[2,9,11] Πρῶτον μὲν οὖν, εἰ μὴ κατῆλθεν, ἀλλ´ ἐνέλαμψε τὸ σκότος, πῶς ἂν ὀρθῶς
λέγοιτο νενευκέναι; Οὐ γάρ, εἴ τι παρ´ αὐτῆς ἔρρευσεν οἷον φῶς, ἤδη
νενευκέναι αὐτὴν λέγειν προσήκει· εἰ μή που τὸ μὲν ἔκειτό που ἐν τῷ κάτω,
ἡ δὲ ἦλθε τοπικῶς πρὸς αὐτὸ καὶ ἐγγὺς γενομένη ἐνέλαμψεν. Εἰ δ´ ἐφ´ αὑτῆς
μένουσα ἐνέλαμψε μηδὲν εἰς τοῦτο ἐργασαμένη, διὰ τί μόνη αὐτὴ ἐνέλαμψεν,
ἀλλ´ οὐ τὰ δυνατώτερα αὐτῆς ἐν τοῖς οὖσιν; Εἰ δὲ τῷ λογισμὸν λαβεῖν αὐτῇ
κόσμου ἠδυνήθη ἐλλάμψαι ἐκ τοῦ λογισμοῦ, διὰ τί οὐχ ἅμα ἐλλάμψασα καὶ
κόσμον ἐποίησεν, ἀλλ´ ἔμεινε τὴν τῶν εἰδώλων γένεσιν; Ἔπειτα καὶ ὁ
λογισμὸς ὁ τοῦ κόσμου, ἡ γῆ αὐτοῖς ἡ ξένη λεγομένη γενομένη ὑπὸ τῶν
μειζόνων, ὡς λέγουσιν αὐτοί, οὐ κατήγαγεν εἰς νεῦσιν τοὺς ποιήσαντας.
Ἔπειτα πῶς ἡ ὕλη φωτισθεῖσα εἴδωλα ψυχικὰ ποιεῖ, ἀλλ´ οὐ σωμάτων φύσιν;
Ψυχῆς δὲ εἴδωλον οὐδὲν ἂν δέοιτο σκότους ἢ ὕλης, ἀλλὰ γενόμενον, εἰ
γίνεται, παρακολουθοῖ ἂν τῷ ποιήσαντι καὶ συνηρτημένον ἔσται. Ἔπειτα
πότερον οὐσία τοῦτο ἤ, ὥς φασιν, ἐννόημα; Εἰ μὲν γὰρ οὐσία, τίς ἡ διαφορὰ
πρὸς τὸ ἀφ´ οὗ; Εἰ δ´ ἄλλο εἶδος ψυχῆς, εἰ ἐκείνη λογική, τάχ´ ἂν φυτικὴ
καὶ γεννητικὴ αὕτη· εἰ δὲ τοῦτο, πῶς ἂν ἔτι, ἵνα τιμῷτο, καὶ πῶς δι´
ἀλαζονείαν καὶ τόλμαν ποιεῖ; Καὶ ὅλως τὸ διὰ φαντασίας καὶ ἔτι μᾶλλον τοῦ
λογίζεσθαι ἀνῄρηται. Τί δ´ ἔτι ἔδει ἐμποιεῖν ἐξ ὕλης καὶ εἰδώλου τὸν
ποιήσαντα; Εἰ δ´ ἐννόημα, πρῶτον τὸ ὄνομα ἐπισημαντέον ὅθεν· ἔπειτα πῶς
ἐστιν, εἰ μὴ τῷ ἐννοήματι δώσει τὸ ποιεῖν; Ἀλλὰ πρὸς τῷ πλάσματι πῶς ἡ
ποίησις; Τουτὶ μὲν πρῶτον, ἄλλο δὲ μετ´ ἐκεῖνο, ἀλλ´ ὡς ἐπ´ ἐξουσίας
λέγοντες. Διὰ τί δὲ πρῶτον πῦρ;
| [2,9,11] D'abord, si l'Âme n'est pas descendue, si elle s'est bornée à illuminer les ténèbres, comment aurait-on le droit de dire qu'elle a incliné ? En effet, si une espèce de lumière s'est écoulée de l'Âme, ce n'est pas une raison de dire que l'Âme a incliné, à moins d'admettre qu'il y avait une chose au-dessous d'elle {les ténèbres}, qu'elle s'en est approchée par un mouvement local, et qu'arrivée près de cette chose, elle l'a illuminée. Au contraire, si elle l'a illuminée tout en restant en elle-même, sans rien faire pour cela, pourquoi a-t-elle seule illuminé cette chose {les ténèbres } ? Pourquoi les êtres plus puissants que l'Âme {les Éons supérieurs à l'Âme} n'ont-ils pas aussi illuminé les ténèbres? Ce n'est {disent les Gnostiques} qu'après avoir conçu la Raison du monde que l'Âme a pu illuminer les ténèbres, en vertu même de cette conception rationnelle. Mais alors, pourquoi n'a-t-elle pas fait le monde en même temps qu'elle a illuminé les ténèbres, mais a-t-elle attendu la génération des images {psychiques} ? Ensuite; comment cette Raison du monde, que les Gnostiques appellent la Terre étrangère et qui a été produite par les puissances supérieures, comme-ils le disent, n'a-t-elle pas amené ses auteurs à incliner? Enfin; pourquoi la matière illuminée produit-elle des images psychiques, et non des corps? Il ne semble pas que l'image de l'Âme {la Sagesse} ait besoin de ténèbres ou de Matière. Si l'Âme crée, sa créature {la Sagesse} doit l'accompagner et lui rester attachée. D'ailleurs, qu'est -ce que cette créature? Est-ce une essence, ou, comme les Gnostiques le disent, une Conception? Si c'est une essence, quelle différence y a-t-il entre elle et son principe? Si c'est une autre espèce d'Âme, elle doit être une Âme végétative et génératrice, puisqu'elle a pour principe une Âme raisonnable. Si elle est une Âme végétative et génératrice, comment a-t-elle créé pour être honorée? Comment a-t-elle créé par orgueil, par audace, en un mot, par imagination? On a encore moins le droit de dire qu'elle a créé en vertu d'une conception rationnelle. En outre, quelle nécessité y avait-il que la mère du Démiurge le composât de matière et d'une image . Si l'on parle de Conception, qu'on explique d'abord d'où vient ce nom ; ensuite, qu'on montre comment une Conception peut constituer un être réel, à moins qu'on ne donne à cette Conception une force créatrice? Mais quelle force créatrice peut se trouver dans cet être imaginaire? Les Gnostiques disent que cette Image {le Démiurge} a d'abord été produite et que d'autres images ont été produites après elle ; mais ils se permettent de le dire sans le prouver. Comment, par exemple, le feu a-t-il été produit d'abord {et les autres choses ensuite} ?
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