[3,3] Σώμασι μὲν οὖν ἐπιτρέψαι τὰ πάντα εἴτε ἀτόμοις εἴτε τοῖς στοιχείοις
καλουμένοις καὶ τῇ ἐκ τούτων ἀτάκτως φορᾷ τάξιν καὶ λόγον καὶ ψυχὴν τὴν
ἡγουμένην γεννᾶν ἀμφοτέρως μὲν ἄτοπον καὶ ἀδύνατον, ἀδυνατώτερον δέ, εἰ
οἷόν τε λέγειν, τὸ ἐξ ἀτόμων. Καὶ περὶ τούτων πολλοὶ εἴρηνται λόγοι
ἀληθεῖς. Εἰ δὲ δὴ καὶ θεῖτό τις τοιαύτας ἀρχάς, οὐδ' οὕτως ἀναγκαῖον οὔτε
τὴν κατὰ πάντων ἀνάγκην οὔτε τὴν ἄλλως εἱμαρμένην ἕπεσθαι. Φέρε γὰρ πρῶτον
τὰς ἀτόμους εἶναι. Αὗται τοίνυν κινήσονται τὴν μὲν εἰς τὸ κάτω - ἔστω γάρ
τι κάτω - τὴν δ' ἐκ πλαγίων, ὅπῃ ἔτυχεν, ἄλλαι κατ' ἄλλα. Οὐδὲν δὴ τακτῶς
τάξεώς γε οὐκ οὔσης, τὸ δὲ γενόμενον τοῦτο, ὅτε γέγονε, πάντως. Ὥστε οὔτε
πρόρρησις οὔτε μαντικὴ τὸ παράπαν ἂν εἴη, οὔτε ἥτις ἐκ τέχνης - πῶς γὰρ
ἐπὶ τοῖς ἀτάκτοις τέχνη; - οὔτε ἥτις ἐξ ἐνθουσιασμοῦ καὶ ἐπιπνοίας· δεῖ
γὰρ καὶ ἐνταῦθα ὡρισμένον τὸ μέλλον εἶναι. Καὶ σώμασι μὲν ἔσται παρὰ τῶν
ἀτόμων πάσχειν πληττομένοις, ἅπερ ἂν ἐκεῖναι φέρωσιν, ἐξ ἀνάγκης· τὰ δὲ δὴ
ψυχῆς ἔργα καὶ πάθη τίσι κινήσεσι τῶν ἀτόμων ἀναθήσει τις; Ποίᾳ γὰρ πληγῇ
ἢ κάτω φερομένης ἢ ὁπουοῦν προσκρουούσης ἐν λογισμοῖς τοιοῖσδε ἢ ὁρμαῖς
τοιαῖσδε ἢ ὅλως ἐν λογισμοῖς ἢ ὁρμαῖς ἢ κινήσεσιν ἀναγκαίαις εἶναι ἢ ὅλως
εἶναι; Ὅταν δὲ δὴ ἐναντιῶται ψυχὴ τοῖς τοῦ σώματος παθήμασι; Κατὰ ποίας δὲ
φορὰς ἀτόμων ὁ μὲν γεωμετρικὸς ἀναγκασθήσεται εἶναι, ὁ δὲ ἀριθμητικὴν καὶ
ἀστρονομίαν ἐπισκέψεται, ὁ δὲ σοφὸς ἔσται; Ὅλως γὰρ τὸ ἡμέτερον ἔργον καὶ
τὸ ζῴοις εἶναι ἀπολεῖται φερομένων ᾗ τὰ σώματα ἄγει ὠθοῦντα ἡμᾶς ὥσπερ
ἄψυχα σώματα. Τὰ αὐτὰ δὲ ταῦτα καὶ πρὸς τοὺς ἕτερα σώματα αἴτια τῶν πάντων
τιθεμένους, καὶ ὅτι θερμαίνειν μὲν καὶ ψύχειν ἡμᾶς καὶ φθείρειν δὲ τὰ
ἀσθενέστερα δύναται ταῦτα, ἔργον δὲ οὐδὲν τῶν ὅσα ψυχὴ ἐργάζεται παρὰ
τούτων ἂν γίγνοιτο, ἀλλ' ἀφ' ἑτέρας δεῖ ταῦτα ἀρχῆς ἰέναι.
| [3,3] Rapporter tout à des causes corporelles, qu'on les appelle, soit atomes, soit éléments,
et de leur mouvement désordonné faire naître l'ordre, la raison, et l'âme qui dirige {le corps},
c'est une chose absurde et impossible dans l'une comme dans l'autre hypothèse ;
cependant, faire tout naître des atomes est, si je puis m'exprimer ainsi, plus
impossible encore. Aussi a-t-on fait à ce système beaucoup d'objections parfaitement
fondées. D'abord, en admettant de pareils principes, leur existence n'a pas pour
conséquence inévitable la nécessité de toutes choses ni la fatalité. Supposons en effet
qu'il y ait des atomes : les uns se mouvront vers le bas (en supposant qu'il y ait un
haut et un bas dans l'univers), les autres dans une direction oblique, ou au hasard,
dans divers sens. Il n'y aura rien de déterminé puisqu'il n'y aura pas d'ordre. Il n'y
aura de déterminé que ce qui naîtra des atomes. Il sera donc impossible de deviner et
de prédire les événements, soit par art (comment en effet pourrait-il y avoir de l'art
au milieu de choses sans ordre?), soit par enthousiasme et par inspiration divine :
car il faut pour cela que l'avenir soit déterminé. Les corps obéiront, il est vrai, aux
impulsions que les atomes leur donneront nécessairement ; mais, pour les opérations
et les affections de l'âme, comment les expliquer par des mouvements d'atomes?
Comment le choc des atomes, qu'il ait lieu par une chute verticale ou par un
mouvement oblique, peut-il produire dans l'âme tels raisonnements, tels appétits,
soit nécessairement, soit de toute autre manière ? Comment se fait-il que l'âme
résiste aux impulsions du corps? Par quel concours des atomes arrive-t-il que celui-ci
soit géomètre, celui-là arithméticien et astronome, cet autre philosophe? Car, dans
cette doctrine, nous ne produisons aucun acte qui nous appartienne, nous ne sommes
même plus des êtres vivants, puisque nous subissons l'impulsion de corps qui nous
entraînent comme des choses inanimées. La doctrine des philosophes qui expliquent
tout par d'autres causes corporelles {par les éléments} est sujette aux mêmes
objections. Des principes de nature inférieure peuvent bien nous échauffer, nous
refroidir, nous faire périr même ; mais ils ne sauraient engendrer aucune des
opérations que produit l'âme : celles-ci ont une tout autre cause.
|