[124] (124a) ΘΕΑΓΗΣ
Ἧι τῶν ἐν τῇ πόλει, ἔμοιγε δοκεῖ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν ἐν τῇ πόλει εἰσὶν καὶ οἱ κάμνοντες;
ΘΕΑΓΗΣ
Ναί, ἀλλ' οὐ τούτων λέγω μόνον, ἀλλὰ καὶ τῶν ἄλλων τῶν ἐν τῇ πόλει.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἆρά γε μανθάνω ἣν λέγεις τέχνην; δοκεῖς γάρ μοι λέγειν οὐχ ᾗ τῶν θεριζόντων ἐπιστάμεθα ἄρχειν καὶ τρυγώντων καὶ τῶν φυτευόντων καὶ σπειρόντων καὶ ἁλοώντων· αὕτη μὲν γὰρ γεωργική, ᾗ τούτων ἄρχομεν. Ἦ γάρ;
ΘΕΑΓΗΣ
Ναί.
(124b) ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐδέ γε οἶμαι ᾗ τῶν πριζόντων καὶ τρυπώντων καὶ ξεόντων καὶ τορνευόντων συμπάντων ἐπιστάμεθα ἄρχειν, οὐ ταύτην λέγεις· αὕτη μὲν γὰρ οὐ τεκτονική;
ΘΕΑΓΗΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀλλ' ἴσως ᾗ τούτων τε πάντων καὶ αὐτῶν τῶν γεωργῶν καὶ τῶν τεκτόνων καὶ τῶν δημιουργῶν ἁπάντων καὶ τῶν ἰδιωτῶν καὶ τῶν γυναικῶν καὶ ἀνδρῶν, ταύτην ἴσως λέγεις τὴν σοφίαν.
ΘΕΑΓΗΣ
Ταύτην πάλαι, ὦ Σώκρατες, βούλομαι λέγειν.
(124c) ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἔχεις οὖν εἰπεῖν, Αἴγισθος ὁ Ἀγαμέμνονα ἀποκτείνας ἐν Ἄργει ἆρα τούτων ἦρχεν ὧν σὺ λέγεις, τῶν τε δημιουργῶν καὶ ἰδιωτῶν καὶ ἀνδρῶν καὶ γυναικῶν συμπάντων, ἢ ἄλλων τινῶν;
ΘΕΑΓΗΣ
Οὔκ, ἀλλὰ τούτων.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί δὲ δή; Πηλεὺς ὁ Αἰακοῦ ἐν Φθίᾳ οὐ τῶν αὐτῶν τούτων ἦρχεν;
ΘΕΑΓΗΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Περίανδρον δὲ τὸν Κυψέλου ἄρχοντα ἐν Κορίνθῳ ἤδη ἀκήκοας γενέσθαι;
ΘΕΑΓΗΣ
Ἔγωγε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐ τῶν αὐτῶν τούτων ἄρχοντα ἐν τῇ αὑτοῦ πόλει;
(124d) ΘΕΑΓΗΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί δὲ Ἀρχέλαον τὸν Περδίκκου, τὸν νεωστὶ τοῦτον ἄρχοντα ἐν Μακεδονίᾳ; Οὐ τῶν αὐτῶν ἡγῇ τούτων ἄρχειν;
ΘΕΑΓΗΣ
Ἔγωγε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἱππίαν δὲ τὸν Πεισιστράτου ἐν τῇδε τῇ πόλει ἄρξαντα τίνων οἴει ἄρξαι; Οὐ τούτων;
ΘΕΑΓΗΣ
Πῶς γὰρ οὔ;
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Εἴποις ἂν οὖν μοι τίνα ἐπωνυμίαν ἔχει Βάκις τε καὶ Σίβυλλα καὶ ὁ ἡμεδαπὸς Ἀμφίλυτος;
ΘΕΑΓΗΣ
Τίνα γὰρ ἄλλην, ὦ Σώκρατες, πλήν γε χρησμῳδοί;
(124e) ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ὀρθῶς λέγεις. ἀλλὰ καὶ τούσδε μοι οὕτω πειρῶ ἀποκρίνασθαι, τίνα ἐπωνυμίαν ἔχει Ἱππίας καὶ Περίανδρος διὰ τὴν αὐτὴν ἀρχήν;
ΘΕΑΓΗΣ
Οἶμαι μὲν τύραννοι· τί γὰρ ἄλλο;
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν ὅστις ἐπιθυμεῖ τῶν ἀνθρώπων τῶν ἐν τῇ πόλει συμπάντων ἄρχειν, τῆς αὐτῆς ἀρχῆς τούτοις ἐπιθυμεῖ, τυραννικῆς, καὶ τύραννος εἶναι;
ΘΕΑΓΗΣ
Φαίνεται.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν ταύτης ἐπιθυμεῖν σὺ φῄς;
ΘΕΑΓΗΣ
Ἔοικέν γε ἐξ ὧν ἐγὼ εἶπον.
| [124] (124a) THÉAGÈS.
Elle nous apprend à gouverner les hommes en société.
SOCRATE.
Mais les malades ne sont-ils point aussi dans la société ?
THÉAGÈS.
Oui, mais ce n'est pas d'eux seulement que je veux parler, je parle aussi de tous ceux qui en font partie.
SOCRATE.
Voyons si je comprends bien l'art dont tu parles. Il me paraît que tu ne parles point de celui qui nous apprend à gouverner les moissonneurs, les vendangeurs, les planteurs, les semeurs, les batteurs ; car cela appartient à l'agriculture, n'est-ce pas?
THÉAGÈS.
Oui.
(124b) SOCRATE.
Tu ne parles pas non plus de celui qui enseigne à gouverner les scieurs, les perforeurs, les polisseurs, les tourneurs ; car cela ne regarde-t-il pas la menuiserie ?
THÉAGÈS.
Sans doute.
SOCRATE.
Mais peut-être c'est de l'art qui enseigne à gouverner tous ces gens-là ensemble, les agriculteurs, les menuisiers, les ouvriers de toute sorte, et tous les particuliers, hommes et femmes ; c'est peut-être de celui-là que tu parles?
THÉAGÈS.
C'est de celui-là même que je voulais parler.
(124c) SOCRATE.
Saurais-tu me dire si Égisthe, celui qui tua Agamemnon à Argos, gouvernait tous ces gens-là, les artisans et tous les particuliers, hommes et femmes, ou s'il en gouvernait d'autres?
THÉAGÈS.
Non, il gouvernait ceux-là.
SOCRATE.
Et Pelée, fils d'Éacus, ne gouvernait-il pas ces mêmes gens à Phthie?
THÉAGÈS.
Oui.
SOCRATE.
As-tu entendu dire qu'il y ait eu un Périandre fils de Cypsèle, qui commandait à Corinthe?
THÉAGÈS.
Oui.
SOCRATE.
Eh bien, n'est-ce pas à ces mêmes gens qu'il commandait ?
(124d) THÉAGÈS.
Certainement.
SOCRATE.
Et Archélaüs, fils de Perdiccas, qui, dans ces derniers temps, est monté sur le trône de Macédoine, ne penses-tu pas que ce soit à ces mêmes gens qu'il commande ?
THÉAGÈS.
Je le pense bien.
SOCRATE.
Et Hippias, fils de Pisistrate, qui a commandé dans cette ville, à qui crois-tu qu'il ait commandé ? n'est-ce pas à ces mêmes gens ?
THÉAGÈS.
A qui donc?
SOCRATE.
Sais-tu me dire quel nom l'on donne à Bacis, à Sibylle, et à notre compatriote Amphilytus?
THÉAGÈS.
Quel autre nom que celui de devin?
(124e) SOCRATE.
Fort bien. Et ceux-ci, Hippias et Périandre, tâche de me répondre de même comment on les appelle, pour désigner leur pouvoir?
THÉAGÈS.
Des tyrans, je pense : pourrait-on leur donner un autre nom ?
SOCRATE.
Donc tout homme qui désire commander dans sa patrie, désire acquérir un pouvoir semblable au leur, et devenir un tyran.
THÉAGÈS.
Cela paraît évident.
SOCRATE.
Or, c'est ce pouvoir que tu désires acquérir, dis-tu?
THÉAGÈS.
Du moins est-ce là ce qui paraît résulter de ce que j'ai dit.
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