[1,2,6] Ἔστι μὲν οὖν οὐδὲν τῶν τοιούτων ἁμαρτία,
ἀλλὰ κατόρθωσις ἀνθρώπῳ· ἀλλ´ ἡ σπουδὴ οὐκ ἔξω ἁμαρτίας εἶναι,
ἀλλὰ θεὸν εἶναι. Εἰ μὲν οὖν τι τῶν τοιούτων ἀπροαίρετον γίνοιτο, θεὸς ἂν εἴη ὁ
τοιοῦτος καὶ δαίμων διπλοῦς ὤν, μᾶλλον δὲ ἔχων σὺν αὐτῷ ἄλλον ἄλλην ἀρετὴν
ἔχοντα· εἰ δὲ μηδέν, θεὸς μόνον· θεὸς δὲ τῶν ἑπομένων τῷ πρώτῳ. Αὐτὸς μὲν γάρ
ἐστιν ὃς ἦλθεν ἐκεῖθεν καὶ τὸ καθ´ αὑτόν, εἰ γένοιτο οἷος ἦλθεν, ἐκεῖ ἐστιν· ᾧ δὲ
συνῳκίσθη ἐνθάδε ἥκων, καὶ τοῦτον αὐτῷ ὁμοιώσει κατὰ δύναμιν τὴν ἐκείνου,
ὥστε, εἰ δυνατόν, ἄπληκτον εἶναι ἢ ἄπρακτόν γε τῶν μὴ δοκούντων τῷ δεσπότῃ.
Τίς οὖν ἑκάστη ἀρετὴ τῷ τοιούτῳ; Ἢ σοφία μὲν καὶ φρόνησις ἐν θεωρίᾳ ὧν νοῦς
ἔχει· νοῦς δὲ τῇ ἐπαφῇ. Διττὴ δὲ ἑκατέρα, ἡ μὲν ἐν νῷ οὖσα, ἡ δὲ ἐν ψυχῇ. Κἀκεῖ
μὲν οὐκ ἀρετή, ἐν δὲ ψυχῇ ἀρετή. Ἐκεῖ οὖν τί; Ἐνέργεια αὐτοῦ καὶ ὅ ἐστιν·
ἐνταῦθα δὲ τὸ ἐν ἄλλῳ ἐκεῖθεν ἀρετή. Οὐδὲ γὰρ αὐτοδικαιοσύνη καὶ ἑκάστη
ἀρετή, ἀλλ´ οἷον παράδειγμα· τὸ δὲ ἀπ´ αὐτῆς ἐν ψυχῇ ἀρετή. Τινὸς γὰρ ἡ ἀρετή·
αὐτὸ δὲ ἕκαστον αὑτοῦ, οὐχὶ δὲ ἄλλου τινός.
Δικαιοσύνη δὲ εἴπερ οἰκειοπραγία, ἆρα αἰεὶ ἐν πλήθει μερῶν; Ἢ ἡ μὲν ἐν πλήθει,
ὅταν πολλὰ ᾖ τὰ μέρη, ἡ δὲ ὅλως οἰκειοπραγία, κἂν ἑνὸς ᾖ. Ἡ γοῦν ἀληθὴς
αὐτοδικαιοσύνη ἑνὸς πρὸς αὐτό, ἐν ᾧ οὐκ ἄλλο, τὸ δὲ ἄλλο· ὥστε καὶ τῇ ψυχῇ
δικαιοσύνη ἡ μείζων τὸ πρὸς νοῦν ἐνεργεῖν, τὸ δὲ σωφρονεῖν ἡ εἴσω πρὸς νοῦν
στροφή, ἡ δὲ ἀνδρία ἀπάθεια καθ´ ὁμοίωσιν τοῦ πρὸς ὃ βλέπει ἀπαθὲς ὂν τὴν
φύσιν, αὐτὴ δὲ ἐξ ἀρετῆς, ἵνα μὴ συμπαθῇ τῷ χείρονι συνοίκῳ.
| [1,2,6] L'homme parvenu à l'état que nous venons de décrire ne commet plus de
fautes pareilles : il en est corrigé. Mais le but auquel il aspire, ce
n'est point de ne pas faillir, c'est d'être dieu. S'il laisse encore se
produire en lui quelqu'un des mouvements irréfléchis dont nous avons
parlé, il sera à la fois dieu et démon; il sera un être double, ou
plutôt il aura en lui un principe d'une autre nature, dont la vertu
différera également de la sienne. Si, au contraire, il n'est plus troublé
par aucun de ces mouvements, il sera uniquement dieu; il sera un de ces
dieux qui forment le cortège du Premier. C'est un dieu de cette
nature qui est venu d'en haut habiter en nous. Redevenir ce qu'il était
originairement, c'est vivre dans ce monde supérieur. Celui qui s'est élevé
jusque-là habite avec l'intelligence pure et s'y assimile autant que
possible. Aussi n'éprouve-t-il plus aucune de ces émotions, ne fait-il
aucune de ces actions que désapprouverait le principe supérieur, qui
désormais est son seul maître.
Que devient chaque vertu pour un tel être? Pour lui, la sagesse consiste à
contempler les essences que l'intelligence possède, essences avec
lesquelles l'intelligence est en quelque sorte en contact. Il y a deux
espèces de sagesse, dont l'une est propre à l'intelligence, l'autre à
l'âme : c'est dans la dernière seule qu'il y a vertu. Qu'y a-t-il donc
dans l'intelligence? L'acte {de la pensée} et l'essence. L'image de cette
essence, qu'on voit ici-bas dans un être d'une autre nature, c'est la
vertu qui en émane. II n'y a en effet dans l'intelligence ni la justice
absolue, ni aucune des vertus proprement dites; il n'y eu a que le type.
Ce qui en dérive dans l'âme est la vertu : car la vertu est l'attribut.
d'un être particulier. L'intelligible, au contraire, n'appartient qu'à
lui-même, n'est l'attribut d'aucun être particulier.
Si la justice consiste à remplir sa fonction propre, implique-t-elle
toujours multiplicité? Assurément, si elle est dans un principe qui a
plusieurs parties {l'âme humaine, dans laquelle on distingue plusieurs
facultés} ; mais son essence est dans l'accomplissement de la fonction
propre à chaque être, lors même qu'elle se trouve dans un principe qui est
un {l'Intelligence}. La justice absolue et véritable consiste dans
l'action que dirige sur lui-même le principe qui est un, dans lequel on ne
peut distinguer de parties.
A ce degré supérieur, la justice consiste à diriger l'action de l'âme vers
l'intelligence; la tempérance est la conversion intime de l'âme vers
l'intelligence ; le courage est l'impassibilité, par laquelle l'âme
devient semblable à ce qu'elle contemple, puisque l'intelligence est
impassible par sa nature. Or cette impassibilité, l'âme la tient de la
vertu qui l'empêche de partager les passions du principe inférieur auquel
elle est associée.
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