[60] (Σωκράτης)
Ἃ καὶ πρότερον ἐμνήσθημεν· εὖ δ' ἡ παροιμία (60a) δοκεῖ ἔχειν, τὸ καὶ δὶς καὶ τρὶς
τό γε καλῶς ἔχον ἐπαναπολεῖν τῷ λόγῳ δεῖν.
(Πρώταρχος)
Τί μήν;
(Σωκράτης)
Φέρε δὴ πρὸς Διός· οἶμαι γὰρ οὑτωσί πως τὰ τότε λεχθέντα ῥηθῆναι.
(Πρώταρχος)
Πῶς;
(Σωκράτης)
Φίληβός φησι τὴν ἡδονὴν σκοπὸν ὀρθὸν πᾶσι ζῴοις γεγονέναι καὶ δεῖν πάντας
τούτου στοχάζεσθαι, καὶ δὴ καὶ τἀγαθὸν τοῦτ' αὐτὸ εἶναι σύμπασι, καὶ δύο
ὀνόματα, ἀγαθὸν καὶ ἡδύ, ἑνί τινι καὶ φύσει μιᾷ τούτω ὀρθῶς (60b) τεθέντ' ἔχειν·
(Σωκράτης) δ' ἓν μὲν οὔ φησι τοῦτ' εἶναι, δύο δὲ καθάπερ τὰ ὀνόματα, καὶ τό τε
ἀγαθὸν καὶ ἡδὺ διάφορον ἀλλήλων φύσιν ἔχειν, μᾶλλον δὲ μέτοχον εἶναι τῆς τοῦ
ἀγαθοῦ μοίρας τὴν φρόνησιν ἢ τὴν ἡδονήν. Οὐ ταῦτ' ἔστιν τε καὶ ἦν τὰ τότε
λεγόμενα, ὦ Πρώταρχε;
(Πρώταρχος)
Σφόδρα μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν καὶ τόδε καὶ τότε καὶ νῦν ἡμῖν ἂν συνομολογοῖτο;
(Πρώταρχος)
Τὸ ποῖον;
(Σωκράτης)
Τὴν τἀγαθοῦ διαφέρειν φύσιν τῷδε τῶν ἄλλων.
(60c) (Πρώταρχος)
Τίνι;
(Σωκράτης)
Ὧι παρείη τοῦτ' ἀεὶ τῶν ζῴων διὰ τέλους πάντως καὶ πάντῃ, μηδενὸς ἑτέρου
ποτὲ ἔτι προσδεῖσθαι, τὸ δὲ ἱκανὸν τελεώτατον ἔχειν. Οὐχ οὕτως;
(Πρώταρχος)
Οὕτω μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τῷ λόγῳ ἐπειράθημεν χωρὶς ἑκάτερον ἑκατέρου θέντες εἰς τὸν βίον
ἑκάστων, ἄμεικτον μὲν ἡδονὴν φρονήσει, φρόνησιν δὲ ὡσαύτως ἡδονῆς μηδὲ τὸ
σμικρότατον ἔχουσαν;
(Πρώταρχος)
Ἦν ταῦτα.
(Σωκράτης)
Μῶν οὖν ἡμῖν αὐτῶν τότε πότερον ἱκανὸν ἔδοξεν (60d) εἶναί τῳ;
(Πρώταρχος)
Καὶ πῶς;
(Σωκράτης)
Εἰ δέ γε παρηνέχθημέν τι τότε, νῦν ὁστισοῦν ἐπαναλαβὼν ὀρθότερον εἰπάτω,
μνήμην καὶ φρόνησιν καὶ ἐπιστήμην καὶ ἀληθῆ δόξαν τῆς αὐτῆς ἰδέας τιθέμενος
καὶ σκοπῶν εἴ τις ἄνευ τούτων δέξαιτ' ἄν οἱ καὶ ὁτιοῦν εἶναι ἢ καὶ γίγνεσθαι, μὴ
ὅτι δή γε ἡδονὴν εἴθ' ὡς πλείστην εἴθ' ὡς σφοδροτάτην, ἣν μήτε ἀληθῶς δοξάζοι
χαίρειν μήτε τὸ παράπαν γιγνώσκοι τί ποτε πέπονθε πάθος μήτ' αὖ (60e) μνήμην
τοῦ πάθους μηδ' ὁντινοῦν χρόνον ἔχοι. Ταὐτὰ δὲ λεγέτω καὶ περὶ φρονήσεως, εἴ
τις ἄνευ πάσης ἡδονῆς καὶ τῆς βραχυτάτης δέξαιτ' ἂν φρόνησιν ἔχειν μᾶλλον ἢ
μετά τινων ἡδονῶν ἢ πάσας ἡδονὰς χωρὶς φρονήσεως μᾶλλον ἢ μετὰ φρονήσεως
αὖ τινος.
(Πρώταρχος)
Οὐκ ἔστιν, ὦ Σώκρατες, ἀλλ' οὐδὲν δεῖ ταῦτά γε πολλάκις ἐπερωτᾶν.
| [60] SOCRATE.
Des choses dont il a été déjà fait mention ; mais (60a) c’est, à mon avis, une bonne
maxime que celle qui ordonne de revenir jusqu’à deux et trois fois sur ce qui est bien.
PROTARQUE.
J’en conviens.
SOCRATE.
Au nom de Jupiter, sois attentif. Voici, je pense, ce que nous disions au
commencement de cette dispute.
PROTARQUE.
Quoi ?
SOCRATE.
Philèbe soutenait que le plaisir est la fin légitime de tous les êtres animés, le but
auquel ils doivent tendre ; qu’il est le bien de tous, et que ces deux mots, bon et
agréable, appartiennent, à parler exactement, à une seule et même idée. (60b) Socrate,
au contraire, prétendait que cela n’est point ; que comme le bon et l’agréable sont
deux noms différents, ils expriment aussi deux choses d’une nature différente, et que
la sagesse participe davantage à la condition du bien que le plaisir. N’est-ce point là,
Protarque, ce qui s’est dit alors de part et d’autre ?
PROTARQUE.
Certainement.
SOCRATE.
Ne sommes-nous pas convenus, et ne convenons-nous pas encore de ceci ?
PROTARQUE.
De quoi ?
SOCRATE.
Que la nature du bien a l’avantage sur toute autre chose en ce point.
(60c) PROTARQUE.
En quel point ?
SOCRATE.
En ce que l’être animé qui en a la possession pleine, entière, non interrompue
pendant toute sa vie, n’a plus besoin d’aucune autre chose, et que le bien lui suffit
parfaitement. Cela n’est-il pas vrai ?
PROTARQUE.
Très vrai.
SOCRATE.
N’avons-nous point tâché d’établir deux espèces de vie absolument distinctes l’une
de l’autre, où régnât, d’une part, le plaisir sans aucun mélange de sagesse ; et, de
l’autre,’ la sagesse sans le moindre élément de plaisir ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
L’une ou l’autre de ces conditions a-t-elle paru suffisante par elle-même (60d) à
aucun de nous ?
PROTARQUE.
Et comment l’eût-elle paru ?
SOCRATE.
Si nous nous sommes alors écartés de la vérité en quelque chose, que le premier qui
voudra nous redresse en ce moment, et dise mieux ; qu’il comprenne sous une
seule idée la mémoire, la science, la sagesse, l’opinion vraie, et qu’il examine s’il est
quelqu’un qui consentît à jouir de quelque chose que ce soit, étant privé de tout cela,
non pas même du plaisir, quelque grand qu’on le suppose pour le nombre ou pour la
vivacité, s’il n’avait aucune opinion vraie, touchant la joie qu’il ressent, qu’il ne
connût aucunement quel est le sentiment qu’il éprouve, (60e) et qu’il n’en eût aucun
souvenir dans le plus petit espace de temps. Dis-en autant de la sagesse, et vois si
l’on choisirait la sagesse sans aucun plaisir, si petit qu’il soit, plutôt qu’avec quelque
plaisir ; ou tous les plaisirs du monde sans sagesse, plutôt qu’avec quelque sagesse.
PROTARQUE.
Cela ne se peut point, Socrate, et il n’est pas nécessaire de revenir si souvent à la
charge là-dessus.
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