[1,3,6] Μέρος οὖν τὸ τίμιον· ἔχει γὰρ καὶ ἄλλα φιλοσοφία· καὶ γὰρ καὶ περὶ
φύσεως θεωρεῖ βοήθειαν παρὰ διαλεκτικῆς λαβοῦσα, ὥσπερ καὶ ἀριθμητικῇ
προσχρῶνται αἱ ἄλλαι τέχναι· μᾶλλον μέντοι αὕτη ἐγγύθεν κομίζεται παρὰ τῆς
διαλεκτικῆς· καὶ περὶ ἠθῶν ὡσαύτως θεωροῦσα μὲν ἐκεῖθεν, προστιθεῖσα δὲ
τὰς ἕξεις καὶ τὰς ἀσκήσεις, ἐξ ὧν προίασιν αἱ ἕξεις. Ἴσχουσι δὲ αἱ λογικαὶ
ἕξεις καὶ ὡς ἴδια ἤδη τὰ ἐκεῖθεν· καὶ γὰρ μετὰ τῆς ὕλης τὰ πλεῖστα· καὶ αἱ
μὲν ἄλλαι ἀρεταὶ τοὺς λογισμοὺς ἐν τοῖς πάθεσι τοῖς ἰδίοις καὶ ταῖς
πράξεσιν, ἡ δὲ φρόνησις ἐπιλογισμός τις καὶ τὸ καθόλου μᾶλλον καὶ εἰ
ἀντακολουθοῦσι καὶ εἰ δεῖ νῦν ἐπισχεῖν ἢ εἰσαῦθις ἢ ὅλως ἄλλο βέλτιον· ἡ
δὲ διαλεκτικὴ καὶ ἡ σοφία ἔτι καθόλου καὶ ἀύλως πάντα εἰς χρῆσιν προφέρει
τῇ φρονήσει. Πότερα δὲ ἔστι τὰ κάτω εἶναι ἄνευ διαλεκτικῆς καὶ σοφίας; Ἢ
ἀτελῶς καὶ ἐλλειπόντως. Ἔστι δὲ σοφὸν εἶναι καὶ διαλεκτικὸν οὕτως ἄνευ
τούτων; Ἢ οὐδ´ ἂν γένοιτο, ἀλλὰ ἢ πρότερον ἢ ἅμα συναύξεται. Καὶ τάχα ἂν
φυσικάς τις ἀρετὰς ἔχοι, ἐξ ὧν αἱ τέλειαι σοφίας γενομένης. Μετὰ τὰς
φυσικὰς οὖν ἡ σοφία· εἶτα τελειοῖ τὰ ἤθη. Ἢ τῶν φυσικῶν οὐσῶν συναύξεται
ἤδη ἄμφω καὶ συντελειοῦται; Ἢ προλαβοῦσα ἡ ἑτέρα τὴν ἑτέραν ἐτελείωσεν·
ὅλως γὰρ ἡ φυσικὴ ἀρετὴ καὶ ὄμμα ἀτελὲς καὶ ἦθος ἔχει, καὶ αἱ ἀρχαὶ τὸ
πλεῖστον ἀμφοτέραις, ἀφ´ ὧν ἔχομεν.
| [1,3,6] La dialectique n'est donc qu'une partie de la philosophie, mais elle
en est la partie la plus éminente. En effet, la philosophie a d'autres
branches. D'abord, elle étudie la nature (Physique), et pour cela
elle emprunte le secours de la dialectique comme les autres arts celui de
l'arithmétique, quoique la philosophie doive bien plus à la dialectique.
Ensuite, la philosophie traite des moeurs : ici encore, c'est la
dialectique qui pose les principes; la Morale n'a plus qu'à en faire
naître les bonnes habitudes et à conseiller les exercices qui les
engendrent. Il en est de même des vertus rationnelles : c'est à la
dialectique qu'elles doivent les principes qui semblent leur appartenir en
propre; car le plus souvent elles s'occupent des choses matérielles (parce
qu'elles modèrent les passions). Les autres vertus impliquent aussi
l'application de la raison aux passions et aux actions qui sont propres à
chacune d'elles; seulement la prudence y applique la raison d'une manière
supérieure: elle s'occupe plus de l'universel ; elle considère si les
vertus s'enchaînent les unes aux autres, s'il faut faire présentement une
action, ou la différer, ou en choisir une autre. Or, c'est la dialectique,
c'est la science qu'elle donne, la sagesse, qui fournit à la prudence,
sous une forme générale et immatérielle, tous les principes dont celle-ci a besoin.
Ne pourrait-on sans la dialectique; sans la sagesse, posséder même les
connaissances inférieures? Elles seraient du moins imparfaites et
mutilées. D'un autre côté, bien que le dialecticien, le vrai sage n'ait
plus besoin de ces choses inférieures, il ne serait jamais devenu tel sans
elles ; elles doivent précéder, et elles s'augmentent avec le progrès
qu'on fait dans la dialectique. Il en est de même pour les vertus : on
peut posséder d'abord les vertus naturelles, puis s'élever, avec le
secours de la sagesse, aux vertus parfaites. La sagesse ne vient donc
qu'après les vertus naturelles; alors elle perfectionne les moeurs; ou
plutôt, lorsque les vertus naturelles existent déjà, elles s'accroissent
et se perfectionnent avec elle. Du reste, celle de ces deux choses qui
précède donne à l'autre son complément. En général, avec les vertus
naturelles, on n'a qu'une vue (une science) imparfaite et des moeurs
également imparfaites, et ce qu'il y a de plus important pour les
perfectionner, c'est la connaissance philosophique des principes d'où
elles dépendent.
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