[8,565] (565a) Δῆμος δ’ ἂν εἴη τρίτον γένος, ὅσοι αὐτουργοί τε καὶ ἀπράγμονες, οὐ
πάνυ πολλὰ κεκτημένοι· ὃ δὴ πλεῖστόν τε καὶ κυριώτατον ἐν δημοκρατίᾳ
ὅτανπερ ἁθροισθῇ.
῎Εστιν γάρ, ἔφη· ἀλλ’ οὐ θαμὰ ἐθέλει ποιεῖν τοῦτο, ἐὰν μὴ μέλιτός τι
μεταλαμβάνῃ.
Οὐκοῦν μεταλαμβάνει, ἦν δ’ ἐγώ, ἀεί, καθ’ ὅσον δύνανται οἱ προεστῶτες,
τοὺς ἔχοντας τὴν οὐσίαν ἀφαιρούμενοι, διανέμοντες τῷ δήμῳ, τὸ πλεῖστον
αὐτοὶ ἔχειν.
(565b) Μεταλαμβάνει γὰρ οὖν, ἦ δ’ ὅς, οὕτως.
᾿Αναγκάζονται δὴ οἶμαι ἀμύνεσθαι, λέγοντές τε ἐν τῷ δήμῳ καὶ πράττοντες
ὅπῃ δύνανται, οὗτοι ὧν ἀφαιροῦνται.
Πῶς γὰρ οὔ;
Αἰτίαν δὴ ἔσχον ὑπὸ τῶν ἑτέρων, κἂν μὴ ἐπιθυμῶσι νεωτερίζειν, ὡς
ἐπιβουλεύουσι τῷ δήμῳ καί εἰσιν ὀλιγαρχικοί.
Τί μήν;
Οὐκοῦν καὶ τελευτῶντες, ἐπειδὰν ὁρῶσι τὸν δῆμον, οὐχ ἑκόντα ἀλλ’
ἀγνοήσαντά τε καὶ ἐξαπατηθέντα ὑπὸ τῶν (565c) διαβαλλόντων,
ἐπιχειροῦντα σφᾶς ἀδικεῖν, τότ’ ἤδη, εἴτε βούλονται εἴτε μή, ὡς ἀληθῶς
ὀλιγαρχικοὶ γίγνονται, οὐχ ἑκόντες, ἀλλὰ καὶ τοῦτο τὸ κακὸν ἐκεῖνος ὁ κηφὴν
ἐντίκτει κεντῶν αὐτούς.
Κομιδῇ μὲν οὖν.
Εἰσαγγελίαι δὴ καὶ κρίσεις καὶ ἀγῶνες περὶ ἀλλήλων γίγνονται.
Καὶ μάλα.
Οὐκοῦν ἕνα τινὰ ἀεὶ δῆμος εἴωθεν διαφερόντως προΐστασθαι ἑαυτοῦ, καὶ
τοῦτον τρέφειν τε καὶ αὔξειν μέγαν;
Εἴωθε γάρ.
(565d) Τοῦτο μὲν ἄρα, ἦν δ’ ἐγώ, δῆλον, ὅτι, ὅτανπερ φύηται τύραννος, ἐκ
προστατικῆς ῥίζης καὶ οὐκ ἄλλοθεν ἐκβλαστάνει.
Καὶ μάλα δῆλον.
Τίς ἀρχὴ οὖν μεταβολῆς ἐκ προστάτου ἐπὶ τύραννον; ἢ δῆλον ὅτι ἐπειδὰν
ταὐτὸν ἄρξηται δρᾶν ὁ προστάτης τῷ ἐν τῷ μύθῳ ὃς περὶ τὸ ἐν ᾿Αρκαδίᾳ τὸ
τοῦ Διὸς τοῦ Λυκαίου ἱερὸν λέγεται;
Τίς; ἔφη.
῾Ως ἄρα ὁ γευσάμενος τοῦ ἀνθρωπίνου σπλάγχνου, ἐν ἄλλοις ἄλλων ἱερείων
ἑνὸς ἐγκατατετμημένου, ἀνάγκη δὴ (565e) τούτῳ λύκῳ γενέσθαι. ἢ οὐκ
ἀκήκοας τὸν λόγον;
῎Εγωγε.
῏Αρ’ οὖν οὕτω καὶ ὃς ἂν δήμου προεστώς, λαβὼν σφόδρα πειθόμενον ὄχλον,
μὴ ἀπόσχηται ἐμφυλίου αἵματος, ἀλλ’ ἀδίκως ἐπαιτιώμενος, οἷα δὴ φιλοῦσιν,
εἰς δικαστήρια ἄγων μιαιφονῇ, βίον ἀνδρὸς ἀφανίζων, γλώττῃ τε καὶ στόματι
ἀνοσίῳ γευόμενος φόνου συγγενοῦς,
| [8,565] (565a) La troisième classe c'est le peuple : tous ceux qui travaillent
de leurs mains, sont étrangers aux affaires, et ne possèdent presque rien. Dans
une démocratie cette classe est la plus nombreuse et la plus puissante
lorsqu'elle est assemblée.
En effet, dit-il; mais elle ne s'assemble guère, à moins qu'il ne lui
revienne quelque part de miel.
Aussi bien lui en revient-il toujours quelqu'une, dans la mesure où les
chefs peuvent s'emparer de la fortune des possédants et la distribuer au
peuple, tout en gardant pour eux la plus grosse part.
(565b) Certes, c'est ainsi qu'elle reçoit quelque chose.
Cependant, les riches qu'on dépouille sont, je pense, obligés de se
défendre : ils prennent la parole devant le peuple et emploient tous les
moyens qui sont en leur pouvoir.
Sans doute.
Les autres, de leur côté, les accusent, bien qu'ils ne désirent point de
révolution, de conspirer contre le peuple et d'être des oligarques.
Assurément.
Or donc, à la fin, lorsqu'ils voient que le peuple, non par mauvaise
volonté mais par ignorance, et parce qu'il (565c) est trompé par leurs
calomniateurs, essaie de leur nuire, alors, qu'ils le veuillent ou non, ils
deviennent de véritables oligarques; et cela ne se fait point de leur
propre gré : ce mal, c'est encore le frelon qui l'engendre en les piquant.
Certes !
Dès lors ce sont poursuites, procès et luttes entre les uns et les autres.
Sans doute.
Maintenant, le peuple n'a-t-il pas l'invariable habitude de mettre à sa tête
un homme dont il nourrit et accroît la puissance?
C'est son habitude, dit-il.
(565d) Il est donc évident que si le tyran pousse quelque part, c'est sur la
racine de ce protecteur et non ailleurs qu'il prend tige.
Tout à fait évident.
Mais où commence la transformation du protecteur en tyran? N'est-ce
pas évidemment lorsqu'il se met à faire ce qui est rapporté dans la fable
du temple de Zeus Lycéen en Arcadie?
Que dit la fable? demanda-t-il.
Que celui qui a goûté des entrailles humaines, coupées en morceaux avec
celles d'autres victimes, est inévitablement changé en loup. Ne l'as-tu pas
entendu (565e) raconter?
Si.
De même, quand le chef du peuple, assuré de l'obéissance absolue de la
multitude, ne sait point s'abstenir du sang des hommes de sa tribu, mais,
les accusant injustement, selon le procédé favori de ses pareils, et les
traînant devant les tribunaux, se souille de crimes en leur faisant ôter la
vie, quand, d'une langue et d'une bouche impies, il goûte le sang de sa race,
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