[65] (65a) (Σωκράτης)
Οὐκοῦν εἰ μὴ μιᾷ δυνάμεθα ἰδέᾳ τὸ ἀγαθὸν θηρεῦσαι, σὺν τρισὶ λαβόντες,
κάλλει καὶ συμμετρίᾳ καὶ ἀληθείᾳ, λέγωμεν ὡς τοῦτο οἷον ἓν ὀρθότατ' ἂν
αἰτιασαίμεθ' ἂν τῶν ἐν τῇ συμμείξει, καὶ διὰ τοῦτο ὡς ἀγαθὸν ὂν τοιαύτην αὐτὴν
γεγονέναι.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Ἤδη τοίνυν, ὦ Πρώταρχε, ἱκανὸς ἡμῖν γένοιτ' ἂν ὁστισοῦν κριτὴς ἡδονῆς τε πέρι
καὶ φρονήσεως, ὁπότερον (65b) αὐτοῖν τοῦ ἀρίστου συγγενέστερόν τε καὶ
τιμιώτερον ἐν ἀνθρώποις τέ ἐστι καὶ θεοῖς.
(Πρώταρχος)
Δῆλον μέν, ὅμως δ' οὖν τῷ λόγῳ ἐπεξελθεῖν βέλτιον.
(Σωκράτης)
Καθ' ἓν ἕκαστον τοίνυν τῶν τριῶν πρὸς τὴν ἡδονὴν καὶ τὸν νοῦν κρίνωμεν· δεῖ
γὰρ ἰδεῖν ποτέρῳ ὡς μᾶλλον συγγενὲς ἕκαστον αὐτῶν ἀπονεμοῦμεν.
(Πρώταρχος)
Κάλλους καὶ ἀληθείας καὶ μετριότητος πέρι λέγεις;
(Σωκράτης)
Ναί. Πρῶτον δέ γε ἀληθείας λαβοῦ, ὦ Πρώταρχε· (65c) καὶ λαβόμενος βλέψας εἰς
τρία, νοῦν καὶ ἀλήθειαν καὶ ἡδονήν, πολὺν ἐπισχὼν χρόνον ἀπόκριναι σαυτῷ
πότερον ἡδονὴ συγγενέστερον ἢ νοῦς ἀληθείᾳ.
(Πρώταρχος)
Τί δὲ χρόνου δεῖ; Πολὺ γὰρ οἶμαι διαφέρετον. Ἡδονὴ μὲν γὰρ ἁπάντων
ἀλαζονίστατον, ὡς δὲ λόγος, καὶ ἐν ταῖς ἡδοναῖς ταῖς περὶ τἀφροδίσια, αἳ δὴ
μέγισται δοκοῦσιν εἶναι, καὶ τὸ ἐπιορκεῖν συγγνώμην εἴληφε παρὰ θεῶν, ὡς
(65d) καθάπερ παίδων τῶν ἡδονῶν νοῦν οὐδὲ τὸν ὀλίγιστον κεκτημένων· νοῦς δὲ
ἤτοι ταὐτὸν καὶ ἀλήθειά ἐστιν ἢ πάντων ὁμοιότατόν τε καὶ ἀληθέστατον.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τὸ μετὰ τοῦτο τὴν μετριότητα ὡσαύτως σκέψαι, πότερον ἡδονὴ
φρονήσεως ἢ φρόνησις ἡδονῆς πλείω κέκτηται;
(Πρώταρχος)
Εὔσκεπτόν γε καὶ ταύτην σκέψιν προβέβληκας· οἶμαι γὰρ ἡδονῆς μὲν καὶ
περιχαρείας οὐδὲν τῶν ὄντων πεφυκὸς ἀμετρώτερον εὑρεῖν ἄν τινα, νοῦ δὲ καὶ
ἐπιστήμης ἐμμετρώτερον οὐδ' ἂν ἕν ποτε.
(65e) (Σωκράτης)
Καλῶς εἴρηκας. Ὅμως δ' ἔτι λέγε τὸ τρίτον. Νοῦς ἡμῖν κάλλους μετείληφε πλεῖον
ἢ τὸ τῆς ἡδονῆς γένος, ὥστε εἶναι καλλίω νοῦν ἡδονῆς, ἢ τοὐναντίον;
(Πρώταρχος)
Ἀλλ' οὖν φρόνησιν μὲν καὶ νοῦν, ὦ Σώκρατες, οὐδεὶς πώποτε οὔθ' ὕπαρ οὔτ'
ὄναρ αἰσχρὸν οὔτε εἶδεν οὔτε ἐπενόησεν οὐδαμῇ οὐδαμῶς οὔτε γιγνόμενον οὔτε
ὄντα οὔτε ἐσόμενον.
(Σωκράτης)
Ὀρθῶς.
| [65] (65a) SOCRATE.
Par conséquent, si nous ne pouvons saisir le bien sous une seule idée, saisissons-le
sous trois idées, celles de la beauté, de la proportion et de la vérite ; et disons que ces
trois choses réunies sont la véritable cause de l’excellence de ce mélange, et que
cette cause étant bonne, c’est par elle que le mélange est bon.
PROTARQUE.
On ne peut mieux.
SOCRATE.
Tout le monde, Protarque, est à présent en état de décider qui du plaisir ou de la
sagesse (65b) a plus d’affinité avec le souverain bien, et a le premier rang aux yeux
des hommes et des dieux.
PROTARQUE.
La chose parle d’elle-même : toutefois il sera mieux d’en apporter la preuve.
SOCRATE.
Comparons donc successivement chacune de ces trois choses avec le plaisir et
l’intelligence : car il nous faut voir auquel des deux nous attribuerons chacune
d’elles, comme lui appartenant de plus près.
PROTARQUE.
Tu parles de la beauté, de la vérité et de la mesure ?
SOCRATE.
Oui. Prends d’abord la vérité, Protarque ; (65c) et l’ayant prise, jette les yeux sur ces
trois choses, l’intelligence, la vérité, le plaisir ; et après y avoir long-temps
réfléchi, réponds-toi à toi-même si c’est le plaisir ou l’intelligence qui a plus d’affinité
avec la vérité.
PROTARQUE.
Qu’est-il besoin de temps pour cela ? La différence est grande, à ce que je pense. En
effet, le plaisir est la chose du monde la plus menteuse ; aussi dit-on que les dieux
pardonnent tout parjure commis dans les plaisirs de l’amour, qui passent pour les
plus grands de tous, comme (65d) si les plaisirs étaient des enfants sans raison. Mais
l’intelligence est, ou la même chose que la vérité, ou ce qui lui ressemble davantage,
et ce qu’il y a de plus vrai.
SOCRATE.
Considère ensuite de la même manière la mesure, et vois si elle appartient plus au
plaisir qu’à la sagesse, ou à la sagesse qu’au plaisir.
PROTARQUE.
La question que tu me proposes n’est pas non plus difficile à résoudre. Je pense en
effet que dans la nature des choses, il est impossible de trouver rien qui soit plus
ennemi de toute mesure que le plaisir et les joies extrêmes, ni rien qui soit plus ami
de la mesure que l’intelligence et la science.
(65e) SOCRATE.
Très bien dit. Achève néanmoins le troisième parallèle. L’intelligence participe-t-elle
plus à la beauté que le plaisir, en sorte que l’intelligence soit plus belle que le plaisir ?
ou bien est-ce le contraire ?
PROTARQUE.
N’est-il donc pas vrai, Socrate, que dans aucun temps présent, passé, à venir,
personne n’a vu ni imaginé nulle part, en aucune manière, soit durant la veille, soit
en dormant, une sagesse et une intelligence qui eût mauvaise grâce ?
SOCRATE.
Fort bien.
|