[8,555] Καὶ μὴν ἀνταγωνιστής γε ἰδίᾳ ἐν πόλει ὁ φειδωλὸς (555a) φαῦλος ἤ τινος
νίκης ἢ ἄλλης φιλοτιμίας τῶν καλῶν, χρήματά τε οὐκ ἐθέλων εὐδοξίας ἕνεκα
καὶ τῶν τοιούτων ἀγώνων ἀναλίσκειν, δεδιὼς τὰς ἐπιθυμίας τὰς ἀναλωτικὰς
ἐγείρειν καὶ συμπαρακαλεῖν ἐπὶ συμμαχίαν τε καὶ φιλονικίαν, ὀλίγοις τισὶν
ἑαυτοῦ πολεμῶν ὀλιγαρχικῶς τὰ πολλὰ ἡττᾶται καὶ πλουτεῖ.
Καὶ μάλα, ἔφη.
῎Ετι οὖν, ἦν δ’ ἐγώ, ἀπιστοῦμεν μὴ κατὰ τὴν ὀλιγαρχουμένην πόλιν ὁμοιότητι
τὸν φειδωλόν τε καὶ χρηματιστὴν (555b) τετάχθαι;
Οὐδαμῶς, ἔφη.
Δημοκρατίαν δή, ὡς ἔοικε, μετὰ τοῦτο σκεπτέον, τίνα τε γίγνεται τρόπον,
γενομένη τε ποῖόν τινα ἔχει, ἵν’ αὖ τὸν τοῦ τοιούτου ἀνδρὸς τρόπον γνόντες
παραστησώμεθ’ αὐτὸν εἰς κρίσιν.
῾Ομοίως γοῦν ἄν, ἔφη, ἡμῖν αὐτοῖς πορευοίμεθα.
Οὐκοῦν, ἦν δ’ ἐγώ, μεταβάλλει μὲν τρόπον τινὰ τοιόνδε ἐξ ὀλιγαρχίας εἰς
δημοκρατίαν, δι’ ἀπληστίαν τοῦ προκειμένου ἀγαθοῦ, τοῦ ὡς πλουσιώτατον
δεῖν γίγνεσθαι;
Πῶς δή;
(555c) ῞Ατε οἶμαι ἄρχοντες ἐν αὐτῇ οἱ ἄρχοντες διὰ τὸ πολλὰ κεκτῆσθαι, οὐκ
ἐθέλουσιν εἴργειν νόμῳ τῶν νέων ὅσοι ἂν ἀκόλαστοι γίγνωνται, μὴ ἐξεῖναι
αὐτοῖς ἀναλίσκειν τε καὶ ἀπολλύναι τὰ αὑτῶν, ἵνα ὠνούμενοι τὰ τῶν τοιούτων
καὶ εἰσδανείζοντες ἔτι πλουσιώτεροι καὶ ἐντιμότεροι γίγνωνται.
Παντός γε μᾶλλον.
Οὐκοῦν δῆλον ἤδη τοῦτο ἐν πόλει, ὅτι πλοῦτον τιμᾶν καὶ σωφροσύνην ἅμα
ἱκανῶς κτᾶσθαι ἐν τοῖς πολίταις (555d) ἀδύνατον, ἀλλ’ ἀνάγκη ἢ τοῦ ἑτέρου
ἀμελεῖν ἢ τοῦ ἑτέρου;
᾿Επιεικῶς, ἔφη, δῆλον.
Παραμελοῦντες δὴ ἐν ταῖς ὀλιγαρχίαις καὶ ἐφιέντες ἀκολασταίνειν οὐκ
ἀγεννεῖς ἐνίοτε ἀνθρώπους πένητας ἠνάγκασαν γενέσθαι.
Μάλα γε.
Κάθηνται δὴ οἶμαι οὗτοι ἐν τῇ πόλει κεκεντρωμένοι τε καὶ ἐξωπλισμένοι, οἱ
μὲν ὀφείλοντες χρέα, οἱ δὲ ἄτιμοι γεγονότες, οἱ δὲ ἀμφότερα, μισοῦντές τε καὶ
ἐπιβουλεύοντες τοῖς κτησαμένοις τὰ αὑτῶν καὶ τοῖς ἄλλοις, νεωτερισμοῦ
(555e) ἐρῶντες.
῎Εστι ταῦτα.
Οἱ δὲ δὴ χρηματισταὶ ἐγκύψαντες, οὐδὲ δοκοῦντες τούτους ὁρᾶν, τῶν λοιπῶν
τὸν ἀεὶ ὑπείκοντα ἐνιέντες ἀργύριον τιτρώσκοντες,
| [8,555] Et certes, cet homme parcimonieux est un piètre jouteur dans les
concours de la cité où se dispute entre (555a) particuliers une victoire ou
quelque autre honneur; il ne veut point dépenser de l'argent pour la
gloire qui s'acquiert dans ces sortes de combats; il redoute de réveiller en
lui les désirs prodigues et de les appeler à son secours pour vaincre : en
véritable oligarque, il ne lutte qu'avec une faible partie de ses forces, et la
plupart du temps il a le dessous, mais il conserve ses richesses.
C'est vrai, dit-il.
Douterons-nous encore que ce parcimonieux, cet homme d'argent, se
range auprès de la cité oligarchique en raison (555b) de sa ressemblance
avec elle?
Nullement, répondit-il.
C'est la démocratie, ce semble, qu'il faut maintenant étudier - de quelle
manière elle se forme et ce qu'elle est - pour connaître le caractère de
l'homme qui lui répond, et le faire comparaître en jugement.
Oui, nous suivrons ainsi notre marche ordinaire.
Eh bien ! n'est-ce pas de la façon que voici que l'on passe de l'oligarchie à
la démocratie : à savoir par l'effet de l'insatiable désir du bien que l'en se
propose, et qui consiste à devenir aussi riche que possible?
Comment cela?
(555c) Les chefs, dans ce régime, ne devant leur autorité qu'aux grands
biens qu'ils possèdent, se refuseront, j'imagine, à faire une loi pour
réprimer le libertinage des jeunes gens et les empêcher de dissiper et de
perdre leur patrimoine, car ils ont dessein de l'acheter ou de se
l'approprier par l'usure, pour devenir encore plus riches et plus considérés.
Sans doute.
Or n'est-il pas déjà évident que dans un État les citoyens ne peuvent
honorer la richesse et en même temps acquérir (555d) la tempérance
convenable, mais qu'ils sont forcés de négliger ou l'une ou l'autre?
C'est assez évident, dit-il.
Ainsi, dans les oligarchies, les chefs, par leur négligence et les facilités
qu'ils accordent au libertinage, réduisent parfois à l'indigence des
hommes bien nés.
Certainement.
Et voilà, ce me semble, établis dans les cités des gens pourvus
d'aiguillons et bien armés, les uns accablés de dettes, les autres d'infamie,
les autres des deux à la fois : pleins de haine pour ceux qui ont acquis
leurs biens, ils complotent contre eux et contre le reste des citoyens, et
désirent vivement une révolution.
(555e) C'est exact.
Cependant les usuriers vont tête baissée, sans paraître voir leurs
victimes; ils blessent de leur argent quiconque leur donne prise parmi les
autres citoyens,
|