[7,537] Μὴ τοίνυν βίᾳ, εἶπον, ὦ ἄριστε, τοὺς παῖδας ἐν τοῖς (537a) μαθήμασιν
ἀλλὰ παίζοντας τρέφε, ἵνα καὶ μᾶλλον οἷός τ’ ᾖς καθορᾶν ἐφ’ ὃ ἕκαστος
πέφυκεν.
῎Εχει ὃ λέγεις, ἔφη, λόγον.
Οὐκοῦν μνημονεύεις, ἦν δ’ ἐγώ, ὅτι καὶ εἰς τὸν πόλεμον ἔφαμεν τοὺς
παῖδας εἶναι ἀκτέον ἐπὶ τῶν ἵππων θεωρούς, καὶ ἐάν που ἀσφαλὲς ᾖ,
προσακτέον ἐγγὺς καὶ γευστέον αἵματος, ὥσπερ τοὺς σκύλακας;
Μέμνημαι, ἔφη.
᾿Εν πᾶσι δὴ τούτοις, ἦν δ’ ἐγώ, τοῖς τε πόνοις καὶ μαθήμασι καὶ
φόβοις ὃς ἂν ἐντρεχέστατος ἀεὶ φαίνηται, εἰς ἀριθμόν τινα ἐγκριτέον.
(537b) ᾿Εν τίνι, ἔφη, ἡλικίᾳ;
῾Ηνίκα, ἦν δ’ ἐγώ, τῶν ἀναγκαίων γυμνασίων μεθίενται· οὗτος γὰρ ὁ
χρόνος, ἐάντε δύο ἐάντε τρία ἔτη γίγνηται, ἀδύνατός τι ἄλλο πρᾶξαι·
κόποι γὰρ καὶ ὕπνοι μαθήμασι πολέμιοι. καὶ ἅμα μία καὶ αὕτη τῶν
βασάνων οὐκ ἐλαχίστη, τίς ἕκαστος ἐν τοῖς γυμνασίοις φανεῖται.
Πῶς γὰρ οὔκ; ἔφη.
Μετὰ δὴ τοῦτον τὸν χρόνον, ἦν δ’ ἐγώ, ἐκ τῶν εἰκοσιετῶν οἱ
προκριθέντες τιμάς τε μείζους τῶν ἄλλων οἴσονται, (537c) τά τε χύδην
μαθήματα παισὶν ἐν τῇ παιδείᾳ γενόμενα τούτοις συνακτέον εἰς σύνοψιν
οἰκειότητός τε ἀλλήλων τῶν μαθημάτων καὶ τῆς τοῦ ὄντος φύσεως.
Μόνη γοῦν, εἶπεν, ἡ τοιαύτη μάθησις βέβαιος, ἐν οἷς ἂν ἐγγένηται.
Καὶ μεγίστη γε, ἦν δ’ ἐγώ, πεῖρα διαλεκτικῆς φύσεως καὶ μή· ὁ μὲν
γὰρ συνοπτικὸς διαλεκτικός, ὁ δὲ μὴ οὔ.
Συνοίομαι, ἦ δ’ ὅς.
Ταῦτα τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, δεήσει σε ἐπισκοποῦντα οἳ ἂν (537d) μάλιστα
τοιοῦτοι ἐν αὐτοῖς ὦσι καὶ μόνιμοι μὲν ἐν μαθήμασι, μόνιμοι δ’ ἐν πολέμῳ
καὶ τοῖς ἄλλοις νομίμοις, τούτους αὖ, ἐπειδὰν τὰ τριάκοντα ἔτη
ἐκβαίνωσιν, ἐκ τῶν προκρίτων προκρινάμενον εἰς μείζους τε τιμὰς
καθιστάναι καὶ σκοπεῖν, τῇ τοῦ διαλέγεσθαι δυνάμει βασανίζοντα τίς
ὀμμάτων καὶ τῆς ἄλλης αἰσθήσεως δυνατὸς μεθιέμενος ἐπ’ αὐτὸ τὸ ὂν
μετ’ ἀληθείας ἰέναι. καὶ ἐνταῦθα δὴ πολλῆς φυλακῆς ἔργον, ὦ ἑταῖρε.
Τί μάλιστα; ἦ δ’ ὅς.
(537e) Οὐκ ἐννοεῖς, ἦν δ’ ἐγώ, τὸ νῦν περὶ τὸ διαλέγεσθαι κακὸν
γιγνόμενον ὅσον γίγνεται;
Τὸ ποῖον; ἔφη.
Παρανομίας που, ἔφην ἐγώ, ἐμπίμπλανται.
Καὶ μάλα, ἔφη.
Θαυμαστὸν οὖν τι οἴει, εἶπον, πάσχειν αὐτούς, καὶ οὐ συγγιγνώσκεις;
Πῇ μάλιστα; ἔφη.
| [7,537] Ainsi donc, excellent homme, n'use pas de violence dans
l'éducation des enfants, mais fais en sorte qu'ils (537a)
s'instruisent en jouant : tu pourras par là mieux discerner
les dispositions naturelles de chacun.
Ces propos sont raisonnables.
Te souviens-tu, demandai-je, de ce que nous avons dit plus
haut : qu'il fallait conduire les enfants à la guerre sur des
chevaux, en spectateurs, et, lorsqu'on le pourrait sans
danger, les approcher de la mêlée et leur faire goûter le
sang, comme aux jeunes chiens?
Je m'en souviens, répondit-il.
Dans tous ces travaux, repris-je, ces études et ces alarmes,
celui qui se montrera constamment le plus agile, tu le
mettras dans un groupe à part.
(537b) A quel âge?
Quand ils quitteront le cours obligatoire d'exercices
gymniques; car ce temps d'exercices, qui sera de deux à
trois années, ne pourra être employé à autre chose,
la fatigue et le sommeil étant ennemis de l'étude; d'ailleurs,
l'une des épreuves, et non la moindre, consistera à observer
comment chacun se comporte dans les exercices gymniques.
Certainement, dit-il.
Après ce temps, ceux que l'on aura choisis parmi les jeunes
gens parvenus à leur vingtième année obtiendront des
distinctions plus honorables que les autres, et on (537c) leur
présentera réunies ensemble les sciences qu'ils ont
étudiées sans ordre dans leur enfance, afin qu'ils
embrassent d'un coup d'oeil les rapports de ces sciences
entre elles et à la nature de l'être.
Seule en effet, dit-il, une telle connaissance se fixe
solidement dans l'âme où elle entre.
Elle offre aussi un excellent moyen de distinguer l'esprit
propre à la dialectique de celui qui ne l'est pas : l'esprit
synoptique est dialecticien, les autres ne le sont pas.
Je suis de ton avis.
C'est donc une chose qu'il te faudra examiner, repris-je,
(537d) et ceux qui, avec les meilleures dispositions en ce
sens, seront solides dans les sciences, solides à la guerre,
et dans les autres travaux prescrits par la loi, ceux-là,
quand ils finiront leur trentième année, tu les tireras du
nombre des jeunes gens déjà choisis pour leur accorder de
plus grands honneurs, et rechercher, en les éprouvant par
la dialectique, quels sont ceux qui, sans l'aide des yeux ni
d'aucun autre sens, peuvent s'élever jusqu'à l'être même,
par la seule force de la vérité; et c'est là une tâche qui
réclame beaucoup d'attention, mon camarade.
Pourquoi? demanda-t-il.
Ne remarques-tu pas, répondis-je, le mal qui atteint (537e)
la dialectique de nos jours, et les progrès qu'il fait?
Quel mal?
Ceux qui s'y livrent, dis-je, sont pleins de désordre.
C'est bien vrai.
Mais crois-tu qu'il y ait là quelque chose de surprenant, et
ne les excuses-tu pas?
Par où sont-ils excusables?
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