler : car il ne saurait devenir autre qu'il n'est.
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