[8,564] ἐν ὥραις τε καὶ ἐν (564a) φυτοῖς καὶ ἐν σώμασιν, καὶ δὴ καὶ ἐν πολιτείαις
οὐχ ἥκιστα.
Εἰκός, ἔφη.
῾Η γὰρ ἄγαν ἐλευθερία ἔοικεν οὐκ εἰς ἄλλο τι ἢ εἰς ἄγαν δουλείαν μεταβάλλειν
καὶ ἰδιώτῃ καὶ πόλει.
Εἰκὸς γάρ.
Εἰκότως τοίνυν, εἶπον, οὐκ ἐξ ἄλλης πολιτείας τυραννὶς καθίσταται ἢ ἐκ
δημοκρατίας, ἐξ οἶμαι τῆς ἀκροτάτης ἐλευθερίας δουλεία πλείστη τε καὶ
ἀγριωτάτη.
῎Εχει γάρ, ἔφη, λόγον.
᾿Αλλ’ οὐ τοῦτ’ οἶμαι, ἦν δ’ ἐγώ, ἠρώτας, ἀλλὰ ποῖον (564b) νόσημα ἐν
ὀλιγαρχίᾳ τε φυόμενον ταὐτὸν καὶ ἐν δημοκρατίᾳ δουλοῦται αὐτήν.
᾿Αληθῆ, ἔφη, λέγεις.
᾿Εκεῖνο τοίνυν, ἔφην, ἔλεγον τὸ τῶν ἀργῶν τε καὶ δαπανηρῶν ἀνδρῶν γένος,
τὸ μὲν ἀνδρειότατον ἡγούμενον αὐτῶν, τὸ δ’ ἀνανδρότερον ἑπόμενον· οὓς δὴ
ἀφομοιοῦμεν κηφῆσι, τοὺς μὲν κέντρα ἔχουσι, τοὺς δὲ ἀκέντροις.
Καὶ ὀρθῶς γ’, ἔφη.
Τούτω τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, ταράττετον ἐν πάσῃ πολιτείᾳ ἐγγιγνομένω, οἷον περὶ
σῶμα φλέγμα τε καὶ χολή· ὣ δὴ καὶ (564c) δεῖ τὸν ἀγαθὸν ἰατρόν τε καὶ
νομοθέτην πόλεως μὴ ἧττον ἢ σοφὸν μελιττουργὸν πόρρωθεν εὐλαβεῖσθαι,
μάλιστα μὲν ὅπως μὴ ἐγγενήσεσθον, ἂν δὲ ἐγγένησθον, ὅπως ὅτι τάχιστα σὺν
αὐτοῖσι τοῖς κηρίοις ἐκτετμήσεσθον.
Ναὶ μὰ Δία, ἦ δ’ ὅς, παντάπασί γε.
῟Ωδε τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, λάβωμεν, ἵν’ εὐκρινέστερον ἴδωμεν ὃ βουλόμεθα.
Πῶς;
Τριχῇ διαστησώμεθα τῷ λόγῳ δημοκρατουμένην πόλιν, (564d) ὥσπερ οὖν καὶ
ἔχει. ἓν μὲν γάρ που τὸ τοιοῦτον γένος ἐν αὐτῇ ἐμφύεται δι’ ἐξουσίαν οὐκ
ἔλαττον ἢ ἐν τῇ ὀλιγαρχουμένῃ.
῎Εστιν οὕτω.
Πολὺ δέ γε δριμύτερον ἐν ταύτῃ ἢ ἐν ἐκείνῃ.
Πῶς;
᾿Εκεῖ μὲν διὰ τὸ μὴ ἔντιμον εἶναι, ἀλλ’ ἀπελαύνεσθαι τῶν ἀρχῶν, ἀγύμναστον
καὶ οὐκ ἐρρωμένον γίγνεται· ἐν δημοκρατίᾳ δὲ τοῦτό που τὸ προεστὸς αὐτῆς,
ἐκτὸς ὀλίγων, καὶ τὸ μὲν δριμύτατον αὐτοῦ λέγει τε καὶ πράττει, τὸ δ’ ἄλλο
περὶ τὰ βήματα προσίζον βομβεῖ τε καὶ οὐκ ἀνέχεται τοῦ (564e) ἄλλα
λέγοντος, ὥστε πάντα ὑπὸ τοῦ τοιούτου διοικεῖται ἐν τῇ τοιαύτῃ πολιτείᾳ
χωρίς τινων ὀλίγων.
Μάλα γε, ἦ δ’ ὅς.
῎Αλλο τοίνυν τοιόνδε ἀεὶ ἀποκρίνεται ἐκ τοῦ πλήθους.
Τὸ ποῖον;
Χρηματιζομένων που πάντων, οἱ κοσμιώτατοι φύσει ὡς τὸ πολὺ
πλουσιώτατοι γίγνονται.
Εἰκός.
Πλεῖστον δὴ οἶμαι τοῖς κηφῆσι μέλι καὶ εὐπορώτατον ἐντεῦθεν βλίττει.
Πῶς γὰρ ἄν, ἔφη, παρά γε τῶν σμικρὰ ἐχόντων τις βλίσειεν;
Πλούσιοι δὴ οἶμαι οἱ τοιοῦτοι καλοῦνται κηφήνων βοτάνη.
Σχεδόν τι, ἔφη.
| [8,564] (564a) dans les saisons, dans les plantes, dans nos corps,
et dans les gouvernements bien plus qu'ailleurs.
C'est naturel.
Ainsi, l'excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans
l'individu et dans l'État.
Il le semble, dit-il.
Vraisemblablement, la tyrannie n'est donc issue d'aucun autre
gouvernement que la démocratie, une liberté extrême étant suivie, je
pense, d'une extrême et cruelle servitude.
C'est logique.
Mais ce n'est pas cela, je crois, que tu me demandais.
(564b) Tu veux savoir quel est ce mal, commun à l'oligarchie et à la
démocratie, qui réduit cette dernière à l'esclavage.
C'est vrai.
Eh bien ! j'entendais par là cette race d'hommes oisifs et prodigues, les
uns plus courageux qui vont à la tête, les autres, plus lâches qui suivent.
Nous les avons comparés à des frelons, les premiers munis, les seconds
dépourvus d'aiguillon.
Et avec justesse, dit-il.
Or, ces deux espèces d'hommes, quand elles apparaissent dans un corps
politique, le troublent tout entier, (564c) comme font le phlegme et la bile
dans le corps humain. Il faut donc que le bon médecin et législateur de la
cité prenne d'avance ses précautions, tout comme le sage apiculteur,
d'abord pour empêcher qu'elles y naissent, ou, s'il n'y parvient point,
pour les retrancher le plus vite possible avec les alvéoles mêmes.
Oui, par Zeus ! s'écria-t-il, c'est bien là ce qu'il faut faire.
Maintenant, repris-je, suivons ce procédé pour voir plus nettement ce
que nous cherchons.
Lequel?
Partageons par la pensée une cité démocratique en trois classes, qu'elle
comprend d'ailleurs en réalité. La première est cette engeance, qui par
suite de la licence (564d) publique ne s'y développe pas moins que dans
l'oligarchie.
C'est vrai.
Seulement elle y est beaucoup plus ardente.
Pour quelle raison?
Dans l'oligarchie, dépourvue de crédit et tenue à l'écart du pouvoir, elle
reste inexercée et ne prend point de force; dans une démocratie, au
contraire, c'est elle qui gouverne presque exclusivement; les plus ardents
de la bande discourent et agissent; les autres, assis auprès de la tribune,
bourdonnent et ferment la bouche au (464e) contradicteur; de sorte
que, dans un tel gouvernement toutes les affaires sont réglées par eux, à
l'exception d'un petit nombre.
C'est exact, dit-il.
Il y a aussi une autre classe qui se distingue toujours de la multitude.
Laquelle?
Comme tout le monde travaille à s'enrichir, ceux qui sont naturellement
les plus ordonnés deviennent, en général, les plus riches.
Apparemment.
C'est là, j'imagine, que le miel abonde pour les frelons et qu'il est le plus
facile à exprimer.
Comment, en effet, en tirerait-on de ceux qui n'ont que peu de chose?
Aussi est-ce à ces riches qu'on donne le nom d'herbe à frelons?
Oui, un nom de ce genre, répondit-il.
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