[3,1] Ἅπαντα τὰ γινόμενα καὶ τὰ ὄντα ἤτοι κατ' αἰτίας γίνεται τὰ γινόμενα
καὶ ἔστι τὰ ὄντα, ἢ ἄνευ αἰτίας ἄμφω· ἢ τὰ μὲν ἄνευ αἰτίας, τὰ δὲ μετ'
αἰτίας ἐν ἀμφοτέροις· ἢ τὰ μὲν γινόμενα μετ' αἰτίας πάντα, τὰ δὲ ὄντα τὰ
μὲν αὐτῶν ἐστι μετ' αἰτίας, τὰ δ' ἄνευ αἰτίας, ἢ οὐδὲν μετ' αἰτίας· ἢ
ἀνάπαλιν τὰ μὲν ὄντα μετ' αἰτίας πάντα, τὰ δὲ γινόμενα τὰ μὲν οὕτως, τὰ δὲ
ἐκείνως, ἢ οὐδὲν αὐτῶν μετ' αἰτίας. Ἐπὶ μὲν οὖν τῶν ἀιδίων τὰ μὲν πρῶτα
εἰς ἄλλα αἴτια ἀνάγειν οὐχ οἷόν τε πρῶτα ὄντα· ὅσα δὲ ἐκ τῶν πρώτων
ἤρτηται, ἐξ ἐκείνων τὸ εἶναι ἐχέτω. Τάς τε ἐνεργείας ἑκάστων ἀποδιδούς τις
ἐπὶ τὰς οὐσίας ἀναγέτω· τοῦτο γάρ ἐστι τὸ εἶναι αὐτῷ, τὸ τοιάνδε ἐνέργειαν
ἀποδιδόναι. Περὶ δὲ τῶν γινομένων ἢ ὄντων μὲν ἀεί, οὐ τὴν αὐτὴν δὲ
ἐνέργειαν ποιουμένων ἀεὶ κατ' αἰτίας ἅπαντα λεκτέον γίνεσθαι, τὸ δ'
ἀναίτιον οὐ παραδεκτέον, οὔτε παρεγκλίσεσι κεναῖς χώραν διδόντα οὔτε
κινήσει σωμάτων τῇ ἐξαίφνης, ἣ οὐδενὸς προηγησαμένου ὑπέστη, οὔτε ψυχῆς
ὁρμῇ ἐμπλήκτῳ μηδενὸς κινήσαντος αὐτὴν εἰς τό τι πρᾶξαι ὧν πρότερον οὐκ
ἐποίει. Ἢ αὐτῷ γε τούτῳ μείζων ἄν τις ἔχοι αὐτὴν ἀνάγκη τὸ μὴ αὐτῆς εἶναι,
φέρεσθαι δὲ τὰς τοιαύτας φορὰς ἀβουλήτους τε καὶ ἀναιτίους οὔσας. Ἢ γὰρ τὸ
βουλητόν - τοῦτο δὲ ἢ ἔξω ἢ εἴσω - ἢ τὸ ἐπιθυμητὸν ἐκίνησεν· ἤ, εἰ μηδὲν
ὀρεκτὸν ἐκίνησεν, {ἢ} οὐδ' ἂν ὅλως ἐκινήθη. Γιγνομένων δὲ πάντων κατ'
αἰτίας τὰς μὲν προσεχεῖς ἑκάστῳ ῥᾴδιον λαβεῖν καὶ εἰς ταύτας ἀνάγειν· οἷον
τοῦ βαδίσαι εἰς ἀγορὰν τὸ οἰηθῆναι δεῖν τινα ἰδεῖν ἢ χρέος ἀπολαβεῖν· καὶ
ὅλως τοῦ τάδε ἢ τάδε ἑλέσθαι καὶ ὁρμῆσαι ἐπὶ τάδε τὸ φανῆναι ἑκάστῳ ταδὶ
ποιεῖν. Καὶ τὰ μὲν ἐπὶ τὰς τέχνας ἀνάγειν· τοῦ ὑγιάσαι ἡ ἰατρικὴ καὶ ὁ
ἰατρός. Καὶ τοῦ πλουτῆσαι θησαυρὸς εὑρεθεὶς ἢ δόσις παρά του ἢ ἐκ πόνων ἢ
τέχνης χρηματίσασθαι. Καὶ τοῦ τέκνου ὁ πατὴρ καὶ εἴ τι συνεργὸν ἔξωθεν εἰς
παιδοποιίαν ἄλλο παρ' ἄλλου ἧκον· οἷον σιτία τοιάδε ἢ καὶ ὀλίγῳ προσώτερα
εὔρους εἰς παιδοποιίαν γονὴ ἢ γυνὴ ἐπιτήδειος εἰς τόκους. Καὶ ὅλως εἰς φύσιν.
| [3,1] Ou toutes les choses qui deviennent et toutes celles qui existent ont également
une cause, les unes de leur devenir,
les autres de leur existence ; ou les unes et les autres n'ont également pas de
cause ; ou, dans les premières ainsi bien que dans les secondes, quelques-unes ont
une cause, et d'autres n'en ont pas ; ou les choses qui deviennent ont une cause,
tandis que celles qui existent, en partie ont une cause, en partie n'en ont pas ; ou
aucune des choses qui existent n'a de cause ; ou bien, au contraire, toutes les choses
qui existent ont une cause, tandis que celles qui deviennent, en partie ont une cause,
en partie n'en ont pas ; ou enfin aucune des choses qui deviennent n'a de cause.
D'abord, dans l'ordre des choses qui existent toujours, les essences qui occupent le
premier rang ne peuvent être ramenées à d'autres causes, puisqu'elles sont
premières. Quant aux essences qui dépendent des essences premières, admettons
qu'elles en tiennent aussi l'existence. Il faut en outre rapporter à chaque essence
l'acte qu'elle produit : car, pour une essence, exister, c'est produire tel acte. Ensuite,
dans l'ordre des choses qui deviennent, ou qui, bien qu'elles existent toujours, ne
produisent pas toujours le même acte, on peut affirmer hardiment que tout a une
cause. Il ne faut pas admettre que quelque chose arrive sans cause, ni laisser le
champ libre aux déclinaisons arbitraires des atomes (g-paregkliseis), ni croire que
les corps entrent en mouvement soudainement et sans raison déterminante, ni
supposer que l'âme entreprenne de faire une action par une détermination aveugle
(g-hormeh g-emplektoh) et sans aucun motif. C'est la soumettre à la nécessité la plus
pesante que de supposer qu'elle ne s'appartienne pas, qu'elle puisse être entraînée
par des mouvements involontaires et agir sans aucun motif. Il faut que la volonté soit
excitée ou que la concupiscence soit éveillée par quelque stimulant intérieur ou
extérieur. Point de motif, point de détermination. Si tout ce qui arrive a une
cause, nous pouvons découvrir les causes prochaines de chaque fait et rapporter ce
fait à ces causes. Si l'on se rend à la place publique, c'est qu'on a, par exemple, une
personne à y voir ou une créance à recouvrer. En général, toutes les fois qu'on prend
une détermination, qu'on accomplit un acte, on a un motif, on croit bien faire. Il est
certains faits que nous rapportons aux arts comme à leurs causes, le rétablissement
de la santé, par exemple, à la médecine et au médecin. Un homme s'est-il enrichi,
c'est qu'il a trouvé un trésor ou reçu quelque libéralité, qu'il a travaillé ou exercé
quelque profession lucrative. La naissance d'un enfant a pour cause son père et le
concours des circonstances extérieures qui ont favorisé sa procréation par suite de
l'enchaînement des causes et des effets, par exemple une certaine nourriture, ou bien
encore une cause plus éloignée, la fécondité de la mère. La cause générale, c'est la Nature.
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