HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, La République, livre VIII

Page 566

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[8,566] καὶ ἀνδρηλατῇ καὶ (566a) ἀποκτεινύῃ καὶ ὑποσημαίνῃ χρεῶν τε ἀποκοπὰς
καὶ γῆς ἀναδασμόν, ἆρα τῷ τοιούτῳ ἀνάγκη δὴ τὸ μετὰ τοῦτο καὶ εἵμαρται
ἀπολωλέναι ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν τυραννεῖν καὶ λύκῳ ἐξ ἀνθρώπου γενέσθαι;
Πολλὴ ἀνάγκη, ἔφη.
Οὗτος δή, ἔφην, στασιάζων γίγνεται πρὸς τοὺς ἔχοντας τὰς οὐσίας.
Οὗτος.
Αροὖν ἐκπεσὼν μὲν καὶ κατελθὼν βίᾳ τῶν ἐχθρῶν τύραννος ἀπειργασμένος
κατέρχεται;
Δῆλον.
(566b) ᾿Εὰν δὲ ἀδύνατοι ἐκβάλλειν αὐτὸν ὦσιν ἀποκτεῖναι διαβάλλοντες τῇ
πόλει, βιαίῳ δὴ θανάτῳ ἐπιβουλεύουσιν ἀποκτεινύναι λάθρᾳ.
Φιλεῖ γοῦν, δὅς, οὕτω γίγνεσθαι.
Τὸ δὴ τυραννικὸν αἴτημα τὸ πολυθρύλητον ἐπὶ τούτῳ πάντες οἱ εἰς τοῦτο
προβεβηκότες ἐξευρίσκουσιν, αἰτεῖν τὸν δῆμον φύλακάς τινας τοῦ σώματος,
ἵνα σῶς αὐτοῖς τοῦ δήμου βοηθός.
Καὶ μάλ’, ἔφη.
Διδόασι δὴ οἶμαι δείσαντες μὲν ὑπὲρ ἐκείνου, θαρρήσαντες δὲ ὑπὲρ ἑαυτῶν.
(566c) Καὶ μάλα.
Οὐκοῦν τοῦτο ὅταν ἴδῃ ἀνὴρ χρήματα ἔχων καὶ μετὰ τῶν χρημάτων αἰτίαν
μισόδημος εἶναι, τότε δὴ οὗτος, ἑταῖρε, κατὰ τὸν Κροίσῳ γενόμενον
χρησμὸν -
πολυψήφιδα παρ’ ῞Ερμον
Φεύγει, οὐδὲ μένει, οὐδαἰδεῖται κακὸς εἶναι.
Οὐ γὰρ ἄν, ἔφη, δεύτερον αὖθις αἰδεσθείη.
Ο δέ γε οἶμαι, ἦν δἐγώ, καταληφθεὶς θανάτῳ δίδοται.
᾿Ανάγκη.
Ο δὲ δὴ προστάτης ἐκεῖνος αὐτὸς δῆλον δὴ ὅτι μέγας (566d) μεγαλωστὶ οὐ
κεῖται, ἀλλὰ καταβαλὼν ἄλλους πολλοὺς ἕστηκεν ἐν τῷ δίφρῳ τῆς πόλεως,
τύραννος ἀντὶ προστάτου ἀποτετελεσμένος.
Τί δοὐ μέλλει; ἔφη.
Διέλθωμεν δὴ τὴν εὐδαιμονίαν, ἦν δἐγώ, τοῦ τε ἀνδρὸς καὶ τῆς πόλεως, ἐν
ἂν τοιοῦτος βροτὸς ἐγγένηται;
Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη, διέλθωμεν.
Αροὖν, εἶπον, οὐ ταῖς μὲν πρώταις ἡμέραις τε καὶ χρόνῳ προσγελᾷ τε καὶ
ἀσπάζεται πάντας, ἂν περιτυγχάνῃ, καὶ (566e) οὔτε τύραννός φησιν εἶναι
ὑπισχνεῖταί τε πολλὰ καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ, χρεῶν τε ἠλευθέρωσε καὶ γῆν
διένειμε δήμῳ τε καὶ τοῖς περὶ ἑαυτὸν καὶ πᾶσιν ἵλεώς τε καὶ πρᾷος εἶναι
προσποιεῖται;
᾿Ανάγκη, ἔφη.
Οταν δέ γε οἶμαι πρὸς τοὺς ἔξω ἐχθροὺς τοῖς μὲν καταλλαγῇ, τοὺς δὲ καὶ
διαφθείρῃ, καὶ ἡσυχία ἐκείνων γένηται, πρῶτον μὲν πολέμους τινὰς ἀεὶ κινεῖ,
ἵνἐν χρείᾳ ἡγεμόνος δῆμος .
Εἰκός γε.
[8,566] exile et tue, tout en laissant entrevoir la suppression des dettes et
un nouveau (566a) partage des terres, alors, est-ce qu'un tel homme ne doit
pas nécessairement, et comme par une loi du destin, périr de la main de
ses ennemis, ou se faire tyran, et d'homme devenir loup?
Il y a grande nécessité, répondit-il.
Voilà donc, repris-je, l'homme qui fomente la sédition contre les riches.
Oui.
Or, si après avoir été chassé, il revient malgré ses ennemis, ne revient-il
pas tyran achevé?
Evidemment.
Mais si les riches ne peuvent le chasser, ni provoquer (566b) sa perte en le
brouillant avec le peuple, ils complotent de le faire périr en secret, de
mort violente.
Oui, dit-il, cela ne manque guère d'arriver.
C'est en pareille conjoncture que tous les ambitieux qui en sont venus là
inventent la fameuse requête du tyran, qui consiste à demander au
peuple des gardes de corps pour lui conserver son défenseur.
Oui vraiment.
Et le peuple en accorde, car s'il craint pour son défenseur, il est plein
d'assurance pour lui-même.
(566c) Sans doute.
Mais quand un homme riche et par là-même suspect d'être l'ennemi du
peuple voit cela, alors, ô mon camarade, il prend le parti que l'oracle
conseillait à Crésus, et
«le long de l'Hermos au lit caillouteux
il fuit, n'ayant souci d'être traité de lâche.»
Et aussi bien n'aurait-il pas à craindre ce reproche deux fois !
Et s'il est pris dans sa fuite, j'imagine qu'il est mis à mort.
Inévitablement.
Quant à ce protecteur du peuple, il est évident qu'il (566d) ne gît point à
terre « de son grand corps couvrant un grand espace»
au contraire, après avoir abattu de nombreux rivaux, il s'est dressé sur le
char de la cité, et de protecteur il est devenu tyran accompli.
Ne fallait-il pas s'y attendre?
Examinons maintenant, repris-je, le bonheur de cet homme et de la cité
où s'est formé un semblable mortel.
Parfaitement, dit-il, examinons.
Dans les premiers jours, il sourit et fait bon accueil (566c) à tous ceux qu'il
rencontre, déclare qu'il n'est pas un tyran, promet beaucoup en
particulier et en public, remet des dettes, partage des terres au peuple et
à ses favoris, et affecte d'être doux et affable envers tous, n'est-ce pas?
II le faut bien, répondit-il.
Mais quand il s'est débarrassé de ses ennemis du dehors, en traitant avec
les uns, en ruinant les autres, et qu'il est tranquille de ce côté, il
commence toujours par susciter des guerres, pour que le peuple ait
besoin d'un chef.
C'est naturel.


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Dernière mise à jour : 24/05/2006