[2,3,17] Πότερα δὲ οἱ λόγοι οὗτοι οἱ ἐν ψυχῇ νοήματα; Ἀλλὰ πῶς κατὰ τὰ νοήματα ποιήσει; Ὁ γὰρ λόγος ἐν ὕλῃ ποιεῖ, καὶ τὸ ποιοῦν φυσικῶς οὐ νόησις οὐδὲ ὅρασις, ἀλλὰ δύναμις τρεπτικὴ τῆς ὕλης, οὐκ εἰδυῖα ἀλλὰ δρῶσα μόνον, οἷον τύπον καὶ σχῆμα ἐν ὕδατι, {ὥσπερ κύκλος}, ἄλλου ἐνδόντος εἰς τοῦτο τῆς φυτικῆς δυνάμεως καὶ γεννητικῆς λεγομένης τὸ ποιεῖν. Εἰ τοῦτο, ποιήσει τὸ ἡγούμενον τῆς ψυχῆς τῷ τρέπειν τὴν ἔνυλον καὶ γεννητικὴν ψυχήν. Τρέψει οὖν λογισαμένη αὐτή; Ἀλλ´ εἰ λογισαμένη, ἀναφορὰν ἕξει πρότερον εἰς ἄλλο ἢ εἰς τὰ ἐν αὐτῇ. Ἀλλ´ εἰς τὰ ἐν αὐτῇ οὐδὲν δεῖ λογισμῶν· οὐ γὰρ οὗτος τρέψει, ἀλλὰ τὸ ἐν αὐτῇ ἔχον τοὺς λόγους· τοῦτο γὰρ καὶ δυνατώτερον καὶ ποιεῖν ἐν ψυχῇ δυνάμενον. Κατ´ εἴδη ἄρα ποιεῖ. Δεῖ τοίνυν καὶ αὐτὴν παρὰ νοῦ ἔχουσαν διδόναι. Νοῦς δὴ ψυχῇ δίδωσι τῇ τοῦ παντός, ψυχὴ δὲ παρ´ αὐτῆς ἡ μετὰ νοῦν τῇ μετ´ αὐτὴν ἐλλάμπουσα καὶ τυποῦσα, ἡ δὲ ὡσπερεὶ ἐπιταχθεῖσα ἤδη ποιεῖ· ποιεῖ δὲ τὰ μὲν ἀνεμποδίστως, τὰ δὲ ἐμποδισθεῖσα χείρω. Ἅτε δὲ δύναμιν εἰς τὸ ποιεῖν λαβοῦσα καὶ λόγων οὐ τῶν πρώτων πληρωθεῖσα οὐ μόνον καθ´ ἃ ἔλαβε ποιήσει, ἀλλὰ γένοιτο ἄν τι καὶ παρ´ αὐτῆς καὶ τοῦτο δηλονότι χεῖρον· καὶ ζῷον μέν, ζῷον δὲ ἀτελέστερον καὶ δυσχεραῖνον τὴν αὐτοῦ ζωήν, ἅτε χείριστον καὶ δύσκολον δὴ καὶ ἄγριον καὶ ἐξ ὕλης χείρονος οἷον ὑποστάθμης τῶν προηγουμένων πικρᾶς καὶ πικρὰ ποιούσης· καὶ ταῦτα παρέξει καὶ αὐτὴ τῷ ὅλῳ.
| [2,3,17] Examinons si les raisons contenues dans l’Ame sont des pensées. Comment l’Ame pourrait-elle produire par des pensées? C’est la Raison qui produit dans la matière ; or le Principe qui produit naturellement n’est pas une pensée, ni une intuition, mais une Puissance qui façonne la matière aveuglément, comme un cercle donne à l’eau une figure et une empreinte circulaire. En effet, la Puissance naturelle et génératrice a pour fonction de produire; mais il lui faut le concours de la Puissance principale de l’Ame qui forme et qui fait agir l’Ame génératrice engagée dans la matière. Est-ce par le raisonnement que la Puissance principale de l’Ame forme l’Ame génératrice? Si c’est par le raisonnement, elle doit considérer soit un autre objet, soit ce qu’elle possède en elle-même. Si elle considère ce qu’elle possède en elle-même, elle n’a pas besoin de raisonner: car ce n’est pas par le raisonnement que l’Âme façonne la matière, c’est par la Puissance qui contient, les raisons, Puissance qui seule est efficace et capable de produire. L’Ame produit donc par les formes. Elle reçoit de l’Intelligence les formes qu’elle transmet. L’Intelligence donne les formes à l’Ame universelle qui est placée immédiatement au-dessous d’elle, et l’Ame universelle les transmet à l’Ame inférieure {la Puissance naturelle et génératrice) en la façonnant et l’illuminant. L’Ame inférieure produit, tantôt sans rencontrer d’obstacles, tantôt en rencontrant des obstacles: dans ce cas, elle produit des choses moins parfaites. Comme elle a reçu la puissance de produire, et qu’elle contient les raisons qui ne sont pas les premières {les raisons séminales, qui sont inférieures aux idées}, non seulement elle produit en vertu de ce qu’elle a reçu, mais encore elle tire d’elle-même quelque chose qui est évidemment inférieur {la matière}. Elle produit sans doute un être vivant {l’univers}, mais un être vivant qui est moins parfait, qui jouit moins bien de la vie, parce qu’il occupe le dernier rang, qu’il est grossier et difficile à gouverner, que la matière qui le compose est en quelque sorte la lie amère des principes supérieurs, qu’elle répand son amertume autour d’elle et en communique quelque chose à l’univers.
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