[2,9,12] Καὶ ἄρτι γενόμενον πῶς ἐπιχειρεῖ; Μνήμῃ ὧν εἶδεν. Ἀλλ´ ὅλως οὐκ ἦν,
ἵνα ἂν καὶ εἶδεν, οὔτε αὐτὸς οὔτε ἡ μήτηρ, ἣν διδόασιν αὐτῷ. Εἶτα πῶς οὐ
θαυμαστὸν αὐτοὺς μὲν οὐκ εἴδωλα ψυχῶν ἐνθάδε ἐλθόντας εἰς τὸν κόσμον
τόνδε, ἀλλὰ ἀληθινὰς ψυχάς, μόλις καὶ ἀγαπητῶς ἕνα ἢ δύο αὐτῶν ἐκ τοῦ
κόσμου κινηθῆναι 〈καὶ〉 ἐλθόντας εἰς ἀνάμνησιν μόλις ἀναπόλησιν λαβεῖν ὧν
ποτε εἶδον, τὸ δὲ εἴδωλον τοῦτο, εἰ καὶ ἀμυδρῶς, ὡς λέγουσιν, ἀλλ´ οὖν
ἄρτι γενόμενον ἐνθυμηθῆναι ἐκεῖνα ἢ καὶ τὴν μητέρα αὐτοῦ, εἴδωλον ὑλικόν,
καὶ μὴ μόνον ἐνθυμηθῆναι ἐκεῖνα καὶ κόσμου 〈ἐκείνου〉 λαβεῖν ἔννοιαν καὶ
{κόσμου ἐκείνου}, ἀλλὰ καὶ μαθεῖν ἐξ ὧν ἂν γένοιτο; Πόθεν δὴ καὶ πρῶτον
πῦρ ποιῆσαι; Οἰηθέντα δεῖν τοῦτο πρῶτον; Διὰ τί γὰρ οὐκ ἄλλο; Ἀλλ´ εἰ
ἐδύνατο ποιεῖν ἐνθυμηθεὶς πῦρ, διὰ τί ἐνθυμηθεὶς κόσμον - πρῶτον μὲν γὰρ
ἔδει ἐνθυμηθῆναι τὸ ὅλον - οὐ κόσμον ἀθρόως ἐποίει; Ἐμπεριείχετο γὰρ
κἀκεῖνα ἐν τῇ ἐνθυμήσει. Φυσικώτερον γὰρ πάντως, ἀλλ´ οὐχ ὡς αἱ τέχναι
ἐποίει· ὕστεραι γὰρ τῆς φύσεως καὶ τοῦ κόσμου αἱ τέχναι. Ἐπεὶ καὶ νῦν καὶ
τὰ κατὰ μέρος γινόμενα ὑπὸ τῶν φύσεων οὐ πρῶτον πῦρ, εἶθ´ ἕκαστον, εἶτα
φύρασις τούτων, ἀλλὰ περιβολὴ καὶ περιγραφὴ τυποῦσα ἐπὶ τοῖς καταμηνίοις
παντὸς τοῦ ζῴου. Διὰ τί οὖν οὐ κἀκεῖ ἡ ὕλη περιεγράφετο τύπῳ κόσμου, ἐν ᾧ
τύπῳ καὶ γῆ καὶ πῦρ καὶ τὰ ἄλλα; Ἀλλ´ ἴσως αὐτοὶ οὕτω κόσμον ἐποίησαν ὡς
ἂν ἀληθεστέρᾳ ψυχῇ χρώμενοι, ἐκεῖνος δὲ οὕτως ἠγνόει ποιῆσαι. Καίτοι
προιδεῖν καὶ μέγεθος οὐρανοῦ, μᾶλλον δὲ τοσοῦτον εἶναι, καὶ τὴν λόξωσιν
τῶν ζῳδίων καὶ τῶν ὑπ´ αὐτὸν τὴν φορὰν καὶ τὴν γῆν οὕτως, ὡς ἔχειν εἰπεῖν
αἰτίας δι´ ἃς οὕτως, οὐκ εἰδώλου ἦν, ἀλλὰ πάντως ἀπὸ τῶν ἀρίστων τῆς
δυνάμεως ἐλθούσης· ὃ καὶ αὐτοὶ ἄκοντες ὁμολογοῦσιν. Ἡ γὰρ ἔλλαμψις ἡ εἰς
τὸ σκότος ἐξετασθεῖσα ποιήσει ὁμολογεῖν τὰς ἀληθεῖς τοῦ κόσμου αἰτίας. Τί
γὰρ ἐλλάμπειν ἔδει, εἰ μὴ πάντως ἔδει; Ἢ γὰρ κατὰ φύσιν ἢ παρὰ φύσιν
ἀνάγκη. Ἀλλ´ εἰ μὲν κατὰ φύσιν, ἀεὶ οὕτως· εἰ δὲ παρὰ φύσιν, καὶ ἐν τοῖς
ἐκεῖ ἔσται τὸ παρὰ φύσιν, καὶ τὰ κακὰ πρὸ τοῦ κόσμου τοῦδε, καὶ οὐχ ὁ
κόσμος αἴτιος τῶν κακῶν, ἀλλὰ τἀκεῖ τούτῳ, καὶ τῇ ψυχῇ οὐκ ἐντεῦθεν, ἀλλὰ
παρ´ αὐτῆς ἐνταῦθα· καὶ ἥξει ὁ λόγος ἀναφέρων τὸν κόσμον ἐπὶ τὰ πρῶτα. Εἰ
δὲ δή, καὶ ἡ ὕλη, ὅθεν φανείη. Ἡ γὰρ ψυχὴ ἡ νεύσασα ἤδη ὂν τὸ σκότος,
φασίν, εἶδε καὶ κατέλαμψε. Πόθεν οὖν τοῦτο; Εἰ δ´ αὐτὴν φήσουσι ποιῆσαι
νεύσασαν, οὐκ ἦν δηλονότι ὅπου ἂν ἔνευσεν, οὐδ´ αὐτὸ τὸ σκότος αἴτιον τῆς
νεύσεως, ἀλλ´ αὐτὴ ἡ ψυχῆς φύσις. Τοῦτο δὲ ταὐτὸν ταῖς προηγησαμέναις
ἀνάγκαις· ὥστε ἐπὶ τὰ πρῶτα ἡ αἰτία.
| [2,9,12] Comment cette Image nouvellement formée {le Démiurge} a-t-elle entrepris de créer par le souvenir des choses qu'elle connaissait? Car précédemment elle n'existait pas, par conséquent, ne pouvait rien connaître, non plus que la mère qu'on lui donne {la Sagesse}. N'est-il pas d'ailleurs étonnant que, quoique les Gnostiques ne soient pas descendus sur la terre comme des images d'âmes, mais comme de véritables âmes, cependant à peine un ou deux d'entre eux parviennent à se détacher du monde {sensible}, et, en recueillant leurs souvenirs, à se rappeler quelques-unes des choses qu'ils connaissaient antérieurement; tandis que cette Image {le Démiurge}, aussi bien que sa mère {la Sagesse}, qui est une image matérielle, a été capable de concevoir les choses intelligibles faiblement, comme disent les Gnostiques, mais dès sa naissance? Non seulement elle a conçu les choses intelligibles et s'est formé une idée du monde sensible d'après le monde intelligible, mais, encore elle a su avec quels éléments elle devait produire le monde sensible. Pourquoi a-t-elle créé d'abord le feu ? Sans doute elle a jugé qu'il fallait commencer par lui : car pourquoi n'a-t-elle pas commencé par un autre élément? Si elle a pu produire le feu parce qu'elle en avait la conception, pourquoi, ayant la conception du monde (car elle devait commencer par concevoir le tout), ne l'a-t-elle pas créé d'un seul coup ? En effet, cette conception du monde embrassait aussi toutes les parties. C'était plus naturel: le Démiurge ne devait pas agir comme les artisans, puisque les arts sont postérieurs à la nature et à la création du monde. Aujourd'hui même, nous ne voyons pas les natures {les raisons séminales} , quand elles engendrent des individus, produire d'abord le feu, puis les autres éléments l'un après l'autre, enfin les mélanger: la configuration et l'organisation de l'animal entier sont formées d'un seul coup dans le germe que la mère porte dans son sein. Pourquoi donc, dans la création, la matière n'aurait-elle pas été organisée d'un seul coup par le type du monde, type qui devait contenir le feu, la terre et le reste? Peut-être les Gnostiques auraient-ils conçu ainsi la création du monde, s'ils avaient eu dans leur système une Âme véritable {au lieu d'un image}. Mais leur Démiurge n'aurait pas su procéder ainsi. Cependant, concevoir la grandeur et surtout les dimensions du ciel, l'obliquité du zodiaque, le cours des astres, la forme de la terre, comprendre la raison de chacune de ces choses, ce n'est pas là l'oeuvre d'une image, mais plutôt d'une puissance qui procède des meilleurs- principes, comme les Gnostiques l'avouent eux-mêmes malgré eux.
En effet, si l'on examine attentivement en quoi consiste cette illumination des ténèbres, on peut les amener à reconnaître les vrais principes du monde. Pourquoi fallait-il que cette illumination des ténèbres fût produite, s'il ne fallait pas absolument qu'elle le fût? Cette nécessité {d'une illumination des ténèbres} était ou conforme ou contraire à la nature : si elle lui était conforme, elle a dû l'être de tout temps ; si elle lui était contraire, il serait arrivé aux puissances divines quelque chose de contraire à la nature, et le mal serait antérieur à ce monde. Alors ce n'est plus ce monde qui est la cause du mal {comme le prétendent les Gnostiques}, ce sont les puissances divines : le monde n'est pas le principe du mal pour l'âme ; c'est l'âme qui est le principe du mal pour le monde. En remontant ainsi de cause en cause, la raison rapportera ce monde aux premiers principes.
Si l'on dit que la matière est aussi cause du mal, d'où provient-elle? car les ténèbres existaient déjà, comme le disent les Gnostiques, quand l'Âme les a vues et illuminées. D'où viennent donc les ténèbres? Si les Gnostiques répondent que c'est l'Âme elle-même qui a créé les ténèbres en inclinant, évidemment les ténèbres n'existaient pas avant que l'Âme inclinât. Les ténèbres ne sont donc pas la cause de cette inclination; la cause en est la nature de l'Âme. On rapporte ainsi cette cause à des nécessités précédentes, par suite aux premiers principes.
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