[8,559] (559a) Δικαίως δὴ τοῦτο ἐπ’ αὐταῖς ἐροῦμεν, τὸ ἀναγκαῖον.
Δικαίως.
Τί δέ; ἅς γέ τις ἀπαλλάξειεν ἄν, εἰ μελετῷ ἐκ νέου, καὶ πρὸς οὐδὲν ἀγαθὸν
ἐνοῦσαι δρῶσιν, αἱ δὲ καὶ τοὐναντίον, πάσας ταύτας εἰ μὴ ἀναγκαίους φαῖμεν
εἶναι, ἆρ’ οὐ καλῶς ἂν λέγοιμεν;
Καλῶς μὲν οὖν.
Προελώμεθα δή τι παράδειγμα ἑκατέρων αἵ εἰσιν, ἵνα τύπῳ λάβωμεν αὐτάς;
Οὐκοῦν χρή.
῏Αρ’ οὖν οὐχ ἡ τοῦ φαγεῖν μέχρι ὑγιείας τε καὶ εὐεξίας (559b) καὶ αὐτοῦ σίτου
τε καὶ ὄψου ἀναγκαῖος ἂν εἴη;
Οἶμαι.
῾Η μέν γέ που τοῦ σίτου κατ’ ἀμφότερα ἀναγκαία, ᾗ τε ὠφέλιμος ᾗ τε <μὴ>
παῦσαι ζῶντα δυνατή.
Ναί.
῾Η δὲ ὄψου, εἴ πῄ τινα ὠφελίαν πρὸς εὐεξίαν παρέχεται,
Πάνυ μὲν οὖν.
Τί δὲ ἡ πέρα τούτων καὶ ἀλλοίων ἐδεσμάτων ἢ τοιούτων ἐπιθυμία, δυνατὴ δὲ
κολαζομένη ἐκ νέων καὶ παιδευομένη ἐκ τῶν πολλῶν ἀπαλλάττεσθαι, καὶ
βλαβερὰ μὲν σώματι, βλαβερὰ δὲ ψυχῇ πρός τε φρόνησιν καὶ τὸ σωφρονεῖν;
ἆρά (559c) γε ὀρθῶς οὐκ ἀναγκαία ἂν καλοῖτο;
᾿Ορθότατα μὲν οὖν.
Οὐκοῦν καὶ ἀναλωτικὰς φῶμεν εἶναι ταύτας, ἐκείνας δὲ χρηματιστικὰς διὰ τὸ
χρησίμους πρὸς τὰ ἔργα εἶναι;
Τί μήν;
Οὕτω δὴ καὶ περὶ ἀφροδισίων καὶ τῶν ἄλλων φήσομεν;
Οὕτω.
῏Αρ’ οὖν καὶ ὃν νυνδὴ κηφῆνα ὠνομάζομεν, τοῦτον ἐλέγομεν τὸν τῶν
τοιούτων ἡδονῶν καὶ ἐπιθυμιῶν γέμοντα καὶ (559d) ἀρχόμενον ὑπὸ τῶν μὴ
ἀναγκαίων, τὸν δὲ ὑπὸ τῶν ἀναγκαίων φειδωλόν τε καὶ ὀλιγαρχικόν;
᾿Αλλὰ τί μήν;
Πάλιν τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, λέγωμεν ὡς ἐξ ὀλιγαρχικοῦ δημοκρατικὸς γίγνεται.
φαίνεται δέ μοι τά γε πολλὰ ὧδε γίγνεσθαι.
Πῶς;
῞Οταν νέος, τεθραμμένος ὡς νυνδὴ ἐλέγομεν, ἀπαιδεύτως τε καὶ φειδωλῶς,
γεύσηται κηφήνων μέλιτος, καὶ συγγένηται αἴθωσι θηρσὶ καὶ δεινοῖς,
παντοδαπὰς ἡδονὰς καὶ ποικίλας καὶ παντοίως ἐχούσας δυναμένοις σκευάζειν,
ἐνταῦθά που (559e) οἴου εἶναι ἀρχὴν αὐτῷ μεταβολῆς ... ὀλιγαρχικῆς τῆς
ἑαυτῷ εἰς δημοκρατικήν.
Πολλὴ ἀνάγκη, ἔφη.
῏Αρ’ οὖν, ὥσπερ ἡ πόλις μετέβαλλε βοηθησάσης τῷ ἑτέρῳ μέρει συμμαχίας
ἔξωθεν, ὁμοίας ὁμοίῳ, οὕτω καὶ ὁ νεανίας μεταβάλλει βοηθοῦντος αὖ εἴδους
ἐπιθυμιῶν ἔξωθεν τῷ ἑτέρῳ τῶν παρ’ ἐκείνῳ, συγγενοῦς τε καὶ ὁμοίου;
Παντάπασιν μὲν οὖν.
Καὶ ἐὰν μέν γε οἶμαι ἀντιβοηθήσῃ τις τῷ ἐν ἑαυτῷ ὀλιγαρχικῷ συμμαχία,
| [8,559] C'est donc à bon droit que nous appellerons ces désirs (559a)
nécessaires.
A bon droit.
Mais ceux dont on peut se défaire en s'y appliquant de bonne heure,
dont la présence, au surplus, ne produit aucun bien, et ceux qui font du
mal - si nous appelons tous ces désirs superflus ne leur donnerons-nous
pas la qualification qui convient?
Si.
Prendrons-nous un exemple des uns et des autres afin de les saisir sous
une forme générale?
Oui, c'est ce qu'il faut faire.
Le désir de manger, autant que l'exigent la santé et l'entretien des forces,
ce désir de la simple nourriture et des assaisonnements n'est-il pas
nécessaire? (559b)
Je le pense.
Le désir de la nourriture est nécessaire pour deux raisons : parce qu'il est
utile et parce qu'on ne peut vivre sans le satisfaire.
Oui.
Et celui des assaisonnements aussi dans la mesure où il contribue à
l'entretien des forces.
Parfaitement.
Mais le désir qui va au delà et se porte sur des mets plus recherchés,
désir qui, réprimé dès l'enfance par l'éducation, peut disparaître chez la
plupart des hommes, désir nuisible au corps, non moins nuisible à l'âme
sous le rapport de la sagesse et de la tempérance, ne l'appellerons-nous
(559c) pas avec raison superflu?
Avec beaucoup de raison, certes !
Nous dirons donc que ceux-ci sont des désirs prodigues, et ceux-là des
désirs profitables, parce qu'ils nous rendent capables d'agir.
Sans doute.
Et n'en dirons-nous pas autant des désirs amoureux et des autres?
Si fait.
Or celui que nous appelions tout à l'heure frelon, c'est l'homme plein de
passions et d'appétits, gouverné par les désirs superflus, et celui que
gouvernent les désirs (559d) nécessaires, c'est l'homme parcimonieux et
oligarchique.
Certainement.
Revenons-en maintenant, dis-je, à l'explication du changement qui d'un
oligarque fait un démocrate. Il me semble que la plupart du temps il
se produit de la manière que voici.
Comment?
Lorsqu'un jeune homme élevé, comme nous l'avons dit tout à l'heure,
dans l'ignorance et la parcimonie, a goûté du miel des frelons, et s'est
trouvé dans la compagnie de ces insectes ardents et terribles qui peuvent
lui procurer des plaisirs de toute sorte, nuancés et variés à l'infini, c'est
alors, crois-le, que son gouvernement (559e) intérieur commence à passer
de l'oligarchie à la démocratie.
Il y a grande nécessité, dit-il.
Et comme l'État a changé de forme lorsqu'un des partis a été secouru du
dehors par des alliés d'un parti semblable, de même le jeune homme ne
change-t-il pas de moeurs lorsque certains de ses désirs sont secourus du
dehors par des désirs de même famille et de même nature?
Sans doute.
Et si, comme je le suppose, ses sentiments oligarchiques reçoivent de
quelque alliance un secours contraire,
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