[2,9,13] Ὁ ἄρα μεμφόμενος τῇ τοῦ κόσμου φύσει οὐκ οἶδεν ὅ τι ποιεῖ, οὐδ´ ὅπου
τὸ θράσος αὐτοῦ τοῦτο χωρεῖ. Τοῦτο δέ, ὅτι οὐκ ἴσασι τάξιν τῶν ἐφεξῆς
πρώτων καὶ δευτέρων καὶ τρίτων καὶ ἀεὶ μέχρι τῶν ἐσχάτων, καὶ ὡς οὐ
λοιδορητέον τοῖς χείροσι τῶν πρώτων, ἀλλὰ πράως συγχωρητέον τῇ πάντων
φύσει αὐτὸν θέοντα πρὸς τὰ πρῶτα παυσάμενον τῆς τραγῳδίας τῶν φοβερῶν, ὡς
οἴονται, ἐν ταῖς τοῦ κόσμου σφαίραις, αἳ δὴ πάντα μείλιχα τεύχουσιν
αὐτοῖς· τί γὰρ φοβερὸν ἔχουσιν αὗται, ὡς φοβοῦσι τοὺς ἀπείρους λόγων καὶ
πεπαιδευμένης ἀνηκόους καὶ ἐμμελοῦς γνώσεως; Οὐ γάρ, εἰ πύρινα τὰ σώματα
αὐτῶν, φοβεῖσθαι δεῖ συμμέτρως πρὸς τὸ πᾶν καὶ πρὸς τὴν γῆν ἔχοντα, εἰς δὲ
τὰς ψυχὰς αὐτῶν βλέπειν, αἷς καὶ αὐτοὶ δήπουθεν ἀξιοῦσι τίμιοι εἶναι.
Καίτοι καὶ τὰ σώματα αὐτῶν μεγέθει καὶ κάλλει διαφέροντα συμπράττοντα καὶ
συνεργοῦντα τοῖς κατὰ φύσιν γιγνομένοις, ἃ οὐκ ἂν οὐ γένοιτό ποτε ἔστ´ ἂν
ᾖ τὰ πρῶτα, συμπληροῦντα δὲ τὸ πᾶν καὶ μεγάλα μέρη ὄντα τοῦ παντός. Εἰ δ´
ἄνθρωποι τίμιόν τι παρ´ ἄλλα ζῷα, πολλῷ μᾶλλον ταῦτα οὐ τυραννίδος ἕνεκα
ἐν τῷ παντὶ ὄντα, ἀλλὰ κόσμον καὶ τάξιν παρέχοντα. Ἃ δὲ λέγεται γίνεσθαι
παρ´ αὐτῶν, σημεῖα νομίζειν τῶν ἐσομένων εἶναι, γίνεσθαι δὲ τὰ γινόμενα
διάφορα καὶ τύχαις - οὐ γὰρ οἷόν τε ἦν ταὐτὰ περὶ ἑκάστους συμβαίνειν -
καὶ καιροῖς γενέσεων καὶ τόποις πλεῖστον ἀφεστηκόσι καὶ διαθέσεσι ψυχῶν.
Καὶ οὐκ ἀπαιτητέον πάλιν ἀγαθοὺς πάντας, οὐδ´ ὅτι μὴ τοῦτο δυνατόν,
μέμφεσθαι προχείρως πάλιν ἀξιοῦσι μηδὲν διαφέρειν ταῦτα ἐκείνων, τό τε
κακὸν μὴ νομίζειν ἄλλο τι ἢ τὸ ἐνδεέστερον εἰς φρόνησιν καὶ ἔλαττον ἀγαθὸν
καὶ ἀεὶ πρὸς τὸ μικρότερον· οἷον εἴ τις τὴν φύσιν κακὸν λέγοι, ὅτι μὴ
αἴσθησίς ἐστι, καὶ τὸ αἰσθητικόν, ὅτι μὴ λόγος. Εἰ δὲ μή, κἀκεῖ τὰ κακὰ
ἀναγκασθήσονται λέγειν εἶναι· καὶ γὰρ ἐκεῖ ψυχὴ χεῖρον νοῦ καὶ οὗτος ἄλλου
ἔλαττον.
| [2,9,13] Celui qui se plaint de la nature du monde ne sait donc pas ce qu'il fait, ni jusqu'où va son audace. C'est que beaucoup d'hommes ignorent qu'un enchaînement étroit unit les choses du premier, du second et du troisième rang, et descend jusqu'à celles du plus bas degré. Au lieu de blâmer ce qui est inférieur aux premiers principes, il faut se soumettre avec douceur aux lois de l'univers, s'élever soi-même aux premiers principes, ne pas éprouver ces terreurs tragiques inspirées à certaines gens par les sphères du monde qui n'exercent sur nous qu'une influence bienfaisante. Qu'ont-elles en effet de terrible? Que redoutent en elles ces hommes étrangers à la philosophie et à toute saine instruction ? Quoique les sphères célestes aient des corps ignés, elles ne doivent nous donner aucune crainte, parce qu'elles sont parfaitement en harmonie avec l'univers et avec la terre. Il faut d'ailleurs considérer les âmes des astres auxquelles les Gnostiques se croient eux mêmes si supérieurs, tandis que leurs corps, qui surpassent tant les nôtres en grandeur et en beauté, concourent efficacement à produire les choses conformes à l'ordre de la nature : car ces choses ne sauraient naître s'il n'existait que les premiers principes. Enfin les astres complètent l'univers et en sont des membres importants. Si l'homme a une grande supériorité sur les animaux, quelle supériorité n'ont pas ces astres qui sont dans l'univers pour l'embellir et y faire régner l'ordre, et non pour y exercer une influence tyrannique? Quant aux événements qu'on dit provenir des astres, ceux-ci en sont les signes plutôt que les causes, D'ailleurs les événements qui proviennent réellement des astres diffèrent entre eux par les circonstances. Il n'est pas en effet possible que les mêmes choses arrivent à tous les hommes, séparés comme ils le sont par l'époque de leur naissance, par les lieux où ils se trouvent, par les dispositions de leurs âmes. Il n'est pas non plus raisonnable de demander que tous soient bons, ni, parce que c'est impossible, d'aller se plaindre aussitôt dans l'idée que les choses sensibles doivent être semblables aux choses intelligibles. Enfin, il ne faut pas croire que le mal soit autre chose que ce qui est moins complet par rapport à la sagesse, moins bon, en suivant toujours une gradation décroissante : par exemple, il ne faut pas appeler mauvaise la nature {la puissance végétative et génératrice}, parce qu'elle n'est pas la sensibilité; ni la sensibilité, parce qu'elle n'est pas la raison. Sinon, l'on sera conduit à admettre qu'il y a du mal même dans le mondé intelligible: en effet, l'Âme est inférieure à l'Intelligence, et l'Intelligence l'est elle–même à l'Un.
|