[2,3,16] Ἀλλὰ τί τὸ μικτὸν καὶ τί τὸ μὴ καὶ τί τὸ χωριστὸν καὶ ἀχώριστον, ὅταν ἐν σώματι ᾖ, καὶ ὅλως τί τὸ ζῷον ἀρχὴν ἑτέραν ὕστερον λαβοῦσι ζητητέον· οὐ γὰρ ἅπαντες τὴν αὐτὴν δόξαν ἔσχον περὶ τούτου. Νῦν δὲ ἔτι λέγωμεν πῶς τὸ «κατὰ λόγον ψυχῆς διοικούσης τὸ πᾶν» εἴπομεν.
Πότερα γὰρ ἕκαστα οἷον ἐπ´ εὐθείας ποιοῦσα, ἄνθρωπον, εἶτα ἵππον καὶ ἄλλο ζῷον καὶ δὴ καὶ θηρία, πῦρ δὲ καὶ γῆν πρότερον, εἶτα συμπεσόντα ταῦτα ἰδοῦσα καὶ φθείροντα ἄλληλα ἢ καὶ ὠφελοῦντα, τὴν συμπλοκὴν τὴν ἐκ τούτων ἰδοῦσα μόνον καὶ τὰ ὕστερον συμβαίνοντα ἀεὶ γίγνεσθαι, οὐδὲν ἔτι συμβαλλομένη πρὸς τὰ ἐφεξῆς, ἀλλ´ ἢ μόνον ζῴων γενέσεις τῶν ἐξ ἀρχῆς πάλιν ποιοῦσα καὶ τοῖς πάθεσι τοῖς δι´ ἀλλήλων αὐτὰ συγχωροῦσα;
Ἢ αἰτίαν λέγοντες καὶ τῶν οὕτω γινομένων, ὅτι παρ´ αὐτῆς γενόμενα τὰ ἐφεξῆς ἐργάζεται;
Ἢ καὶ τὸ τόδε τόδε ποιῆσαι ἢ παθεῖν ἔχει ὁ λόγος οὐκ εἰκῆ οὐδὲ κατ´ ἐπιτυχίαν οὐδὲ τῶνδε γιγνομένων, ἀλλ´ ἐξ ἀνάγκης οὕτως;
Ἆρ´ οὖν τῶν λόγων αὐτὰ ποιούντων; Ἢ ὄντων μὲν τῶν λόγων, οὐχ ὡς ποιούντων δέ, ἀλλ´ ὡς εἰδότων, μᾶλλον δὲ τῆς ψυχῆς τῆς τοὺς λόγους τοὺς γεννητικοὺς ἐχούσης εἰδυίας τὰ ἐκ τῶν ἔργων συμβαίνοντα αὐτῆς ἁπάντων· τῶν γὰρ αὐτῶν συμπιπτόντων καὶ περιεστηκότων τὰ αὐτὰ πάντως προσήκει ἀποτελεῖσθαι· ἃ δὴ παραλαβοῦσα ἢ προιδοῦσα ἡ ψυχὴ ἐπὶ τούτοις τὰ ἐφεξῆς περαίνει καὶ συνείρει, προηγούμενα οὖν καὶ ἐπακολουθοῦντα πάντως καὶ πάλιν ἐπὶ τούτοις τὰ ἐφεξῆς προηγούμενα, ὡς ἐκ τῶν παρόντων· ὅθεν ἴσως ἀεὶ χείρω τὰ ἐφεξῆς· οἷον ἄνδρες ἄλλοι πάλαι, νῦν δὲ ἄλλοι, τῷ μεταξὺ καὶ ἀεὶ ἀναγκαίῳ τῶν λόγων εἰκόντων τοῖς τῆς ὕλης παθήμασι.
Συνορῶσα οὖν ἀεὶ ἄλλα, τὰ δ´ ἄλλα, καὶ παρακολουθοῦσα τοῖς τῶν αὐτῆς ἔργων παθήμασι τὸν βίον τοιοῦτον ἔχει καὶ οὐκ ἀπήλλακται τῆς ἐπὶ τῷ ἔργῳ φροντίδος τέλος ἐπιθεῖσα τῷ ποιήματι καὶ ὅπως ἕξει καλῶς καὶ εἰς ἀεὶ ἅπαξ μηχανησαμένη, οἷα δέ τις γεωργὸς σπείρας ἢ καὶ φυτεύσας ἀεὶ διορθοῦται, ὅσα χειμῶνες ἔβλαψαν ὑέτιοι ἢ κρυμῶν συνέχεια ἢ ἀνέμων ζάλαι.
Ἀλλ´ εἰ ταῦτα ἄτοπα, ἐκεῖνο δεῖ λέγειν, ὅτι ἤδη ἔγνωσται ἢ καὶ κεῖται ἐν τοῖς λόγοις καὶ ἡ φθορὰ καὶ τὰ ἀπὸ κακίας ἔργα; Ἀλλ´ εἰ τοῦτο, καὶ τὰς κακίας τοὺς λόγους ποιεῖν φήσομεν, καίτοι ἐν ταῖς τέχναις καὶ τοῖς λόγοις αὐτῶν οὐκ ἔνι ἁμαρτία οὐδὲ παρὰ τὴν τέχνην οὐδ´ ἡ φθορὰ τοῦ κατὰ τέχνην.
Ἀλλ´ ἐνταῦθά τις ἐρεῖ μὴ εἶναι μηδὲν παρὰ φύσιν μηδὲ κακὸν τῷ ὅλῳ· ἀλλ´ ὅμως τὸ χεῖρον καὶ τὸ βέλτιον συγχωρήσεται. Τί οὖν, εἰ τῷ ὅλῳ καὶ τὸ χεῖρον συνεργόν, καὶ οὐ δεῖ πάντα καλὰ εἶναι; Ἐπεὶ καὶ τὰ ἐναντία συντελεῖ καὶ οὐκ ἄνευ τούτων κόσμος· καὶ γὰρ ἐπὶ τῶν καθ´ ἕκαστα ζῴων οὕτω· καὶ τὰ μὲν βελτίω ἀναγκάζει καὶ πλάττει ὁ λόγος, ὅσα δὲ μὴ τοιαῦτα, δυνάμει κεῖται ἐν τοῖς λόγοις, ἐνεργείᾳ δὲ ἐν τοῖς γενομένοις, οὐδὲν ἔτι δεομένης ἐκείνης ποιεῖν οὐδ´ ἀνακινεῖν τοὺς λόγους ἤδη τῆς ὕλης τῷ σεισμῷ τῷ ἐκ τῶν προηγουμένων λόγων καὶ τὰ παρ´ αὐτῆς ποιούσης τὰ χείρω, κρατουμένης δ´ αὖ οὐδὲν ἧττον πρὸς τὰ βελτίω· ὥστε ἓν ἐκ πάντων ἄλλως ἑκατέρως γινομένων καὶ ἄλλως αὖ ἐν τοῖς λόγοις.
| [2,3,16] Qu’y a-t-il de mêlé, qu’y a-t-il de pur dans l’Ame? Quelle partie de l’Ame est séparable, quelle partie ne l’est pas tant que l’âme est dans un corps? Qu’est-ce que l’animal? Voilà ce que nous aurons à examiner plus tard dans une autre discussion; car on n’est point d’accord sur ces points. Pour le moment, expliquons en quel sens nous avons dit plus haut que l’Ame gouverne l’univers par la Raison.
L’Ame universelle forme-t-elle tous les êtres successivement, d’abord l’homme, puis le cheval, puis un autre animal, enfin les bêtes sauvages? Commence-t-elle par produire la terre et le feu; puis, voyant le concours de toutes ces choses qui se détruisent ou s’aident mutuellement, ne considère-t-elle que leur ensemble et leur connexion, sans s’occuper des accidents qui leur arrivent dans la suite? Se borne-t-elle à reproduire les générations précédentes des animaux, et laisse-t-elle ceux-ci exposés aux passions qu’ils se causent les uns aux autres?
Dirons-nous que l’Ame est la cause de ces passions parce qu’elle engendre les êtres qui les produisent?
La raison de chaque individu contient-elle ses actions et ses passions, de telle sorte que celles-ci ne soient ni accidentelles, ni fortuites, mais nécessaires?
Les raisons les produisent-elles? ou bien les connaissent-elles sans les produire? ou plutôt l’âme, qui contient les raisons génératrices, connaît-elle les effets de toutes ses oeuvres en raisonnant d’après ce principe que le concours des mêmes circonstances doit évidemment amener les mêmes effets? S’il en est ainsi, l’Ame, comprenant ou prévoyant les effets de ses oeuvres, détermine et enchaîne par eux toutes les choses qui doivent arriver; elle considère donc les antécédents et les conséquents, et, d’après ce qui précède, prévoit ce qui doit suivre. C’est {parce que les êtres procèdent ainsi les uns des autres} que les races s’abâtardissent continuellement: par exemple, les hommes dégénèrent parce qu’en s’éloignant continuellement et nécessairement {du type primitif} les raisons {séminales} cèdent aux passions de la matière.
L’Ame considère-t-elle donc toute la suite des faits et passe-t-elle son existence à surveiller les passions qu’éprouveront ses oeuvres? Ne cesse-t-elle jamais de penser à celles-ci, n’y met-elle jamais la dernière main en les réglant une fois pour toutes de manière qu’elles aillent toujours bien? Ressemble-t-elle à un agriculteur qui, au lieu de se borner à semer et à planter, travaille sans cesse à réparer les dommages causés par les pluies, les vents et les tempêtes?
Si cette hypothèse est absurde, il faut admettre que l’âme connaît d’avance, ou même que les raisons {séminales} contiennent les accidents qui arrivent aux êtres engendrés, c’est-à-dire leur destruction et tous les effets de leurs défauts. Dans ce cas, nous sommes obligés de dire que les défauts proviennent des raisons {séminales}, quoique les arts et leurs raisons ne contiennent ni erreur, ni défaut, ni destruction d’une oeuvre d’art.
Ici on dira peut-être: Il ne saurait y avoir dans l’univers rien de mauvais ni de contraire à la nature; il faut accorder que même ce qui paraît moins bon a encore son utilité. Quoi? on admettra donc que ce qui est moins bon concourt à la perfection de l’univers, et qu’il ne faut pas que toutes choses soient belles? C’est que les contraires mêmes contribuent à la perfection de l’univers, et que le monde ne saurait exister sans eux; il en est de même dans tous les êtres vivants. La raison {séminale} amène nécessairement et forme ce qui est meilleur; ce qui est moins bon se trouve contenu en puissance dans les raisons, et en acte dans les êtres engendrés. L’Ame (universelle} n’a donc pas besoin de s’en occuper ni de faire agir les raisons: si, en imprimant une secousse aux raisons qui procèdent de principes supérieurs, la matière altère ce qu’elle reçoit, les raisons néanmoins la soumettent à ce qui est meilleur {à la forme}. Toutes les choses forment donc un ensemble harmonieux parce qu’elles proviennent tout à la fois de la matière et des raisons qui les engendrent.
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