[134] (134a) Πῶς γὰρ ἄν, ἔφη, ἀπό γε ὀλίγων πόνων τὸ σῶμά τις εὖ ἔχοι;
Καί μοι ἔδοξεν ἤδη ἐνταῦθα κινητέος εἶναι ὁ φιλογυμναστής, ἵνα μοι βοηθήσῃ διὰ τὴν ἐμπειρίαν τῆς γυμναστικῆς· κἄπειτα ἠρόμην αὐτόν, σὺ δὲ δὴ τί σιγᾷς ἡμῖν, ὦ λῷστε, τούτου ταῦτα λέγοντος; Ἢ καὶ σοὶ δοκοῦσιν οἱ ἄνθρωποι εὖ τὰ σώματα ἔχειν ἀπὸ τῶν πολλῶν πόνων, ἢ ἀπὸ τῶν μετρίων;
Ἐγὼ μέν, ὦ Σώκρατες, ἔφη, ᾤμην τὸ λεγόμενον δὴ τοῦτο κἂν ὗν γνῶναι ὅτι οἱ μέτριοι πόνοι εὖ ποιοῦσιν ἔχειν τὰ (134b) σώματα, πόθεν δὴ οὐχὶ ἄνδρα γε ἄγρυπνόν τε καὶ ἄσιτον καὶ ἀτριβῆ τὸν τράχηλον ἔχοντα καὶ λεπτὸν ὑπὸ μεριμνῶν; Καὶ αὐτοῦ ταῦτα εἰπόντος ἥσθη τὰ μειράκια καὶ ἐπεγέλασεν, ὁ δ' ἕτερος ἠρυθρίασε.
Καὶ ἐγὼ εἶπον, τί οὖν; Σὺ ἤδη συγχωρεῖς μήτε πολλοὺς μήτε ὀλίγους πόνους εὖ ποιεῖν ἔχειν τὰ σώματα τοὺς ἀνθρώπους, ἀλλὰ τοὺς μετρίους; Ἢ διαμάχῃ δυοῖν ὄντοιν νῷν περὶ τοῦ λόγου;
(134c) Κἀκεῖνος, πρὸς μὲν τοῦτον, ἔφη, κἂν πάνυ ἡδέως διαγωνισαίμην, καὶ εὖ οἶδ' ὅτι ἱκανὸς ἂν γενοίμην βοηθῆσαι τῇ ὑποθέσει ἣν ὑπεθέμην, καὶ εἰ ταύτης ἔτι φαυλοτέραν ὑπεθέμην -οὐδὲν γάρ ἐστι - πρὸς μέντοι σὲ οὐδὲν δέομαι παρὰ δόξαν φιλονικεῖν, ἀλλ' ὁμολογῶ μὴ τὰ πολλὰ ἀλλὰ τὰ μέτρια γυμνάσια τὴν εὐεξίαν ἐμποιεῖν τοῖς ἀνθρώποις.
Τί δὲ τὰ σιτία; Τὰ μέτρια ἢ τὰ πολλά; ἔφην ἐγώ.
Καὶ τὰ σιτία ὡμολόγει.
(134d) Ἔτι δὲ κἀγὼ προσηνάγκαζον αὐτὸν ὁμολογεῖν καὶ τἆλλα πάντα τὰ περὶ τὸ σῶμα ὠφελιμώτατα εἶναι τὰ μέτρια ἀλλὰ μὴ τὰ πολλὰ μηδὲ τὰ ὀλίγα· καί μοι ὡμολόγει τὰ μέτρια.
Τί δ', ἔφην, τὰ περὶ τὴν ψυχήν; Τὰ μέτρια ὠφελεῖ ἢ τὰ ἄμετρα τῶν προσφερομένων;
Τὰ μέτρια, ἔφη.
Οὐκοῦν ἓν τῶν προσφερομένων ψυχῇ ἐστι καὶ τὰ μαθήματα;
Ὡμολόγει.
Καὶ τούτων ἄρα τὰ μέτρια ὠφελεῖ ἀλλ' οὐ τὰ πολλά;
Συνέφη.
(134e) Τίνα οὖν ἐρόμενοι ἂν δικαίως ἐροίμεθα ὁποῖοι μέτριοι πόνοι καὶ σιτία πρὸς τὸ σῶμά ἐστιν;
Ὡμολογοῦμεν μὲν τρεῖς ὄντες, ὅτι ἰατρὸν ἢ παιδοτρίβην.
Τίνα δ' ἂν περὶ σπερμάτων σπορᾶς ὁπόσον μέτριον;
Καὶ τούτου τὸν γεωργὸν ὡμολογοῦμεν.
Τίνα δὲ περὶ μαθημάτων εἰς ψυχὴν φυτεύσεώς τε καὶ σπορᾶς ἐρωτῶντες δικαίως ἂν ἐροίμεθα ὁπόσα καὶ ὁποῖα μέτρια;
| [134] (134a) Et comment, en effet, serait-il possible, me répondit-il, qu'on se portât bien, avec peu d'exercice?
Sur cela, je trouvai à propos de pousser un peu mon athlète, pour qu'il vînt à mon secours, avec son expérience en fait de gymnastique; et lui adressant la parole : Pourquoi gardes-tu le silence, mon cher, quand tu l'entends parler ainsi? crois-tu que ce soit le grand nombre d'exercices qui fassent du bien à la santé, ou un exercice modéré?
Pour moi, Socrate, me répondit-il, il me semblait que je pense toujours comme le précepte, que les exercices modérés font la (134b) bonne santé. En veux-tu la preuve? vois ce pauvre homme, avec son application à l'étude, il ne mange plus, il ne dort point, il est tout roide, et comme desséché par la méditation.
A ces paroles, les deux jeunes gens se prirent à rire, et le philosophe rougit. Je lui dis : Eh bien ! ne conviens-tu pas présentement que ce n'est ni le grand ni le petit nombre d'exercices qui font qu'on se porte bien, mais un exercice modéré ? Veux-tu donc combattre contre deux?
(134c) S'il n'y avait que lui, me dit-il, je lui tiendrais bien tête, et tu sens que je suis en état de lui prouver ce que j'ai avancé, serait-ce une chose
encore moins vraisemblable ; car voilà vraiment un redoutable adversaire ! mais avec toi, Socrate, je ne veux pas disputer contre mon sentiment. J'avoue donc que ce n'est pas le grand nombre d'exercices, mais un exercice modéré qui fait la bonne santé.
(134d) N'en est-il pas de même des aliments? lui dis-je. Il en tomba d'accord ; et sur toutes les autres choses qui regardent le corps, je le forçai de convenir que c'est le juste milieu qui est utile, et point du tout le trop, ni le trop peu ; et il en convint avec moi. Et sur ce qui regarde l'âme, lui dis-je ensuite, est-ce la quantité d'aliments qu'on lui donne qui lui est utile, ou la juste mesure?
La juste mesure.
Mais, les connaissances, repris-je, ne sont-elles pas les aliments de l'âme? Il l'avoua.
Et par conséquent, lui dis-je, c'est la mesure, et non la multitude des connaissances qui fait du bien à l'âme ? Il en tomba d'accord.
(134e) A qui pourrions-nous raisonnablement nous adresser, continuai-je, pour bien savoir quelle est la juste mesure d'aliments et d'exercices qui est bonne au corps? Nous convînmes tous trois que c'était à un médecin ou à un maître de gymnastique. Et sur les semences, pour connaître cette juste mesure, qui consulter ? Nous convînmes que c'était l'affaire du laboureur. Et sur les sciences, qui consulterons-nous donc pour savoir le milieu qu'il faut garder en les semant ou en les plantant dans l'âme?
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