[66] (Πρώταρχος)
Ἡδονὰς δέ γέ που, καὶ ταῦτα σχεδὸν τὰς μεγίστας, ὅταν ἴδωμεν ἡδόμενον
ὁντινοῦν, ἢ τὸ γελοῖον ἐπ' αὐταῖς ἢ τὸ (66a) πάντων αἴσχιστον ἑπόμενον ὁρῶντες
αὐτοί τε αἰσχυνόμεθα καὶ ἀφανίζοντες κρύπτομεν ὅτι μάλιστα, νυκτὶ πάντα τὰ
τοιαῦτα διδόντες, ὡς φῶς οὐ δέον ὁρᾶν αὐτά.
(Σωκράτης)
Πάντῃ δὴ φήσεις, ὦ Πρώταρχε, ὑπό τε ἀγγέλων πέμπων καὶ παροῦσι φράζων, ὡς
ἡδονὴ κτῆμα οὐκ ἔστι πρῶτον οὐδ' αὖ δεύτερον, ἀλλὰ πρῶτον μέν πῃ περὶ
μέτρον καὶ τὸ μέτριον καὶ καίριον καὶ πάντα ὁπόσα χρὴ τοιαῦτα νομίζειν, τὴν
ἀίδιον ᾑρῆσθαι.
(Πρώταρχος)
Φαίνεται γοῦν ἐκ τῶν νῦν λεγομένων.
(66b) (Σωκράτης)
Δεύτερον μὴν περὶ τὸ σύμμετρον καὶ καλὸν καὶ τὸ τέλεον καὶ ἱκανὸν καὶ πάνθ'
ὁπόσα τῆς γενεᾶς αὖ ταύτης ἐστίν.
(Πρώταρχος)
Ἔοικε γοῦν.
(Σωκράτης)
Τὸ τοίνυν τρίτον, ὡς ἡ ἐμὴ μαντεία, νοῦν καὶ φρόνησιν τιθεὶς οὐκ ἂν μέγα τι τῆς
ἀληθείας παρεξέλθοις.
(Πρώταρχος)
Ἴσως.
(Σωκράτης)
Ἆρ' οὖν οὐ τέταρτα, ἃ τῆς ψυχῆς αὐτῆς ἔθεμεν, ἐπιστήμας τε καὶ τέχνας καὶ
δόξας ὀρθὰς λεχθείσας, ταῦτ' (66c) εἶναι τὰ πρὸς τοῖς τρισὶ τέταρτα, εἴπερ τοῦ
ἀγαθοῦ γέ ἐστι μᾶλλον ἢ τῆς ἡδονῆς συγγενῆ;
(Πρώταρχος)
Τάχ' ἄν.
(Σωκράτης)
Πέμπτας τοίνυν, ἃς ἡδονὰς ἔθεμεν ἀλύπους ὁρισάμενοι, καθαρὰς
ἐπονομάσαντες τῆς ψυχῆς αὐτῆς, ἐπιστήμαις, τὰς δὲ αἰσθήσεσιν ἑπομένας;
(Πρώταρχος)
Ἴσως.
(Σωκράτης)
Ἕκτῃ δ' ἐν γενεᾷ, φησὶν Ὀρφεύς, καταπαύσατε κόσμον ἀοιδῆς· ἀτὰρ κινδυνεύει
καὶ ὁ ἡμέτερος λόγος ἐν ἕκτῃ καταπεπαυμένος εἶναι κρίσει. Τὸ δὴ μετὰ (66d)
ταῦθ' ἡμῖν οὐδὲν λοιπὸν πλὴν ὥσπερ κεφαλὴν ἀποδοῦναι τοῖς εἰρημένοις.
(Πρώταρχος)
Οὐκοῦν χρή.
(Σωκράτης)
Ἴθι δή, τὸ τρίτον τῷ σωτῆρι τὸν αὐτὸν διαμαρτυράμενοι λόγον ἐπεξέλθωμεν.
(Πρώταρχος)
Ποῖον δή;
(Σωκράτης)
(Φίληβος) τἀγαθὸν ἐτίθετο ἡμῖν ἡδονὴν εἶναι πᾶσαν καὶ παντελῆ.
(Πρώταρχος)
Τὸ τρίτον, ὦ Σώκρατες, ὡς ἔοικας, ἔλεγες ἀρτίως τὸν ἐξ ἀρχῆς ἐπαναλαβεῖν δεῖν
λόγον.
(66e) (Σωκράτης)
Ναί, τὸ δέ γε μετὰ τοῦτο ἀκούωμεν. Ἐγὼ γὰρ δὴ κατιδὼν ἅπερ νυνδὴ διελήλυθα,
καὶ δυσχεράνας τὸν Φιλήβου λόγον οὐ μόνον ἀλλὰ καὶ ἄλλων πολλάκις μυρίων,
εἶπον ὡς ἡδονῆς γε νοῦς εἴη μακρῷ βέλτιόν τε καὶ ἄμεινον τῷ τῶν ἀνθρώπων
βίῳ.
(Πρώταρχος)
Ἦν ταῦτα.
(Σωκράτης)
Ὑποπτεύων δέ γε καὶ ἄλλα εἶναι πολλὰ εἶπον ὡς εἰ φανείη τι τούτοιν ἀμφοῖν
βέλτιον, ὑπὲρ τῶν δευτερείων νῷ πρὸς ἡδονὴν συνδιαμαχοίμην, ἡδονὴ δὲ καὶ
δευτερείων στερήσοιτο.
| [66] PROTARQUE.
Au lieu que, quand nous voyons goûter certains plaisirs, et surtout les plus grands,
nous trouvons que cette jouissance traîne à sa suite ou le ridicule ou la honte, (66a) au
point que nous en rougissons nous-mêmes, et que les dérobant aux regards, nous les
cachons et les confions à la nuit, jugeant qu’il est indécent que la lumière du jour soit
témoin de pareils plaisirs.
SOCRATE.
Ainsi tu publieras partout, Protarque, aux absents par des envoyés, aux présens
par toi-même, que le plaisir n’est ni le premier, ni le second bien ; mais que le premier
bien est la mesure, le juste milieu, l’à-propos, et toutes les autres qualités semblables,
qu’on doit regarder comme ayant en partage une nature immuable.
PROTARQUE.
C’est ce qui paraît, d’après ce qui vient d’être dit.
(66b) SOCRATE.
Que le second bien est la proportion, le beau, le parfait, ce qui se suffit par soi-même,
et tout ce qui est de ce genre.
PROTARQUE.
Il y a apparence.
SOCRATE.
Autant que je puis conjecturer, tu ne t’écarteras guère de la vérité en mettant pour le
troisième bien l’intelligence et la sagesse.
PROTARQUE.
Peut-être bien.
SOCRATE.
N’assignerons-nous point la quatrième place à ce que nous avons dit appartenir à
l’âme seule, aux sciences, aux arts, aux vraies connaissances, (66c) s’il est vrai que ces
choses ont une liaison plus étroite avec le bien que le plaisir ?
PROTARQUE.
Apparemment.
SOCRATE.
Au cinquième rang, mettons les plaisirs que nous avons distingués des autres
comme exempts de douleur, les nommant des perceptions pures dé l’âme qui
tiennent à la suite des sensations,
PROTARQUE.
Peut-être.
SOCRATE.
A la sixième génération, dit Orphée, mettez fin à vos chants. Il me semble
pareillement que ce discours a pris fin au sixième jugement. Il (66d) ne nous reste
plus qu’à couronner ce qui a été dit.
PROTARQUE.
Il n’y a qu’à le faire.
SOCRATE.
Voyons ; encore une troisième libation en l’honneur de Jupiter Libérateur ; un
troisième et dernier essai.
PROTARQUE.
Comment ?
SOCRATE.
Philèbe appelait souverain bien le plaisir dans sa plénitude.
PROTARQUE,
C’est donc pour cela, Socrate, que tu disait qu’il fallait répéter jusqu’à trois fois le
commencement de cette discussion.
(66e) SOCRATE.
Oui : mais écoutons ce qui suit. Comme j’avais dans l’esprit tout ce que je viens
d’exposer, et que j’étais révolté contre cette opinion, qui n’est pas seulement de
Philèbe, mais d’une infinité d’autres, j’ai dit que l’intelligence est beaucoup meilleure
que le plaisir, et qu’elle est plus avantageuse à la vie humaine.
PROTARQUE.
Cela est vrai.
SOCRATE.
Et comme je soupçonnais qu’il y avait encore plusieurs autres biens, j’ai ajouté que, si
nous en découvrions un qui fût préférable à ces deux-là, je disputerais pour le second
prix en faveur de l’intelligence contre le plaisir, et que celui-ci ne l’obtiendrait point.
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