[1,3,5] Ἀλλὰ πόθεν τὰς ἀρχὰς ἔχει ἡ ἐπιστήμη αὕτη; Ἢ νοῦς δίδωσιν ἐναργεῖς
ἀρχάς, εἴ τις λαβεῖν δύναιτο ψυχῇ· εἶτα τὰ ἑξῆς καὶ συντίθησι καὶ
συμπλέκει καὶ διαιρεῖ, ἕως εἰς τέλεον νοῦν ἥκῃ. Ἔστι γάρ, φησιν, αὕτη « τὸ
καθαρώτατον νοῦ καὶ φρονήσεως ». Ἀνάγκη οὖν τιμιωτάτην οὖσαν ἕξιν τῶν ἐν
ἡμῖν περὶ τὸ ὂν καὶ τὸ τιμιώτατον εἶναι, φρόνησιν μὲν περὶ τὸ ὄν, νοῦν δὲ
περὶ τὸ ἐπέκεινα τοῦ ὄντος. Τί οὖν; ἡ φιλοσοφία τὸ τιμιώτατον; ἢ ταὐτὸν
φιλοσοφία καὶ διαλεκτική; Ἢ φιλοσοφίας μέρος τὸ τίμιον. Οὐ γὰρ δὴ οἰητέον
ὄργανον τοῦτο εἶναι τοῦ φιλοσόφου· οὐ γὰρ ψιλὰ θεωρήματά ἐστι καὶ κανόνες,
ἀλλὰ περὶ πράγματά ἐστι καὶ οἷον ὕλην ἔχει τὰ ὄντα· ὁδῷ μέντοι ἐπ´ αὐτὰ
χωρεῖ ἅμα τοῖς θεωρήμασι τὰ πράγματα ἔχουσα· τὸ δὲ ψεῦδος καὶ τὸ σόφισμα
κατὰ συμβεβηκὸς γινώσκει ἄλλου ποιήσαντος ὡς ἀλλότριον κρίνουσα τοῖς ἐν
αὐτῇ ἀληθέσι τὸ ψεῦδος, γινώσκουσα, ὅταν τις προσαγάγῃ, ὅ τι παρὰ τὸν
κανόνα τοῦ ἀληθοῦς. Περὶ προτάσεως οὖν οὐκ οἶδε - καὶ γὰρ γράμματα -
εἰδυῖα δὲ τὸ ἀληθὲς οἶδεν ὃ καλοῦσι πρότασιν, καὶ καθόλου οἶδε τὰ κινήματα
τῆς ψυχῆς, ὅ τε τίθησι καὶ ὃ αἴρει, καὶ εἰ τοῦτο αἴρει ὃ τίθησιν ἢ ἄλλο,
καὶ εἰ ἕτερα ἢ ταὐτά, προσφερομένων ὥσπερ καὶ ἡ αἴσθησις ἐπιβάλλουσα,
ἀκριβολογεῖσθαι δὲ ἑτέρᾳ δίδωσι τοῦτο ἀγαπώσῃ.
| [1,3,5] Mais d'où cette science tire-t-elle ses propres principes?
L'intelligence fournit à l'âme les principes clairs que celle-ci est
capable de recevoir. Une fois en possession. de ces principes, la
dialectique en ordonne les conséquences; elle compose, elle divise,
jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à une parfaite intelligence des choses :
car, dit Platon, elle est l'application la plus pure de l'intelligence et
de la sagesse. S'il en est ainsi, si la dialectique est le plus noble
exercice de nos facultés, il faut qu'elle s'occupe de l'être et des objets
les plus élevés. Car la sagesse étudie l'être; et l'intelligence, ce qui
est encore au-dessus de l'être (l'Un, le Bien). Mais, nous dira-t-on,
qu'est-ce donc que la Philosophie? N'est-ce pas aussi ce qu'il y a de plus
éminent? Oui, sans doute. La philosophie se confond-elle donc avec la
dialectique? Non, répondrons-nous : la dialectique est la partie la plus
élevée de la philosophie. Il ne faut pas croire qu'elle ne soit qu'un
instrument pour la philosophie, ni qu'elle ne s'occupe que de pures
spéculations et de règles abstraites. Elle étudie les choses
elles-mêmes, et a pour matière les êtres (réels). Elle y arrive en suivant
une méthode qui lui donne la réalité en même temps que l'idée. Quant à
l'erreur et au sophisme, elle ne s'en occupe qu'accidentellement; elle les
juge comme choses étrangères à son domaine, produites par un principe qui
lui est étranger. Lorsqu'on avance quelque chose de contraire à la règle
du vrai, elle reconnaît l'erreur à la lumière des vérités qu'elle porte en
elle. Pour les propositions, elle n'en fait pas l'objet de son étude : ce
ne sont pour elle que des assemblages de lettres; cependant, sachant le
vrai, elle sait aussi ce qu'on appelle proposition, et, en général, elle
connaît les opérations de l'âme : elle sait ce que c'est qu'affirmer,
nier, ce que c'est que faire des assertions contradictoires ou contraires;
elle sait enfin si on avance des choses différentes ou identiques,
saisissant le vrai par une intuition instantanée comme l'est celle des
sens; mais elle laisse à une autre étude qui se plaît dans ces détails le
soin d'en parler avec exactitude.
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