[3,2,3] Καὶ οὐκ ἄν τις εἰκότως οὐδὲ τούτῳ μέμψαιτο ὡς οὐ καλῷ οὐδὲ τῶν μετὰ
σώματος οὐκ ἀρίστῳ, οὐδ´ αὖ τὸν αἴτιον τοῦ εἶναι αὐτῷ αἰτιάσαιτο πρῶτον
μὲν ἐξ ἀνάγκης ὄντος αὐτοῦ καὶ οὐκ ἐκ λογισμοῦ γενομένου, ἀλλὰ φύσεως
ἀμείνονος γεννώσης κατὰ φύσιν ὅμοιον ἑαυτῇ· ἔπειτα οὐδ´ εἰ λογισμὸς εἴη ὁ
ποιήσας, αἰσχυνεῖται τῷ ποιηθέντι· ὅλον γάρ τι ἐποίησε πάγκαλον καὶ
αὔταρκες καὶ φίλον αὑτῷ καὶ τοῖς μέρεσι τοῖς αὐτοῦ τοῖς τε κυριωτέροις καὶ
τοῖς ἐλάττοσιν ὡσαύτως προσφόροις. Ὁ τοίνυν ἐκ τῶν μερῶν τὸ ὅλον
αἰτιώμενος ἄτοπος ἂν εἴη τῆς αἰτίας· τά τε γὰρ μέρη πρὸς αὐτὸ τὸ ὅλον δεῖ
σκοπεῖν, εἰ σύμφωνα καὶ ἁρμόττοντα ἐκείνῳ, τό τε ὅλον σκοπούμενον μὴ πρὸς
μέρη ἄττα μικρὰ βλέπειν. Τοῦτο γὰρ οὐ τὸν κόσμον αἰτιωμένου, ἀλλά τινα τῶν
αὐτοῦ χωρὶς λαβόντος, οἷον εἰ παντὸς ζῴου τρίχα ἢ τῶν χαμαὶ δάκτυλον
ἀμελήσας τὸν πάντα ἄνθρωπον, δαιμονίαν τινὰ ὄψιν βλέπειν, ἢ νὴ Δία τὰ ἄλλα
ζῷα ἀφεὶς τὸ εὐτελέστατον λαμβάνοι, ἢ τὸ ὅλον γένος παρείς, οἷον τὸ
ἀνθρώπου, Θερσίτην εἰς μέσον ἄγοι. Ἐπεὶ οὖν τὸ γενόμενον ὁ κόσμος ἐστὶν ὁ
σύμπας, τοῦτον θεωρῶν τάχα ἂν ἀκούσαις παρ´ αὐτοῦ, ὡς «ἐμὲ πεποίηκε θεὸς
κἀγὼ ἐκεῖθεν ἐγενόμην τέλειος ἐκ πάντων ζῴων καὶ ἱκανὸς ἐμαυτῷ καὶ
αὐτάρκης οὐδενὸς δεόμενος, ὅτι πάντα ἐν ἐμοὶ καὶ φυτὰ καὶ ζῷα καὶ
συμπάντων τῶν γενητῶν φύσις καὶ θεοὶ πολλοὶ καὶ δαιμόνων δῆμοι καὶ ψυχαὶ
ἀγαθαὶ καὶ ἄνθρωποι ἀρετῇ εὐδαίμονες. Οὐ γὰρ δὴ γῆ μὲν κεκόσμηται φυτοῖς
τε πᾶσι καὶ ζῴοις παντοδαποῖς καὶ μέχρι θαλάττης ψυχῆς ἦλθε δύναμις, ἀὴρ
δὲ πᾶς καὶ αἰθὴρ καὶ οὐρανὸς σύμπας ψυχῆς ἄμοιρος, ἀλλ´ ἐκεῖ ψυχαὶ ἀγαθαὶ
πᾶσαι, ἄστροις ζῆν διδοῦσαι καὶ τῇ εὐτάκτῳ οὐρανοῦ καὶ ἀιδίῳ περιφορᾷ νοῦ
μιμήσει κύκλῳ φερομένῃ ἐμφρόνως περὶ ταὐτὸν ἀεί· οὐδὲν γὰρ ἔξω ζητεῖ.
Πάντα δὲ τὰ ἐν ἐμοὶ ἐφίεται μὲν τοῦ ἀγαθοῦ, τυγχάνει δὲ κατὰ δύναμιν τὴν
ἑαυτῶν ἕκαστα· ἐξήρτηται γὰρ πᾶς μὲν οὐρανὸς ἐκείνου, πᾶσα δὲ ἐμὴ ψυχὴ καὶ
οἱ ἐν μέρεσιν ἐμοῖς θεοί, καὶ τὰ ζῷα δὲ πάντα καὶ φυτὰ καὶ εἴ τι ἄψυχον
δοκεῖ εἶναι ἐν ἐμοί. Καὶ τὰ μὲν τοῦ εἶναι μετέχειν δοκεῖ μόνον, τὰ δὲ τοῦ
ζῆν, τὰ δὲ μᾶλλον ἐν τῷ αἰσθάνεσθαι, τὰ δὲ ἤδη λόγον ἔχει, τὰ δὲ πᾶσαν
ζωήν. Οὐ γὰρ τὰ ἴσα ἀπαιτεῖν δεῖ τοῖς μὴ ἴσοις· οὐδὲ γὰρ δακτύλῳ τὸ
βλέπειν, ἀλλὰ ὀφθαλμῷ τοῦτο, δακτύλῳ δὲ ἄλλο, τὸ εἶναι οἶμαι δακτύλῳ καὶ
τὸ αὑτοῦ ἔχειν.»
| [3,2,3] On n'a point le droit de blâmer ce monde, de dire qu'il n'est pas
beau, qu'il n'est pas le meilleur possible des mondes corporels, ni
d'accuser la cause dont il tient l'existence. D'abord, ce monde
existe nécessairement : il n'est pas l'oeuvre d'une détermination
réfléchie ; il existe parce qu'une essence supérieure l'engendre
naturellement semblable à elle-même. Ensuite, lors même que sa création
serait le résultat d'une détermination réfléchie, elle ne saurait faire
honte à son auteur : car Dieu a fait l'univers beau, complet, harmonieux ;
il y a mis un heureux accord entre les grandes parties comme entre les
petites. Celui qui blâme l'ensemble du monde en ne considérant que ses
parties est donc injuste ; il devrait examiner les parties dans leur
rapport avec l'ensemble, voir si elles sont en accord et en harmonie avec
lui ; enfin, en étudiant l'ensemble, il devrait ne pas s'arrêter aux
moindres détails. Sinon, au lieu d'accuser le monde, il ne fait que
critiquer quelques-unes de ses parties. Il ressemble à celui qui, au lieu
de considérer l'admirable spectacle que présente l'homme pris dans son
ensemble, ne regarderait qu'un cheveu ou qu'un doigt du pied, qui dans
tous les animaux n'examinerait que le plus vil, et jugerait du genre
humain par Thersite.
Puisque l'oeuvre que nous considérons est le monde tout entier, si nous
lui prêtions l'oreille attentive de l'intelligence, nous l'entendrions
sans doute s'écrier :
« C'est un Dieu qui m'a fait, et de ses mains je suis sorti accompli,
renfermant dans mon sein tous les êtres animés, complet et me suffisant à
moi-même, n'ayant besoin de rien, puisque tout est réuni en moi, les
plantes, les animaux, la nature entière des êtres engendrés, la multitude
des dieux et la troupe des démons, les âmes excellentes, et les hommes
heureux par la vertu. Ce n'est point seulement la terre qui est
riche de plantes et d'animaux de toute espèce ; la puissance de l'Âme
s'est étendue jusqu'à la mer. L'air et le ciel tout entier ne sont pas non
plus inanimés : là aussi habitent toutes les âmes excellentes, qui
communiquent la vie aux astres et qui président à la révolution circulaire
du ciel, révolution éternelle et pleine d'harmonie, qui imite le mouvement
de l'Intelligence par le mouvement éternel et régulier des astres autour
d'un même centre, parce que le ciel n'a rien à chercher hors de
lui-même. Tous les êtres que je renferme aspirent au Bien ; tous
l'atteignent, chacun selon sa puissance. En effet, au Bien est
suspendu le ciel tout entier, mon âme tout entière, les dieux qui
habitent mes diverses parties, tous les animaux, toutes les plantes, et
tout ce que je contiens d'êtres qui paraissent inanimés. Dans cet ensemble
d'êtres, les uns semblent participer à l'existence seulement, les autres à
la vie, les autres à la sensibilité, les autres à l'intelligence, les
autres à toutes les puissances de la vie à la fois: car il ne faut
pas demander des facultés égales pour des choses inégales, par exemple, la
vue pour le doigt, puisqu'elle est propre à l'oeil ; quant au doigt, il
lui faut tout autre chose, il faut qu'il ait la forme qui lui est propre
et qu'il remplisse sa fonction. »
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