[3,2,4] Πῦρ δὲ εἰ ὑπὸ ὕδατος σβέννυται καὶ ἕτερον ὑπὸ πυρὸς φθείρεται, μὴ
θαυμάσῃς. Καὶ γὰρ εἰς τὸ εἶναι ἄλλο αὐτὸ ἤγαγεν, οὐκ ἀχθὲν ὑφ´ αὑτοῦ ὑπ´
ἄλλου ἐφθάρη, καὶ ἦλθε δὲ εἰς τὸ εἶναι ὑπ´ ἄλλου φθορᾶς, καὶ ἡ φθορὰ δὲ
αὐτῷ οὐδὲν ἂν ἡ οὕτω δεινὸν φέροι, καὶ ἀντὶ τοῦ φθαρέντος πυρὸς πῦρ ἄλλο.
Τῷ μὲν γὰρ ἀσωμάτῳ οὐρανῷ ἕκαστον μένει, ἐν δὲ τῷδε τῷ οὐρανῷ πᾶν μὲν ἀεὶ
ζῇ καὶ ὅσα τίμια καὶ κύρια μέρη, αἱ δὲ ἀμείβουσαι ψυχαὶ σώματα καὶ ἄλλοτε
ἐν ἄλλῳ εἴδει γίγνονται, καὶ ὅταν δὲ δύνηται, ἔξω γενέσεως στᾶσα ψυχὴ μετὰ
τῆς πάσης ἐστὶ ψυχῆς. Σώματα δὲ ζῇ κατ´ εἶδος καὶ καθ´ ὅλα ἕκαστα, εἴπερ
ἐξ αὐτῶν καὶ ζῷα ἔσται καὶ τραφήσεται· ζωὴ γὰρ ἐνταῦθα κινουμένη, ἐκεῖ δὲ
ἀκίνητος. Ἔδει δὲ κίνησιν ἐξ ἀκινησίας εἶναι καὶ ἐκ τῆς ἐν αὐτῇ ζωῆς τὴν
ἐξ αὐτῆς γεγονέναι ἄλλην, οἷον ἐμπνέουσαν καὶ οὐκ ἀτρεμοῦσαν ζωὴν ἀναπνοὴν
τῆς ἠρεμούσης οὖσαν. Ζῴων δὲ εἰς ἄλληλα ἀναγκαῖαι αἱ ἐπιθέσεις καὶ φθοραί·
οὐδὲ γὰρ ἀίδια ἐγίνετο. Ἐγίνετο δέ, ὅτι λόγος πᾶσαν ὕλην κατελάμβανε καὶ
εἶχεν ἐν αὑτῷ πάντα ὄντων αὐτῶν ἐκεῖ ἐν τῷ ἄνω οὐρανῷ· πόθεν γὰρ ἂν ἦλθε
μὴ ὄντων ἐκεῖ; Ἀνθρώπων δὲ εἰς ἀλλήλους ἀδικίαι ἔχοιεν μὲν ἂν αἰτίαν
ἔφεσιν τοῦ ἀγαθοῦ, ἀδυναμίᾳ δὲ τοῦ τυχεῖν σφαλλόμενοι ἐπ´ ἄλλους
τρέπονται. Ἴσχουσι δὲ ἀδικοῦντες δίκας κακυνόμενοί {3,2,τε} ταῖς ψυχαῖς
ἐνεργείαις κακίας τάττονταί τε εἰς τόπον χείρονα· οὐ γὰρ μήποτε ἐκφύγῃ
μηδὲν τὸ ταχθὲν ἐν τῷ τοῦ παντὸς νόμῳ. Ἔστι δὲ οὐ διὰ τὴν ἀταξίαν τάξις
οὐδὲ διὰ τὴν ἀνομίαν νόμος, ὥς τις οἴεται, ἵνα γένοιτο ἐκεῖνα διὰ τὰ χείρω
καὶ ἵνα φαίνοιτο, ἀλλὰ διὰ τὴν τάξιν ἐπακτὸν οὖσαν· καὶ ὅτι τάξις, ἀταξία,
καὶ διὰ τὸν νόμον καὶ τὸν λόγον καὶ ὅτι λόγος, παρανομία καὶ ἄνοια οὐ τῶν
βελτιόνων τὰ χείρω πεποιηκότων, ἀλλὰ τῶν δέχεσθαι δεομένων τὰ ἀμείνω φύσει
τῇ ἑαυτῶν ἢ συντυχίᾳ καὶ κωλύσει ἄλλων δέξασθαι οὐ δεδυνημένων. Τὸ γὰρ
ἐπακτῷ χρώμενον τάξει τοῦτο ἂν οὐ τύχοι ἢ δι´ αὐτὸ παρ´ αὐτοῦ ἢ δι´ ἄλλο
παρ´ ἄλλου· πολλὰ δὲ ὑπ´ ἄλλων πάσχει καὶ ἀκόντων τῶν ποιούντων καὶ πρὸς
ἄλλο ἱεμένων. Τὰ δὲ δι´ αὐτὰ ἔχοντα κίνησιν αὐτεξούσιον ζῷα ῥέποι ἂν ὁτὲ
μὲν πρὸς τὰ βελτίω, ὁτὲ δὲ πρὸς τὰ χείρω. Τὴν δὲ πρὸς τὰ χείρω ῥοπὴν παρά
του ζητεῖν ἴσως οὐκ ἄξιον· ὀλίγη γὰρ ῥοπὴ κατ´ ἀρχὰς γενομένη προιοῦσα
ταύτῃ πλέον καὶ μεῖζον τὸ ἁμαρτανόμενον ἀεὶ ποιεῖ· καὶ σῶμα δὲ σύνεστι καὶ
ἐξ ἀνάγκης ἐπιθυμία· καὶ παροφθὲν τὸ πρῶτον καὶ τὸ ἐξαίφνης καὶ μὴ
ἀναληφθὲν αὐτίκα καὶ αἵρεσιν εἰς ὅ τις ἐξέπεσεν εἰργάσατο. Ἕπεταί γε μὴν
δίκη· καὶ οὐκ ἄδικον τοιόνδε γενόμενον ἀκόλουθα πάσχειν τῇ διαθέσει, οὐδ´
ἀπαιτητέον τούτοις τὸ εὐδαιμονεῖν ὑπάρχειν, οἷς μὴ εἴργασται εὐδαιμονίας
ἄξια. Οἱ δ´ ἀγαθοὶ μόνοι εὐδαίμονες· διὰ τοῦτο γὰρ καὶ θεοὶ εὐδαίμονες.
| [3,2,4] Qu'on ne soit pas étonné que l'eau éteigne le feu, et que le feu
détruise lui-même un autre élément; car cet élément a été amené lui-même à
l'existence par un autre élément, et il n'est pas étonnant qu'il soit
détruit puisqu'il ne s'est pas produit lui-même et qu'il n'a été amené à
l'existence que par la destruction d'un autre élément. D'ailleurs, au
lieu du feu éteint s'allume un autre feu. Dans le ciel incorporel, tout
est permanent ; dans le ciel visible, l'ensemble est éternel, ainsi que
les parties les plus importantes et les plus belles. Les âmes, en
passant par divers corps, changent elles–mêmes en prenant telle ou telle
forme (en vertu de leur disposition); mais, quand elles le peuvent,
elles se tiennent en dehors de la génération, unies à l'Âme universelle.
Les corps sont vivants par leur forme et par le tout que chacun d'eux
constitue (par son union avec une âme), puisque ce sont des animaux et
qu'ils se nourrissent : car la vie est mobile dans le monde sensible,
immobile dans le monde intelligible. Il fallait que l'immobilité engendrât
le mouvement, que la vie qui se renferme en elle-même produisit une autre
vie, que l'être calme projetât une sorte de souffle mobile et agité.
Si les animaux s'attaquent et se détruisent mutuellement, c'est une chose
nécessaire, parce qu'ils ne sont pas nés éternels. Ils sont nés parce que
la Raison a embrassé toute la matière, et qu'elle possédait en elle–même
toutes les choses qui subsistent dans le monde intelligible. D'où
seraient-elles venues, sans cela?
Les torts que se font mutuellement les hommes peuvent avoir pour cause le
désir du Bien. Mais, égarés par l'impuissance où ils se trouvent de
l'atteindre, ils se tournent les uns contre les autres. Ils en sont punis
par la dépravation qu'introduisent dans leurs âmes de méchantes actions,
et après leur mort ils sont envoyés dans un lieu inférieur : car on ne
peut se soustraire à l'ordre établi par la Loi de l'univers. L'ordre
n'existe pas à cause du désordre, ni la loi à cause de l'illégalité, comme
quelques-uns le croient; en général, ce n'est pas à cause du pire que le
meilleur existe et se manifeste. Au contraire, le désordre n'existe
qu'à cause de l'ordre, l'illégalité qu'à cause de la loi, la déraison qu'à
cause de la raison, parce que I'ordre, la loi et la raison qu'on voit
ici-bas ne sont qu'empruntés. Ce n'est pas que le meilleur ait produit le
pire, c'est que les choses qui ont besoin de participer au meilleur en
sont empêchées, soit par leur nature, soit par accident, soit par quelque
autre obstacle. En effet, ce qui n'arrive à posséder qu'un ordre
emprunté peut en demeurer privé, soit par un défaut inhérent à sa propre
nature, soit par un obstacle étranger. Les êtres s'entravent mutuellement
sans le vouloir, en poursuivant un autre but. Les animaux dont les actions
sont libres inclinent tantôt vers le bien, tantôt vers le mal. Sans
doute, ils ne commencent pas par incliner vers le mal; mais, dès qu'il y a
une déviation légère à l'origine, plus on avance dans la mauvaise voie,
plus la faute augmente et devient grave. En outre, l'âme est unie à un
corps, et de cette union naît nécessairement la concupiscence. Or, quand
une chose nous frappe au premier aspect et à l'improviste, et que nous ne
réprimons pas immédiatement le mouvement qui se produit en nous, nous nous
laissons entraîner par l'objet vers lequel nous portait notre inclination.
Mais la peine suit la faute, et il n'est pas injuste que l'âme qui a
contracté telle ou telle nature subisse les conséquences de sa disposition
(en passant dans un corps qui lui est conforme). Il ne faut pas
réclamer le bonheur pour ceux qui n'ont rien fait pour le mériter. Les
bons seuls l'obtiennent ; et c'est pour cela que les dieux en jouissent.
|