[125] ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ὦ μιαρέ, τυραννεῖν ἄρα ἡμῶν ἐπιθυμῶν πάλαι (125a) ἐμέμφου τῷ πατρὶ ὅτι σε οὐκ ἔπεμπεν εἰς (διδασκάλου) τυραννοδιδασκάλου τινός; καὶ σύ, ὦ Δημόδοκε, οὐκ αἰσχύνῃ πάλαι εἰδὼς οὗ ἐπιθυμεῖ οὗτος, καὶ ἔχων ὅθι πέμψας αὐτὸν δημιουργὸν ἂν ἐποίησας τῆς σοφίας ἧς ἐπιθυμεῖ, ἔπειτα φθονεῖς τε αὐτῷ καὶ οὐκ ἐθέλεις πέμπειν; ἀλλὰ νῦν - ὁρᾷς; - ἐπειδὴ ἐναντίον ἐμοῦ κατείρηκέ σου, κοινῇ βουλευώμεθα ἐγώ τε καὶ σὺ ἐς τίνος ἂν αὐτὸν πέμποιμεν καὶ διὰ τὴν τίνος συνουσίαν σοφὸς ἂν γένοιτο τύραννος;
(125b) ΔΗΜΟΔΟΚΟΣ
Ναὶ μὰ Δία, ὦ Σώκρατες, βουλευώμεθα δῆτα, ὡς δοκεῖ γέ μοι βουλῆς δεῖν περὶ τούτου οὐ φαύλης.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἔασον, ὠγαθέ. Διαπυθώμεθα αὐτοῦ πρῶτον ἱκανῶς.
ΔΗΜΟΔΟΚΟΣ
Πυνθάνου δή.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί οὖν ἂν εἰ Εὐριπίδῃ τι προσχρησαίμεθα, ὦ Θέαγες; Εὐριπίδης γάρ πού φησιν
- Σοφοὶ τύραννοι τῶν σοφῶν συνουσίᾳ·
εἰ οὖν ἔροιτό τις τὸν Εὐριπίδην· « ὦ Εὐριπίδη, τῶν τί (125c) σοφῶν συνουσίᾳ φῂς σοφοὺς εἶναι τοὺς τυράννους; » ὥσπερ ἂν εἰ εἰπόντα
- Σοφοὶ γεωργοὶ τῶν σοφῶν συνουσίᾳ,
ἠρόμεθα « τῶν τί σοφῶν; » Τί ἂν ἡμῖν ἀπεκρίνατο; Ἆρ' ἂν ἄλλο τι ἢ τῶν τὰ γεωργικά;
ΘΕΑΓΗΣ
Οὔκ, ἀλλὰ τοῦτο.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί δὲ εἰ εἶπε -
Σοφοὶ μάγειροι τῶν σοφῶν συνουσίᾳ,
εἰ ἠρόμεθα· « Τῶν τί σοφῶν; » Τί ἂν ἡμῖν ἀπεκρίνατο; Οὐχ ὅτι τῶν μαγείρων;
ΘΕΑΓΗΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί δ' εἰ
- Σοφοὶ παλαισταὶ τῶν σοφῶν συνουσίᾳ
εἶπεν, εἰ ἠρόμεθα· « Τῶν τί σοφῶν; » Ἆρα οὐκ ἂν τῶν (125d) παλαίειν ἔφη;
ΘΕΑΓΗΣ
Ναί.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἐπειδὴ δὲ εἶπε
- Σοφοὶ τύραννοι τῶν σοφῶν συνουσίᾳ,
ἡμῶν ἐρωτώντων· « Τῶν τί σοφῶν λέγεις, ὦ Εὐριπίδη; » Τί ἂν φαίη; ποῖα ἂν εἶναι ταῦτα;
ΘΕΑΓΗΣ
Ἀλλὰ μὰ Δί' οὐκ οἶδ' ἔγωγε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀλλὰ βούλει ἐγώ σοι εἴπω;
ΘΕΑΓΗΣ
Εἰ σὺ βούλει.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ταῦτ' ἐστὶν ἅπερ ἔφη Ἀνακρέων τὴν Καλλικρίτην ἐπίστασθαι· ἢ οὐκ οἶσθα τὸ ᾆσμα;
ΘΕΑΓΗΣ
Ἔγωγε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί οὖν; Τοιαύτης τινὸς καὶ σὺ συνουσίας ἐπιθυμεῖς (125e) ἀνδρὸς ὅστις τυγχάνει ὁμότεχνος ὢν Καλλικρίτῃ τῇ Κυάνης καὶ « ἐπίσταται τυραννικά, » ὥσπερ ἐκείνην ἔφη ὁ ποιητής, ἵνα καὶ σὺ ἡμῖν τύραννος γένῃ καὶ τῇ πόλει;
ΘΕΑΓΗΣ
Πάλαι, ὦ Σώκρατες, σκώπτεις καὶ παίζεις πρός με.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί δέ; Οὐ ταύτης φῂς τῆς σοφίας ἐπιθυμεῖν ᾗ πάντων ἂν τῶν πολιτῶν ἄρχοις; Τοῦτο δὲ ποιῶν ἄλλο τι ἢ τύραννος ἂν εἴης;
| [125] SOCRATE.
O scélérat ! c'est donc à devenir notre tyran que tu aspires, et c'est pour cela que (125a) tu te plains depuis longtemps de ce que ton père ne te met pas entre les mains de quelque maître qui te dresse à la tyrannie? Et toi, Démodocus, n'as-tu pas honte ? Toi qui connais depuis longtemps son désir, et qui sais où l'envoyer pour le rendre habile dans la science qu'il veut apprendre, tu lui envies ce bonheur, et lui refuses un maître ! Mais à présent, vois-tu, qu'il t'a accusé par-devant moi, il faut délibérer ensemble chez qui nous devons l'envoyer, et quel est le maître dont le commerce peut le rendre un tyran habile.
(125b) DÉMODOCUS.
Oui, par Jupiter, Socrate ! délibérons ensemble : car m'est avis qu'il faut ici une délibération sérieuse.
SOCRATE.
Un moment, mon cher. Finissons de l'interroger auparavant.
DÉMODOCUS.
Interroge-le donc.
SOCRATE.
Veux-tu, Théagès, que nous nous servions un peu d'Euripide? Euripide dit quelque part:
Les tyrans deviennent habiles par le commerce des habiles.
Si quelqu'un demandait à Euripide : O Euripide ! en quoi doivent-ils (125c) être habiles ceux dont le commerce, dis-tu, rend habiles les tyrans?
S'il eût dit, par exemple, Les agriculteurs deviennent habiles par le commerce des habiles, et que nous lui demandassions en quoi habiles ? Que nous répondrait-il, sinon habiles dans l'agriculture ?
THÉAGÈS.
Il ne pourrait répondre autre chose.
SOCRATE.
Et s'il eût dit, Les cuisiniers deviennent habiles par le commerce des
habiles, et qu'on lui demandât en quoi habiles? Que crois-tu qu'il répondît ? n'est-ce pas habiles dans l'art de la cuisine?
THÉAGÈS.
Sans doute.
SOCRATE.
Et s'il eût dit,
Les lutteurs deviennent habiles par le commerce des habiles,
et qu'on lui demandât en quoi habiles? ne répondrait-il pas habiles (125d) dans l'art de la lutte ?
THÉAGÈS.
Assurément.
SOCRATE.
Mais, puisqu'il a dit,
Les tyrans deviennent habiles par le commerce des habiles,
si nous lui demandions : Euripide, en quoi dis-tu qu'ils doivent être habiles ? Que dirait-il ? en quoi ferait-il consister leur science ?
THÉAGÈS.
Par Jupiter! je ne saurais le dire.
SOCRATE.
Veux-tu que je te le dise ?
THÉAGÈS.
Oui, s'il te plaît.
SOCRATE.
Leur science est celle que, suivant Anacréon, possédait parfaitement Callicrète. Ne te souviens-tu pas de la chanson ?
THÉAGÈS.
Je m'en souviens.
SOCRATE.
Quoi donc ! tu souhaites d'être mis entre les mains (125e) d'un homme qui soit de la même profession que Callicrète, fille de Cyane, et qui entende l'art de la tyrannie, comme elle le faisait, au rapport du poète, afin que tu deviennes notre tyran et celui de la ville ?
THÉAGÈS.
Il y a longtemps, Socrate, que tu railles et te moques de moi.
SOCRATE.
Comment! ne dis-tu pas que tu souhaites d'acquérir la science qui t'apprendra à commander à tous tes concitoyens? Peux-tu leur commander sans être tyran ?
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