[1,2,3] Ἀλλ´ ἐπεὶ τὴν ὁμοίωσιν ἄλλην ὑποφαίνει ὡς τῆς μείζονος ἀρετῆς οὖσαν, περὶ
ἐκείνης λεκτέον· ἐν ᾧ καὶ σαφέστερον ἔσται μᾶλλον καὶ τῆς πολιτικῆς ἡ οὐσία, καὶ ἥτις
ἡ μείζων κατὰ τὴν οὐσίαν, καὶ ὅλως, ὅτι ἔστι παρὰ τὴν πολιτικὴν ἑτέρα. Λέγων δὴ
ὁ Πλάτων τὴν « ὁμοίωσιν » τὴν πρὸς τὸν « θεὸν φυγὴν » τῶν ἐντεῦθεν εἶναι, καὶ
ταῖς ἀρεταῖς ταῖς ἐν πολιτείᾳ οὐ τὸ ἁπλῶς διδούς, ἀλλὰ προστιθεὶς « πολιτικάς
γε », καὶ ἀλλαχοῦ « καθάρσεις » λέγων ἁπάσας δῆλός τέ ἐστι διττὰς τιθεὶς καὶ
τὴν ὁμοίωσιν οὐ κατὰ τὴν πολιτικὴν τιθείς.
Πῶς οὖν λέγομεν ταύτας καθάρσεις καὶ πῶς καθαρθέντες μάλιστα ὁμοιούμεθα;
Ἢ ἐπειδὴ κακὴ μέν ἐστιν ἡ ψυχὴ « συμπεφυρμένη » τῷ σώματι καὶ ὁμοπαθὴς
γινομένη αὐτῷ καὶ πάντα συνδοξάζουσα, εἴη ἂν ἀγαθὴ καὶ ἀρετὴν ἔχουσα, εἰ
μήτε συνδοξάζοι, ἀλλὰ μόνη ἐνεργοῖ - ὅπερ ἐστὶ νοεῖν τε καὶ φρονεῖν - μήτε
ὁμοπαθὴς εἴη - ὅπερ ἐστὶ σωφρονεῖν - μήτε φοβοῖτο ἀφισταμένη τοῦ σώματος -
ὅπερ ἐστὶν ἀνδρίζεσθαι - ἡγοῖτο δὲ λόγος καὶ νοῦς, τὰ δὲ μὴ ἀντιτείνοι -
δικαιοσύνη δ´ ἂν εἴη τοῦτο.
Τὴν δὴ τοιαύτην διάθεσιν τῆς ψυχῆς καθ´ ἣν νοεῖ τε καὶ ἀπαθὴς οὕτως ἐστίν, εἴ
τις ὁμοίωσιν λέγοι πρὸς θεόν, οὐκ ἂν ἁμαρτάνοι· καθαρὸν γὰρ καὶ τὸ θεῖον καὶ ἡ
ἐνέργεια τοιαύτη, ὡς τὸ μιμούμενον ἔχειν φρόνησιν. Τί οὖν οὐ κἀκεῖνο οὕτω
διάκειται; Ἢ οὐδὲ διάκειται, ψυχῆς δὲ ἡ διάθεσις. Νοεῖ τε ἡ ψυχὴ ἄλλως· τῶν δὲ
ἐκεῖ τὸ μὲν ἑτέρως, τὸ δὲ οὐδὲ ὅλως. Πάλιν οὖν τὸ νοεῖν ὁμώνυμον; Οὐδαμῶς·
ἀλλὰ τὸ μὲν πρώτως, τὸ δὲ παρ´ ἐκείνου ἑτέρως. Ὡς γὰρ ὁ ἐν φωνῇ λόγος μίμημα
τοῦ ἐν ψυχῇ, οὕτω καὶ ὁ ἐν ψυχῇ μίμημα τοῦ ἐν ἑτέρῳ. Ὡς οὖν μεμερισμένος ὁ ἐν
προφορᾷ πρὸς τὸν ἐν ψυχῇ, οὕτω καὶ ὁ ἐν ψυχῇ ἑρμηνεὺς ὢν ἐκείνου πρὸς τὸ πρὸ
αὐτοῦ. Ἡ δὲ ἀρετὴ ψυχῆς· νοῦ δὲ οὐκ ἔστιν οὐδὲ τοῦ ἐπέκεινα.
| [1,2,3] Platon indiquant un autre mode d'assimilation comme le privilège d'une
vertu supérieure, nous parlerons de cet autre mode. Par là on
comprendra mieux quelle est l'essence de la vertu civile, et ce qu'est
cette autre vertu d'une nature supérieure, et en quoi elle diffère de la
précédente. Quand Platon dit qu'on s'assimile à Dieu en fuyant d'ici-bas,
et qu'au lieu d'appeler simplement du nom de vertus les vertus qui ont
rapport à la vie sociale, il y ajoute l'épithète de civiles, enfin lorsque
dans un autre endroit il dit que toutes les vertus sont des procédés de
purification, il distingue évidemment deux sortes de vertus, et ce
n'est pas aux vertus civiles qu'il attribue le pouvoir de nous assimiler à Dieu.
A quel titre donc peut-on dire que les vertus purifient, et comment en
nous purifiant nous rapprochent–elles le plus possible de la divinité?
L'âme est mauvaise tant qu'elle est mêlée au corps, qu'elle partage ses
passions, ses opinions; elle ne devient meilleure et n'entre en possession
de la vertu, que lorsqu'au lieu d'opiner avec le corps, elle pense par
elle-même (ce qui est la vraie pensée et constitue la prudence),
lorsqu'elle cesse de partager ses passions (ce qui est la tempérance),
qu'elle ne craint pas d'être séparée du corps (ce qui est le courage),
lorsqu'enfin la raison et l'intelligence commandent et sont obéies (ce qui
est la justice).
On peut, sans crainte de se tromper, affirmer que la disposition d'une âme
ainsi réglée, d'une âme qui pense les choses intelligibles et qui reste
impassible, est ce qui constitue la ressemblance avec Dieu : car ce qui
est pur est divin, et telle est la nature de l'action divine que ce qui
l'imite possède par cela même la sagesse. Mais Dieu a-t-il une pareille
disposition? Non : c'est à l'âme seule qu'il appartient d'avoir une
disposition. D'ailleurs l'âme ne pense pas les objets intelligibles de la
même manière que Dieu: ce qui est en Dieu ne se trouve en nous que d'une
manière toute différente ou même ne s'y trouve pas du tout. Ainsi la
pensée de Dieu n'est pas identique avec la nôtre. La pensée de Dieu est un
premier principe dont la nôtre dérive et diffère. Comme la parole
extérieure n'est que l'image de la parole intérieure de l'âme, la parole
de l'âme n'est elle-même que l'image de la parole d'un principe supérieur;
et comme la parole extérieure parait divisée quand on la compare à la
parole intérieure de l'âme, celle de l'âme, qui n'est que l'interprète de
la parole intelligible, est divisée par rapport à celle-ci. C'est ainsi
que la vertu appartient à l'âme sans appartenir ni à l'Intelligence
absolue, ni au principe supérieur à l'Intelligence.
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