[61] (61a) (Σωκράτης)
Οὐκοῦν τό γε τέλεον καὶ πᾶσιν αἱρετὸν καὶ τὸ παντάπασιν ἀγαθὸν οὐδέτερον ἂν
τούτων εἴη;
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ ἄν;
(Σωκράτης)
Τὸ τοίνυν ἀγαθὸν ἤτοι σαφῶς ἢ καί τινα τύπον αὐτοῦ ληπτέον, ἵν', ὅπερ
ἐλέγομεν, δευτερεῖα ὅτῳ δώσομεν ἔχωμεν.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα λέγεις.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν ὁδὸν μέν τινα ἐπὶ τἀγαθὸν εἰλήφαμεν;
(Πρώταρχος)
Τίνα;
(Σωκράτης)
Καθάπερ εἴ τίς τινα ἄνθρωπον ζητῶν τὴν οἴκησιν (61b) πρῶτον ὀρθῶς ἵν' οἰκεῖ
πύθοιτο αὐτοῦ, μέγα τι δήπου πρὸς τὴν εὕρεσιν ἂν ἔχοι τοῦ ζητουμένου.
(Πρώταρχος)
Πῶς δ' οὔ;
(Σωκράτης)
Καὶ νῦν δή τις λόγος ἐμήνυσεν ἡμῖν, ὥσπερ καὶ κατ' ἀρχάς, μὴ ζητεῖν ἐν τῷ
ἀμείκτῳ βίῳ τἀγαθὸν ἀλλ' ἐν τῷ μεικτῷ.
(Πρώταρχος)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Ἐλπὶς μὴν πλείων ἐν τῷ μειχθέντι καλῶς τὸ ζητούμενον ἔσεσθαι φανερώτερον ἢ
ἐν τῷ μή;
(Πρώταρχος)
Πολύ γε.
(Σωκράτης)
Τοῖς δὴ θεοῖς, ὦ Πρώταρχε, εὐχόμενοι κεραννύωμεν, (61c) εἴτε Διόνυσος εἴτε
Ἥφαιστος εἴθ' ὅστις θεῶν ταύτην τὴν τιμὴν εἴληχε τῆς συγκράσεως.
(Πρώταρχος)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Καὶ μὴν καθάπερ ἡμῖν οἰνοχόοις τισὶ παρεστᾶσι κρῆναιμέλιτος μὲν ἂν ἀπεικάζοι
τις τὴν τῆς ἡδονῆς, τὴν δὲ τῆς φρονήσεως νηφαντικὴν καὶ ἄοινον αὐστηροῦ καὶ
ὑγιεινοῦ τινος ὕδατοσἃς προθυμητέον ὡς κάλλιστα συμμειγνύναι.
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ οὔ;
(61d) (Σωκράτης)
Φέρε δὴ πρότερον· ἆρα πᾶσαν ἡδονὴν πάσῃ φρονήσει μειγνύντες τοῦ καλῶς ἂν
μάλιστα ἐπιτύχοιμεν;
(Πρώταρχος)
Ἴσως.
(Σωκράτης)
Ἀλλ' οὐκ ἀσφαλές. ᾟ δὲ ἀκινδυνότερον ἂν μειγνύοιμεν, δόξαν μοι δοκῶ τινα
ἀποφήνασθαι ἄν.
(Πρώταρχος)
Λέγε τίνα.
(Σωκράτης)
Ἦν ἡμῖν ἡδονή τε ἀληθῶς, ὡς οἰόμεθα, μᾶλλον ἑτέρας ἄλλη καὶ δὴ καὶ τέχνη
τέχνης ἀκριβεστέρα;
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης)
Καὶ ἐπιστήμη δὴ ἐπιστήμης διάφορος, ἡ μὲν ἐπὶ (61e) τὰ γιγνόμενα καὶ
ἀπολλύμενα ἀποβλέπουσα, ἡ δ' ἐπὶ τὰ μήτε γιγνόμενα μήτε ἀπολλύμενα, κατὰ
ταὐτὰ δὲ καὶ ὡσαύτως ὄντα ἀεί. Ταύτην εἰς τὸ ἀληθὲς ἐπισκοπούμενοι
ἡγησάμεθα ἐκείνης ἀληθεστέραν εἶναι.
(Πρώταρχος)
Πάνυ μὲν οὖν ὀρθῶς.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν εἰ τἀληθέστατα τμήματα ἑκατέρας ἴδοιμεν πρῶτον συμμείξαντες, ἆρα
ἱκανὰ ταῦτα συγκεκραμένα τὸν ἀγαπητότατον βίον ἀπεργασάμενα παρέχειν
ἡμῖν, ἤ τινος ἔτι προσδεόμεθα καὶ τῶν μὴ τοιούτων;
| [61] (61a) SOCRATE.
Ainsi ni le plaisir ni la sagesse ne sont le bien parfait, le bien desirable pour tous, le
souverain bien.
PROTARQUE.
Non, sans doute.
SOCRATE.
Il nous faut donc découvrir le bien ou en lui-même, ou dans quelque image, afin
de voir, comme nous avons dit, à qui nous devons adjuger le second prix.
PROTARQUE.
Très bien.
SOCRATE.
N’avons-nous point rencontré quelque voie qui nous conduise au bien ?
PROTARQUE.
Quelle voie ?
SOCRATE.
Si l’on cherchait un homme, et qu’on apprît exactement (61b) où est sa demeure, ne
serait-ce pas une grande avance pour le trouver ?
PROTARQUE.
Sans contredit.
SOCRATE.
Et maintenant, comme à l’entrée de cet entretien, la raison nous a fait connaître qu’il
ne faut pas chercher le bien dans une vie sans mélange, mais dans celle qui est
mélangée.
PROTARQUE.
Cela est vrai.
SOCRATE.
Il y a plus d’espérance que ce que nous cherchons se montrera plus à découvert dans
une vie bien mélangée que dans une autre.
PROTARQUE.
Beaucoup plus.
SOCRATE.
Ainsi, faisons ce mélange, Protarque, après avoir adressé nos vœux aux dieux, (61c)
soit Bacchus, soit Vulcain, soit toute autre divinité sous l’invocation de laquelle ce
mélange doit se faire.
PROTARQUE.
J’y consens.
SOCRATE.
Semblables à des échansons, nous avons à notre disposition deux fontaines- : celle du
plaisir, qu’on peut comparer à une fontaine de miel ; et celle de la sagesse, fontaine
sobre, à laquelle le vin est inconnu, et d’où sort une eau austère et salutaire. Voilà ce
qu’il faut nous efforcer de mêler ensemble de notre mieux.
PROTARQUE.
Sans contredit.
(61d) SOCRATE.
Voyons d’abord. Ferons-nous bien de mêler toute espèce de plaisir avec toute espèce
de sagesse ?
PROTARQUE.
Peut-être.
SOCRATE.
Ce ne serait pas sûr. Je puis te montrer un moyen de faire, ce me semble, ce
mélange avec moins de risque.
PROTARQUE.
Quel moyen ? dis.
SOCRATE.
N’avons-nous pas, à ce que nous pensons, des plaisirs plus vrais les uns que les
autres, et des arts plus exacts que d’autres arts ?
PROTARQUE.
Sans doute.
SOCRATE.
N’y a-t-il pas aussi deux sciences différentes ; l’une, (61e) qui a pour objet les choses
sujettes à la génération et à la corruption ; l’autre, ce qui échappe à l'une et à l’autre
et subsiste toujours la même et de la même manière ? En les considérant du côté de la
vérité, nous avons jugé que celle-ci est plus vraie que celle-là.
PROTARQUE.
Et avec raison.
SOCRATE.
Eh bien, si, commençant par mêler ensemble les portions les plus vraies de part et
d’autre, nous examinions si ce mélange est suffisant pour nous procurer la vie la plus
desirable, ou si nous avons encore besoin d’y faire entrer d’autres portions qui ne
seraient pas si pures ?
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