[300] (300a) (Ξένος)
τί δὲ τόδε; εἰ κατὰ συγγράμματα μὲν ἀναγκάζοιμεν ἕκαστον
γίγνεσθαι τῶν εἰρημένων καὶ τοῖς συγγράμμασιν ἡμῶν
ἐπιστατεῖν τὸν χειροτονηθέντα ἢ λαχόντα ἐκ τύχης, οὗτος
δὲ μηδὲν φροντίζων τῶν γραμμάτων ἢ κέρδους ἕνεκέν τινος
ἢ χάριτος ἰδίας παρὰ ταῦτ' ἐπιχειροῖ δρᾶν ἕτερα, μηδὲν
γιγνώσκων, ἆρα οὐ τοῦ κακοῦ τοῦ πρόσθεν μεῖζον ἂν ἔτι
τοῦτο γίγνοιτο κακόν;
681. (Νεώτερος Σωκράτης)
ἀληθέστατά
682. (300b) (Ξένος)
παρὰ γὰρ οἶμαι τοὺς νόμους τοὺς ἐκ πείρας πολλῆς
κειμένους καί τινων συμβούλων ἕκαστα χαριέντως
συμβουλευσάντων καὶ πεισάντων θέσθαι τὸ πλῆθος, ὁ παρὰ
ταῦτα τολμῶν δρᾶν, ἁμαρτήματος ἁμάρτημα πολλαπλάσιον
ἀπεργαζόμενος, ἀνατρέποι πᾶσαν ἂν πρᾶξιν ἔτι μειζόνως
τῶν συγγραμμάτων.
683. (Νεώτερος Σωκράτης)
πῶς δ' οὐ μέλλει;
684. (300c) (Ξένος)
διὰ ταῦτα δὴ τοῖς περὶ ὁτουοῦν νόμους καὶ συγγράμματα
τιθεμένοις δεύτερος πλοῦς τὸ παρὰ ταῦτα μήτε ἕνα μήτε
πλῆθος μηδὲν μηδέποτε ἐᾶν δρᾶν μηδ' ὁτιοῦν.
685. (Νεώτερος Σωκράτης)
ὀρθῶς.
686. (Ξένος)
οὐκοῦν μιμήματα μὲν ἂν ἑκάστων ταῦτα εἴη τῆς ἀληθείας,
τὰ παρὰ τῶν εἰδότων εἰς δύναμιν εἶναι γεγραμμένα;
687. (Νεώτερος Σωκράτης)
πῶς δ' οὔ;
688. (Ξένος)
καὶ μὴν τόν γε εἰδότα ἔφαμεν, τὸν ὄντως πολιτικόν, εἰ
μεμνήμεθα, ποιήσειν τῇ τέχνῃ πολλὰ εἰς τὴν αὑτοῦ πρᾶξιν
τῶν γραμμάτων οὐδὲν φροντίζοντα, ὁπόταν ἄλλ' αὐτῷ (300d)
βελτίω δόξῃ παρὰ τὰ γεγραμμένα ὑφ' αὑτοῦ καὶ ἐπεσταλμένα
ἀποῦσίν τισιν.
689. (Νεώτερος Σωκράτης)
ἔφαμεν γάρ.
690. (Ξένος)
οὐκοῦν ἀνὴρ ὁστισοῦν εἷς ἢ πλῆθος ὁτιοῦν, οἷς ἂν νόμοι
κείμενοι τυγχάνωσι, παρὰ ταῦτα ὅτι ἂν ἐπιχειρήσωσι
ποιεῖν ὡς βέλτιον ἕτερον ὄν, ταὐτὸν δρῶσι κατὰ δύναμιν
ὅπερ ὁ ἀληθινὸς ἐκεῖνος;
691. (Νεώτερος Σωκράτης)
πάνυ μὲν οὖν.
692. (Ξένος)
ἆρ' οὖν εἰ μὲν ἀνεπιστήμονες ὄντες τὸ τοιοῦτον δρῷεν,
μιμεῖσθαι μὲν ἂν ἐπιχειροῖεν τὸ ἀληθές, μιμοῖντ' ἂν (300e)
μέντοι παγκάκως, εἰ δ' ἔντεχνοι, τοῦτο οὐκ ἔστιν ἔτι
μίμημα ἀλλ' αὐτὸ τὸ ἀληθέστατον ἐκεῖνο;
693. (Νεώτερος Σωκράτης)
πάντως που.
694. (Ξένος)
καὶ μὴν ἔμπροσθέ γε ὡμολογημένον ἡμῖν κεῖται μηδὲν
πλῆθος μηδ' ἡντινοῦν δυνατὸν εἶναι λαβεῖν τέχνην.
695. (Νεώτερος Σωκράτης)
κεῖται γὰρ οὖν.
696. (Ξένος)
οὐκοῦν εἰ μὲν ἔστι βασιλική τις τέχνη, τὸ τῶν πλουσίων
πλῆθος καὶ ὁ σύμπας δῆμος οὐκ ἄν ποτε λάβοι τὴν
πολιτικὴν ταύτην ἐπιστήμην.
697. (Νεώτερος Σωκράτης)
πῶς γὰρ ἄν;
698. (Ξένος)
δεῖ δὴ τὰς τοιαύτας γε ὡς ἔοικε πολιτείας,
| [300] (L’ÉTRANGER)
XXXIX. — Et ceci, qu’en diras-tu ? Si nous exigions que chacun des arts que j’ai
nommés fût asservi à des règlements et que le chef désigné par l’élection ou par
le sort veillât à leur exécution, mais que ce chef ne tînt aucun compte des
règles écrites et que, par amour du gain ou par une complaisance particulière,
il essayât d’agir autrement qu’elles ne le prescrivent, bien qu’il ne sût rien,
ne serait-ce pas là un mal encore plus grave que le précédent ?
(SOCRATE LE JEUNE)
C’est très vrai.
(L’ÉTRANGER)
Il me semble, en effet, que, si l’on enfreint les lois qui ont été instituées
d’après une longue expérience et dont chaque article a été sanctionné par le
peuple sur les conseils et les exhortations de conseillers bien intentionnés,
celui qui y contrevient commet une faute cent fois plus grande que la première
et anéantit toute activité plus sûrement encore que ne le faisaient les règlements.
(SOCRATE LE JEUNE)
Naturellement.
(L’ÉTRANGER)
Par conséquent, lorsqu’on institue des lois et des règles écrites en quelque
matière que ce soit, il ne reste qu’un second parti à prendre, c’est de ne
jamais permettre ni à un seul individu ni à la foule de rien entreprendre qui y
soit contraire.
(SOCRATE LE JEUNE)
C’est juste.
(L’ÉTRANGER)
Ces lois, écrites par des hommes qui possèdent la science, autant qu’il est
possible, ne seraient-elles pas, en chaque matière, des imitations de la vérité ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Sans aucun doute.
(L’ÉTRANGER)
Et pourtant nous avons dit, s’il nous en souvient, que l’homme qui sait, le
véritable politique, agirait souvent suivant son art, sans s’inquiéter
aucunement, pour se conduire, des règlements écrits, lorsqu’une autre manière de
faire lui paraîtrait meilleure que les règles qu’il a rédigées lui-même et
adressées à des hommes qui sont loin de lui.
(SOCRATE LE JEUNE)
Nous l’avons dit, en effet.
(L’ÉTRANGER)
Or, quand un individu quelconque ou une foule quelconque, ayant des lois
établies, entreprennent, à l’encontre de ces lois, de faire quelque chose qui
leur paraît préférable, ne font-ils pas, autant qu’il est en eux, la même chose
que ce politique véritable ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Assurément.
(L’ÉTRANGER)
Si ce sont des ignorants qui agissent ainsi, ils essaieront sans doute d’imiter
la vérité, mais ils l’imiteront fort mal ; si, au contraire, ce sont des gens
savants dans leur art, ce n’est plus là de l’imitation, c’est la parfaite vérité
même dont nous avons parlé.
(SOCRATE LE JEUNE)
A coup sûr.
(L’ÉTRANGER)
Cependant nous sommes tombés d’accord précédemment qu’aucune foule n’est
capable de s’assimiler un art, quel qu’il soit. Notre accord reste acquis ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Il reste acquis.
(L’ÉTRANGER)
Dès lors, s’il existe un art royal, la foule des riches et le peuple tout entier
ne pourront jamais s’assimiler cette science politique.
(SOCRATE LE JEUNE)
Comment le pourraient-ils ?
(L’ÉTRANGER)
Il faut donc, à ce qu’il semble, que ces sortes de gouvernements,
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