[3,4,6] Τί οὖν ὁ σπουδαῖος; Ἢ ὁ τῷ βελτίονι ἐνεργῶν. Ἢ οὐκ ἂν ἦν σπουδαῖος συνεργοῦντα ἑαυτῷ τὸν δαίμονα ἔχων. Νοῦς γὰρ ἐνεργεῖ ἐν τούτῳ. Ἢ οὖν δαίμων αὐτὸς ἢ κατὰ δαίμονα καὶ δαίμων τούτῳ θεός. Ἆρ´ οὖν καὶ ὑπὲρ νοῦν; Εἰ τὸ ὑπὲρ νοῦν δαίμων αὐτῷ, διὰ τί οὖν οὐκ ἐξ ἀρχῆς; Ἢ διὰ τὸν θόρυβον τὸν ἐκ τῆς γενέσεως. Ὑπάρχει δὲ ὅμως καὶ πρὸ λόγου ἡ κίνησις ἡ ἔνδοθεν ὀρεγομένη τῶν αὐτῆς. Πάντως οὖν κατορθοῖ; Ἢ οὐ πάντως, εἴπερ οὕτως ἡ ψυχὴ διαθέσεως ἔχει, ὡς ἐν τούτοις τοῖς τοιοῖσδε τοιάδε οὖσα τοῦτον ἔχειν βίον καὶ ταύτην προαίρεσιν.
Ὁ μέντοι δαίμων οὗτος, ὃν λέγομεν, ἀγαγὼν λέγεται εἰς Ἅιδου οὐκέτι ὁ αὐτὸς μένειν, ἐὰν μὴ τὰ αὐτὰ ἕληται πάλιν. Πρὸ δὲ τοῦ πῶς; Τὸ δὴ ἀγαγεῖν εἰς τὴν κρίσιν τὸ εἰς τὸ αὐτὸ σχῆμα ἐλθεῖν μετὰ τὴν ἀπογένεσιν, ὃ εἶχε πρὸ τῆς γενέσεως· εἶτα ὥσπερ ἀπ´ ἀρχῆς ἄλλης τὸν μεταξὺ τῆς ὕστερον γενέσεως χρόνον ταῖς κολαζομέναις πάρεστιν. Ἢ οὐδὲ βίος αὐταῖς, ἀλλὰ δίκη.
Τί δὲ ταῖς εἰς θήρεια σώματα εἰσιούσαις; ἔλαττον ἢ δαίμων; Ἢ πονηρός γε ἢ εὐήθης.
Ταῖς δὲ ἄνω; Ἢ τῶν ἄνω αἱ μὲν ἐν αἰσθητῷ, αἱ δὲ ἔξω.
Αἱ μὲν οὖν ἐν αἰσθητῷ ἢ ἐν ἡλίῳ ἢ ἐν ἄλλῳ τῶν πλανωμένων, αἱ δ´ ἐν τῇ ἀπλανεῖ, ἑκάστη καθὸ λογικῶς ἐνήργησεν ἐνταῦθα· χρὴ γὰρ οἴεσθαι καὶ κόσμον εἶναι ἐν τῇ ψυχῇ ἡμῶν μὴ μόνον νοητόν, ἀλλὰ καὶ ψυχῆς τῆς κόσμου ὁμοειδῆ διάθεσιν· νενεμημένης οὖν κἀκείνης εἴς τε τὴν ἀπλανῆ καὶ τὰς πλανωμένας κατὰ δυνάμεις διαφόρους ὁμοειδεῖς ταύταις ταῖς δυνάμεσι καὶ τὰς παρ´ ἡμῖν εἶναι καὶ ἐνέργειαν εἶναι παρ´ ἑκάστης καὶ ἀπαλλαγείσας ἐκεῖ γίνεσθαι πρὸς ἄστρον τὸ σύμφωνον τῷ ἐνεργήσαντι καὶ ζήσαντι ἤθει καὶ δυνάμει· καὶ τοιούτῳ θεῷ καὶ δαίμονί γε ἢ αὐτῷ τούτῳ χρήσεται ἢ τῷ ὑπὲρ ταύτην τὴν δύναμιν· σκεπτέον δὲ τοῦτο βέλτιον.
Τὰς δ´ ἔξω γενομένας τὴν δαιμονίαν φύσιν ὑπερβεβηκέναι καὶ πᾶσαν εἱμαρμένην γενέσεως καὶ ὅλως τὸ ἐν τῷδε τῷ ὁρατῷ, ἕως ἐστὶν ἐκεῖ, συνανενεχθείσης καὶ τῆς ἐν αὐτῇ φιλογενέσεως οὐσίας, ἣν εἴ τις λέγοι ταύτην εἶναι <τὴν περὶ τὰ σώματα γινομένην μεριστὴν>συμπληθύουσαν ἑαυτὴν καὶ συμμερίζουσαν τοῖς σώμασιν, ὀρθῶς λέξει. Μερίζεται δὲ οὐ μεγέθει· τὸ γὰρ αὐτὸ ἐν πᾶσιν ὅλον καὶ πάλιν ἕν· καὶ ἐξ ἑνὸς ζῴου ἀεὶ πολλὰ γεννᾶται ταύτης μεριζομένης οὕτως, ὥσπερ καὶ ἐκ τῶν φυτῶν· περὶ τὰ σώματα γὰρ καὶ αὕτη μεριστή. Καὶ ὁτὲ μὲν μένουσα ἐπὶ τοῦ αὐτοῦ δίδωσιν, οἷον ἡ ἐν τοῖς φυτοῖς· ὅπου δὲ ἀπελθοῦσα πρὶν ἀπελθεῖν ἔδωκεν, οἷον καὶ ἐν τοῖς ἀνῃρημένοις φυτοῖς ἢ ἐν ζῴοις ἀποθανοῦσιν ἐκ σήψεως πολλῶν ἐξ ἑνὸς γεννηθέντων. Συνεργεῖν δὲ καὶ {τὴν} ἐκ τοῦ παντὸς τὴν τοιαύτην δύναμιν ἐνταῦθα τὴν αὐτὴν οὖσαν.
Πάλιν δὲ ἐὰν ἴῃ ἡ ψυχὴ ἐνταῦθα, ἢ τὸν αὐτὸν ἢ ἄλλον ἔχει δαίμονα κατὰ τὴν ζωήν, ἣν ποιήσεται. Ἐπιβαίνει οὖν μετὰ τούτου τοῦ δαίμονος ὥσπερ σκάφους τοῦδε τοῦ παντὸς πρῶτον, εἶτα παραλαβοῦσα ἡ τοῦ ἀτράκτου λεγομένη φύσις κατέταξεν ὥσπερ ἐν νηὶ εἴς τινα ἕδραν τύχης. Περιαγούσης δὲ τῆς περιφορᾶς ὥσπερ πνεύματος τὸν ἐπὶ τῆς νεὼς καθήμενον ἢ καὶ φερόμενον πολλαὶ καὶ ποικίλαι γίνονται καὶ θέαι καὶ μεταθέσεις καὶ συμπτώματα, καὶ ὥσπερ ἐν αὐτῇ τῇ νηὶ ἢ παρὰ τοῦ σάλου τῆς νεὼς ἢ παρ´ αὐτοῦ κινηθέντος ὁρμῇ οἰκείᾳ, ἣν ἂν σχοίη τῷ ἐπὶ νεὼς εἶναι παρὰ τὸν ἑαυτοῦ τρόπον. Οὐ γὰρ ὁμοίως ἐν τοῖς αὐτοῖς πᾶς κινεῖται ἢ βούλεται ἢ ἐνεργεῖ. Γίνεται οὖν διάφορα διαφόροις ἢ ἐκ τῶν αὐτῶν ἢ διαφόρων προσπεσόντων, ἢ τὰ αὐτὰ ἄλλοις, κἂν διάφορα τὰ προσπεσόντα· τοιοῦτον γὰρ ἡ εἱμαρμένη.
| [3,4,6] Quel est donc l'homme vertueux? C'est celui dans lequel agit la partie la plus élevée de l'âme. Il ne mériterait plus d'être appelé vertueux si son démon concourait à ses actes. Or, c'est l'intelligence qui agit dans l'homme vertueux. Celui-ci est donc un démon, ou vit selon un démon ; son démon d'ailleurs est Dieu. Ce démon est-il au-dessus de l'Intelligence ? Oui, si l'âme a pour démon le principe supérieur à l'Intelligence {le Bien}. Mais pourquoi l'homme vertueux ne jouit-il pas de ce privilège dès le principe? A cause du trouble qu'il a éprouvé en tombant dans la génération. Il a cependant en lui, même avant l'exercice de la raison, un désir qui le porte aux choses qui lui sont propres. Mais ce désir dirige-t-il souverainement? Non, pas souverainement : car l'âme est disposée de telle sorte que, devenant telle dans telles circonstances, elle adopte telle vie et suit telle inclination.
Platon dit que le démon conduit l'âme aux enfers, et qu'il ne reste pas attaché à la même âme, à moins que celle-ci ne choisisse encore la même condition. Que fait-il avant ce choix? Platon nous apprend que le démon conduit l'âme au jugement, qu'il reprend après la génération la même forme qu'il avait auparavant; ensuite, comme si une autre existence commençait alors, pendant le temps qui s'écoule d'une génération à l'autre, le démon préside aux châtiments des âmes, et cette période est moins pour elles une période de vie qu'une période d'expiation.
Les âmes qui entrent dans des corps de brutes ont-elles aussi un démon? — Oui, sans doute, mais un démon méchant ou stupide.
Quelle est la condition des âmes qui se sont élevées là- haut? Les unes sont dans le monde sensible, les autres en sont dehors.
Les âmes qui sont dans le monde sensible habitent dans le soleil, ou dans quelque planète, ou dans le firmament, selon qu'elles ont plus ou moins développé leur raison. Il faut en effet savoir que notre âme contient en elle-même non-seulement le monde intelligible, mais encore une disposition conforme à l'Ame du monde. Or, cette dernière étant par ses puissances diverses répandue dans les sphères mobiles et dans la sphère immobile, notre âme doit posséder des puissances qui soient conformes à celles-ci et qui exercent chacune leur fonction propre. Les âmes qui se rendent d'ici-bas dans le ciel vont habiter l'astre qui est en harmonie avec leurs mœurs et avec la puissance qu'elles ont développée, avec leur dieu ou leur démon ; alors elles auront ou le même démon, ou le démon qui est supérieur à la puissance qu'elles exercent. Reste à considérer ce qui est le meilleur.
Quant aux âmes qui sont sorties du monde sensible, elles sont au-dessus de la condition démonique et de la fatalité de la génération tant qu'elles restent dans le monde intelligible. Elles y ramènent avec elles-mêmes cette partie de leur essence qui est désireuse d'engendrer et qu'on peut avec raison regarder comme l'essence qui est divisible dans les corps et qui se multiplie elle-même en se divisant avec les corps. Au reste, si elle se divise, ce n'est pas sous le rapport de l'étendue : car elle est tout entière dans tous les corps ; d'un autre côté, elle est une, et d'un seul animal en naissent sans cesse une foule d'autres. Elle se divise comme la nature végétative dans les plantes : car cette nature est divisible dans les corps. Quand cette essence divisible demeure dans le même corps, elle lui donne la vie, comme la puissance végétative le fait pour les plantes. Quand elle se retire, elle a déjà communiqué la vie, comme on le voit par les arbres coupés ou par les cadavres où la putréfaction fait naître plusieurs animaux d'un seul animal. D'ailleurs la puissance végétative de l'âme humaine est secondée par la puissance végétative qui provient de l'Ame universelle et qui est ici-bas la même {que là-haut}.
Si l'âme revient ici-bas, elle a soit le même démon, soit un autre démon, selon la vie qu'elle doit mener. Elle entre d'abord dans cet univers avec son démon comme avec une nacelle. Elle est alors soumise à la puissance que Platon nomme le fuseau de la Nécessité, et, s'embarquant dans ce monde, elle y prend la place qui lui est assignée par la fortune. Alors, elle est entraînée dans le mouvement circulaire du ciel, dont l'action agite, comme le ferait le vent, la nacelle dans laquelle l'âme est assise ou plutôt portée : de là naissent des spectacles variés, des transformations et des incidents divers pour l'âme qui est embarquée dans cette nacelle, soit à cause de l'agitation de la mer qui la porte, soit à cause de la conduite du passager qui monte la barque et qui y conserve sa puissance d'action. En effet toute âme placée dans les mêmes conditions n'a pas les mêmes mouvements, les mêmes volontés, les mêmes actes. Les différences naissent donc pour les êtres différents de circonstances soit semblables soit différentes, ou bien les mêmes choses leur arrivent dans des circonstances différentes. C'est en cela que consiste le Destin.
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