[52] (Σωκράτης)
Ἔτι δὴ τοίνυν τούτοις προσθῶμεν τὰς περὶ τὰ (52a) μαθήματα ἡδονάς, εἰ ἄρα
δοκοῦσιν ἡμῖν αὗται πείνας μὲν μὴ ἔχειν τοῦ μανθάνειν μηδὲ διὰ μαθημάτων
πείνην ἀλγηδόνας ἐξ ἀρχῆς γιγνομένας.
(Πρώταρχος)
Ἀλλ' οὕτω συνδοκεῖ.
(Σωκράτης)
Τί δέ; Μαθημάτων πληρωθεῖσιν ἐὰν ὕστερον ἀποβολαὶ διὰ τῆς λήθης γίγνωνται,
καθορᾷς τινας ἐν αὐταῖς ἀλγηδόνας;
(Πρώταρχος)
Οὔ τι φύσει γε, ἀλλ' ἔν τισι λογισμοῖς τοῦ (52b) παθήματος, ὅταν τις στερηθεὶς
λυπηθῇ διὰ τὴν χρείαν.
(Σωκράτης)
Καὶ μήν, ὦ μακάριε, νῦν γε ἡμεῖς αὐτὰ τὰ τῆς φύσεως μόνον παθήματα χωρὶς
τοῦ λογισμοῦ διαπεραίνομεν.
(Πρώταρχος)
Ἀληθῆ τοίνυν λέγεις ὅτι χωρὶς λύπης ἡμῖν λήθη γίγνεται ἑκάστοτε ἐν τοῖς
μαθήμασιν.
(Σωκράτης)
Ταύτας τοίνυν τὰς τῶν μαθημάτων ἡδονὰς ἀμείκτους τε εἶναι λύπαις ῥητέον καὶ
οὐδαμῶς τῶν πολλῶν ἀνθρώπων ἀλλὰ τῶν σφόδρα ὀλίγων.
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ οὐ ῥητέον;
(52c) (Σωκράτης)
Οὐκοῦν ὅτε μετρίως ἤδη διακεκρίμεθα χωρὶς τάς τε καθαρὰς ἡδονὰς καὶ τὰς
σχεδὸν ἀκαθάρτους ὀρθῶς ἂν λεχθείσας, προσθῶμεν τῷ λόγῳ ταῖς μὲν
σφοδραῖς ἡδοναῖς ἀμετρίαν, ταῖς δὲ μὴ τοὐναντίον ἐμμετρίαν· καὶ τὸ μέγα καὶ τὸ
σφοδρὸν αὖ , καὶ πολλάκις καὶ ὀλιγάκις γιγνομένας τοιαύτας, τῆς τοῦ ἀπείρου γε
ἐκείνου καὶ ἧττον καὶ μᾶλλον διά τε σώματος καὶ ψυχῆς φερομένου (52d)
προσθῶμεν αὐτὰς εἶναι γένους, τὰς δὲ μὴ τῶν ἐμμέτρων.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα λέγεις, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Ἔτι τοίνυν πρὸς τούτοις μετὰ ταῦτα τόδε αὐτῶν διαθεατέον.
(Πρώταρχος)
Τὸ ποῖον;
(Σωκράτης)
Τί ποτε χρὴ φάναι πρὸς ἀλήθειαν εἶναι; Τὸ καθαρόν τε καὶ εἰλικρινὲς ἢ τὸ
σφόδρα τε καὶ τὸ πολὺ καὶ τὸ μέγα καὶ τὸ ἰταμόν;
(Πρώταρχος)
Τί ποτ' ἄρα, ὦ Σώκρατες, ἐρωτᾷς βουλόμενος;
(Σωκράτης)
Μηδέν, ὦ Πρώταρχε, ἐπιλείπειν ἐλέγχων ἡδονῆς (52e) τε καὶ ἐπιστήμης, εἰ τὸ μὲν
ἄρ' αὐτῶν ἑκατέρου καθαρόν ἐστι, τὸ δ' οὐ καθαρόν, ἵνα καθαρὸν ἑκάτερον ἰὸν
εἰς τὴν κρίσιν ἐμοὶ καὶ σοὶ καὶ συνάπασι τοῖσδε ῥᾴω παρέχῃ τὴν κρίσιν.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα.
(Σωκράτης)
Ἴθι δή, περὶ πάντων, ὅσα καθαρὰ γένη λέγομεν, οὑτωσὶ διανοηθῶμεν·
προελόμενοι πρῶτον αὐτῶν ἕν τι σκοπῶμεν.
| [52] SOCRATE.
Ajoutons donc encore à ceci les plaisirs qui accompagnent (52a) les sciences, s’il nous
paraît que ces plaisirs ne sont pas joints à une certaine soif d’apprendre, et que cette
soif de savoir ne cause dès le commencement aucune douleur.
PROTARQUE.
Et il me paraît qu’il en est ainsi.
SOCRATE.
Mais quoi ! après avoir possédé des sciences, si l’on vient ensuite à les perdre par
l’oubli, vois-tu qu’il en résulte quelque douleur ?
PROTARQUE.
Aucune, naturellement : ce n’est que (52b) par réflexion que, se voyant privé d’une
science, on s’en afflige, à cause du besoin qu’on en a.
SOCRATE.
Or, mon cher, nous considérons ici les affections naturelles en elles-mêmes, et
indépendamment de toute réflexion.
PROTARQUE.
Aussi dis-tu avec vérité, que l’oubli des sciences auquel nous sommes sujets tous les
jours n’entraîne après soi aucune douleur.
SOCRATE.
Il faut dire, par conséquent, que les plaisirs attachés aux sciences sont dégagés de
toute douleur, et qu’ils ne sont pas faits pour tout le monde, mais pour un très petit
nombre.
PROTARQUE.
Comment ne le dirions-nous pas ?
(52c) SOCRATE.
Maintenant donc que nous avons séparé suffisamment les plaisirs purs, et ceux qu’on
peut avec assez de raison appeler impurs, ajoutons à ce discours que les plaisirs
violents sont démesurés, et ceux qui n’ont pas de violence mesurés. Disons que la
grandeur et la vivacité des premiers, leur fréquence ou leur rareté les rangent dans le
genre de l’infini, qui, avec le caractère de plus ou de moins, parcourt les régions du
corps et de l’âme ; (52d) et que les seconds, n’ayant pas ce caractère, sont du genre
mesuré.
PROTARQUE.
On ne peut pas mieux, Socrate.
SOCRATE.
Outre cela, il y a encore une chose qu’il faut examiner par rapport à eux.
PROTARQUE.
Quelle chose ?
SOCRATE.
Qui doit-on dire qui approche le plus de la vérité, ou ce qui est pur et sans mélange,
ou ce qui est vif, nombreux, grand, abondant ?
PROTARQUE.
A quel dessein fais-tu cette question, Socrate ?
SOCRATE.
C’est que, Protarque, je ne veux rien omettre dans l’examen du plaisir (52e) et de la
science, de ce que l’un et l’autre peuvent avoir de pur ou d’impur, afin que ce que
tous deux ont de pur se présentant à toi, à moi, et à tous les assistants, il nous soit plus
aisé d’en porter un jugement.
PROTARQUE.
Très bien.
SOCRATE.
Formons-nous donc l’idée suivante de toutes les choses que nous appelons pures ; et,
avant que d’aller plus loin, commençons par en prendre une.
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