[63] (63a) (Σωκράτης)
Εἰ δέ γε καί, καθάπερ τὰς τέχνας πάσας ἀβλαβές τε καὶ ὠφέλιμον ἦν ἐπίστασθαι
διὰ βίου, καὶ νῦν δὴ ταὐτὰ λέγομεν περὶ τῶν ἡδονῶν, εἴπερ πάσας ἡδονὰς
ἥδεσθαι διὰ βίου συμφέρον τε ἡμῖν ἐστι καὶ ἀβλαβὲς ἅπασι, πάσας συγκρατέον.
(Πρώταρχος)
Πῶς οὖνς δὴ περὶ αὐτῶν τούτωνν λέγωμεν; Καὶ πῶς ποιῶμεν;
(Σωκράτης)
Οὐχ ἡμᾶς, ὦ Πρώταρχε, διερωτᾶν χρή, τὰς ἡδονὰς δὲ αὐτὰς καὶ τὰς φρονήσεις
διαπυνθανομένους τὸ τοιόνδε ἀλλήλων πέρι.
(63b) (Πρώταρχος)
Τὸ ποῖον;
(Σωκράτης)
Ὦ φίλαι, εἴτε ἡδονὰς ὑμᾶς χρὴ προσαγορεύειν εἴτε ἄλλῳ ὁτῳοῦν ὀνόματι, μῶν
οὐκ ἂν δέξαισθε οἰκεῖν μετὰ φρονήσεως πάσης ἢ χωρὶς τοῦ φρονεῖν; Οἶμαι μὲν
πρὸς ταῦτα τόδ' αὐτὰς ἀναγκαιότατον εἶναι λέγειν.
(Πρώταρχος)
Τὸ ποῖον;
(Σωκράτης)
Ὅτι καθάπερ ἔμπροσθεν ἐρρήθη, τὸ μόνον καὶ ἔρημον εἰλικρινὲς εἶναί τι γένος
οὔτε πάνυ τι δυνατὸν οὔτ' (63c) ὠφέλιμον· πάντων γε μὴν ἡγούμεθα γενῶν
ἄριστον ἓν ἀνθ' ἑνὸς συνοικεῖν ἡμῖν τὸ τοῦ γιγνώσκειν τἆλλά τε πάντα καὶ αὖ
τὴν αὐτὴν ἡμῶν τελέως εἰς δύναμιν ἑκάστην.
(Πρώταρχος)
Καὶ καλῶς γε εἰρήκατε τὰ νῦν, φήσομεν.
(Σωκράτης)
Ὀρθῶς. Πάλιν τοίνυν μετὰ τοῦτο τὴν φρόνησιν καὶ τὸν νοῦν ἀνερωτητέον· ἆρ'
ἡδονῶν τι προσδεῖσθε ἐν τῇ συγκράσει; Φαῖμεν ἂν αὖ τὸν νοῦν τε καὶ τὴν
φρόνησιν ἀνερωτῶντες. Ποίων, φαῖεν ἂν ἴσως, ἡδονῶν;
(Πρώταρχος)
Εἰκός.
(63d) (Σωκράτης)
Ὁ δέ γ' ἡμέτερος λόγος μετὰ τοῦτ' ἐστὶν ὅδε. Πρὸς ταῖς ἀληθέσιν ἐκείναις
ἡδοναῖς, φήσομεν, ἆρ' ἔτι προσδεῖσθ' ὑμῖν τὰς μεγίστας ἡδονὰς συνοίκους εἶναι
καὶ τὰς σφοδροτάτας; Καὶ πῶς, ὦ Σώκρατες, ἴσως φαῖεν ἄν, αἵ γ' ἐμποδίσματά τε
μυρία ἡμῖν ἔχουσι, τὰς ψυχὰς ἐν αἷς οἰκοῦμεν ταράττουσαι διὰ μανίας ἡδονάς,
καὶ γίγνεσθαί (63e) τε ἡμᾶς τὴν ἀρχὴν οὐκ ἐῶσι, τά τε γιγνόμενα ἡμῶν τέκνα ὡς
τὸ πολύ, δι' ἀμέλειαν λήθην ἐμποιοῦσαι, παντάπασι διαφθείρουσιν; Ἀλλ' ἅς τε
ἡδονὰς ἀληθεῖς καὶ καθαρὰς ἃς εἶπες, σχεδὸν οἰκείας ἡμῖν νόμιζε, καὶ πρὸς
ταύταις τὰς μεθ' ὑγιείας καὶ τοῦ σωφρονεῖν, καὶ δὴ καὶ συμπάσης ἀρετῆς ὁπόσαι
καθάπερ θεοῦ ὀπαδοὶ γιγνόμεναι αὐτῇ συνακολουθοῦσι πάντῃ, ταύτας μείγνυ·
| [63] (63a) SOCRATE.
Mais si, comme nous avons dit au sujet des arts, qu’il n’y avait aucun danger et qu’il
y avait même de l’utilité à les connaître tous, nous disons à présent la même chose
par rapport aux plaisirs ; au cas qu’il soit universellement avantageux et sans aucun
inconvénient de goûter tous les plaisirs durant la vie, il nous les faut mêler tous
ensemble.
PROTARQUE.
Que dirons-nous donc à cet égard, et quel parti prendrons-nous ?
SOCRATE.
Ce n’est pas nous, Protarque, qu’il faut consulter ici, mais les plaisirs et la sagesse, les
interrogeant en cette manière sur ce qu’ils pensent l’un de l’autre.
(63b) PROTARQUE.
De quelle manière ?
SOCRATE.
Mes bons amis, soit qu’il faille vous appeler du nom de plaisirs ou de quelque autre
nom semblable, qu’aimeriez-vous mieux, d’habiter avec la sagesse, ou d’en être
séparés ? Je pense qu’ils ne pourraient se dispenser de nous faire cette réponse.
PROTARQUE.
Quelle réponse ?
SOCRATE.
Il n’est, diront les plaisirs, ni possible, ni avantageux, comme on l’a remarqué tout-à-
l’heure, qu’un genre demeure seul, isolé, et dans l’état d’abstraction ; et entre
tous les genres, nous croyons que le plus digne d’habiter avec nous est celui qui peut
connaître tout le reste, et avoir même de chacun de nous une connaissance parfaite.
PROTARQUE.
Et vous avez très-bien répondu, leur dirons-nous.
SOCRATE.
A merveille. Il faut, après cela, interroger à leur tour la sagesse et l’intelligence. Avez-
vous besoin du mélange des plaisirs ? dirons-nous à l’intelligence et à la sagesse. De
quels plaisirs ? répondront-elles.
PROTARQUE.
Oui, voilà ce qu’elles répondront, selon toute apparence.
(63d) SOCRATE.
Nous continuerons ensuite à leur parler en ces termes : Outre les plaisirs
véritables, dirons-nous, avez-vous encore besoin de la compagnie des plaisirs les plus
grands et les plus vifs ? Comment, répliqueront-elles, en aurions-nous affaire,
Socrate, puisqu’ils nous apportent une infinité d’obstacles, en troublant par des joies
excessives les âmes où nous habitons, qu’ils nous empêchent (63e) même d’y prendre
naissance, et font périr nos enfants la plupart du temps par la négligence et par l’oubli ?
Mais pour les plaisirs véritables et purs dont tu as parlé, regarde-les comme nos
amis ; joins-y ceux qui accompagnent la santé et la tempérance, et qui formant, pour
ainsi dire, le cortège de la vertu, comme celui d’une déesse, marchent partout à sa
suite : fais entrer ceux-là dans le mélange. Mais quant à ceux qui sont toujours à la
suite de la folie et du vice, il y aurait de l’absurdité à les associer à l’intelligence, pour
quiconque se proposerait de faire le mélange le plus beau,
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