[3,2] Μέχρι μὲν οὖν τούτων ἐλθόντα ἀναπαύσασθαι καὶ πρὸς τὸ ἄνω μὴ ἐθελῆσαι
χωρεῖν ῥᾳθύμου ἴσως καὶ οὐ κατακούοντος τῶν ἐπὶ τὰ πρῶτα καὶ ἐπὶ τὰ
ἐπέκεινα αἴτια ἀνιόντων. Διὰ τί γὰρ τῶν αὐτῶν γενομένων, οἷον τῆς σελήνης
φανείσης, ὁ μὲν ἥρπασεν, ὁ δ' οὔ; Καὶ τῶν ὁμοίων ἐκ τοῦ περιέχοντος
ἡκόντων ὁ μὲν ἐνόσησεν, ὁ δ' οὔ; Καὶ πλούσιος, ὁ δὲ πένης ἐκ τῶν αὐτῶν
ἔργων; Καὶ τρόποι δὴ καὶ ἤθη διάφορα καὶ τύχαι ἐπὶ τὰ πόρρω ἀξιοῦσιν
ἰέναι· καὶ οὕτω δὴ ἀεὶ οὐχ ἱστάμενοι οἱ μὲν ἀρχὰς σωματικὰς θέμενοι, οἷον
ἀτόμους, τῇ τούτων φορᾷ καὶ πληγαῖς καὶ συμπλοκαῖς πρὸς ἄλληλα ἕκαστα
ποιοῦντες καὶ οὕτως ἔχειν καὶ γίνεσθαι, ᾗ ἐκεῖνα συνέστη ποιεῖ τε καὶ
πάσχει, καὶ τὰς ἡμετέρας ὁρμὰς καὶ διαθέσεις ταύτῃ ἔχειν, ὡς ἂν ἐκεῖναι
ποιῶσιν, ἀνάγκην ταύτην καὶ τὴν παρὰ τούτων εἰς τὰ ὄντα εἰσάγουσι. Κἂν
ἄλλα δέ τις σώματα ἀρχὰς διδῷ καὶ ἐκ τούτων τὰ πάντα γίνεσθαι, τῇ παρὰ
τούτων ἀνάγκῃ δουλεύειν ποιεῖ τὰ ὄντα. Οἱ δ' ἐπὶ τὴν τοῦ παντὸς ἀρχὴν
ἐλθόντες ἀπ' αὐτῆς κατάγουσι πάντα, διὰ πάντων φοιτήσασαν αἰτίαν καὶ
ταύτην οὐ μόνον κινοῦσαν, ἀλλὰ καὶ ποιοῦσαν ἕκαστα λέγοντες, εἱμαρμένην
ταύτην καὶ κυριωτάτην αἰτίαν θέμενοι, αὐτὴν οὖσαν τὰ πάντα· οὐ μόνον τὰ
ἄλλα, ὅσα γίνεται, ἀλλὰ καὶ τὰς ἡμετέρας διανοήσεις ἐκ τῶν ἐκείνης ἰέναι
κινημάτων, οἷον ζῴου μορίων κινουμένων ἑκάστων οὐκ ἐξ αὑτῶν, ἐκ δὲ τοῦ
ἡγεμονοῦντος ἐν ἑκάστῳ τῶν ζῴων. Ἄλλοι δὲ τὴν τοῦ παντὸς φορὰν περιέχουσαν
καὶ πάντα ποιοῦσαν τῇ κινήσει καὶ ταῖς τῶν ἄστρων πλανωμένων τε καὶ
ἀπλανῶν σχέσεσι καὶ σχηματισμοῖς πρὸς ἄλληλα, ἀπὸ τῆς ἐκ τούτων προρρήσεως
πιστούμενοι, ἕκαστα ἐντεῦθεν γίνεσθαι ἀξιοῦσι. Καὶ μὴν καὶ τὴν τῶν αἰτίων
ἐπιπλοκὴν πρὸς ἄλληλα καὶ τὸν ἄνωθεν εἱρμὸν καὶ τὸ ἕπεσθαι τοῖς προτέροις
ἀεὶ τὰ ὕστερα καὶ ταῦτα ἐπ' ἐκεῖνα ἀνιέναι δι' αὐτῶν γενόμενα καὶ ἄνευ
ἐκείνων οὐκ ἂν γενόμενα, δουλεύειν δὲ τοῖς πρὸ αὐτῶν τὰ ὕστερα, ταῦτα εἴ
τις λέγοι, εἱμαρμένην ἕτερον τρόπον εἰσάγων φανεῖται. Διττοὺς δ' ἄν τις
θέμενος καὶ τούτους οὐκ ἂν τοῦ ἀληθοῦς ἀποτυγχάνοι. Οἱ μὲν γὰρ ἀφ' ἑνός
τινος τὰ πάντα ἀναρτῶσιν, οἱ δὲ οὐχ οὕτω. Λεχθήσεται δὲ περὶ τούτων. Νῦν
δ' ἐπὶ τοὺς πρώτους ἰτέον τῷ λόγῳ· εἶτ' ἐφεξῆς τὰ τῶν ἄλλων ἐπισκεπτέον.
| [3,2] S'arrêter une fois qu'on est arrivé à ces causes, et ne pas vouloir
remonter plus haut, c'est montrer de la paresse d'esprit, c'est ne pas écouter les sages
qui enseignent à s'élever aux causes premières, aux principes suprêmes. Pourquoi, en
effet, dans les mêmes circonstances, dans la pleine lune, par exemple, celui-ci a-t-il
volé et celui-là ne l'a-t-il pas fait? Pourquoi, sous la même influence du ciel, l'un a-t-il
été malade, et l'autre ne l'a-t-il pas été? Pourquoi celui-là s'est-il enrichi et cet autre
s'est-il appauvri en employant les mêmes moyens? La diversité des mœurs, des
caractères, des fortunes nous enseigne à chercher des causes plus éloignées. Aussi,
les philosophes ne se sont-ils jamais arrêtés {aux causes prochaines}. Les uns qui
admettent des principes matériels, tels que les atomes, et qui expliquent tout par leur
mouvement, leurs chocs, leurs combinaisons, prétendent que tout ce qui existe et tout
ce qui arrive a pour cause l'agencement de ces atomes, leurs actions et leurs passions.
Bien plus, dans cette théorie, nos appétits et nos dispositions dépendent des atomes.
Ces philosophes étendent donc à tout ce qui existe la nécessité qui se trouve dans la
nature de ces principes et dans leurs effets. Quant à ceux qui adoptent d'autres
principes corporels et qui leur rapportent tout, ils soumettent encore de cette
manière les êtres à la nécessité {qui est inhérente à ces principes corporels}. Il en est
d'autres qui, s'élevant jusqu'au principe de l'univers, en font tout dériver : ils
disent que ce principe pénètre tout, meut tout, produit tout. Ils le nomment le Destin
(g-eimarmeneh), la Cause suprême (g-kuriohtateh g-aitia). Ils lui rapportent tout ; ils font naître
de ses mouvements, non seulement les choses qui deviennent, mais nos pensées
mêmes : c'est ainsi que les membres d'un animal ne se meuvent pas par eux–mêmes,
mais reçoivent l'impulsion du principe dirigeant (g-to g-hehgemonou) qui est en eux.
Quelques-uns expliquent tout par le mouvement circulaire du ciel, par les
positions relatives des planètes et des étoiles, et par les figures qu'elles forment entre
elles. Ils se fondent sur ce qu'on a coutume d'en tirer des conjectures pour l'avenir. Il
en est encore qui définissent le Destin d'une autre manière : Le Destin, disent-ils,
consiste dans l'enchaînement des causes (g-heh g-tohn g-aitiohn g-epiplokeh g-pros g-allehla),
dans leur connexion qui remonte à l'infini (g-ho g-anohthen g-eirmos) et par laquelle tout fait
postérieur est la conséquence d'un fait antérieur. Ainsi les choses qui suivent se rapportent à
celles qui précèdent, en sont les effets et en dépendent nécessairement.
Il y a d'ailleurs parmi ces philosophes deux manières de concevoir le Destin : les uns
veulent que tout dépende d'un seul principe, les autres rejettent cette opinion. Nous
en parlerons plus loin. Nous allons commencer par examiner le système dont nous
avons parlé en premier; nous passerons ensuite aux autres.
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