HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Les Ennéades, III, livre II

Livre 2

  chap. 2

[3,2,2] Ὑφίσταται γοῦν ἐκ τοῦ κόσμου τοῦ ἀληθινοῦ ἐκείνου καὶ ἑνὸς κόσμος οὗτος οὐχ εἷς ἀληθῶς· πολὺς γοῦν καὶ εἰς πλῆθος μεμερισμένος καὶ ἄλλο ἀπ´ ἄλλου ἀφεστηκὸς καὶ ἀλλότριον γεγενημένον καὶ οὐκέτι φιλία μόνον, ἀλλὰ καὶ ἔχθρα τῇ διαστάσει καὶ ἐν τῇ ἐλλείψει ἐξ ἀνάγκης πολέμιον ἄλλο ἄλλῳ. Οὐ γὰρ ἀρκεῖ αὐτῷ τὸ μέρος, ἀλλὰ σῳζόμενον τῷ ἄλλῳ πολέμιόν ἐστιν ὑφ´ οὗ σῴζεται. Γέγονε δὲ οὐ λογισμῷ τοῦ δεῖν γενέσθαι, ἀλλὰ φύσεως δευτέρας ἀνάγκῃ· οὐ γὰρ ἦν τοιοῦτον ἐκεῖνο οἷον ἔσχατον εἶναι τῶν ὄντων. Πρῶτον γὰρ ἦν καὶ πολλὴν δύναμιν ἔχον καὶ πᾶσαν· καὶ ταύτην τοίνυν τὴν τοῦ ποιεῖν ἄλλο ἄνευ τοῦ ζητεῖν ποιῆσαι. Ἤδη γὰρ ἂν αὐτόθεν οὐκ εἶχεν, εἰ ἐζήτει, οὐδ´ ἂν ἦν ἐκ τῆς αὐτοῦ οὐσίας, ἀλλ´ ἦν οἷον τεχνίτης ἀπ´ αὐτοῦ τὸ ποιεῖν οὐκ ἔχων, ἀλλ´ ἐπακτόν, ἐκ τοῦ μαθεῖν λαβὼν τοῦτο. Νοῦς τοίνυν δούς τι ἑαυτοῦ εἰς ὕλην ἀτρεμὴς καὶ ἥσυχος τὰ πάντα εἰργάζετο· οὗτος δὲ λόγος ἐκ νοῦ ῥυείς. Τὸ γὰρ ἀπορρέον ἐκ νοῦ λόγος, καὶ ἀεὶ ἀπορρεῖ, ἕως ἂν παρὼν ἐν τοῖς οὖσι νοῦς. Ὥσπερ δὲ ἐν λόγῳ τῷ ἐν σπέρματι ὁμοῦ πάντων καὶ ἐν τῷ αὐτῷ ὄντων καὶ οὐδενὸς οὐδενὶ μαχομένου οὐδὲ διαφερομένου οὐδὲ ἐμποδίου ὄντος, γίνεταί τι ἤδη ἐν ὄγκῳ καὶ ἄλλο μέρος ἀλλαχοῦ καὶ δὴ καὶ ἐμποδίσειεν ἂν ἕτερον ἑτέρῳ καὶ ἀπαναλώσειεν ἄλλο ἄλλο, οὕτω δὴ καὶ ἐξ ἑνὸς νοῦ καὶ τοῦ ἀπ´ αὐτοῦ λόγου ἀνέστη τόδε τὸ πᾶν καὶ διέστη καὶ ἐξ ἀνάγκης τὰ μὲν ἐγένετο φίλα καὶ προσηνῆ, τὰ δὲ ἐχθρὰ καὶ πολέμια, καὶ τὰ μὲν ἑκόντα, τὰ δὲ καὶ ἄκοντα ἀλλήλοις ἐλυμήνατο καὶ φθειρόμενα θάτερα γένεσιν ἄλλοις εἰργάσατο, καὶ μίαν ἐπ´ αὐτοῖς τοιαῦτα ποιοῦσι καὶ πάσχουσιν ὅμως ἁρμονίαν ἐνεστήσατο φθεγγομένων μὲν ἑκάστων τὰ αὑτῶν, τοῦ δὲ λόγου ἐπ´ αὐτοῖς τὴν ἁρμονίαν καὶ μίαν τὴν σύνταξιν εἰς τὰ ὅλα ποιουμένου. Ἔστι γὰρ τὸ πᾶν τόδε οὐχ ὥσπερ ἐκεῖ νοῦς καὶ λόγος, ἀλλὰ μετέχον νοῦ καὶ λόγου. Διὸ καὶ ἐδεήθη ἁρμονίας συνελθόντος νοῦ καὶ ἀνάγκης, τῆς μὲν πρὸς τὸ χεῖρον ἑλκούσης καὶ εἰς ἀλογίαν φερούσης ἅτε οὐκ οὔσης λόγου, ἄρχοντος δὲ νοῦ ὅμως ἀνάγκης. μὲν γὰρ νοητὸς μόνον λόγος, καὶ οὐκ ἂν γένοιτο ἄλλος μόνον λόγος· εἰ δέ τι ἐγένετο ἄλλο, ἔδει ἔλαττον ἐκείνου καὶ μὴ λόγον, μηδ´ αὖ ὕλην τινά· ἄκοσμον γάρ· μικτὸν ἄρα. Καὶ εἰς μὲν λήγει, ὕλη καὶ λόγος, ὅθεν δὲ ἄρχεται, ψυχὴ ἐφεστῶσα τῷ μεμιγμένῳ, ἣν οὐ κακοπαθεῖν δεῖ νομίζειν ῥᾷστα διοικοῦσαν τόδε τὸ πᾶν τῇ οἷον παρουσίᾳ. [3,2,2] C'est de ce monde véritable et un que tire son existence le monde sensible qui n'est point véritablement un : il est en effet multiple et divisé en une pluralité de parties qui sont séparées les unes des autres et étrangères entre elles. Ce n'est plus l'amitié qui y règne, c'est plutôt la haine, produite par la séparation de choses que leur état d'imperfection rend ennemies les unes des autres. La partie ne se suffit pas à elle-même ; conservée par une autre chose, elle n'en est pas moins l'ennemie de la chose qui la conserve. Le monde sensible a été créé, non parce que Dieu a réfléchi qu'il fallait le créer, mais parce qu'il était nécessaire qu'il y eût une nature inférieure au monde intelligible, qui, étant parfait, ne pouvait être le dernier degré de l'existence : il occupait le premier rang, il avait une puissance grande, universelle, capable de créer sans délibération (car il n'eût pas possédé par lui-même la puissance de créer s'il lui eût fallu délibérer ; il ne l'eût pas possédée par son essence ; il eût ressemblé à un artisan qui n'a pas par lui-même le pouvoir de créer, mais qui l'acquiert en apprenant à travailler). En donnant quelque chose d'elle-même à la matière, l'Intelligence a tout produit sans sortir de son repos ni de sa quiétude. Or, ce qu'elle donne, c'est la Raison, parce que la Raison est l'émanation de l'Intelligence, émanation aussi durable que l'existence même de l'Intelligence. Dans une raison séminale (g-logos g-en g-toh g-spermati), toutes les parties existent unies ensemble, sans qu'aucune en combatte une autre, ni soit en désaccord avec elle ou lui fasse obstacle, et cette raison fait passer quelque chose d'elle-même dans la masse corporelle où les parties sont séparées les unes des autres, se font obstacle et se détruisent mutuellement ; de même, de l'Intelligence qui est une et de la Raison qui en procède est sorti cet univers dont les parties sont séparées et éloignées les unes des autres, par conséquent, les unes amies et alliées entre elles, les autres contraires et ennemies; aussi se détruisent-elles les unes les autres, soit volontairement, soit involontairement, et, par cette destruction, elles opèrent. mutuellement leur génération. Dieu a disposé leurs actions et leurs passions de telle sorte que toutes concourent à former une harmonie unique en rendant chacune le son qui lui est propre, parce que la Raison qui les domine produit dans l'ensemble l'ordre et l'harmonie. Le monde sensible n'a pas la perfection de l'Intelligence et de la Raison ; il participe seulement. Aussi a-t-il eu besoin d'harmonie, parce qu'il a été formé par le concours de l'Intelligence et de la nécessité. La nécessité pousse le monde sensible au mal et à ce qui est irrationnel, parce qu'elle est elle-même irrationnelle; mais l'Intelligence domine la nécessité. Le monde intelligible est uniquement Raison ; nul autre ne saurait être tel. Le monde qui est né de lui devait lui être inférieur, et n'être ni uniquement Raison, ni uniquement matière : car, avec la matière seule, il n'y avait pas d'ordre possible. Le monde sensible est donc un mélange de la matière et de la Raison : ce sont là les éléments dont il se compose. Quant au principe dont il procède, c'est l'Âme qui préside au composé; il ne faut pas d'ailleurs croire que ce soit un travail pour l'Âme : car elle administre facilement l'univers par sa seule présence.


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Dernière mise à jour : 7/06/2007