[8,562] (562a) Τί οὖν; τετάχθω ἡμῖν κατὰ δημοκρατίαν ὁ τοιοῦτος ἀνήρ, ὡς
δημοκρατικὸς ὀρθῶς ἂν προσαγορευόμενος;
Τετάχθω, ἔφη.
῾Η καλλίστη δή, ἦν δ’ ἐγώ, πολιτεία τε καὶ ὁ κάλλιστος ἀνὴρ λοιπὰ ἂν ἡμῖν εἴη
διελθεῖν, τυραννίς τε καὶ τύραννος.
Κομιδῇ γ’, ἔφη.
Φέρε δή, τίς τρόπος τυραννίδος, ὦ φίλε ἑταῖρε, γίγνεται; ὅτι μὲν γὰρ ἐκ
δημοκρατίας μεταβάλλει σχεδὸν δῆλον.
Δῆλον.
῏Αρ’ οὖν τρόπον τινὰ τὸν αὐτὸν ἔκ τε ὀλιγαρχίας δημοκρατία (562b) γίγνεται
καὶ ἐκ δημοκρατίας τυραννίς;
Πῶς;
῝Ο προύθεντο, ἦν δ’ ἐγώ, ἀγαθόν, καὶ δι’ ὃ ἡ ὀλιγαρχία καθίστατο - τοῦτο δ’
ἦν (ὑπερ)πλοῦτος· ἦ γάρ; -
Ναί.
῾Η πλούτου τοίνυν ἀπληστία καὶ ἡ τῶν ἄλλων ἀμέλεια διὰ χρηματισμὸν αὐτὴν
ἀπώλλυ.
᾿Αληθῆ, ἔφη.
῏Αρ’ οὖν καὶ ὃ δημοκρατία ὁρίζεται ἀγαθόν, ἡ τούτου ἀπληστία καὶ ταύτην
καταλύει;
Λέγεις δ’ αὐτὴν τί ὁρίζεσθαι;
Τὴν ἐλευθερίαν, εἶπον. τοῦτο γάρ που ἐν δημοκρατουμένῃ (562c) πόλει
ἀκούσαις ἂν ὡς ἔχει τε κάλλιστον καὶ διὰ ταῦτα ἐν μόνῃ ταύτῃ ἄξιον οἰκεῖν
ὅστις φύσει ἐλεύθερος.
Λέγεται γὰρ δή, ἔφη, καὶ πολὺ τοῦτο τὸ ῥῆμα.
῏Αρ’ οὖν, ἦν δ’ ἐγώ, ὅπερ ᾖα νυνδὴ ἐρῶν, ἡ τοῦ τοιούτου ἀπληστία καὶ ἡ τῶν
ἄλλων ἀμέλεια καὶ ταύτην τὴν πολιτείαν μεθίστησίν τε καὶ παρασκευάζει
τυραννίδος δεηθῆναι;
Πῶς; ἔφη.
῞Οταν οἶμαι δημοκρατουμένη πόλις ἐλευθερίας διψήσασα (562d) κακῶν
οἰνοχόων προστατούντων τύχῃ, καὶ πορρωτέρω τοῦ δέοντος ἀκράτου αὐτῆς
μεθυσθῇ, τοὺς ἄρχοντας δή, ἂν μὴ πάνυ πρᾷοι ὦσι καὶ πολλὴν παρέχωσι τὴν
ἐλευθερίαν, κολάζει αἰτιωμένη ὡς μιαρούς τε καὶ ὀλιγαρχικούς.
Δρῶσιν γάρ, ἔφη, τοῦτο.
Τοὺς δέ γε, εἶπον, τῶν ἀρχόντων κατηκόους προπηλακίζει ὡς ἐθελοδούλους
τε καὶ οὐδὲν ὄντας, τοὺς δὲ ἄρχοντας μὲν ἀρχομένοις, ἀρχομένους δὲ ἄρχουσιν
ὁμοίους ἰδίᾳ τε καὶ δημοσίᾳ ἐπαινεῖ τε καὶ τιμᾷ. ἆρ’ οὐκ ἀνάγκη ἐν τοιαύτῃ
(562e) πόλει ἐπὶ πᾶν τὸ τῆς ἐλευθερίας ἰέναι;
Πῶς γὰρ οὔ;
Καὶ καταδύεσθαί γε, ἦν δ’ ἐγώ, ὦ φίλε, εἴς τε τὰς ἰδίας οἰκίας καὶ τελευτᾶν
μέχρι τῶν θηρίων τὴν ἀναρχίαν ἐμφυομένην.
Πῶς, ἦ δ’ ὅς, τὸ τοιοῦτον λέγομεν;
Οἷον, ἔφην, πατέρα μὲν ἐθίζεσθαι παιδὶ ὅμοιον γίγνεσθαι καὶ φοβεῖσθαι τοὺς
ὑεῖς, ὑὸν δὲ πατρί, καὶ μήτε αἰσχύνεσθαι μήτε δεδιέναι τοὺς γονέας,
| [8,562] Eh bien! rangeons cet homme en face de la démocratie (562a),
puisque c'est à bon droit que nous l'avons appelé démocratique.
Rangeons-l'y, dit-il
Il nous reste maintenant à étudier la plus belle forme de gouvernement
et le plus beau caractère, je veux dire la tyrannie et le tyran.
Parfaitement.
Or çà! mon cher camarade, voyons sous quels traits se présente la
tyrannie, car, quant à son origine, il est presque évident qu'elle vient de
la démocratie.
C'est évident.
Maintenant, le passage de la démocratie à la tyrannie ne se fait-il de la
même manière que celui de l'oligarchie (562b) à la démocratie.
Comment?
Le bien que l'on se proposait, répondis-je, et qui a donné naissance à
l'oligarchie, c'était la richesse, n'est-ce pas?
Oui
Or c'est la passion insatiable de la richesse et l'indifférence qu'elle inspire
pour tout le reste qui ont perdu ce gouvernement.
C'est vrai, dit-il.
Mais n'est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde
comme son bien suprême qui perd cette dernière?
Quel bien veux-tu dire?
La liberté, répondis-je. En effet, dans une cité démocratique (562c) tu
entendras dire que c'est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un
homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité.
Oui, c'est un langage qu'on entend souvent.
Or donc - et voilà ce que j'allais dire tout à l'heure - n'est-ce pas le désir
insatiable de ce bien, et l'indifférence pour tout le reste, qui change ce
gouvernement et le met dans l'obligation de recourir à la tyrannie?
Comment? demanda-t-il.
Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté, trouve (562d) dans ses
chefs de mauvais échansons, elle s'enivre de ce vin pur au delà de toute
décence; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait
dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les
accusant d'être des criminels et des oligarques.
C'est assurément ce qu'elle fait, dit-il.
Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite
d'hommes serviles et sans caractère; par contre, elle loue et honore, dans
le privé comme en public, les gouvernants qui ont l'air de gouvernés et
les gouvernés qui prennent l'air de gouvernants. N'est-il pas (562e)
inévitable que dans une pareille cité l'esprit de liberté s'étende à tout?
Comment non, en effet?
Qu'il pénètre, mon cher, dans l'intérieur des familles, et qu'à la fin
l'anarchie gagne jusqu'aux animaux?
Qu'entendons-nous par là? demanda-t-il.
Que le père s'accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter
ses enfants, que le fils s'égale à son père et n'a ni respect ni crainte pour
ses parents,
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