[8,557] (557a) Καὶ σφόδρα γε.
Δημοκρατία δὴ οἶμαι γίγνεται ὅταν οἱ πένητες νικήσαντες τοὺς μὲν
ἀποκτείνωσι τῶν ἑτέρων, τοὺς δὲ ἐκβάλωσι, τοῖς δὲ λοιποῖς ἐξ ἴσου μεταδῶσι
πολιτείας τε καὶ ἀρχῶν, καὶ ὡς τὸ πολὺ ἀπὸ κλήρων αἱ ἀρχαὶ ἐν αὐτῇ
γίγνονται.
῎Εστι γάρ, ἔφη, αὕτη ἡ κατάστασις δημοκρατίας, ἐάντε καὶ δι’ ὅπλων γένηται
ἐάντε καὶ διὰ φόβον ὑπεξελθόντων τῶν ἑτέρων.
Τίνα δὴ οὖν, ἦν δ’ ἐγώ, οὗτοι τρόπον οἰκοῦσι; καὶ ποία (557b) τις ἡ τοιαύτη
αὖ πολιτεία; δῆλον γὰρ ὅτι ὁ τοιοῦτος ἀνὴρ δημοκρατικός τις ἀναφανήσεται.
Δῆλον, ἔφη.
Οὐκοῦν πρῶτον μὲν δὴ ἐλεύθεροι, καὶ ἐλευθερίας ἡ πόλις μεστὴ καὶ
παρρησίας γίγνεται, καὶ ἐξουσία ἐν αὐτῇ ποιεῖν ὅτι τις βούλεται;
Λέγεταί γε δή, ἔφη.
῞Οπου δέ γε ἐξουσία, δῆλον ὅτι ἰδίαν ἕκαστος ἂν κατασκευὴν τοῦ αὑτοῦ βίου
κατασκευάζοιτο ἐν αὐτῇ, ἥτις ἕκαστον ἀρέσκοι.
Δῆλον.
(557c) Παντοδαποὶ δὴ ἂν οἶμαι ἐν ταύτῃ τῇ πολιτείᾳ μάλιστ’ ἐγγίγνοιντο
ἄνθρωποι.
Πῶς γὰρ οὔ;
Κινδυνεύει, ἦν δ’ ἐγώ, καλλίστη αὕτη τῶν πολιτειῶν εἶναι· ὥσπερ ἱμάτιον
ποικίλον πᾶσιν ἄνθεσι πεποικιλμένον, οὕτω καὶ αὕτη πᾶσιν ἤθεσιν
πεποικιλμένη καλλίστη ἂν φαίνοιτο. καὶ ἴσως μέν, ἦν δ’ ἐγώ, καὶ ταύτην,
ὥσπερ οἱ παῖδές τε καὶ αἱ γυναῖκες τὰ ποικίλα θεώμενοι, καλλίστην ἂν πολλοὶ
κρίνειαν.
Καὶ μάλ’, ἔφη.
(557d) Καὶ ἔστιν γε, ὦ μακάριε, ἦν δ’ ἐγώ, ἐπιτήδειον ζητεῖν ἐν αὐτῇ
πολιτείαν.
Τί δή;
῞Οτι πάντα γένη πολιτειῶν ἔχει διὰ τὴν ἐξουσίαν, καὶ κινδυνεύει τῷ
βουλομένῳ πόλιν κατασκευάζειν, ὃ νυνδὴ ἡμεῖς ἐποιοῦμεν, ἀναγκαῖον εἶναι
εἰς δημοκρατουμένην ἐλθόντι πόλιν, ὃς ἂν αὐτὸν ἀρέσκῃ τρόπος, τοῦτον
ἐκλέξασθαι, ὥσπερ εἰς παντοπώλιον ἀφικομένῳ πολιτειῶν, καὶ ἐκλεξαμένῳ
οὕτω κατοικίζειν.
(557e) ῎Ισως γοῦν, ἔφη, οὐκ ἂν ἀποροῖ παραδειγμάτων.
Τὸ δὲ μηδεμίαν ἀνάγκην, εἶπον, εἶναι ἄρχειν ἐν ταύτῃ τῇ πόλει, μηδ’ ἂν ᾖς
ἱκανὸς ἄρχειν, μηδὲ αὖ ἄρχεσθαι, ἐὰν μὴ βούλῃ, μηδὲ πολεμεῖν πολεμούντων,
μηδὲ εἰρήνην ἄγειν τῶν ἄλλων ἀγόντων, ἐὰν μὴ ἐπιθυμῇς εἰρήνης, μηδὲ αὖ,
ἐάν τις ἄρχειν νόμος σε διακωλύῃ ἢ δικάζειν,
| [8,557] (557a) Si, certainement.
Eh bien ! à mon avis, la démocratie apparaît lorsque les pauvres, ayant
remporté la victoire sur les riches, massacrent les uns, bannissent les
autres, et partagent également avec ceux qui restent le gouvernement et
les charges publiques; et le plus souvent ces charges sont tirées au sort.
C'est bien ainsi, en effet, que s'établit la démocratie, soit par la voie des
armes, soit par la crainte qui oblige les riches à se retirer.
Maintenant, repris-je, voyons de quelle manière ces (557b) gens-là
s'administrent, et ce que peut être une telle constitution. Aussi bien est-il
évident que l'individu qui lui ressemble nous découvrira les traits de
l'homme démocratique.
C'est évident.
En premier lieu, n'est-il pas vrai qu'ils sont libres, que la cité déborde de
liberté et de franc-parler, et qu'on y a licence de faire ce qu'on veut?
On le dit du moins, répondit-il.
Or il est clair que partout où règne cette licence chacun organise sa vie de
la façon qui lui plaît.
C'est clair.
On trouvera donc, j'imagine, des hommes de toute sorte dans ce
gouvernement plus que dans aucun autre. (557c)
Comment non?
Ainsi, dis-je, il y a chance qu'il soit le plus beau de tous. Comme un
vêtement bigarré qui offre toute la variété des couleurs, offrant toute la
variété des caractères, il pourra paraître d'une beauté achevée. Et peut-être,
ajoutai-je, beaucoup de gens, pareils aux enfants et aux femmes qui
admirent les bigarrures, décideront-ils qu'il est le plus beau.
Assurément.
Et c'est là, bienheureux ami, qu'il est commode de (557d) chercher une
constitution.
Pourquoi?
Parce qu'on les y trouve toutes, grâce à la licence qui y règne; et il semble
que celui qui veut fonder une cité, ce que nous faisions tout à l'heure, soit
obligé de se rendre dans un État démocratique, comme dans un bazar de
constitutions, pour choisir celle qu'il préfère, et, d'après ce modèle,
réaliser ensuite son projet.
Il est probable, dit-il, que les modèles ne lui manqueront (557e) pas.
Dans cet État, repris-je, on n'est pas contraint de commander si l'on en est
capable, ni d'obéir si l'on ne veut pas, non plus que de faire la guerre
quand les autres la font, ni de rester en paix quand les autres y restent, si
l'on ne désire point la paix; d'autre part, la loi vous interdit-elle d'être
magistrat ou juge,
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